Read Ebook: Cours familier de Littérature - Volume 21 by Lamartine Alphonse De
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Ebook has 980 lines and 79267 words, and 20 pages
< < < Je lui fis l? quelques visites, accompagn? de sa belle-fille et de son petit-fils.--Il paraissait tr?s-heureux; il disait qu'il ?tait tr?s-bien portant, et ne pouvait se lasser de vanter le site ravissant du ch?teau et des jardins. Et, en effet, ? cette hauteur, on a des fen?tres le d?licieux coup d'oeil de la vall?e, anim?e de tableaux vari?s; la Saale serpente ? travers les prairies; en face, du c?t? de l'est, s'?l?vent des collines bois?es; le regard se perd au del? dans un vague lointain; il est ?vident que de cette position on peut tr?s-facilement observer, pendant le jour, les nuages charg?s de pluie qui passent et vont se perdre ? l'horizon, et, pendant la nuit, l'arm?e des ?toiles et le lever du soleil. < < < < < < Eckermann l'ayant ramen? sur ses souvenirs de jeunesse avec le grand-duc de Weimar qu'il venait de perdre, Goethe s'y compla?t: < < <<--Vous avez fait, seuls ensemble, un voyage en Suisse, ? cette ?poque? <<--Il aimait beaucoup les voyages, mais non pas tant pour s'amuser et se distraire que pour tenir ouverts partout les yeux et les oreilles, et d?couvrir tout ce qu'il ?tait possible d'introduire de bon et d'utile dans son pays. L'agriculture, l'?l?ve du b?tail, l'industrie, lui sont de cette fa?on tr?s-redevables. Ses go?ts n'avaient rien de personnel, d'?go?ste; ils tendaient tous ? un but pratique d'int?r?t g?n?ral. C'est ainsi qu'il s'est fait un nom qui s'?tend bien au-del? de cette petite principaut?. <<--La simplicit? et le laisser-aller de son ext?rieur, dis-je, semblaient indiquer qu'il ne cherchait pas la gloire et qu'il n'en faisait pas grand cas. On aurait dit qu'il ?tait devenu c?l?bre sans l'avoir cherch?, simplement par suite de sa tranquille activit?. <<--La gloire est une chose singuli?re, dit Goethe. Un morceau de bois br?le, parce qu'il a du feu en lui-m?me; il en est de m?me pour l'homme; il devient c?l?bre s'il a la gloire en lui. Courir apr?s la gloire, vouloir la forcer, vains efforts; on arrivera bien, si on est adroit, ? se faire par toutes sortes d'artifices une esp?ce de nom; mais si le joyau int?rieur manque, tout est inutile, tout tombe en quelques jours.--Il en est exactement de m?me avec la popularit?. Il ne la cherchait pas et ne flattait personne, mais le peuple l'aimait parce qu'il sentait que son coeur lui ?tait d?vou?.>> < < Celui qui peut cr?er d?daigne de d?truire! Il se livre de nouveau ? ses travaux de naturaliste: il parle avec un grand ?loge du talent transcendant de M. Villemain, qui faisait alors un cours litt?raire ? la jeunesse fran?aise. < On aime ? voir un grand po?te rendre cette ?clatante justice ? un grand critique; cela efface d'avance les pu?riles n?gations de notre temps. < < C'?tait dur, mais malheureusement fond?. B?ranger, que j'ai beaucoup connu et aim? dans nos derniers jours, ?tait, selon moi, mille fois sup?rieur comme homme ? ce qu'il ?tait comme po?te. Il faut aimer le pauvre peuple, mais non flatter ses caprices. Pelletan a ?t? s?v?re, mais injuste envers lui sous ce rapport. Il ne l'avait pas assez connu. On ?crit d'apr?s un syst?me, il faut conna?tre son sujet. Un Aristophane fran?ais d?layant la cigu? que la multitude h?b?t?e fait boire ? Socrate, un Camille Desmoulins qui raille jusqu'? la mort et qui pleure le supplice des Girondins, voil? B?ranger po?te; mais un homme excellent et spirituel contre lui-m?me, voil? le vrai B?ranger. < < <<--Il est singulier, dis-je, que les talents distingu?s, et surtout les po?tes, aient si souvent une constitution d?bile. <<--Les oeuvres extraordinaires que ces hommes produisent, dit Goethe, supposent une organisation tr?s-d?licate, car il faut qu'ils aient une sensibilit? exceptionnelle et puissent entendre la voix des ?tres c?lestes. Or, une pareille organisation, mise en conflit avec le monde et avec les ?l?ments, est facilement troubl?e, bless?e, et celui qui ne r?unit pas, comme Voltaire, ? cette grande sensibilit? une solidit? nerveuse extraordinaire, est expos? ? un ?tat perp?tuel de malaise. Schiller aussi ?tait constamment malade. Lorsque je fis sa connaissance, je crus qu'il n'avait pas quatre semaines ? vivre. Mais il y avait en lui assez de force r?sistante, aussi il a pu se maintenir un assez grand nombre d'ann?es, et il se serait soutenu encore longtemps avec une mani?re de vivre plus saine.>> Et Manzoni vit encore! < < < Le 10 f?vrier 1830 la conversation revint sur Napol?on et sur Hudson Lowe, que Goethe justifie par l'embarras de sa situation: < < < < < < <<--Voil? vos consolateurs, dit M. Soret, en lui montrant ses papiers. Le travail est un excellent moyen de triompher de la douleur. <<--Aussi longtemps qu'il fera jour, dit Goethe, nous resterons la t?te lev?e, et tout ce que nous pourrons faire, nous ne le laisserons pas faire apr?s nous!>> < < < < < < <
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