Read Ebook: Cours familier de Littérature - Volume 14 by Lamartine Alphonse De
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Ebook has 656 lines and 39407 words, and 14 pages
< < De l?, il part pour faire ? ses amis l'expos? ?difiant des vertus, des sagesses, des abn?gations, des d?vouements ? la v?rit?, ? Dieu, aux hommes, en un mot de la philosophie pratique, ? l'aide desquels l'?me perfectionn?e et purifi?e peut remonter d'une seule ?preuve ? sa source apr?s la mort. Nous avouons que cette philosophie, depuis la m?taphysique jusqu'? la morale, en d'autres termes depuis le retour de l'?me immortelle en Dieu, type exemplaire et raison de tout, jusqu'? la morale, c'est-?-dire jusqu'aux abn?gations, aux sacrifices, aux pi?t?s, aux d?vouements ? la v?rit?, aux hommes et ? Dieu qui purifient l'?me et la divinisent; nous avouons que cette philosophie est aussi la n?tre, comme elle est celle de Cic?ron et de Confucius, comme elle est en grande partie celle des philosophes chr?tiens, ind?pendamment du dogme de la r?demption de l'homme par Dieu descendu du ciel pour tendre sa main ? l'humanit?. Il y a parent? ?vidente entre ces philosophies orientales, grecques, h?bra?ques, bien qu'il n'y ait pas similitude dans les dogmes. Pour quiconque remonte attentivement, par les monuments ?crits de nos jours et de nos races, aux premiers jours et aux premi?res races de cette terre pensante, il reste ?vident que la Divinit?, m?re, nourrice et institutrice de ses cr?atures, leur a r?v?l? toujours et partout ces id?es inn?es, ces exemplaires grav?s dans leur ?me, ces philosophies pr?existantes, ces consciences instinctives d'o? ils tirent les conjectures sur la v?rit? et la vertu. Les philosophies et les morales ne sont pas si neuves que chaque g?n?ration se pla?t ? le croire: les v?rit?s s'engendrent comme les g?n?rations; elles sont aussi n?cessaires ? l'existence de l'?me humaine que la lumi?re du soleil est n?cessaire ? la vie des ?tres. Dieu, qui a voulu en tout temps la conservation des ?mes, n'a laiss? manquer aucun temps de la portion de v?rit? naturelle ou r?v?l?e, indispensable pour que sa cr?ation subsiste et pour qu'elle l'entrevoie lui-m?me ? travers ses myst?res. Reprenons le drame: < Les disciples, ? ces mots, s'entre-regardent en silence et semblent craindre de proposer ? Socrate un doute qui lui rappelle sa tragique situation et le peu d'heures qui lui restent ? vivre. Le sage s'en aper?oit: < < Il badine ensuite avec une gr?ce v?ritablement divine, comme s'il ?tait d?j? un homme divinis?, avec ses amis, en jouant avec les beaux cheveux de Ph?don, qui ?tait assis ? ses pieds, sur un si?ge plus bas que le lit. < Il redouble ensuite ses preuves de l'immat?rialit? et de l'immortalit? de l'?me, en leur d?montrant qu'elle gouverne ? son gr? les sens, lorsqu'elle sait s'en affranchir par sa volont? et par sa libert?. On voit par cette citation, et par mille autres citations d'Hom?re dans la bouche de Socrate, que ce philosophe ?tait bien ?loign? de l'opinion sophistique de Platon proscrivant les po?tes de la R?publique, mais qu'au contraire Socrate regardait Hom?re comme le po?te des sages, et comme le r?v?lateur accompli de toute philosophie, de toute morale et de toute politique dans ses vers, miroir sans tache de l'univers physique, m?taphysique et moral de son temps. C'est aussi notre humble opinion, et nous sommes fier de la rencontrer dans Socrate. < Ses aper?us, qu'il d?veloppe ensuite sur la physique et sur la construction de notre globe, se ressentent de l'imperfection des sciences exp?rimentales dans son si?cle. Ses hypoth?ses sur l'?tat des ?mes apr?s la mort se rapprochent des fables hom?riques au sujet des enfers, et pressentent le purgatoire des chr?tiens. < On est ?tonn? ici de trouver dans un g?nie aussi doux que celui de Socrate le dogme de l'?ternit? des supplices. < < < Puis, souriant: < < < < < < < <<--Socrate, dit-il, j'esp?re que je n'aurai pas ? te faire le m?me reproche qu'aux autres: d?s que je viens les avertir, par ordre des magistrats, qu'il faut boire le poison, ils s'emportent contre moi et ils me maudissent; mais pour toi, depuis que tu es ici, je t'ai toujours trouv? le plus courageux, le plus doux et le meilleur de ceux qui sont jamais venus dans cette prison, et en ce moment je suis bien s?r que tu n'es pas f?ch? contre moi, mais contre ceux qui sont cause de ton malheur...>> Et en m?me temps il fondit en larmes en d?tournant son visage, et il se retira.>> Socrate, le regardant, lui dit: <<--Et toi aussi, re?ois mes adieux; je ferai comme tu as dit. Et, se tournant vers nous:--Voyez, nous dit-il, quelle honn?tet? dans cet homme! Tout le temps que j'ai ?t? ici, il m'est venu voir souvent et il s'est entretenu avec moi; c'?tait le meilleur des hommes, et maintenant comme il me pleure de bon coeur! Mais allons, Criton, ex?cutons-nous de bonne gr?ce, et qu'on m'apporte le poison s'il est broy?; sinon, qu'il le pr?pare lui-m?me. <<--Mais je pense, Socrate, lui dit Criton, que le soleil est encore sur les montagnes, et qu'il n'est pas, couch?; d'ailleurs, je sais que beaucoup de condamn?s ne prennent le poison que longtemps apr?s que l'ordre leur en a ?t? donn?; ne te h?te pas, tu as encore le temps. L'esclave entre, portant la coupe. < <<--Pas autre chose, lui r?pondit cet homme, que de te promener quand tu auras bu, jusqu'? ce que tu sentes tes jambes lourdes, et alors de te coucher sur ton lit.>> Et en m?me temps il lui tendit la coupe. Socrate la prit avec la plus parfaite impassibilit?, sans aucune ?motion, sans changer ni de couleur ni de visage; mais, regardant cet homme d'un regard ferme et assur? comme ? son ordinaire: < <<--Socrate, lui r?pondit l'homme, nous n'en broyons que ce qu'il est n?cessaire d'en boire. <<--J'entends, dit Socrate; mais au moins il est permis et il est juste de faire ses pri?res aux dieux, afin qu'ils b?nissent notre voyage et le rendent heureux; c'est ce que je leur demande; puissent-ils exaucer mes voeux!..>> Apr?s avoir dit cela, il porta la coupe ? ses l?vres, et la but avec une tranquillit? et une douceur incomparables. Les sanglots des disciples ?clatent ? ce moment; Ph?don s'enveloppe la t?te de son manteau pour cacher ses larmes; Criton, ne pouvant les retenir, sort; Apollodore jette des g?missements et des cris. < < < < <<--Cela sera fait, r?pondit Criton; mais vois si tu as encore quelque chose ? nous dire.>>
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