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Read Ebook: The Audiencia in the Spanish Colonies As illustrated by the Audiencia of Manila (1583-1800) by Cunningham Charles Henry

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Ebook has 1616 lines and 166496 words, and 33 pages

L'ILLUSTRATION

SAMEDI 23 MAI 1891

Quand nous aurons assist? ? cent cinquante vernissages par printemps, nous pourrons, ? notre aise, prendre nos quartiers d'?t?. Grands dieux, ces vernissages, comme ils se multiplient! On sort de l'un pour entrer dans l'autre. S'il n'y a plus en France que tr?s peu de salons o? l'on cause, il en est une quantit? o? l'on expose. Les Champs-Elys?es sont ? peine escompt?s que l'on ouvre le Champ-de-Mars, et celui-ci est ? peine lorgn? qu'on se pr?cipite vers le Salon des Refus?s, un Salon pour rire, le vaudeville apr?s la grande pi?ce.

De toutes ces inondations de peinture, c'est bien celle du Champ-de-Mars qui semble d'un agr?ment plus particulier, sinon sup?rieur. Cela tient beaucoup ? l'arrangement, ? l'am?nagement. On a l? comme un vague ressouvenir de ce beau r?ve de 1889, l'Exposition ?vanouie.

Et puis on y cause en ce Salon, dans les salons de repos. Les fauteuils y sont bons. La lumi?re y arrive par des verri?res de Besnard qui sont bien suggestives, comme on dit ? pr?sent.

Par les fen?tres on aper?oit dans le jardin des touffes de marronniers verts piqu?s de fleurs blanches. C'est tr?s joli.

Puis les caquets s'envolent avec les p?piements d'oiseaux.

--Avez-vous vu Mme Gautereau?

--Oh! ce portrait, ma ch?re! Quel portrait!

--Remarquez-vous une chose: c'est que les tr?s jolies femmes ne donnent pas toujours de tr?s jolis portraits.

--C'est comme en photographie.

--A peu pr?s. Et pourtant les peintres ont plus de temps ? eux.

--Est-elle si jolie que cela, la belle Mme Gautereau?

--Elle ressemble ? Yvette Guilbert, moins la dr?lerie, et ? Mlle Moreno, des Fran?ais, moins la voix. Mais elle est jolie.

--Le nom de son nouveau peintre?

--Courtois. Gustave Courtois.

--Ou Discourtois, car il ne l'a pas flatt?e.

--Les peintres ne sont pas en ce monde pour flatter.

--Oh! oh! Et si j'avais une verrue sur le nez, ils peindraient donc ma verrue?

--Absolument, sous peine de tirer de leur palette un mensonge.

--C'est qu'un mensonge agr?able est si doux! Voyez Machard. A la bonne heure, il vous voit en beau, celui-l?. Et Chaplin, le pauvre Chaplin! Moi je ne comprends la peinture que comme un madrigal!

--Ne dites pas cela si haut: voil? des peintres.

--Qui cela?

--Raffa?lli.

--Oh! c'est un sculpteur--et excellent!

--Ah! ces paysans, l?-bas, chantant derri?re un drapeau tricolore?

--Pr?cis?ment. Il y a toute la France dans ce tableau-l?. Ces conscrits, solides, cuits du soleil, sans pose, allant droit devant eux, c'est superbe. Ils feront de rudes soldats.

--L?-bas, ce cadre cr?p? de noir. Ce n'est pas grand, mais c'est admirable.

Des morts aplatis sur un tas de pav?s sanglants, dans une rue vide. Je n'ai jamais mieux senti que devant cette vision l'?pouvante de la guerre civile. Meissonier avait peint cela d'apr?s nature, certainement.

--Oui. Et il avait donn? ce chef-d'oeuvre ? Delacroix, comme une chose quelconque, une petite ?tude. A pr?sent, qu'est-ce que cela vaut?

--Les Pharisiens? Les Parisiens, voulez-vous dire?

--Non, les Pharisiens. M. Renan invitant J?sus ? d?ner. C'est tr?s amusant et bien peint.

--Je n'ai pas vu ce Myst?re!

--A propos, si nous allions go?ter? Un baba et du Roederer.

--Allons go?ter!

Voil? un aper?u des propos qu'entendent les salons de conversation du Champ-de-Mars. A peu de choses pr?s, c'est cela; quand on ne r?cite pas l'article de Wolff ou de Mantz qu'on a lu le matin ou la veille dans son journal. Mais il est surprenant de voir la vogue que gardent les Expositions de peinture. Il y en aura bient?t 365 par an, et elles auront 365 fois un public qui se fera ?craser les pieds au vernissage.

--Vernissage? La mort aux souliers vernis.

--Que ferai-je, mon Dieu, ce soir?

Tout le monde ne pouvait aller au Th??tre-d'Application voir les si curieuses projections magiques du peintre Horace de Callias, il en co?tait 100 francs ? cette repr?sentation-l?, et 100 francs, c'est une somme. Il est vrai qu'on avait droit en plus ? une pi?ce de la duchesse d'Uz?s et ? un concert vocal, o? les artistes n'?taient autres que la vicomtesse de Tredern, la comtesse Mnizeck. Il s'agissait d'une bonne oeuvre, c'est tout dire.

--Que ferai-je, mon Dieu, ce soir?

Elle ?tait, l?-bas, toute-puissante, et je ne sais quel grand personnage n'avait rien ? lui refuser et ne lui refusait rien. Elle disait:

--Je viens passer quinze jours ? Paris, mais je repars pour P?tersbourg. Je ne veux que prendre l'air.

Le romancier qui ?voqua la pauvre fille sera-t-il cette semaine ?lu ? l'Acad?mie fran?aise? On le dit ou du moins on en parle, car ces ?lections passionnent toujours peu ou prou le public. Les uns tiennent pour Pierre Loti, les autres pour M. Zola, d'autres pour M. de Bornier, d'autres encore pour M. St?phen Li?geard. Qui endossera l'habit vert? Qui sera le plus heureux des quatre? Les auteurs dramatiques vont, sans aucun doute, voter pour M. de Bornier. Mais les romanciers et les critiques? Vont-ils aussi se prononcer pour ou contre le roman romanesque invent? par M. Marcel Pr?vost pour les besoins de sa cause qui, d'ailleurs, est bonne?

On saura cela avant la fin de la semaine, ? moins que l'Acad?mie ne vote pour personne, ce qui lui arrive parfois.

--Il est possible que nous attendions, disait l'autre jour un acad?micien. Attendre! Le mot est plein de sous-entendus macabres. Mais toute ?lection, politique ou scientifique, s?natoriale ou litt?raire, qu'est-ce donc, si ce n'est le jeu de la mort?

Et cette mort de M. Deck, qui vient attrister le monde des arts, c'est une perte. Ce grand c?ramiste fut un homme simple, bon, d?vou? ? sa t?che. Une esp?ce de gens chaque jour plus rare. Deck ?tait Alsacien; toute sa vie, il l'avait vou?e ? cet art qui fit la gloire des Palissy et des Avisseau.

Je gage qu'on va profiter de la mort de Deck pour demander ? quoi sert la manufacture de S?vres et ? quoi bon la conserver.

On devine tous les arguments qui peuvent ?tre produits. Ce sont toujours les m?mes sur les l?vres de ceux qui veulent tout d?truire. A quoi bon l'?cole de Rome? A quoi bon les Gobelins? A quoi bon tout ce qui fait la sup?riorit? artistique de la France? Un Am?ricain, averti de cet entra?nement de certains esprits fran?ais vers une aimable abolition de notre aristocratie artistique, s'est dit--j'ai, je crois, en son temps, cont? la chose:

--Il y a une affaire ? faire l?!

Et il a offert d'acheter pour une somme consid?rable la marque seule de la manufacture de S?vres, cette marque qui est une estampille d'art.

L'?tat conserverait les b?timents de S?vres. Il y logerait une ?cole professionnelle ou des instituteurs, ? son gr?, et l'Am?ricain vendrait ? l'univers des S?vres authentiqu?s par la marque officielle. Ce serait donc profit pour notre budget qui a besoin de secours et pour le Yankee monnayant ainsi un peu de notre vieille gloire.

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