bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: L'Impeccable Théophile Gautier et les sacrilèges romantiques by Nicolardot Louis

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 233 lines and 30679 words, and 5 pages

La st?rile abondance de tous ces coups de pinceau bleus et jaunes ne d?montrera que l'inanit? du fond.

Peintre manqu?, Gautier s'est fait po?te. Il fait des vers parce qu'il a lu des vers, et il imite les vers qu'il a lus, en se servant du vocabulaire ? la mode. Il est aussi incapable d'enthousiasme que de fiel. Toujours monotone, il est aussi m?diocre que possible. Au moment o? l'on croit que le badaud va s'?lever ? l'art, on est tout surpris de tomber dans la niaiserie. Il ne bourdonne pas plus fort et ne s'?l?ve pas plus haut que le hanneton; avec un dictionnaire de poche, le gamin est assez ?clair? pour l'?craser sous le ridicule.

Etre Shakspeare, ?tre Dante, ?tre Dieu!

Comme c'est impossible, il faut bien qu'il cherche. Dans un moment d'ennui, il dira:

Ici-bas ?tre heureux, c'est oublier.

Il a le bon go?t de ne pas se d?sesp?rer. Aussi parvient-il ? trouver le bonheur:

Car le bonheur est fait de trois choses sur terre, Qui sont:--Un beau soleil, une femme, un cheval.

J'aime trente fois mieux une d?bauche franche.

Pourquoi pas? Il montre ? Jean Duseigneur

La t?te hom?rique et napol?onienne De notre roi Victor.

Victor Hugo revient sur la sc?ne, mais cette fois c'est Hugo et compagnie:

De nos auteurs ch?ris, Victor et Sainte-Beuve, Aigles audacieux, qui d'une route neuve Et d'obstacles sem?e, ont tent? les hasards.

L'Aigle saint n'est pour moi qu'un vautour qui me ronge Sans m'emporter au ciel.

Gautier se h?te d'exposer le tableau de la situation:

Le si?cle o? nous sommes Est mauvais pour nous tous, oseurs et jeunes hommes.

Il se vante d'?tre hardi. Aussi emploiera-t-il un verbe et un substantif qu'on avait d?daign?s depuis certaine ode qui fut si fatale ? Piron. Un si?cle plus t?t, il aurait ?t? voltairien; le temps de l'incr?dulit? commence ? passer. Pour ?tre remarqu?, il faut donc donner une chiquenaude ? la d?cr?pitude des derniers disciples de Voltaire, de Rousseau, de Diderot.

L'on ne croit plus ? rien.

Quel est le r?sultat de l'impi?t??

La passion est morte avec la foi.

Donc il est de l'int?r?t du talent de revenir ? la premi?re des v?rit?s:

L'esprit est immortel, on ne peut le nier.

La jeune fille!--elle est un souvenir des cieux.

L'espoir aussi trouve son compte:

O mon amour la plus tendre! De ce ciel o? je te crois.

Mon petit lit rouge ? colonnes torses Ce soir-l? se change en bleu paradis.

Pour se repr?senter le s?jour des ?lus comme l'ignoble paradis de Mahomet, qui n'est qu'un s?rail, il ne faut pas avoir une conviction bien profonde ni une foi bien ?clair?e.

J'ai les talons us?s de battre cette route Qui ram?ne toujours de la science au doute.

A pr?sent jeune encore, mais certain que notre ?me, Inexplicable essence, insaisissable flamme, Une fois exhal?e, en nous tout est n?ant.

Plus tard on reviendra ? l'espoir du n?ant:

Le n?ant vous appelle et l'oubli vous r?clame. Quand il vous faut mourir, pourquoi vouloir vivre, Vous qui ne croyez pas et n'avez pas d'espoir?

Dans l'immobilit? savourer lentement, Comme un philtre endormeur, l'an?antissement: Voil? quel est mon voeu.

Je veux dans le n?ant renouveler mon ?tre.

Ce n?ant est peut-?tre une d?coupure de paradis. Il a pour pendant un n?ant, qui est une miniature d'enfer:

Ces deux contrastes de n?ant sont occasionn?s par le jugement dernier qu'il convient de conserver comme excellent sujet de tableau pour la po?sie aussi bien que pour la peinture, puisque le pinceau de Michel-Ange attend un rival de plume, une ?pop?e de l'Apocalypse.

Dieu seul est le grand ma?tre.

Qui douterait de Dieu devant de belles femmes?

L'argument est sans r?plique pour les voluptueux. Mais les impuissants et les refus?s ont une excuse d'incr?dulit?, dans le sixi?me sonnet:

Et comment croire en Dieu, quand on n'est pas aim??

Apr?s cette digression qu'on d?die ? tous les refus?s, h?tons-nous de revenir ? Gautier.

En v?rit?, exiger qu'une femme se donne au premier venu pour croire en Dieu, c'est faire de la foi une affaire de prostitution.

?tre Shakspeare, ?tre Dante, ?tre Dieu!

Du moment qu'on s'est mis cette id?e dans la t?te, il n'est pas surprenant que l'oeuvre de l'homme puisse devenir Dieu, comme la statue de Pygmalion s'anima et se changea en femme. De l? cette cons?quence:

Peinture, la rivale et l'?gale de Dieu.

C'est un amour sans m?lange, Pur ? rendre Dieu jaloux.

Poignante volupt?,--plaisir qui fait peut-?tre L'homme l'?gal de Dieu.

Sur ce terrain, S?n?que fait honte ? l'homme, en comparant sa faiblesse ? la vigueur du bouc que Buffon montre capable de satisfaire l'ardeur de cent cinquante ch?vres. Si l'homme est seulement peut-?tre le rival de Dieu, le bouc sera certainement l'?gal de Dieu. Or, comme le poisson est plus f?cond que le bouc, il faudra lui conc?der d'?tre sup?rieur ? Dieu. On a calcul? qu'une paire de harengs dont les oeufs ne se perdraient pas, suffirait pour peupler tout ce qu'il y a d'eau dans le globe, en moins de dix ans. Ainsi, de cons?quence en cons?quence dans cette question de g?n?ration, la logique am?nera invinciblement tout lecteur impartial ? tirer cette conclusion:

Le Dieu de ce Gautier ne vaut pas un hareng.

Capable d'aimer comme aimerait un ange.

Il d?veloppe sa pens?e sur le plaisir:

Poignante volupt?,--plaisir qui fait peut-?tre L'homme l'?gal de Dieu! qui ne veut vous conna?tre S'il ne vous a connus, moments d?licieux, Et si longs et si courts qui valent une vie, Et que voudrait payer l'ange qui les envie De son ?ternit? de bonheur dans les cieux?

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top