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Read Ebook: Histoire de France 1466-1483 (Volume 8/19) by Michelet Jules

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Ebook has 693 lines and 78805 words, and 14 pages

Cependant la guerre commence. D?s le 21 avril, le roi courant au midi, au duc de Bourbon, veut s'assurer la diversion du nord. Il reconna?t Marc de Bade pour r?gent de Li?ge, s'engage ? le faire confirmer par le pape, <> jusqu'? ce qu'il l'ait confirm?. Il paiera et souldoyera aux Li?geois deux cents lances compl?tes . Les Li?geois entreront en Brabant, le roi en Hainaut .

Le roi croyait que Jean de Nevers, pr?tendant de Hainaut et de Brabant, avait, dans ces provinces, de fortes intelligences qui n'attendaient qu'une occasion pour se d?clarer. Nevers l'avait tromp? sur cela et sur tout. La noblesse picarde, dont il r?pondait, lui manqua au moment. Ce conqu?rant des Pays-Bas n'eut plus qu'? s'enfermer dans P?ronne; d?s le 3 mai, il demandait gr?ce au comte de Charolais.

D'autre part, les Allemands, si peu solides ? Li?ge, n'avaient pas h?te d'attirer sur eux la grosse arm?e destin?e pour Paris. Pour qui d'ailleurs allaient-ils guerroyer en Brabant? Pour le duc de Nevers, pour celui que le roi avait conseill? aux Li?geois de nommer r?gent, de pr?f?rence ? Marc de Bade.

Le roi avait beau gagner la partie au midi, il la perdait au nord. Le 16 mai, de Montlu?on, qu'il vient d'emporter l'?p?e ? la main, il ?crit encore au r?gent, qui ne bouge.

Les Badois ne voulaient point armer, m?me pour leur salut, ? moins d'?tre pay?s d'avance. Sans doute aussi, dans leur prudence, voyant que le roi n'entrait pas en Hainaut, ils voulaient n'entrer en Brabant que quand ils sauraient l'arm?e bourguignonne loin d'eux, tr?s-loin, et qu'il n'y aurait plus personne ? combattre. Ils ne se d?cid?rent ? signer le trait? que le 17 juin, et alors m?me ils ne firent rien encore; ils song?rent un peu tard qu'ils n'avaient que des milices, point d'artillerie ni de troupes r?gl?es, et le margrave partit pour en aller chercher en Allemagne.

Le 4 ao?t, grande nouvelle du roi. Il mande ? ses bons amis de Li?ge, que, gr?ce ? Dieu, il a pris du Mont-le-H?ry, d?fait son adversaire; que le comte de Charolais est bless?, tous ses gens enferm?s, affam?s; s'ils ne se sont pas rendus encore, sans faute ils vont se rendre. Tout cela proclam? par un certain Renard , et par un ma?tre Petrus Jodii, professeur en droit civil et canonique, qui, pour faire l'homme d'armes, brandissait toujours un trait d'arbal?te.

Jamais fausse nouvelle n'eut un plus grand effet. Il n'y eut pas moyen de tenir le peuple; malgr? ses chefs, il sortit en armes: ce fut un mouvement tumultuaire, nul ensemble; m?tier par m?tier, les vignerons d'abord; puis les drapiers, puis tous. Raes courut apr?s eux pour les diriger sur Louvain, o? ils auraient peut-?tre ?t? accueillis par les m?contents; ils ne l'?cout?rent pas et s'en all?rent follement br?ler leurs voisins du Limbourg. Limbourg ou Brabant, l'essentiel pour le roi ?tait qu'ils attaquassent; ses deux hommes suivaient pour voir de leurs yeux si la guerre commen?ait. Au premier village pill?, br?l?, l'?glise en feu: <>

Tout cela, en r?alit?, ?tait moins contre lui que pour faire d?pit ? Bouvignes, ville du duc, qui ?tait en face, de l'autre c?t? de la Meuse. Il y avait des si?cles que Dinant et Bouvignes aboyaient ainsi l'une ? l'autre: c'?tait une haine envieillie. Dinant n'avait pas tout le tort; elle para?t avoir ?t? la premi?re ?tablie; d?s l'an 1112, elle avait fait du m?tier de battre le cuivre un art qu'on n'a point surpass?. Elle n'en avait pas moins vu, en face d'elle, sous la protection de Namur, une autre Dinant ouvrir boutique, ses propres ouvriers, probablement ses apprentis, fabriquer sans ma?trise, appeler la pratique, vendre au rabais.

Une chose qui devait rapprocher avait tout au contraire multipli?, compliqu? les haines. ? force de se regarder d'un bord ? l'autre, les jeunes gens des deux villes s'aimaient parfois et s'?pousaient. Le pays d'alentour ?tait si mal peupl? qu'ils ne pouvaient gu?re se marier que chez leurs ennemis. Cela amenait mille oppositions d'int?r?t, mille proc?s, par-dessus la querelle publique. Se connaissant tous et se d?testant, ils passaient leur vie et s'observer, ? s'?pier. Pour voir dans l'autre ville et pr?voir les attaques, Bouvignes s'avisa, en 1321, de b?tir une tour qu'elle baptisa du nom de Cr?ve-Coeur; en r?ponse, l'ann?e suivante, Dinant dressa sa tour de Montorgueil. D'une tour ? l'autre, d'un bord ? l'autre, ce n'?tait qu'outrages et qu'insultes.

Cependant on commen?ait ? savoir partout la v?rit? sur Montlh?ry, et que Paris ?tait assi?g?. ? Li?ge, quoique l'argent de France op?r?t encore, l'inqui?tude venait, les r?flexions, les scrupules. Le peuple craignait que la guerre n'e?t pas ?t? bien d?clar?e en forme, qu'elle ne f?t pas r?guli?re, et il voulut qu'on accompl?t, pour la seconde fois, cette formalit?. D'autre part, les Allemands se firent conscience d'assister aux violences impies des Li?geois, ? leurs saccagements d'?glises; ils crurent qu'il n'?tait pas prudent de faire plus longtemps la guerre avec ces sacril?ges. Un de leurs comtes dit ? Raes: <> Leurs scrupules augment?rent encore quand ils surent que le Bourguignon n?gociait un trait? avec le Palatin et son fr?re, l'archev?que de Cologne. ? la premi?re occasion, d?s qu'ils se virent un peu observ?s, r?gent, margrave, comtes, gens d'armes, ils se sauv?rent tous.

Telle ?tait, avec tout cela, l'outrecuidance de ce peuple de Li?ge, que, d?laiss?s des Allemands, sans espoir du c?t? des Fran?ais, ils s'acharnaient encore au Limbourg et refusaient de revenir. L'ennemi approchait, une nombreuse noblesse qui, somm?e par le vieux duc comme pour un outrage personnel, s'?tait h?t?e de monter ? cheval. Raes n'eut que le temps de ramasser quatre mille hommes pour barrer la route. Cette cavalerie leur passa sur le ventre, il n'en rentra pas moiti? dans la ville .

Cependant un chevalier arrive de Paris: <> Puis vient aussi de France un magistrat de Li?ge: <>--Tout le peuple crie: <> On envoie ? Bruxelles demander une tr?ve.

Grande ?tait l'alarme ? Li?ge, plus grande ? Dinant. Les ma?tres fondeurs et batteurs en cuivre, qui, par leurs forges, leurs formes, leur pesant mat?riel, ?taient comme scell?s et riv?s ? la ville, ne pouvaient fuir comme les compagnons; ils attendaient, dans la stupeur, les ch?timents terribles que la folie de ceux-ci allait leur attirer. D?s le 18 septembre, ils avaient humblement remerci? la ville de Huy, qui leur conseillait de punir les coupables. Le 5 novembre, ils ?crivent ? la petite ville de Ciney d'arr?ter ce maudit Conard, auteur de tout le mal, qui s'y ?tait sauv?. Le m?me jour, insult?s, attaqu?s par les gens de Bouvignes, mais n'osant plus bouger, immobiles de peur, ils s'adressent au gouverneur de Namur, et le prient de les prot?ger contre la petite ville. Le 13, ils supplient les Li?geois de venir ? leur secours; ils ont appris que le comte de Charolais embarque son artillerie ? M?zi?res pour lui faire descendre la Meuse.

Donc, il revenait ? marches forc?es avec sa grosse arm?e qui grossissait encore. Sur le chemin, chacun accourait et se mettait ? la suite; on tremblait d'?tre not? comme absent. Les villes de Flandre envoyaient leurs archers; les chevaliers picards, flottants jusque-l?, venaient pour s'excuser. Tels vinrent m?me de l'arm?e du roi.

On tremblait pour Dinant, on la voyait d?j? r?duite en poudre; et l'orage tomba sur Li?ge. Le comte, quelle que f?t son ardeur de vengeance, n'?tait pas encore le T?m?raire; il se laissait conduire. Ses conseillers, sages et froides t?tes, les Saint-Pol, les Contay, les Humbercourt, ne lui permirent pas d'aller perdre de si grandes forces contre une si petite ville. Ils le men?rent ? Li?ge; Li?ge r?duite, on avait Dinant.

Encore se gard?rent-ils d'attaquer imm?diatement. Ils savaient ce que c'?tait que Li?ge, quel terrible gu?pier, et que si l'on mettait le pied trop brusquement dessus, on risquait, fort ou faible, d'?tre piqu? ? mort. Ils rest?rent ? Saint-Trond, d'o? le comte accorda une tr?ve aux Li?geois. Il fallait, sur toutes choses, ne pas pousser ce peuple col?rique, le laisser s'abattre et s'amortir, languir l'hiver sans travail ni combat; il y avait ? parier qu'il se battrait avec lui-m?me. Il fallait surtout l'isoler, lui fermant la Meuse d'en haut et d'en bas, lui ?ter le secours des campagnes en s'assurant des seigneurs, le secours des villes, en occupant Saint-Trond, regagnant Hui, amusant Dinant, bien entendu sans rien promettre.

Le comte avait dans son arm?e les grands seigneurs de l'?v?ch?, les Horne, les Meurs et les La Marche, qui craignaient pour leurs terres; il d?fendit aux siens de piller le pays, laissant plut?t piller, manger les ?tats de son p?re, les sujets paisibles et loyaux.

D?s le 12 novembre, les seigneurs avaient pr?par? la soumission de Li?ge; ils avaient minut? pour elle un premier projet de trait? o? elle se soumettait ? l'?v?que et indemnisait le duc. Ce n'?tait pas le compte de celui-ci, qui, pour indemnit?, ne voulait pas moins que Li?ge elle-m?me; de plus, pour gu?rir son orgueil, il lui fallait du sang, qu'on lui livr?t des hommes, que Dinant surtout rest?t ? sa merci. ? quoi la grande ville ne voulait pour rien consentir; il ne lui convenait pas de faire comme Huy, qui obtint gr?ce en s'ex?cutant et faisant elle-m?me ses noyades. Li?ge ne voulait se sauver qu'en sauvant les siens, ses citoyens, ses amis et alli?s. Le 29 novembre, lorsque la terre tremblait sous cette terrible arm?e, et qu'on ne savait encore sur qui elle allait fondre, les Li?geois promirent secours ? Dinant.

Pour celle-ci, il n'?tait pas difficile de la tromper; elle ne demandait qu'? se tromper elle-m?me, dans l'agonie de peur o? elle ?tait. Elle implorait tout le monde, ?crivait de toutes parts des supplications, des amendes honorables, ? l'?v?que, au comte . Elle rappelait au roi de France qu'elle n'avait fait la guerre que sur la parole de ses envoy?s. Elle chargeait l'abb? de Saint-Hubert et autres grands abb?s d'interc?der pour elle, de prier le comte pour elle, comme on prie Dieu pour les mourants... Nulle r?ponse. Seulement, les seigneurs de l'arm?e, ceux m?me du pays, endormaient de paroles la pauvre ville tremblante et cr?dule, s'en jouaient; tel essayait d'en tirer de l'argent.

Ils n'?taient pas trop rassur?s en allant voir ce redout? seigneur, ce fl?au de Dieu... Mais les premi?res paroles furent douces, ? leur grande surprise; il les envoya d?ner; puis lui-m?me, ce grand comte, les mena voir son arm?e en bataille... Quelle arm?e! vingt-huit mille hommes ? cheval , et tout cela couvert de fer et d'or, tant de blasons, tant de couleurs, les ?tendards de tant de nations... Les pauvres gens furent terrifi?s; le comte en eut piti? et leur dit pour les remettre: <>

Au fond, les d?put?s le tiraient d'un grand embarras. L'hiver venait dans son plus dur ; peu de vivres; une arm?e affam?e qu'il fallait laisser se diviser, courir pour chercher sa vie, puisqu'on ne lui donnait rien.

Ce n'?tait pas une chose sans p?ril que de rapporter ? Li?ge un tel trait?.

Il monte au balcon de la Violette et dit sans embarras:

<>

Alors un grand cri s'?l?ve de la place: <> Dans ce danger, les partisans de la paix essayaient de se d?fendre par un mensonge: <>

Gilles n'en fut pas moins poursuivi. Les m?tiers voulurent qu'on le juge?t; mais comme c'?tait un homme doux et aim?, tous les juges trouvaient des raisons pour ne pas juger, tous se r?cusaient.

Ce mot servit contre lui-m?me. On for?a ce capitaine de juger, et de juger ? mort.

Alors le pauvre homme se tournant vers le peuple: <> Son juge m?me se joignait ? lui: <>

Au plus haut de l'h?tel de ville, ? une fen?tre, se tenaient Raes et Bare, qui avaient l'air de rire. Un des bourgmestres, qui ?tait leur homme, dit durement: <> On lui coupa la t?te. Le bourreau lui-m?me ?tait si troubl? qu'il n'en pouvait venir ? bout.

La t?te tomb?e, la trompette sonne, on proclame la paix dont on vient de tuer l'auteur, et personne ne contredit.

Il n'avait pas marchand? avec ceux-ci. Pour obtenir du Breton qu'il ne bouge?t pas, il lui donna un mont d'or, cent vingt mille ?cus d'or.

Quant au duc de Bourbon, qui, plus que personne, avait fait le duc de Normandie, et sans y rien gagner, il eut, pour le d?faire, des avantages ?normes. Le roi le nomma son lieutenant dans tout le midi. ? ce prix, il l'emmena et s'en servit pour ouvrir une ? une les places de Normandie, ?vreux, Vernon, Louviers.

Il avait d?j? Louviers le 7 janvier . Rouen tenait encore; mais de Rouen ? Louviers, tous venaient, un ? un, faire leur paix, demander s?ret?. Le roi souriait et disait: <>

Il excepta un petit nombre d'hommes, dont quelques-uns, pris en fuite, furent d?capit?s ou noy?s. Plusieurs vinrent le trouver, qui furent combl?s et se donn?rent ? lui, entre autres son grand ennemi Dammartin, d?sormais son grand serviteur.

Le comte de Charolais savait tout cela et n'y pouvait rien. Il ?tait fix? devant Li?ge; il ?crivit seulement au roi en faveur de Monsieur, et encore bien doucement, <> Tout doucement aussi, le roi lui ?crivit en faveur de Dinant.

Il fallut un grand mois pour que le trait? rev?nt de Li?ge au camp, pour que le comte, enfin d?livr?, p?t s'occuper s?rieusement des affaires de Normandie. Mais alors tout ?tait fini. Monsieur ?tait en fuite; il s'?tait retir? en Bretagne, non en Flandre, pr?f?rant l'hospitalit? d'un ennemi ? celle d'un si froid protecteur. Celui-ci perdait pour toujours la pr?cieuse occasion d'avoir chez lui un fr?re du roi, un pr?tendant qui, dans ses mains, e?t ?t? une si bonne machine ? troubler la France.

Quand le peuple vit cette lugubre procession des cent hommes emportant le testament de la cit?, il pleura en lui-m?me. Les cent partaient arm?s, cuirass?s, contre qui? Contre leurs concitoyens, contre les pauvres bannis de Li?ge, qui, sans toit ni foyer, erraient en plein hiver, vivant de proie, comme des loups.

Alors, il se fit dans les ?mes, par la douleur et la piti?, une vive r?action de courage. Le peuple d?clara que si Dinant n'avait pas la paix, il n'en voulait pas pour lui-m?me, qu'il r?sisterait.

Le comte de Charolais se garda bien de s'enqu?rir du changement. Il ne pouvait pas tenir davantage: il licencia son arm?e sans la payer , et emporta, pour d?pouilles opimes, son trait? ? Bruxelles.

CHAPITRE II

--SUITE--

SAC DE DINANT

Il ?tait lui-m?me en p?ril. Il avait repris Rouen, et il ?tait ? peine s?r de Paris. Il attendait une descente anglaise.

Jusque-l?, deux choses rassuraient le roi. D'abord, son bon ami Warwick, gouverneur de Calais, tenait ferm?e la porte de la France. Puis, le comte de Charolais ?tant Lancastre par sa m?re et ami des Lancastre, il y avait peu d'apparence qu'il s'entend?t avec la maison d'York, avec ?douard.

Toutefois, on a vu qu'?douard avait ?pous? une ni?ce des Saint-Pol , ?pous? malgr? Warwick, dont il e?t voulu se d?barrasser. Ce roi d'hier, qui d?j? reniait son auteur et cr?ateur, Warwick, ali?nait son propre parti, et voyait d?s lors son tr?ne porter sur le vide, entre York et Lancastre. Sa femme et les parents de sa femme, pour qui il hasardait l'Angleterre, avaient h?te de s'appuyer sur l'?tranger. Ils faisaient leur cour au duc de Bourgogne; ils pr?sentaient aux Flamands, aux Bretons, l'app?t d'un trait? de commerce. Madame de Bourgogne elle-m?me, bien plus homme que femme, immola la haine pour York qu'elle avait dans le sang, ? une haine plus forte, celle de la France. Elle fit accueillir les d?marches d'?douard, agr?a pour son fils la jeune soeur de l'ennemi, comptant bien la former, la faire ? son image. La digne bru d'Isabelle de Lancastre, Marguerite d'York, doit former ? son tour Marie, grand'm?re de Charles-Quint.

On ne peut se dissimuler une chose, c'est qu'il fallait p?rir, ou, contre l'Angleterre, contre les maisons de Bourgogne et de Bretagne, acheter l'alliance des maisons de Bourbon, d'Anjou, d'Orl?ans, de Saint-Pol.

L'alliance des Bourbons, fr?res de l'?v?que de Li?ge, ?tait ? bien haut prix. Elle impliquait une condition mis?rable et d?shonorante, une honte terrible ? boire: l'abandon des Li?geois. Et pourtant, sans cette alliance, point de Normandie, plus de France peut-?tre. La derni?re guerre avait prouv? de reste qu'avec toute la vigueur et la c?l?rit? possibles le roi succomberait s'il avait ? combattre ? la fois le Midi et le Nord, que pour faire t?te au Nord il lui fallait une alliance fixe avec le fief central, le duch? de Bourbon.

Grand fief, mais de tous les grands le moins dangereux n'?tant pas une nation, une race ? part, comme la Bretagne ou la Flandre, pas m?me une province, comme la Bourgogne, mais une agr?gation tout artificielle des d?membrements de diverses provinces, Berri, Bourgogne, Auvergne. Peu de coh?sions dans le Bourbonnais; moins encore dans ce que le duc poss?dait au dehors . Le roi ne craignait pas de lui confier, comme ? son lieutenant, tous les pays du centre, sans contact avec l'?tranger, la France dormante des grandes plaines , la France sauvage et sans route des montagnes . Si l'on ajoute le Languedoc, qu'il lui donna plus tard, c'?tait lui mettre entre les mains la moiti? du royaume.

Le roi rallia ainsi ? lui d'une mani?re durable toute la maison de Bourbon. Pour celles d'Anjou et d'Orl?ans, il les divisa.

Quant ? la maison d'Orl?ans, le roi d?tacha de ses int?r?ts le glorieux b?tard, le vieux Dunois, dont il maria le fils ? une de ses ni?ces de Savoie. Le nom du vieillard donnait beaucoup d'?clat ? la commission des Trente-six, qui, sous sa pr?sidence, devaient r?former le royaume. Le roi les convoqua lui-m?me en juillet. Les choses avaient tellement chang? en un an que cette machine invent?e contre lui devenait maintenant une arme dans sa main. Il s'en servit comme d'une ombre d'?tats qu'il faisait parler ? son gr?, donnant leur voix pour la voix du royaume.

C'?tait beaucoup d'avoir ramen? si vite tant d'ennemis. Restait le plus difficile de tous, le g?n?ral m?me de la ligue, celui qui avait conduit les Bourguignons jusqu'? Paris, qui les avait fait persister jusqu'? Montlh?ry, qui s'?tait fait faire par le roi conn?table de France. Le roi, si durement humili? par lui, se prit pour lui d'une grande passion; il n'e?t plus de repos qu'il ne l'e?t acquis.

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