bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: L'Illustration No. 0054 9 Mars 1844 by Various

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 254 lines and 26125 words, and 6 pages

folles de polka; mais elle m'absoudra en faveur de ma bonne intention, qui est de rendre justice au talent d'un po?te et ? une oeuvre distingu?e: le po?te s'appelle Porchat, et il est de Lausanne; l'oeuvre, qui a pour titre: la Mission de Jeanne d'Arc, vient de para?tre ? la librairie Dubochet, rue de Seine. Sous ce litre, la Mission de Jeanne d'Arc, on pourrait soup?onner quelque ?pop?e en vingt-quatre chants; il n'en est rien, et nous ne prenons pas notre lecteur en tra?tre; c'est d'une trag?die qu'il s'agit, d'une trag?die en cinq actes, trag?die accueillie avec honneur au comit? du Second-Th??tre-Fran?ais, et qui devait tenter les chances de la repr?sentation publique. M. Porchat a pr?f?r? c?der ? des consid?rations qui font l'?loge de sa modestie et de sa d?licatesse, et retirer sa trag?die pour ne pas faire concurrence ? des oeuvres pr?sent?es sous le m?me nom et le m?me sujet, et ne pas nuire ? des droits ant?rieurs. Apr?s quoi, M. Porchat s'est heureusement d?cid? ? livrer sa Jeanne d'Arc ? l'impression.

Nous venons de lire cet ouvrage int?ressant et consciencieux, et c'est en toute sinc?rit? que nous regrettons que la Jeanne de M. Porchat n'ait pas jusqu'au bout pouss? l'aventure et r?cit? sa po?sie en face de la rampe, au lieu de la faire brocher ou relier pour toute fortune; sans nul doute, Jeanne aurait r?ussi. Des caract?res bien ?tudi?s, un style clair et ?l?gant, de nobles id?es, des sentiments vraiment fran?ais, un drame ?mouvant et vari?, n'est-ce donc rien? Nos auteurs, m?me ceux en cr?dit, nous font-ils souvent de tels pr?sents? et sommes-nous si fort g?t?s par eux qu'il faille ne pas tenir compte ? M. Porchat des honorables qualit?s de sa trag?die? Eh bien! si on ne peut pas entendre cette Jeanne au th??tre, du moins peut-on la lire au coin de son feu. Qu'on lise donc la Jeanne de M. Porchat, on verra que certains de nos po?tes, qui donnent aussi dans le tragique, feraient sagement d'entreprendre un petit voyage ? Lausanne.

Nous avons entre les mains une lettre de madame Cinti-Damoreau dat?e de La Havane; elle annonce son retour ? Paris pour les premiers temps de 1845. Pour revenir, il faudra que madame Damoreau s'arrache aux ovations que l'Am?rique multiplie sous ses pas. Il ne s'est rien vu de tel depuis le passage de Fanny Ellsler. La voie de madame Damoreau produit l?-bas le m?me enthousiasme que le pied de l'adorable Fanny avait partout soulev?. De Philadelphie ? Baltimore, de Washington ? Richmond, de Richmond ? Charlestown, la voix m?lodieuse a s?duit les plus rebelles. Artot, comme on sait, accompagne madame Damoreau et partage sa course triomphale. Les villes envoient des d?putations; les soci?t?s offrent des f?tes. A Charlestown, apr?s le concert, la foule, s'?chappant bruyamment par toutes les issues du th??tre, reconduisit les artistes jusqu'? leur h?tel, au milieu des vivat, et ? la lueur de mille flambeaux.--A La Havane, o? ils arriv?rent le 13 janvier, apr?s une travers?e p?rilleuse, ils ?taient attendus avec une telle impatience, que le port se trouva tout ? coup couvert d'une immense multitude pour les recevoir. Le 17 janvier eut lieu leur premier concert. On se battait aux portes; on se ruait dans la salle par flots pr?cipit?s. Le journal havanais, voulant peindre le succ?s obtenu par la cantatrice ? cette premi?re soir?e, dit: <> Un feuilleton de Paris transport? ? la Havane n'aurait pas trouv? mieux.

--Du reste, apr?s les bruits d'inondations, d'incendies, de meurtres et de polka, il n'a ?t? question ici, depuis huit jours, que de fortifications, de patentes et de Pomar?. D?cid?ment la semaine a ?t? mauvaise.

--Le Th??tre-Italien de Saint-P?tersbourg a fait sa cl?ture le dimanche 18 f?vrier dernier, le dernier jour du carnaval des Russes. Jamais plus magnifique repr?sentation n'avait eu lieu ? Paris ou ? Londres durant les plus belles ann?es des directions Severini ou Laporte. On jouait quelques sc?nes des Puritani pour Tamburini, et la Sonnanbula pour Rubini et madame Viardot-Garcia... <> La saison prochaine promet d'?tre encore plus brillante que celle de cette ann?e. Rubini. Tamburini et madame Viardot ont renouvel? leurs engagement. Madame Viardot, qui a obtenu de si ?clatants succ?s, et qui a jou? quarante fois en trois mois et demi, aura, nous assure-t-on, pr?s de 30,000 fr. par mois.--On esp?re que Lablache se d?cidera A signer ? Londres le brillant engagement qui lui a ?t? propos?.

Fragments d'un Voyage en Afrique .

Note 1: La reproduction de ces fragments est interdite.

Nous ne suivrons pas l'auteur de ces fragments dans le r?cit des causes qui avaient amen? la sanglante catastrophe de son malheureux ami. Le lecteur est press? sans doute de savoir de quelle mani?re l'auteur a pu lui-m?me ?chapper aux p?rils que sa t?m?raire entreprise attirait sur sa t?te au moment o? les hostilit?s venaient de recommencer contre l'?mir. .........................................................................................................

A tout prix je voulus quitter Tazza, o? je me sentais mourir peu ? peu. Tandis que je r?vais aux moyens de m'?loigner, le ciel, touch? de mes peines, fit passer dans la ville une caravane qui s'en retournait au Maroc. Ni les dangers que j'allais courir en m'enfuyant du pays sans y ?tre autoris? par l'?mir, ni les fatigues du voyage ne purent m'arr?ter! Pour moi il n'y avait que deux partis ? prendre: mourir ou reconqu?rir ma libert?. Le moment propice, le camp en d?sordre, la population effray?e, second?rent mon dessein. Je me procurai deux chameaux, et je me fis associer, avec Ben-Oulil, ? la caravane.

Je ne puis dire ici ce que je ressentis d?s que nous e?mes d?pass? les portes de Tazza; il est des impressions qu'aucune langue ne rend bien. La souffrance et la sombre atonie de mon ?me s'effac?rent peu ? peu pour la laisser s'ouvrir ? l'esp?rance. J'?tais presque heureux, et je ne songeais plus gu?re au meurtre commis sous mes yeux , lorsqu'un nouvel accident faillit me replonger dans toutes mes terreurs. On sait qu'il faut traverser sept fois la Mina avant d'atteindre Mascara. Les eaux de cette rivi?re sont tr?s-basses en ?t?, mais l'hiver les rend dangereuses; son sein, gonfl? de tous les torrents qui se pr?cipitent des montagnes, s'?l?ve et franchit souvent les limites que lui imposa la nature. La Mina rappelle assez exactement notre Rh?ne, dont les flots couvrirent tant de fois les belles plaines du Midi. Quoique nous fussions alors au mois de juin, le passage de la rivi?re pr?sentait de graves difficult?s; il avait plu beaucoup les jours pr?c?dents, et la Mina m?lait ses eaux d?bord?es aux mille petits ruisseaux qui sillonnent le bassin du Ch?lif. Au troisi?me bras la caravane s'?lancait au galop des chameaux, lorsque Ben-Oulil perdit l'?quilibre et disparut dans le gouffre. Nous ne nous aper??mes de l'accident qu'en voyant son chameau d?barquer seul sur le bord oppos?.

J'appris en passant ? quelques lieues de Tekedempt, qu'une cinquantaine de prisonniers fran?ais ?taient d?tenus dans la forteresse; on les employait, dit-on, aux travaux les plus rudes et les plus abjects; aucun outrage ne leur ?tait ?pargn?. Quelques-uns travaillaient ? la manufacture d'armes. Il y avait, en outre, en ville deux femmes et quatre enfants qui partageaient le logement de la famille d'Abd-el-Kader, ainsi que deux Alsaciennes qui avaient ?t? laiss?es par un Europ?en en garantie de quelques fonds qu'il devait ? l'?mir. Ces otages n'ont pas ?t? r?clam?s depuis.

Sur la ligne qui conduit ? Mascara, on trouve plusieurs villes, entre autres Mysouna, Tyliouan et Callah. La premi?re est perch?e sur la cr?te d'une montagne; elle compte un millier d'habitants, presque tous hommes lettr?s, c'est-?-dire lecteurs du Koran . Les Mysouniens ne s'inqui?tent point de ce qui se passe autour d'eux. Tyliouan, petite cit? en ruines, occupe le fond d'un vallon. Des monts ?lev?s la couronnent; elle a de six ? sept cents habitants lettr?s et fanatiques qui abhorrent, non-seulement les Fran?ais, mais tous les Europ?ens en g?n?ral. Callah n'est qu'un petit douair auquel on a g?n?reusement donn? le nom de ville; quelques cabanes couvertes de chaume ?parpill?es sans ordre dans une plaine resserr?e entre deux cha?nes de montagne, quelques jardins, une forteresse ou, pour ?tre plus exact, une tour d?labr?e, tel est Callah. Il est ? remarquer cependant que les quatre cents Arabes qui l'habitent sont assez industrieux. Il s'y fabrique de beaux tapis de pied, dont les Marocains et les citoyens de Fez font le principal objet de leurs sp?culations. On obtient ces objets ? vil prix sur les lieux, tant la mis?re y est grande! Les populations de Mysouna. Tyliouan et Callah sont administr?es par Hadji-Mustapha. Elles ne fournissent que des cavaliers ? la guerre sainte. On peut recruter dans ces villes environ huit mille combattants qui suivent la banni?re de Mouloud-ben-Aratch. On con?oit ais?ment les motifs de la haine qu'elles nous portent, car elles appartiennent ? la tribu d'Abd-el-Kader. L'?go?sme, l'amour-propre et l'int?r?t lui ont fait parmi elles des serviteurs d?vou?s.

Juillet dardait sur nous ses rayons d?vorants lorsque nous travers?mes Mascara. Cette ville n'avait alors que fort peu d'habitants; on d?sertait ses march?s; c'est ? peine si on y rencontrait quelques citoyens venus de Fez pour vendre des objets dont le pays ?tait priv? depuis que l'?mir avait, par un ?dit, prononc? la peine capitale contre quiconque ach?terait ces objets dans nos ports. Les habitants de Mascara, r?duits ? la mis?re, s'?taient jet?s dans les montagnes ou retir?s ? Tekedempt. Ceux qui ?taient rest?s les derniers exp?diaient d?j? leur bagage et n'attendaient qu'un ordre du sultan pour abandonner leurs foyers: on s'attendait ? voir para?tre d'un instant ? l'autre les colonnes fran?aises. Le kalifat ?tait sorti de la ville il avait pos? son camp sur la rive droite de la Mina, ? une journ?e de marche vers l'est. Tout ce qui, dans la ville, appartenait au gouvernement venait d'?tre dirig? sur Tekedempt. La contr?e ?tait en un mot sur un qui vive continuel; de toutes parts on voyait surgir des cohortes arabes. D'apr?s nos calculs, nous avons vu d?filer devant nous plus de quatre mille cavaliers marchant au secours de l'?mir. La canonnade retentissait du c?t? de Milianah, et les vieux ?chos de l'Atlas apportaient jusqu'? nous ces bruits formidables. Nous marchions ?pouvant?s par des d?tonations pareilles au bruit du tonnerre. Nous appr?mes ensuite que les Fran?ais s'?taient empar?s de Milianah sans avoir ?t? inqui?t?s par les Arabes. Ceux-ci perdirent encore beaucoup de monde dans l'affaire de la vall?e du Ch?lif, qui eut lieu imm?diatement apr?s.

De Mascara ? Tlemcen, la route est pittoresque et tr?s-accident?e; on parcourt de longues chauss?es form?es par les pentes des cha?nes, puis on traverse l'Hamman et le Sigg, fleuves qui se jettent dans la mer, au golfe d'Arzew, apr?s avoir r?uni leurs eaux ? celles de l'Habra. Le Sigg coule aux pieds des Dj. Karkar, monts bois?s que le voyageur traverse et d'o? il d?couvre Tlemcen et toute la province. A notre droite, dans la direction du d?sert d'Angad, est Sa?da, fort b?ti par Bou-Hamidy, d'apr?s l'ordre d'Abd-el-Kader. On met deux jours pour se rendre du Tlemcen ? Sa?da. Ce dernier point est, au dire des indig?nes, l'un des plus importants et des plus inaccessibles de l'arm?e arabe; il sert de d?p?t ? Tlemcen; on y compte de deux ? trois cents cabanes. Les prisonniers indig?nes y sont en grand nombre, et Bou-Hamidy ne les rend ? la libert? que sur ran?on. Les d?serteurs fran?ais qui, fatigu?s du service de l'?mir, essaient de p?n?trer dans le Maroc, sont arr?t?s souvent ? la fronti?re et conduits ? Sa?da. L?, on les asservit aux travaux les plus rebutants, et on commence par les gratifier de trois cents coups de b?ton; ils en re?oivent mille apr?s une seconde tentative d'?vasion; ? la troisi?me, ils sont d?capit?s.

Tlemcen offrait alors le m?me vide que Mascara; des sp?culateurs de Fez y tenaient la bourse et le march?. La ville ?tait triste; un morne silence pesait sur ses murs abandonn?s; les denr?es et le pain surtout, qui s'y vendait autrefois ? vil prix, ?taient cot?s ? un taux exorbitant; tout y ?tait, du reste, de mauvaise qualit?. Abd-el-Kader avait chass? les juifs de la ville sous pr?texte qu'ils entretenaient des relations avec les Fran?ais, et qu'ils les appelaient ? eux. C'est dans la province de Beni-Smie, ? trois journ?es de marche au sud de Tlemcen, qu'ont ?t? envoy?s ces malheureux parias. La plupart auront succomb? dans l'exil, les riches par le poignard, les pauvres par la faim.

Apr?s deux mois d'une marche p?nible, et qu'une ?nergie surhumaine a pu seule me faire supporter, j'arrivai ? Fez. J'avais travers? tour ? tour Tetouan, Ouched et Tezas. Je passai dix-huit jours dans la capitale du royaume de Fez. C'est ? juste titre qu'on l'a surnomm?e le Paris de l'Afrique septentrionale; elle renferme environ cent mille, habitants dans ses larges murailles. Les maisons sont assez bien b?ties et le commerce y a pris, depuis quelques ann?es, un grand d?veloppement. Le panorama que pr?sente la ville, sa vaste ?tendue et son aspect ?minemment militaire, tout concourt ? en faire une cit? magnifique si on la compare aux autres villes africaines. D?s que je fus remis de mes fatigues, je me remis en route pour Tanger, o? j'entrai apr?s six jours de marche, en passant par Alcassar. Alors seulement je pus me dire tout ? fait sauv?, car, de l?, je d?fiais les cavaliers d'Abd-el-Kader et la haine de ses tourmenteurs. Je faillis m'?vanouir en voyant le pavillon national qui ?tendait ses couleurs protectrices sur une des maisons de Tanger. Le drapeau, c'est la patrie! le n?tre flottait sur la demeure du consul. Je re?us de ce fonctionnaire l'accueil le plus distingu?, et, vers le milieu de septembre, je pris passage sur un navire qui faisait voile pour Marseille. Quelques jours plus tard, je mis le pied sur une terre que je ne comptais plus revoir, et, c?dant aux transports de mon ?me, je me jetai ? genoux et je remerciai le ciel de ma d?livrance.

Paris Souterrain.

En p?n?trant de plus en plus profond?ment dans les entrailles de la terre, nous devons nous attendre, dans le cours de notre voyage sous-parisien, ? rencontrer bien des objets ?tranges et nouveaux pour nous. Au reste, il n'est pas de Colomb aventureux, ? la recherche de terres inconnues, qui ait ?t? plus surpris de ses propres d?couvertes, que ne le fut mon jardinier quand il eut pour la premi?re fois connaissance de ces r?gions ignor?es. Mon jardin ?tait situ? pr?s du Luxembourg, et il s'y trouvait un puits excessivement profond. Je ne sais par quel hasard l'un des seaux s'accrocha si bien ? un crampon de fer qui se trouvait fich? dans le rev?tement, ? une trentaine de pieds de profondeur, que toute la journ?e se consuma en vains efforts pour l'arracher de cette position p?rilleuse. D?sesp?r?, le brave jardinier, ? demi pench? dans le puits, s'?cria, ? bout de patience: <

--Voil?! voil?! brave homme!>> r?pondit une voix caverneuse r?sonnant dans le puits. Et en m?me temps une main sortant du mur d?crocha le seau, tandis qu'une t?te ? forme humaine regardait l'imprudent jardinier en tirant la langue avec un ricanement effroyable. Le pauvre homme, stup?fait, pensa perdre connaissance. Heureusement que la terreur le fit tomber ? la renverse; sans cela il e?t ?t? rejoindre le seau au fond du puits.--Et il resta persuad? fort longtemps qu'il avait vu le diable en personne.

Son aventure n'avait pourtant rien de diabolique; c'?tait un charitable gnome, ou habitant de la deuxi?me ville souterraine, qui lui avait rendu en passant ce petit service.--Et, en parcourant ? notre tour ces nouvelles r?gions, nous allons voir que rien n'?tait plus facile.--Auparavant, pour bien comprendre notre itin?raire, il faut jeter un coup d'oeil sur la composition g?ologique du monde que nous allons visiter.

Le sol sur lequel Paris est b?ti se compose de couches superpos?es de nature et d'?paisseur diff?rentes. Bien qu'elles varient un peu de distance en distance; que les brouillages, forages, ciblages, selon le langage de carriers, et autres accidents caus?s par l'action des eaux en interrompent partiellement les lignes, cependant l'ordre g?n?ral est le m?me, et les grandes masses subsistent toujours dans la m?me distribution. Aussi ce sont elles que nous allons indiquer, telles qu'elles se trouvent sous Paris et vers la plaine de Montrouge.

A la surface existe une couche de terre v?g?tale, de sable d'atterrissement et de terres de transport dont l'?paisseur varie de 2 ? 5 m?tres; au-dessous, et sur une ?paisseur un peu plus faible, des marnes coquilli?res tr?s-fr?quemment gypseuses; plus bas, des marnes, calcaires, spathiques, quartzeuses, gypseuses, qui ont plus de 8 m?tres de profondeur, et qui reposent sur du calcaire marin dont l'?paisseur, beaucoup plus consid?rable, d?passe souvent 16 m?tres. Le calcaire est divis? lui-m?me en pr?s de 45 couches de diverses natures d?nomm?es diff?remment par les carriers, et dont les unes sont exploit?es de pr?f?rence aux autres. Au-dessous de ces couches de calcaire se trouvent onze ? douze couches d'argile plastique, s?par?es par de petits lits de sable, dans chacun desquels existe un niveau d'eau plus ou moins abondant. Les argiles atteignent la masse de craie dont l'?paisseur a ?t? longtemps inconnue, et qui n'a ?t? perc?e que par le forage du fameux puits art?sien de Grenelle. Or, sous la presque totalit? des quartiers situ?s sous la rive gauche de la Seine, la masse de pierre ? b?tir n'existe plus. Elle a ?t? exploit?e et enlev?e; en sorte qu'il ne reste plus ? la place qu'une immense excavation. Nos anc?tres, ayant besoin de pierre, ont tant et si bien creus? sous leurs pieds, que ce qui ?tait dessous est mont? dessus peu ? peu, au risque d'y descendre p?le-m?le en un seul jour.

Il faut cependant ?tre de bonne foi. Lorsque Paris ?tait renferm? dans la moiti? de l'?le de la Cit?, ou m?me plus tard, lorsque ses maigres faubourgs atteignaient ? peine la forteresse du Louvre, ses habitants pouvaient aller en toute s?curit? chercher des pierres au milieu des bois et des marais, sans pr?sumer que la bonne ville, apr?s avoir bris? quatre enceintes cr?nel?es, b?tirait sur le sol d'o? ses mat?riaux ?taient sortis. Mais nous, t?moins de cet agrandissement continuel, nous continuons avec insouciance ? creuser ? nos portes. Nous exploitons les carri?res d'Issy, de Passy, de Clarenton, etc., etc.--Et puis nous viendrions bl?mer nos anc?tres!--Il est vrai, pour rendre ? chacun la justice qui lui est due, que les carri?res exploit?es aujourd'hui le sont avec plus d'art et de prudence, et ne doivent plus faire craindre les accidents que repr?sentent souvent celles qui remontent aux premiers temps de la ville de Paris.

En effet elles existaient d?j? certainement lors de l'occupation romaine. Sur le clos Saint-Victor se trouvait l'emplacement des ar?nes, de l'ancien amphith??tre, et il avait ?t? probablement ?tabli dans une grande carri?re exploit?e primitivement ? ciel ouvert, dont les excavations avaient pr?par? favorablement le sol. On a reconnu en outre d'une mani?re positive que les pierres du palais des Thermes, habit? par l'empereur Julien, sont en cliquart, selon le terme employ? par les carriers pour d?signer une sorte de liais dur qui se trouve dans les carri?res du faubourg Saint-Marceau.

Les premi?res carri?res avaient ?t? exploit?es ? ciel ouvert; et c'est ainsi qu'a ?t? form?e l'excavation qui porte le nom de Fosse-aux-lions, pr?s de la barri?re Saint-Jacques. Du moment que ce syst?me devint trop p?nible par l'?paisseur croissante de la couche sup?rieure, les travaux furent continu?s ? l'aide de galeries souterraines conduisant ? de grandes excavations, le plus souvent irr?guli?res, et soutenues par des piliers r?serv?s dans la masse. Les excavations varient n?cessairement de hauteur, suivant l'?paisseur des bancs. Habituellement elles ont de 5 ? 6 m?tres; quelquefois, cependant, elles s'?l?vent fort au-dessus.

Ces travaux se continu?rent ainsi pendant plusieurs si?cles sans surveillance, sans m?thode, au gr? du caprice des travailleurs. Souvent m?me les carriers, dans leur insouciance, creus?rent au-dessous des premi?res excavations, formant ainsi plusieurs ?tages de carri?res suspendues les unes au-dessus des autres. Le danger devenait d'autant plus grand, que ces travaux ?tant successivement abandonn?s, la m?moire s'en perdait, les galeries s'obstruaient; et le sol, ainsi min? de toutes parts, se couvrait de lourdes constructions. Cependant l'?tat de ces carri?res oubli?es depuis des si?cles, s'aggravait de jour en jour: la faiblesse des piliers ?tablis provisoirement pour la s?curit? des ouvriers pendant la dur?e des exploitations, leur ?crasement, l'affaissement du ciel des carri?res dans beaucoup d'endroits, et, plus que cela encore, l'enlacement funeste des galeries chevauchant les unes sur les autres; de sorte que les piliers des ?tages sup?rieurs portant souvent ? faux dans les vides des ?tages inf?rieurs, tout devait amener de grandes et in?vitables catastrophes. Les nombreux accidents qui se succ?daient ? des intervalles de plus en plus rapproches, n'?veillaient toutefois l'attention de l'autorit? que vers la fin de l'ann?e 1776. Alors on ordonna la visite g?n?rale et la lev?e des plans de toutes les carri?res.

On reconnut alors toute l'?tendue du p?ril; et aussit?t que ce travail fut termin? , on cr?a une compagnie d'ing?nieurs sp?cialement charg?e de la consolidation des vo?tes. Les mesures ?taient devenues tellement urgentes, que le jour m?me de l'installation du premier inspecteur g?n?ral, une maison de la rue d'Enfer fut engloutie ? 90 pieds au-dessous du sol.

Les ing?nieurs entreprirent leurs travaux avec promptitude, et les continu?rent avec pers?v?rance et habilet?. La plus grande partie des carri?res fut consolid?e, et ce r?sultat fut d? au z?le et ? l'habilet? d?ploy?s par M. H?ricart de Thury, charg? de la direction de ce travail. Chaque galerie souterraine correspond ? une rue de la surface du sol, formant ainsi, dans ces profondeurs, une repr?sentation d?serte et silencieuse de la ville peupl?e et bruyante qui s'?l?ve au-dessus. Rien ne manque ? cette repr?sentation, ? cette contre-?preuve de la capitale, pas m?me les murs d'enceinte et le service de l'octroi. Des murs d'enceinte ont ?t? ?lev?s ? l'aplomb de ceux qui existent ? la superficie; car de hardis fraudeurs s'?taient fait dans les carri?res des passages ? couvert de l'inquisition municipale. Il a fallu y rem?dier; et une ligne de murs, baptis?s murs de la fraude, s?pare les carri?res intra-muros de celles de la banlieue.

Les carri?res pr?sentent en effet une ?tendue consid?rable. Tous les coteaux, depuis les hauteurs de Ch?tillon et de Gentilly, sont excav?s; et elles s'avancent sous Montrouge, Vaugirard et Paris, ? l'est et ? l'ouest, presque jusqu'? la rive m?ridionale de la Seine. Celles du nord sont plus circonscrites, et ne minent gu?re que les hauteurs de Passy et de Chaillot dans Paris, au moins on ne conna?t positivement que celles-ci; mais on doit pr?sumer qu'il en existe sous les plateaux de Clichy, de la Nouvelle-Ath?nes et du quartier Notre-Dame-de-Lorette, se reliant ? celles de Montmartre, de m?me que sous les hauteurs de M?nilmontant et de Belleville.

Au reste, malgr? les soins et la vigilance de l'administration, on est encore loin de conna?tre limites ces anciennes excavations. Derni?rement encore, les constructions d'une maison, rue M?zi?res, d?fonc?rent, en creusant les caves, le ciel d'une exploitation ignor?e, et cet accident risqua d'entra?ner la ruine des maisons riveraines; quelque temps auparavant, lors de la construction de l'?glise du Luxembourg, un fontis avait menac? la solidit? d'une maison rue Madame.--Toutefois on peut ?tre assur? que la plus grande partie est reconnue et consolid?e. On a pratiqu?, de distance en distance, des puits de descente, qui permettent de les visiter ? chaque instant et de les parcourir dans tous les sens.--Le plan indicatif ci-joint donne la situation de tous ces puits.

Outre ces escaliers et ces chemin?es de descente, il existe encore d'autres moyens de communication entre les carri?res et la surface du sol. Comme nous l'avons dit un peu plus haut, les premiers niveaux d'eau constants sur la rive gauche de la Seine sont dans les couches d'argile plastique au del? de la masse de pierre ? b?tir. Aussi, partout o? cette masse a ?t? exploit?e anciennement, des puits traversent les carri?res pour chercher plus bas les sources qui les alimentent. Leur enveloppe de ma?onnerie forme donc, dans les souterrains, autant de tours isol?es dans lesquelles on a pratiqu? des ouvertures, esp?ces de fen?tres qui servent ? renouveler l'air des carri?res et ? faciliter les travaux. Id?e fort ing?nieuse, et qui est due, je crois, ? M. le vicomte H?ricart de Thury, auquel les carri?res sont redevables de presque toutes les am?liorations. C'est par une de ces ouvertures qu'un surveillant en tourn?e avait pass? le bras secourable qui causa tant de frayeur ? mon jardinier.

Au reste, cette sorte de frayeur surnaturelle et peu raisonn?e est partag?e avec moins de motifs encore par une foule de personnes. C'est dans les carri?res que sont ?tablies les Catacombes, et, ? ce nom de Catacombes, une foule d'id?es lugubres, un sentiment vague d'effroi ne se r?veillent-ils pas dans l'esprit?

Beaucoup de personnes parlent des Catacombes sans les conna?tre, absolument comme les enfants parlent de Croque-mitaine et s'en effraient sans l'avoir jamais vu. Il y a dans leur nom une agglom?ration de syllabes si sombres, si retentissantes; leur son sourd et prolong? peint d'une mani?re si pittoresque ce qu'il veut exprimer, qu'en l'entendant seulement prononcer, l'imagination se forme l'id?e de quelque chose de triste et de grand. Pour nous en assurer, nous allons y descendre.--N'oubliez pas la petite bougie de s?ret?, les allumettes chimiques, ou le prudent briquet phosphorique: double pr?caution fort innocente, mais dont le principal d?faut est d'?tre parfaitement inutile... et partons!

Nous suivons la longue rue d'Enfer: nous arrivons ? la barri?re d'Enfer. Touchante perspective pour des gens qui vont descendre aux Catacombes, et allusion pleine de d?licatesse et de charit? chr?tienne pour les milliers d'individus que y sont ensevelis. Passons la barri?re, et prenons ? gauche. Nous sommes dans la voie creuse. En effet, nous marchons sur des ab?mes. Cette petite maison, plus loin, s'appelle la Tombe-Isoire ou d'Isoard. Arr?tons-nous: c'est l? l'entr?e des Catacombes.--En v?rit?, dans tous ces noms, il y a un parfum de souterrains et de s?pulcres qui surprend agr?ablement. C'est un ?-propos charmant: et le hasard a bien heureusement m?nag? cette accumulation de mots d'enfer et de tombeau. On ne saurait douter de l'endroit o? l'on va.

Il existe une autre entr?e dans le pavillon m?me de la barri?re d'Enfer: mais elle est plus rapproch?e et moins pittoresque. Entrons donc ? la tombe d'Isoard.--Mais, d'abord, il serait peut-?tre curieux d'apprendre ce que pouvait ?tre cette Tombe-Isoire ou d'Isoard. La tradition en est assez confuse. Selon les uns, cet Isoard ?tait un fameux brigand qui d?solait la campagne, et qui finit par ?tre tu? dans son repaire; mais cette l?gende semble passablement fabuleuse.

PLAN INDIQUANT LES ENTR?ES DES CATACOMBES ET DES CARRI?RES DE PARIS.

Il para?trait, toutefois, qu'il y a eu en cet endroit un ancien cimeti?re. Il est certain que ce domaine appartenait autrefois aux Templiers, et d?pendait de la commanderie de Saint-Jean-de-Latran. Cette propri?t? fut acquise par l'?tat en 1760. On y d?couvrit, lors des premiers travaux des Catacombes, un escalier communiquant ? des cryptes et souterrains qui avaient servi autrefois de s?pultures, et peut-?tre de cachots, aux chevaliers de Saint-Jean et du Temple. On y voyait encore la trace des gonds et des ferrures de portes.--Vendue comme domaine national pendant la r?volution, on en avait fait une guinguette avec bal champ?tre. Aujourd'hui, elle est redevenue l'entr?e d'une tombe.--Entrons-y.

Une petite cour sabl?e, une porte cintr?e, large et basse comme l'orifice d'une caverne... c'est l?. Rassemblez vos esprits; ?coutez l'allocution du gardien qui vous exhorte ? descendre jusqu'en bas sans vous ?carter, ni ? droite ni ? gauche, et de l'attendre sans faire un pas au bas de l'escalier, dans le salon. Plaisanterie inoffensive, qu'il accompagne d'un sourire aimable. Maintenant, comptons-nous bien avant de franchir le redoutable portique, et recevons, de trois en trois, une petite bougie allum?e des mains du conducteur.--Nous commen?ons ? descendre.

L'escalier est ?troit et tournant. On ne peut y passer qu'un seul ? la fois; et fussiez-vous quarante ? descendre, vous pourriez toujours vous croire seul. Votre regard ne saurait atteindre ni celui qui vous pr?c?de ni celui qui vous suit. L'escalier ach?ve en trois marches sa r?volution sur lui-m?me. Ajoutez ? cela l'air humide et froid du souterrain, l'obscurit? profonde, le retentissement ?touff? de la moindre parole entre ces deux murs de pierre, qui vous enferment et vous touchent, ce vertige de tourner sans cesse en descendant sans fin dans l'obscurit? sur des marches rapides, et vous aurez une id?e du passage le plus p?nible et le plus curieux ? la fois des Catacombes. Il y a l? quelque chose de grand, d'effrayant, qui ne se retrouve plus. L'imagination est frapp?e de cette ombre, de cette profondeur qui semble immense, de ce peu d'espace que vous remplissez tout entier. De temps en temps s'ouvre ? votre droite un arceau sombre et haut, qui semble se perdre dans les entrailles de la terre.--On descend ainsi ? une profondeur de pr?s de cent pieds.

Nous sommes arriv?s dans le salon, assez vaste caveau irr?gulier, dont la vo?te ?cras?e est sillonn?e de larges et profondes cicatrices. L'eau suinte de toutes ces pierres raboteuses, et le clapotement uniforme des gouttes qui tombent retentit dans les mares form?es ?? et l? sur le sol. Ici, la caravane fait halte, et rassemble les tra?nards qui ach?vent de descendre l'escalier. Le guide, qui fermait la marche, passe en t?te de la colonne, et l'on s'enfonce ? sa suite dans la galerie de face.

La galerie est assez large pour que l'on puisse marcher deux ou trois de front. Elle tourne et se prolonge dans la plaine de Montrouge, recevant ? droite et ? gauche d'autres galeries, qui s'?tendent au loin sous la plaine, ou sous les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Marceau.--Au milieu de ce d?dale, une main pr?voyante a trac? le fil d'Ariane. Une large ligne noire, peinte sur la vo?te, d?signe au voyageur la v?ritable route, conduisant des Catacombes ? la porte de sortie. Ainsi, fussiez-vous s?par? du conducteur, vous n'avez rien ? craindre; l'oeil et la lumi?re fix?s sur ce guide infaillible, vous n'avez qu'? le suivre, il vous conduira au port. De plus, de larges inscriptions grav?es dans la pierre vous apprennent, ? chaque d?tour de la galerie, sous quel point de la surface habit?e votre curiosit? vous a conduit.--Au reste, prenez patience; nous avons pour une demi-heure de route.

Il est certain que si vous avez p?n?tr? dans les cavernes majestueuses des C?vennes, dont la vo?te envelopp?e de son obscurit? s?culaire se d?robe ? tout oeil humain, dont les parois, rev?tues d'?normes stalactites, descendent comme de gigantesques draperies de pierre; si vous vous ?tes arr?t? sous ces arches colossales qui contiendraient la plus haute cath?drale de France, et dont l'?ternel et majestueux aspect n'est interrompu que par le mugissement uniforme du torrent, qui sort un instant du gouffre obscur pour y rentrer brillant de blanche ?cume et d'?tincelles phosphoriques; si vous avez pass? sous les effrayants piliers de ces immenses galeries--oh! alors vous rirez en entrant dans ces carri?res de Paris, vous rirez de leurs vo?tes basses et plates que vous pensez toucher avec la main; vous rirez de leurs piliers faits de pl?tre et de moellon, de leur sol battu de main d'homme, de leurs ?boulements de quelques pieds de largeur. Mais pour les vrais Parisiens, qui depuis leur enfance ont toujours respir? l'air de la ville ou de la fra?che campagne qui l'entoure, qui n'ont vu d'autres montagnes que Montmartre, ni d'autres souterrains que ceux de leur cave, il leur est permis de passer, non sans terreur, dans les galeries ?cras?es des carri?res, marchant dans cette obscurit? que dissipe ? peine autour de lui la lumi?re scintillante de son petit flambeau, respirant pour la premi?re fois l'air ?pais du souterrain, et sentant tomber sur sa t?te l'eau froide qui suinte de la pierre.

Certes, dans l'?tat o? elles se trouvent aujourd'hui, il n'y a rien de majestueux ni de grand dans les carri?res sous Paris, rien qui frappe les yeux ou l'imagination. Tout est bas et petit. On s'avance enferm? entre deux murs de moellons cr?pis, comme dans un corridor. On y trouve, il est vrai, de bons et beaux travaux de consolidation qu'entreprend chaque jour la pr?voyance de l'administration municipale, et cela est fort rassurant, sans doute, mais fort peu curieux, et on suit rapidement le guide, sans avoir l'envie de s'arr?ter ou de tourner la t?te.

Il n'y a qu'aux endroits plus n?glig?s, lorsque la prudence administrative, faute de temps ou d'argent, n'a pas encore masqu? de ses travaux r?cents les anciennes excavations, lorsque les tas de pierres qui encaissent la vo?te viennent ? s'abaisser, alors s'offre ? vous un coup d'oeil imposant et pittoresque; votre regard se prolonge au loin dans l'obscurit? de la carri?re, dont les piliers in?gaux se d?tachent ?? et l?, ? la lueur des flambeaux, comme des fant?mes blancs sur un fond noir.

L'ombre et l'?tendue qui se d?veloppent autour de vous, et dont vous ne pouvez distinguer les limites, donnent ? la sc?ne ce caract?re de grandeur qui lui manquait jusque-l?. Le peu d'?l?vation de la vo?te semble accro?tre encore l'espace. Cette masse effraie, et fait baisser involontairement la t?te. On dirait que le peu d'intervalle rend la chute plus ? craindre, et on comprend mieux le danger parce qu'on le voit de plus pr?s.

En effet, bient?t apr?s, se pr?sente, dans la galerie dite du Port-Mahon, un spectacle qui le r?v?le tout entier. L? se trouvaient deux ?tages de carri?res superpos?es. Le ciel de la carri?re inf?rieure, trop faible, s'est ?croul? tout ? coup et l'a combl?e de ses ruines.

Ce fontis a ?t? caus? par le poids d'un gros pilier isol? dans la carri?re de Mont-Souris, au-dessus d'une tr?s-grande excavation jusqu'alors ignor?e, et qui reposait sur le banc de faux liais, ou banc de verre, selon le terme des carriers. Cette pierre n'a aucune solidit?; elle a c?d? sous le poids, et a entra?n? toute la masse du pilier dans son ?boulement. Cet amas confus de rochers bris?s pr?sente un aspect pittoresque.

La galerie du Port-Mahon, ? laquelle nous sommes parvenus, doit son nom ? un singulier ouvrage de patience. Un ouvrier nomm? D?cure, qui avait d?couvert cette carri?re, y a sculpt? dans la pierre un relief du Port-Mahon, o? il avait ?t? prisonnier de guerre. Ce relief, quoique d?figur?, pr?sente encore de l'int?r?t, d'autant plus que l'on raconte que le laborieux ouvrier qui l'avait ex?cut? dans ses heures de loisir p?rit accabl? sous un ?boulement, au moment o? il venait de le terminer.

Apr?s le Port-Mahon et l'escalier que D?cure avait taill? lui-m?me pour arriver ? la carri?re souterraine qui renferme son ouvrage, le guide montre encore, comme objet de curiosit?, un puits g?ologique qui descend jusqu'aux bancs d'argile et de craie; l'emplacement de ancien aqueduc d'Arcueil, qui, ?branl? par les ?boulements, fut report? dans une autre direction; ensuite un pilier de pierre, qui, tout rong? par les eaux, offre un exemple de l'action des courants souterrains; un autre pilier enti?rement rev?tu de stalactites d'alb?tre calcaire; et enfin, apr?s ces objets plus ou moins curieux, nous arrivons au vestibule des Catacombes, vestibule ?troit, d'un dessin assez mesquin, et sur lequel sont grav?es deux inscriptions, l'une en latin, pour les ?rudits, sans doute, l'autre en fran?ais, pour les ignorants.

HAS ULTRA METAS REQUIESCUNT, BEATAM SPEM EXPECTANTES.

ARR?TE! C'EST ICI L'EMPIRE DE LA MORT.

Add to tbrJar First Page Next Page

 

Back to top