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Read Ebook: L'Illustration No. 0054 9 Mars 1844 by Various

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Ebook has 254 lines and 26125 words, and 6 pages

ARR?TE! C'EST ICI L'EMPIRE DE LA MORT.

J'en suis f?ch? pour les ignorants, mais l'alexandrin fran?ais, qui est de Delille, je crois, me parait bien vide et bien emphatique, et son expression demi-pa?enne bien creuse et passablement d?plac?e aupr?s de la simplicit? majestueuse, de la na?vet? po?tique, de la pens?e sublime et chr?tienne de l'inscription latine. Elle rappelle celle du grand r?formateur, de Luther, s'?criant, non sans quelque amertume peut-?tre: Beati, quia quiescunt!--Heureux les morts, car ils reposent!--Les orages de la vie ne lui laissaient entrevoir de paix que dans la tombe.--L'inscription des Catacombes est emprunt?e, je crois, ? la porte de l'ancien cimeti?re Saint-Sulpice. Son auteur est inconnu, et j'en suis f?ch?.--Si j'osais en hasarder une p?le traduction pour les dames qui m'accompagnent dans notre voyage, je dirais:

<>

Mais je suis bien loin d'avoir rendu dans toute leur ?l?gante et simple pr?cision, d'abord, le sens mystique de melas, qui rappelle ? la fois les bornes du chemin et celles de la vie, ni surtout ce mot po?tique de beatam spem, qui montre que le doute du chr?tien mourant est encore une esp?rance, ni cette magnifique onomatop?e expectantes, ce mot long et sonore rejet? ? la fin, peignant si bien la longueur, et cependant la confiance calme de cette attente si d?sir?e J'avoue que je trouve cette inscription sublime, et, d?t-on m'accuser de p?dantisme classique, je crois qu'il serait difficile de la refaire en fran?ais. Je crois aussi, sans amour-propre national, qu'il serait facile de mettre en regard quelque chose qui valut mieux que le vers de cet estimable Delille.

Avant d'aller plus loin, et de d?crire la plus importante partie du s?jour o? nous entrons, nous commencerons par dire qu'on y trouve, dans une salle s?par?e, une collection min?ralogique assez curieuse, comprenant tous les ?chantillons des bancs de pierre qui composent le sol souterrain depuis la superficie de la Tombe-Isoire jusqu'? la formation crayeuse; de plus, des coquilles fossiles, des bois, des v?g?taux transform?s, etc.; ensuite une collection pathologique renfermant, dans une autre salle, les os difformes ou singuliers qu'on a trouv?s dans les exhumations des cimeti?res. On y voit des tibias g?ants de trois pieds de haut, des mains colossales, des os d?vi?s, contourn?s, tortus, cribl?s de toutes les fa?ons, des ruptures, des fractures, des soudures, des ankyloses, des n?croses, des exostoses, etc. ?tude curieuse, mais qui, sauf meilleur avis, ne me para?trait pas tout ? fait conforme ? la belle inscription du frontispice.

Apr?s avoir termin? cette courte excursion scientifique, il est n?cessaire de faire une courte digression historique sur l'origine et la fondation des Catacombes.

Le premier cimeti?re de Paris avait ?t? plac? hors de l'enceinte de la ville, entre le bourg de Saint-Germain-le-Neuf, le Beau-Bourg et le bourg l'Abb?, au carrefour des voies de Saint-D?nis et de Montmartre. Ce carrefour devint plus tard le march? des halles, et le cimeti?re enclos de murs par Philippe-Auguste devint le charnier des Innocents. Ce charnier, justement, c?l?bre, avait re?u dans son ?troite enceinte environ 2,000,000 de cadavres qui, entass?s et putr?fi?s les uns sur les autres avaient exhauss? le sol du cimeti?re de huit pieds au-dessus du sol des rues voisines, lorsque le cri de l'opinion publique, venant en aide aux repr?sentations longtemps impuissantes de la philosophie et de la science, en fit ordonner la suppression par un arr?t du conseil d'?tat, en date du 9 mars 1785. L'archev?que de Paris n'y donna son consentement que l'ann?e suivante, par mandement qui permit le transport des ossements dans les carri?res de Montrouge. On se mit alors ? l'oeuvre pour d?truite ce foyer pestilentiel, et le d?p?t des ossements aux Catacombes fut termin? en janvier 1788.

L'administration, encourag?e par ce premier succ?s, r?solut de poursuivre son oeuvre, en supprimant successivement tous les cimeti?res et charniers qui infectaient Paris. Ainsi les ossements du cimeti?re Saint-Eustache et ceux de Saint-Etienne-des-Gr?s furent transport?s dans les carri?res en mai 1787; ceux de Saint-Landry et de Saint-Julien en juin 1792; ceux de Sainte-Croix-de-la-Betonnerie et des Bernardins en 1793; ceux de Saint-Andr?-des-Arts en 1794; de Saint-Jean-en-Gr?ve, des Capucins-Saint-Honor?, des Blancs-Manteaux, du Petit-Saint-Antoine, de Saint-Nicolas-des-Champs, du Saint-Esprit-en-Gr?ve et de Saint-Laurent en 1804; de l'?le Saint-Louis en 1814, de Saint-Benoit en 1813, etc. Des inscriptions plac?es sur les parois des ossuaires aux Catacombes rappellent toutes ces dates.

C'est ? ces transport! et ? ces inhumations successives que l'ossuaire des Catacombes a d? sa formation. Les ossements y furent d'abord jet?s en tas avec pr?cipitation, et ils rest?rent en cet ?tat pendant la r?volution. Ce fut sous le r?gime imp?rial qu'eurent lieu les dispositions et l'arrangement d?finitif. Ce travail fut commenc? en 1810 et continu? les ann?es suivantes. Il ?tait d?j? presque achev? en 1812, et dans l'?tat o? nous le voyons aujourd'hui.

Nous devons d?s l'abord faire notre profession de foi. Sous le rapport du l'utilit?, de la salubrit?, de la convenance, il n'y a que des ?loges ? donner ? ceux qui ont con?u le projet, et ? ceux qui l'ont ex?cut?. Il y avait de grandes difficult?s ? vaincre, elles ont ?t? surmont?es. L'ordre le plus parfait, le plus convenable a ?t? ?tabli; on ne saurait trouver rien de mieux rang?, de plus salubre, de mieux entretenu. Mais si l'on oublie un moment ce point de vue de l'utilit? pratique, si l'on esp?re y rencontrer des ?motions profondes, dramatiques... je crois qu'on y trouvera une grande d?ception.

C'est l? pr?cis?ment ce qui nous est arriv?. Plein de nos souvenirs et de nos lectures, nous nous attendions ? fr?mir ? ressentir ce saisissement, involontaire d'un grand et sombre spectacle dont notre imagination avait fait ? l'avance tous les appr?ts... h?las!

Figurez-vous des galeries bien propres, bien align?es, bien blanches, qu'interrompent ? des intervalles r?guliers de petits piliers grecs ou romains d'une architecture r?guli?re et froide. Entre ces piliers... que dirai-je? des ossements ou des b?chettes? Ce sont des ossements rang?s comme des b?chettes dans un chantier, et ? leur forme on s'y tromperait, car on ne voit que les extr?mit?s uniformes des tibias ou des f?murs, droits, longs, minces et noircis, soigneusement superpos?s; en sorte qu'il faut, le savoir, ou bien qu'on vous le dise, pour deviner ce que c'est. Tout cela est align? de mani?re qu'il n'y en a pas un seul qui d?passe l'autre. Au sommet r?gne un cordon bien rang? de cr?nes ? peu pr?s entiers, seule partie du corps humain que l'oeil puisse reconna?tre dans ce chantier, et qui puisse par cons?quent faire quelque impression. Mais encore cette impression est-elle bient?t affaiblie, ?cras?e, an?antie par cet appr?t, cette sym?trie terrible qui vous poursuit partout dans ces malheureuses catacombes, qui semble prendre ? t?che de tout affaiblir, de tout d?guiser sous pr?texte de d?cor. Il y a m?me deux ou trois endroits, entre autres la crypte dite de Saint-Laurent parce qu'on y a d?pos? les os tir?s de ce cimeti?re, et la galerie dite des Ob?lisques, o? les constructeurs ont cru bien faire sans doute en arrangeant ces ossements en forme de pi?destaux d'une architecture grecque quelconque, dorique, je crois. Les moulures, exactement copi?es sur l'antique, sont ex?cut?es en tibias de belle dimension et bien conserv?s. Vous pouvez juger de l'effet d'une semblable architecture, parfaitement identique ? celle des chantiers o? les d?bardeurs fac?tieux figurent des ?toiles et des soleils en bois flott?.--Cherchez donc ensuite, apr?s avoir consid?r? de pareils amusements architectoniques, les sentiments religieux et la salutaire horreur qu'on attendait ? l'aspect de cet immense ossuaire!

Ce qui frappe, ce qui impressionne dans la mort, c'est le squelette. Eh bien! vous en chercheriez vainement un seul aux Catacombes; rien n'est reconnaissable; et vous n'avez plus rien ? voir d?s que vous avez fait dix pas dans les galeries. C'est partout le m?me arrangement de fragments d'os align?s contre les parois, partout le m?me et monotone chantier. Quant aux d?corations en pierre, elles n'ont pas une grande apparence. Le d?faut de hauteur de la vo?te devait n?cessairement en r?duire les proportions ? une ?chelle insignifiante, et la bonne volont? des architectes est venue ?chouer contre cette malheureuse disposition du terrain. Le pilier du m?mento, le sarcophage du lacrymatoire, l'autel des ob?lisques, la lampe s?pulcrale, le tombeau de Gilbert, etc., pr?sentent tous le m?me incurable d?faut. Nous citerons encore la fontaine de la Samaritaine, esp?ce de puits aliment? par une source souterraine, et l'escalier de communication entre les hautes et basses catacombes, ainsi nomm?es parce quelles sont divis?es entre deux ?tages diff?rents de carri?res.

En terminant ainsi l'itin?raire des Catacombes, nous devons dire un mot des inscriptions grav?es sur les piliers. C'?tait, je le crois, une bonne id?e; mais on pourrait peut-?tre en bl?mer la profusion. Quant aux inscriptions en elles-m?mes, il y en a pour tous les go?ts; elles sont prises partout: les unes dans les livres sacr?s, les autres dans les profanes; les unes dans les anciens, les autres dans les modernes; les unes en latin, les autres en fran?ais, en italien, en grec, etc. Malheureusement la comparaison n'est avantageuse ni pour les modernes ni pour le fran?ais.

Nous ne citerons pas ici toutes ces inscriptions dont la seule reproduction ferait un volume plus consid?rable que cet article. Nous ferons seulement une observation g?n?rale qui frappe les moins pr?venus: c'est l'immense sup?riorit? des livres chr?tiens et de la Bible, comme pens?e et comme po?sie, quand il s'agit de l'?me, de l'homme, de la mort et de la vie. L'antiquit? peut ? peine leur opposer quelques auteurs d'?lite, Virgile, Caton, Lucr?ce, Marc Aur?le et Cic?ron. Quant aux modernes, c'est piti?; piti? surtout pour le fran?ais, presque uniquement repr?sent? par le vers acad?miquement p?teux de l'abb? Delille. Nous en excepterions peut-?tre Malherbe et Gilbert, mais c'est petite chose aupr?s des pens?es ?vang?liques ou des magnificences de la Bible. Le Dante seul et son terrible vers de l'esp?rance peut lutter contre l'?nergie des proph?tes. Mais, je le demande, fallait-il mettre sur la porte des Catacombes l'infernale inscription qu'il a grav?e sur le portique de son Enfer?

C'est ici que se terminera notre voyage sous Paris. Peut-?tre un jour, en nous glissant dans quelque forage art?sien miraculeux, pourrons-nous trouver ? 1,500 pieds sons ferre, comme le Gulliver su?dois, des mondes nouveaux et pittoresques. Mais, jusqu'? ce jour, le tube du puits de Grenelle est, trop ?troit pour que nous puissions nous y glisser.

Un mot encore cependant, pour r?parer un oubli incroyable. Dans un voyage aussi consciencieux, nous avons donn? la g?ographie scientifique, historique et pittoresque du Paris souterrain, nous avons parl? de ses habitants, vivants et morts, et nous n'avons d?crit ni le commerce ni la Flore des carri?res! Grand Dieu! que diraient les ?conomistes et les botanistes?--Eh bien! la Flore des carri?res se compose... de champignons! C'est dans les excavations de Montrouge que de soigneux jardiniers cultivent en grand, et font ?clore ? l'aise ce pr?cieux comestible.--Et c'est le seul produit commercial indig?ne que les habitants des Catacombes exportent sur les march?s de Paris.

Histoire de la Semaine.

La chambre des d?put?s prouve bien, dans les lois qu'elle discute, qu'elle est fatigu?e, mais n?anmoins elle ne se repose pas. Nous suspendions, il y a huit jours, la mise sous presse de notre bulletin pour annoncer le r?sultat de la s?ance du vendredi, o? elle avait fini par se prononcer, apr?s deux journ?es orageuses, sur la proposition d'ordre du jour motiv? de M. Ducos, ? l'occasion des affaires d'O'Ta?ti. Le lendemain s'ouvrait la discussion sur les conclusions du rapport de M. Allard, relatif aux p?titions sur les fortifications de Paris. La commission, on le sait, proposait, par l'organe de son rapporteur, de passer ? l'ordre du jour. Si les orateurs qui ont combattu ces conclusions se fussent plac?s sur le m?me terrain que la plupart des p?titionnaires, et fussent venus demander la destruction de tous les ouvrages de fortifications ?lev?s autour de Paris, le d?bat n'e?t pas ?t? long et son issue un instant incertaine; mais aucun d'eux n'a voulu accepter la responsabilit? d'un pareil syst?me, et MM. Lherbette, de Tocqueville et de Lamartine se sont born?s ? demander le renvoi ? M. le ministre de la guerre des p?titions qui protestent contre les travaux entrepris et ex?cut?s en dehors des prescriptions de la loi de 1841, et contre l'armement des forts et de l'enceinte. Dans ces termes, la r?clamation devenait s?rieuse, et la chambre, qui n'avait entendu que MM. Chabaud-Latour. Paixhaus et le ministre de la guerre, dont les discours r?pondaient plut?t aux p?titions les moins raisonnables qu'aux arguments des pr?c?dents orateurs, n'a pas voulu clore la discussion. Elle l'a ajourn?e ? la s?ance du 9, ? l'ordre du jour de laquelle se trouvait d?j? la discussion sur la prise en consid?ration de la proposition de M. Lombard de Leyval, sur le vote par division. C'est ce m?me samedi encore que viendra probablement aussi la v?rification des pouvoirs de M. Charles Laffitte nomm? ? Louviers. Voil? bien des questions excitantes accumul?es. ?videmment cet ordre du jour ne pourra ?tre ?puis? dans cette m?me s?ance.

La discussion de la loi des patentes a ?t? reprise, et elle se poursuit dans un esprit de fiscalit? que nous avons d?j? signal? et qui, nous le croyons, n'assurera pas au tr?sor un surcro?t de produits en rapport avec les justes plaintes auxquelles il donnera lieu, et que le mode de r?partition, si on l'e?t adopt?, lui aurait ?pargn?es. Du reste, les articles les plus importants, les dispositions les plus graves, passent presque inaper?us et comme si nos repr?sentants qui les votent en ignoraient compl?tement la port?e. Un d?put?, cependant, se fait remarquer par ses efforts pers?v?rants et par l'?tude qu'il a faite du projet de loi et de ses inconv?nients; mais M. Taillandier, seul sur la br?che, n'a pu, malgr? les excellente consid?rations qu'il a fait valoir, emp?cher l'introduction dans la loi du premier paragraphe de l'article 9, qui stipule que le droit proportionnel est ?tabli sur la valeur locative, tant de la maison d'habitation que des magasins, boutiques, usines, etc., servant ? l'exercice des professions impos?es. La l?gislation ?tait demeur?e fort obscure quant ? la question de savoir si le droit proportionnel devait atteindre la maison d'habitation, jusqu'? la fin du 21 mars 1831, qui avait tranch? cette question dans l'int?r?t du fisc. D'excellentes raisons ont ?t? donn?es contre le maintien de cette disposition; on a fort bien fait observer qu'?tablir, dans tous les cas, le droit proportionnel sur la maison d'habitation, qui paie d?j? l'imp?t mobilier, c'est, contrairement au principe, imposer deux fois le m?me objet. Les patent?s de Paris, dans une p?tition que nous avons d?j? mentionn?, disaient fort judicieusement; <> Les objections, fort justes ? nos yeux, n'ont pas pr?valu, et le premier paragraphe de l'article 11 a ?t? adopt? par la majorit? du tr?s-petit nombre de d?put?s, qui assistent ? cette discussion.

Le projet de loi pour le compl?ment de fonds secrets ? accorder ? M. le ministre de l'int?rieur a ?t? prescrit par lui, et renvoy? ? l'examen pr?alable des bureaux. Sur neuf commissaires, l'opposition n'a pu faire passer qu'un seul de ses membres. M. Duchatel a annonc? que c'?tait ? la fois un voie de n?cessit? et de confiance qu'il venait demander ? la Chambre. Les questions de cabinet ne sont donc pas encore ?puis?es.

Les cinq d?put?s l?gitimistes qui avaient donn? leur d?mission par suite de la fl?trissure prononc?e dans l'adresse, ont tous ?t? r??lus par leurs commettants, au jugement desquels ils avaient appel? de la d?cision de la majorit? de la Chambre.--On a dit que M. de Villele avait de grandes chances d'y ?tre ?galement envoy? par le coll?ge de Villefranche , qui a ? pourvoir au remplacement de son d?put? d?c?d?; mais il parait qu'une grande partie des ?lecteurs des oppositions ont adopt? une autre candidature; c'est celle de M. le contre-amiral Dupetit-Thouars.

Les gouvernements des Deux-Siciles et de Belgique se mettent en mesure d'op?rer une r?duction dans l'int?r?t de leur dette. Le roi de Naples a d?cr?t? le remboursement des obligations 5 pour cent. Ce remboursement sera effectu? par tirage au sort deux fois l'an. Ceux qui, apr?s le tirage, voudraient se soumettre ? une r?duction d'int?r?t de 1 pour 100, sont garantis contre tout remboursement pendant dix ans. A Bruxelles, le ministre des finances a propos? une loi pour convertir en 4 1/2 l'emprunt 5 pour 100 de 1831. Ces modifications, dans le taux de l'int?r?t de l'argent ? l'ext?rieur ont paru ? nos capitalistes et ? nos joueurs pouvoir d?terminer chez nous la r?alisation d'une mesure analogue. On a colport? une p?tition adress?e au minist?re pour l'engager ? intervenir aupr?s du gouvernement belge afin d'emp?cher qu'une mesure qu'on pr?sente comme contraire aux int?r?ts fran?ais ne soit prise trop brusquement. D'un autre c?t?, on a annonc? le prochain d?p?t sur le bureau de la Chambre des D?put?s, par un ancien ministre des finances, M. Gouin, d'une proposition tendant de nouveau ? faire r?duire ou rembourser la rente 5 pour 100 au choix des porteurs. Le cours de cette valeur s'en est vivement ressenti.

M. le ministre des travaux publics a pr?sent? ? la Chambre des D?put?s un projet de loi relatif aux chemins de fer de Paris ? la fronti?re du nord, et d'Orl?ans ? Vierzon. Les lignes de Paris ? Lyon et d'Orl?ans ? Tours ?tant aujourd'hui demand?es, en concurrence avec les compagnies qui s'?taient d?j? pr?sent?es, par d'autres compagnies qui proposent de les pousser plus loin, seront post?rieurement l'objet de deux autres projets. Pour le trac? du chemin du Nord, le ministre adopte simultan?ment les trois ponts de Boulogne, Calais et Dunkerque, comme points extr?mes de la ligne de Paris au littoral de la Manche. Quant au mode d'ex?cution, le projet modifie essentiellement les dispositions de la loi de juin 1842. Il dispose que la voie de fer pos?e par la compagnie concessionnaire du chemin du Nord sera acquise gratuitement ? l'?tat ? la fin du bail, et qu'apr?s un pr?l?vement de 8 pour 100 au profit des actionnaires, l'exc?dant des b?n?fices sera partag? entre l'?tat et la compagnie. La dur?e du bail ne pourra ?tre de plus de vingt-huit ans. On stipule une diminution de deux centimes sur les droits ? payer par les trois classes de marchandises. Il y aura trois classes de voitures ? dix, sept et demi, et cinq et demi centimes par kilom?tre. C'est une augmentation d'un demi-centime pour la troisi?me classe; mais les wagons devront ?tre couverts, et ferm?s au moyen de rideaux. Enfin, l'?tat conserve la facult? de racheter le chemin au bout de douze ans, aux conditions fix?es pr?c?demment pour le chemin de Paris ? Orl?ans, mais avec r?duction de moiti? sur la prime ? ajouter au dividende net. Les conditions du bail sont analogues pour le chemin de Vierzon, si ce n'est que la dur?e de la concession est port?e ? trente-cinq ans, et que le partage des b?n?fices ne doit commencer qu'? la sixi?me ann?e de l'exploitation. Un des derniers articles de la loi renferme une disposition qui confie l'ex?cution compl?te des deux chemins ? l'?tat, au cas o?, dans les deux mois de la promulgation de la loi, il ne se serait pas pr?sent? de compagnie pour en accepter les charges. L'exploitation serait alors confi?e, pour une dur?e de douze ans, ? des compagnies fermi?res qui se borneraient ? fournir le mat?riel.

Un acte de violence commis dans le port de Marseille par des marins anglais contre l'?quipage d'un navire fran?ais, est venu y causer une ?motion que n'aideraient malheureusement point ? calmer, chez notre population des ports et ? bord de nos vaisseaux, certaines paroles prononc?es ? la tribune anglaise, le ton de quelques feuilles de Londres et la situation faite ? un de nos amiraux. Nous devons toutefois reconna?tre que, dans la chambre des communes, le 1er mars, pr?cis?ment au moment m?me o? la cause de cet officier g?n?ral se d?battait dans notre parlement, l'amiral Napier et le capitaine Hous ont parl? de notre personnel maritime comme des hommes qui, se respectant eux-m?mes, savent respecter leurs rivaux.

Les nouvelles d'Espagne se suivent et se ressemblent. On est toujours au moment de s'emparer d'Alicante et de soumettre Carthag?ne, mais n?anmoins les deux villes rebelles tiennent toujours. A Bilbao il y a eu, a-t-on dit, conspiration d?couverte, et par suite arrestations nombreuses. Des eccl?siastiques ont ?t? incarc?r?s; on parle de tentatives, sur plusieurs points, d'anciens partisans de don Carlos qui voudraient aujourd'hui unir et proclamer Charles VI et Isabelle. La reine Christine poursuit en Espagne la s?rie d'entr?es royales, de r?ceptions, de revues et de d?fil?s auxquels elle s'?tait d?j? livr?e en France. On songe ? exp?dier dans le Maroc, sous le commandement du g?n?ral Prim, toutes les troupes peu s?res, et ? demander compte ? l'empereur de quelques griefs plus ou moins s?rieux.

--En Portugal, on ne se dit pas moins pr?s d'en finir avec l'insurrection; mais jusqu'ici n?anmoins on n'est pas parvenu ? soumettra le comte de Boudin, et la seule vengeance qu'on ait pu tirer de lui a ?t? de le destituer de son grade de mar?chal de camp. On a de nouveau prorog? les cort?s, dans l'espoir qu'? la fin de mars on pourrait se pr?senter devant elles avec quelques r?sultats obtenus, et ?tre par cons?quent en meilleure position pour se faire pardonner les moyens employ?s ? les obtenir.

Les ?v?nements qui se passent ? Montevideo deviennent de plus en plus graves. Les vexations et la cruaut? de Rosas ont forc? presque tous les Fran?ais r?sidant ? Bu?nos-Ayres de transporter leur domicile et leur industrie sur l'autre rive de la Plata. Montevideo en compte donc aujourd'hui 18,000 r?unis. Presque tous ces Fran?ais sont Basques; ils sont catholiques, et par cons?quent en position de se bien entendre avec une population d'origine espagnole. Montevideo semblait donc devoir devenir, dans un avenir tr?s-prochain, une ville toute fran?aise. Pour prot?ger leurs propri?t?s et leur vie menac?es par les attaques des troupes de Rosas contre la ville o? ils s'?taient r?fugi?s, nos nationaux ont d? songer ? s'armer. Un ordre du jour publi? au nom du roi des Fran?ais par le vice-amiral Massieu, qui commande nos forces navales dans ces eaux, ? la date du 17 d?cembre dernier, leur enjoint ? quitter les armes imm?diatement en raison de garanties qu'il vient d'obtenir de Rosas pour leur inviolabilit?. Nos nationaux ne paraissent croire ni ? l'inviolabilit? qu'on leur fait esp?rer, ni ? l'efficacit? des garanties qu'on leur en donne, ni enfin ? la parole et ? la signature de Rosas, qui s'est montr? ouvertement infid?le au trait? qu'il avait sign? avec l'amiral de Machan. Ils se montrent, et on le comprend, peu dispos?s ? se laisser aller ? la confiance qu'il leur est ordonn? d'avoir. Cette situation commande toute l'attention et tout l'int?r?t de notre gouvernement et des chambres.

On ne dit point encore quand pourra venir ? la chambre des pairs la discussion de la loi sur l'instruction secondaire. En attendant, les pr?lats font des publications, et la cour d'assises vient de rendre un arr?t qui pourra servir ? l'appr?ciation que la chambre du Luxembourg aura ? faire du projet de M. Villemain.--L'Univers vient de nous faire conna?tre une adresse au roi sign?e de monseigneur l'archev?que de Paris, et de plusieurs ?v?ques de la Province de Paris qui ne s'?taient pas encore engag?s ostensiblement dans la lutte contre l'Universit?. Quant au jury de la Seine, il vient de d?clarer coupable un ?crit sur le m?me sujet de M. l'abb? Combalot. L'auteur a ?t? condamn? ? quinze jours de prison et ? 4,000 fr. d'amende.

On continue les travaux d'embellissement de Paris et de ses abords; mais le conseil municipal a ?t? divis? par une proposition qui a paru ?trange ? un certain nombre de ses membres. On a demand? que la principale voie de la commune de Neuilly, celle qui va de l'arc de triomphe de l'?toile au pont de Neuilly f?t ?clair?e au gaz comme l'avenue des Champs-Elys?es ? laquelle elle fait suite, et cela aux frais du budget de la ville de Paris. Plusieurs conseillers municipaux ont cru ne pas bien entendre et ont demand? comment on comprenait que Paris d?t s'imposer pour ?clairer ses voisins. Malgr? cette question, l'?clairage de l'avenue de Neuilly, aux frais de la ville de Paris, a ?t? vot? ? une majorit? de deux voix. M. le maire de cette commune, que ce premier vote a all?ch?, demande aujourd'hui que Paris lui ?claire ?galement le chemin de la r?volte. Au fait, M. le maire de Neuilly est logique.--M. le pr?fet de police, de son c?t?, poursuit les am?liorations qui rel?vent de la petite voirie. Il fait dispara?tre de nos boulevards int?rieurs les rares perrons qui s'?levaient encore comme des monticules ? la porte de quelques magasins et de quelque>> caf?s. Il fait combler le foss? qui se trouvait devant le caf? Anglais. Tout cela est fort bien: ces trottoirs d?j? si larges deviendront ainsi plus vastes encore. Mais il serait plus pressant de prendre des mesures analogues pour faire dispara?tre les marches de magasins qui avaient sur des trottoirs tr?s-?troits et occasionnent, le soir, de fr?quents accidents. Pour notre part nous en avons vu arriver un rue de Choiseul, par suite de cette tol?rance; et tout r?cemment un hussard s'est gri?vement bless? ? une porte de la rue Caumartin. Il est fort bon de travailler ? rendre nos spacieux boulevards d'un aspect sym?trique et irr?prochable; mais rendre nos rues viables et s?res est certainement plus urgent encore.

Le cardinal de Richelieu avait donn? ? l'Acad?mie fran?aise un r?glement dont l'article premier portait: <> Mais aujourd'hui il n'y a plus d'autre seigneurie que l'opinion publique; l'Institut ne peut le m?conna?tre. Nous aurions donc de la peine ? croire au bruit r?pandu que, depuis le dernier scrutin, M. Sainte-Beuve aurait vu diminuer ses chances au profit d'une candidature qui n'a rien de litt?raire. L'auteur des Mess?niennes n'?tait entre ? l'Acad?mie que par l'ascendant de son talent et l'?clat de ses succ?s: c'est donc un litt?rateur qui doit lui succ?der. Quant ? la succession de Charles Nodier, M. M?rim?e para?t appel? ? la recueillir, et un semblable choix sera sanctionn? par tout le monde.

L'Illustration a dit au commencement de ce num?ro quels malheurs avait caus?s le d?bordement de la plupart de nos fleuves et de nos rivi?res. Cite avalanche de terre et de glace vient d'amener un d?sastre ?galement ?pouvantable ? Ferdrupt, pr?s de Sainte-Marie-aux-Mines . Une maison a ?t? engloutie par une masse qui s'est d?tach?e de la montagne contre laquelle elle ?tait adoss?e. Huit personnes qui se trouvaient r?unies ? table, le p?re, ses six enfants, et un domestique, et la m?re, qui se trouvait dans la cuisine, ont ?t? ?touff?es. La grand'm?re, couch?e ? un ?tage sup?rieur, a ?t? bless?e et a succomb?. Un septi?me enfant, qui venait de sortir, a seul ?chapp? ? la mort. Malgr? les secours que les voisins ont imm?diatement port?s, personne n'a pu ?tre sauv?; l'a?n?e des filles seule respirait encore et a pu prof?rer quelques paroles, puis elle a expir?.

Int?rieur de la Chambre des D?put?s.

TRIBUNES DES DEUX CHAMBRES.

Depuis quelque temps les s?ances de la chambre des d?put?s ont surexcit? la curiosit? publique, et les billets d'entr?e au palais Bourbon sont plus vivement recherch?s encore que ceux des concerts du Conservatoire. C'est en effet une tout autre harmonie. Les questeurs, les d?put?s, sont accabl?s de demandes de leurs amis parisiens et de leurs commettants provinciaux, et parmi tant de solliciteurs il y a peu d'?lus, car les tribunes r?serv?es aux billet>> sont en petit nombre et assez resserr?es. Les artistes de l'Illustration ont pens? que te serait rendre service aux curieux qui n'ont pu satisfaire leur curiosit? et d?passer la salle d'attente, que de leur montrer en gravure ce qu'ils n'ont pu voir en r?alit?.

Les artistes, un autre jour, vous montreront le salon du Roi, qu'Eug?ne Delacroix a illustr? de si admirables peintures; vaste et beau travail, le plus beau peut-?tre de ce ma?tre et le moins connu, pr?cis?ment ? cause de la place qu'il occupe.

Ils ont ajourn? aussi la reproduction de la salle des Conf?rences, que M. Heim vient d'orner de compositions remarquables, bien con?ues dans leur ensemble, bien ex?cut?es dans leurs d?tails, pour laquelle ?galement M. Moine a sculpt? deux statues accroupies, d'un fini irr?prochable sans doute, mais dont les formes prononc?es, nues et ?clatantes de blancheur, produisent un singulier effet et forment une bizarre saillie sur la vaste chemin?e vert de mer, o? elles sont assises.

Un autre jour peut-?tre, et quand Delacroix en aura termin? le plafond, ils vous montreront l'?l?gante biblioth?que de la chambre. Ils pourront vous faire voir aussi la Buvette, qui n'a ni la recherche ni les d?jeuners ? la fourchette de la Buvette de la chambre des pairs, mais qui est un local convenable, offrant aux ambitieux, aux incorruptibles, aux m?contents, aux optimistes, aux orateurs et aux muets des consommations, des petits pains, des sirops et de la limonade gazeuse. Le rhum y a p?n?tr? et y a amen? ? sa suite un diplomate, un inspecteur des haras et un magistrat, pour lesquels les produits de Taurade paraissent avoir peu de charmes. Potier disait, dans le B?n?ficiaire, que le vin de Bordeaux convient parfaitement aux chanteurs et m?me aux personnes qui ne chantent pas. Le rhum peut avoir la m?me vertu pour les orateurs; jusqu'ici l'exp?rience n'a ?t? faite que sur ceux qui ne le sont pas.

Nos dessinateurs pourront aussi, avec le crayon, promener nos lecteurs dans ce long vestiaire o? chaque armoire porte le nom de deux d?put?s auxquels elle est consacr?e. Bien peu d'entre nos repr?sentants font servir ces armoires ? leur v?ritable destination. Presque tous y amoncellent ces distributions quotidiennes d'imprim?s que font les minist?res aux membres des deux chambres, et qui passent intacts, non coup?s, de l'armoire du vestiaire ? la boutique de l'?picier.

Aujourd'hui l'Illustration se borne ? faire voir la salle des s?ances. Mais, pour suivre l'ordre constitutionnel, nous commen?ons par reproduire la tribune du Luxembourg et l'aspect de son bureau, o? pr?side M. le chancelier Pasquier.

Au palais Bourbon, o? la foule est grande, o? il faut arriver de bonne heure pour trouver place, en attendant que la s?ance s'ouvre, on cherche des distractions. La tribune des journalistes, non pas des st?nographes qui viennent ?crire les discours ? la dict?e, mais des r?dacteurs en chef qui viennent pour appr?cier l'effet de la s?ance, est un des spectacles qui attirent le plus l'attention avant le lever du rideau parlementaire. Le provincial demande qu'on lui montre dans cette tribune, qui est plac?e au second rang et ? l'angle extr?me de la gauche, le r?dacteur en chef de la Gazette de France, et de la Nation, M. l'abb? de Genoude, assis, au grand ?tonnement du curieux, aupr?s des r?dacteurs en chef des journaux minist?riels.

Mais bient?t la s?ance est ouverte et la tribune est occup?e, quelquefois par un orateur, le plus souvent par un d?put?. Il tourne le dos au pr?sident, qui le domine pour le rappeler ? l'ordre ou le prot?ger contre les interruptions, aux secr?taires de la chambre et aux secr?taires r?dacteurs, qui sont plac?s ainsi au milieu et en face de l'assembl?e pour prononcer sur les votes par assis et lev?, et faire l'analyse des discours, qui doit entrer dans leur r?daction du proc?s-verbal de chaque jour.

La banquette inf?rieure de chacune des trois sections du centre, plac?es vis-?-vis de la tribune et du bureau, porte ?crit en lettres de drap blanc, appliqu?es sur le casimir rouge qui recouvre tous les dossiers des banquettes: Banc des ministres. L'attention se porte particuli?rement sur celui qu'occupent M. le mar?chal Soult et M. Guizot, ? c?t? desquels M. Villemain prend place. Une cause nouvelle d'?tonnement pour le provincial, qui doit, en entrant ? la chambre, se pr?parer ? marcher de surprise en surprise, c'est de voir un des orateurs les plus redoutables pour les ministres, M. Berryer, occuper la place la plus rapproch?e de leur banc, et donner quelquefois asile, ? l'extr?mit? du sien, ? son voisin M. le ministre de l'instruction publique. Toutefois, comme il arrive apparemment que l'illustre orateur ne se trouve pas toujours inspir? par le voisinage, et qu'il sent int?rieurement que, pour ne pas vivre en trop mauvaise intelligence, il fera mieux de se livrer au culte des beaux arts qu'? la conversation, M. Berryer sculpte avec un canif le pupitre en bois qui est plac? devant lui. Nous sommes assez heureux pour avoir ?t? mis ? m?me de reproduire ce travail auquel l'?lu de Marseille va pouvoir venir mettre la derni?re main.

Nous ne pouvions oublier un instrument qui joue un grand r?le dans les s?ances de la chambre. On a bien pour r?clamer de l'assembl?e du calme et de l'attention la voix des huissiers, assis et adoss?s ? la base de la tribune, et criant: Silence, messieurs. Mais leur recommandation est parfois vaine et leur pri?re m?connue. C'est pour ces trop fr?quentes occasions qu'a ?t? invent?e la sonnette du pr?sident. C'est un instrument assez lourd et fort assourdissant. M. Sauzel croit ? coup s?r en bien jouer, car il en joue souvent, et au grand d?triment du tympan de l'orateur qui est ? la tribune et sous le coup par cons?quent de cette d?tonation. Aussi, dans la s?ance si agit?e de la discussion de l'adresse, o? M. Guizot eut ? faire t?te ? un si grand orage, se retournant vers le pr?sident qui sonnait comme un sourd, il lui dit: <> On peut dire que M. Sauzel s'?coute sonner, car il se livre parfois ? cet exercice au milieu d'un calme parfait, comme cet huissier somnolent qui, se r?veillant pendant que M. Royer-Colard pronon?ait ? la tribune un discours religieusement ?cout?, s'?cria, par habitude en entendant cette voix unique qui retentissait: Silence, messieurs.

Acad?mie des Sciences.

COMPTE RENDU DES SECOND ET TROISI?ME TRIMESTRES DE 1843.

Machines ? vapeur.--M. Combes, ing?nieur en chef des mines, auquel on doit la premi?re publication des dessins des c?l?bres machines ? d?tente de Cornouailles, en 1834, a discut? de nouveau des observations relatives au mode suivant lequel la vapeur y agit, et il a d?duit des faits observ?s par lui les cons?quences suivantes: 1? dans la plupart des machines ? vapeur, et probablement dans toutes, une partie de la vapeur admise dans le cylindre se liqu?fie imm?diatement par l'action refroidissante des parois du cylindre; il y a en outre de l'eau qui est entra?n?e ? l'?tat liquide; 2? l'eau liqu?fi?e se vaporise de nouveau pendant, la d?tente de la vapeur, et cet effet se produit le mieux possible, quand les cylindres sont baign?s par la vapeur de la chaudi?re, circulant dans une enveloppe, et que l'espace occup? par la vapeur, apr?s la d?tente, est deux ou trois fois ?gal ? son volume primitif; 3? dans les machines d'?puisement ? simple effet de Cornouailles, convenablement dispos?es et charg?es, le travail utile r?alis? par kilogr. d'eau vaporis? dans les chaudi?res, est de 32 tonnes , ?lev?es ? 1 m?tre de hauteur. Dans les machines de Boulton et Watt, le travail utile n'est gu?re que de 13 ? 14 tonnes ?lev?es ? 1 m?tre par la m?me quantit? d'eau vaporis?e; 4? aucune des formules propos?es jusqu'ici pour le calcul de l'effet d'une machine ? vapeur ne tient compte de la liqu?faction et de la vaporisation successives dans le cylindre.

Les causes des explosions des chaudi?res ? vapeur sont encore envelopp?es d'une obscurit? qui ne sera probablement pas compl?tement dissip?e de longtemps. Cependant la plus active dans ce genre d'explosion subite, que l'on appelle fulminante, para?t ?tre le ph?nom?ne d?sign? aujourd'hui sons le nom de cal?faction, et qui consiste en ce que la vaporisation de l'eau sur une surface m?tallique chauff?e au del? d'un certain degr?, d?cro?t rapidement au lieu d'augmenter. Tout le monde peut r?p?ter une exp?rience curieuse ? ce sujet. Ou prend une cuiller ? caf?, on la chauffe fortement ? la flamme d'une lampe ou d'une bougie, et on y projette quelques gouttes d'eau avec le doigt. Cette eau formera une grosse goutte arrondie qui ne se vaporisera que tr?s-lentement. Si on retire la cuiller du feu, et qu'on la laisse un peu se refroidir, il arrivera un moment o? l'eau se vaporisera tout ? coup en faisant une petite explosion, quoique non renferm?e.

M. Sorel, dans un m?moire o? il a rappel? ce ph?nom?ne d?j? connu, a indiqu? comme les meilleurs moyens pour ?viter la cal?faction, et par cons?quent, les explosions fulminantes, l'emploi: 1? d'un m?tal fusible appliqu? au fond du g?n?rateur; 2? de l'argile, ou mieux encore de l'alun, ou du borax dans la chaudi?re; 3? de bons appareils alimentaires pour que l'eau ne manque pas dans la chaudi?re, et d'appareils d'avertissement pour donner l'?veil lorsque le niveau y descend trop bas.

Travaux de sondage.--Pour donner une id?e de l'importance de cette industrie, il suffira de rapporter les r?sultats que M. Degous?e a communiqu?s ? l'Acad?mie. Du 1er octobre 1828 au 1er juillet 1843, cet ing?nieur a ex?cut? 208 sondages formant un total de 17 266 m?tres, ayant co?t? la somme tolale de 1 123 745 fr., ce qui ?tablit un moyen de 65 fr. 09 c. par m?tre, dans lequel la fourniture des tuyaux de retenue et d'ascension entre pour 25 fr., ce qui r?duit le prix moyen de forage ? 40 fr. 9 c.

Les r?sultats suivants ont ?t? obtenus dans les vingt-sept d?partements o? les travaux ont ?t? ex?cut?s. 68 forages donnant des eaux jaillissantes au-dessus du sol, 66 forages donnant des eaux ascendantes, 3 forages donnant de l'huile de p?trole jaillissante au-dessus du sol, 1 forage donnant de l'eau sal?e jaillissante au-dessus du sol, 13 forages ayant amen? la d?couverte de houille ou d'anthracite, 9 forages ayant amen? la d?couverte d'asphalte ou de sables bitumineux, 12 forages ayant amen? la d?couverte de kaolin ou de gisements de pl?tre, 20 forages ex?cut?s pour puits d'amarres de ponts suspendus, 12 forages ex?cut?s pour absorption d'eau, 16 forages pour exploration de terrains propres ? la construction; 220 soudages ont donn? les r?sultats cherch?s, 48 sondages n'ont rien produit. Sur ce nombre, 8 sont encore en cours d'ex?cution. Le nombre moyen des forages ex?cutes par aim?e est de 18. La profondeur; moyenne par ann?e, de 1 151 m?tres; la profondeur moyenne des forages, de 64 m?tres 42 centim?tres; la d?pense moyenne de chaque forage, de 4,193 fr. 07 c. L'eau coulant au-dessus du sol par les 68 puits jaillissants, donne un produit de 27 971 litres par minute, ou 40,278 m?tres cubes par jour. Celle qu'on extrait au moyen des pompes et des machines ? vapeur aliment?es par les 66 puits ? eaux ascendantes, donne au moins un produit ?gal, ce qui fait par jour un volume total de 80 556 m?tres cubes. Cette eau est utilis?e soit comme force motrice, soit pour l'irrigation de prairies, de jardins, pour l'alimentation de villes, d'usines, pour l'approvisionnement de bains, l'entretien d'?tangs, l'embellissement de propri?t?s particuli?res, les usages vari?s d'?tablissements publics et les nombreux besoins de l'agriculture et de l'industrie.

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