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Read Ebook: La Coupe; Lupo Liverani; Le Toast; Garnier; Le Contrebandier; La Rêverie à Paris by Sand George

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Ebook has 1664 lines and 50666 words, and 34 pages

LA COUPE LUPO LIVERANI LE TOAST GARNIER--LE CONTREBANDIER LA R?VERIE A PARIS

PAR GEORGE SAND

PARIS

CALMANN L?VY, ?DITEUR ANCIENNE MAISON MICHEL L?VY FR?RES RUE AUBER, 3, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15, A LA LIBRAIRIE NOUVELLE

CALMANN L?VY, ?DITEUR

OEUVRES COMPL?TES DE GEORGE SAND

Format grand in-18.

Les Amours de l'?ge d'or 1 vol Adriani 1 -- Andr? 1 -- Antonia 1 -- Autour de la table 1 -- Le Beau Laurence 1 -- Les Beaux Messieurs de Bois-Dor? 2 -- Cadio 1 -- C?sarine Dietrich 1 -- Le Ch?teau des D?sertes 1 -- Le Ch?teau de Pictordu 1 -- Le Compagnon du tour de France 2 -- La Comtesse de Rudolstadt 2 -- La Confession d'une jeune fille 2 -- Constance Verrier 1 -- Consuelo 3 -- La Coupe 1 -- Les Dames vertes 1 -- La Daniella 2 -- La Derni?re Aldini 1 -- Le Dernier Amour 1 -- Les Deux Fr?res 1 -- Le Diable aux champs 1 -- Elle et Lui 1 -- La Famille de Germandre 1 -- La Filleule 1 -- Flamarande 1 -- Flavie 1 -- Francia 1 -- Fran?ois le Champi 1 -- Histoire de ma vie 10 -- Un Hiver ? Majorque.--Spiridion 1 -- L'Homme de Neige 3 -- Horace 1 -- Impressions et Souvenirs 1 -- Indiana 1 -- Isidora 1 -- Jacques 1 -- Jean de la Roche 1 -- Jean Ziska.--Gabriel 1 -- Jeanne 1 -- Journal d'un voyageur pendant la guerre 1 -- Laura 1 -- L?lia.--Metella.--Cora 2 -- Lettres d'un voyageur 1 -- Lucr?zia Floriani.--Lavinia 1 -- Mlle la Quintinie 1 -- Mlle Merquem 1 -- Les Ma?tres mosaistes 1 -- Les Ma?tres sonneurs 1 -- Malgr?tout 1 -- La Mare au Diable 1 -- Le Marquis de Villemer 1 -- Ma Soeur Jeanne 1 -- Mauprat 1 -- Le Meunier d'Angibault 1 -- Monsieur Sylvestre 1 -- Mont-Rev?che 1 -- Nanon 1 -- Narcisse 1 -- Nouvelles 1 -- La Petite Fadette 1 -- Le P?ch? de M. Antoine 2 -- Le Piccinino 2 -- Pierre qui roule 1 -- Promenades autour d'un village 1 -- Le Secr?taire intime 1 -- Les sept cordes de la Lyre 1 -- Simon 1 -- Tamaris 1 -- T?v?rino.--Leone Leoni 1 -- Th??tre Complet 4 -- Th??tre de Nohant 1 -- La Tour de Percemont.--Marianne 1 -- L'Uscoque 1 -- Valentine 1 -- Valv?dre 1 -- La Ville noire 1 --

RUE BERG?RE 20, PARIS.--17105-5.

LA COUPE

F?ERIE

A MON AMI ALEXANDRE MANCEAU.

GEORGE SAND.

<>

LIVRE PREMIER

L'enfant du prince a voulu se promener bien haut sur la montagne, et son gouverneur l'a suivi. L'enfant a voulu voir de pr?s les belles neiges et les grandes glaces qui ne fondent jamais, et son gouverneur n'a pas os? l'en emp?cher. L'enfant a jou? avec son chien au bord d'une fente du glacier. Il a gliss?, il a cri?, il a disparu, et son gouverneur n'a pas os? se jeter apr?s lui; mais le chien s'est ?lanc? dans l'ab?me pour sauver l'enfant, et le chien aussi a disparu.

Pendant des minutes qui ont paru longues comme des heures, on a entendu le chien japper et l'enfant crier. Le bruit descendait toujours et allait s'?touffant dans la profondeur inconnue, et puis on a vainement ?cout?: la profondeur ?tait muette. Alors les valets du prince et les p?tres de la montagne ont essay? de descendre avec des cordes; mais ils n'ont vu que la fente verd?tre qui plongeait toujours plus bas et devenait toujours plus rapide.

Ils y ont en vain risqu? leur vie, et ils ont ?t? dire au prince ce qu'ils avaient fait. Le prince les a fait pendre pour avoir laiss? p?rir son fils. On a tranch? la t?te ? plus de vingt nobles qui pouvaient avoir des pr?tentions ? la couronne et qui avaient bien certainement sign? un pacte avec les esprits de la montagne pour faire mourir l'h?ritier ducal. Quant ? ma?tre Bonus, le gouverneur, on a ?crit sur tous les murs qu'il serait br?l? ? petit feu, ce que voyant, il a tant couru qu'on n'a pu le prendre.

L'enfant a eu bien peur et bien froid dans les profondeurs du glacier. Le chien n'a pu l'emp?cher de glisser au plus bas; mais, le retenant toujours par sa ceinture, il l'a emp?ch? de glisser trop vite et de se briser contre les glaces. Entra?n? par le poids de l'enfant, il a tant r?sist? qu'il a les pattes en sang et les ongles presque arrach?s. Cependant il n'a pas l?ch? prise, et quand ils ont enfin trouv? un creux o? ils ont pu s'arr?ter, le chien s'est couch? sur l'enfant pour le r?chauffer.

Et tous deux ?taient si las qu'ils ont dormi. Quand ils se sont r?veill?s, ils ont vu devant eux une femme si mince et si belle qu'ils n'ont su ce que c'?tait. Elle avait une robe aussi blanche que la neige et de longs cheveux en or fin qui brillaient comme des flammes r?pandues sur elle. Elle a souri ? l'enfant, mais sans lui parler, et, le prenant par la main, elle l'a fait sortir du glacier et l'a emmen? dans une grande vall?e sauvage o? le chien tout boiteux les a suivis.

Cach?e dans un pli profond des montagnes, cette vall?e est inconnue aux hommes. Elle est d?fendue par les hautes murailles de granit et par les glaciers imp?n?trables. Elle est horrible et riante, comme il convient aux ?tres qui l'habitent. Sur ses flancs, les aigles, les ours et les chamois ont cach? leurs refuges. Dans le plus profond, la chaleur r?gne, les plus belles plantes fleurissent; les f?es y ont ?tabli leur s?jour, et c'est ? ses soeurs que la jeune Zilla conduit l'enfant qu'elle a trouv? dans les flancs glauques du glacier.

Quand l'enfant a vu les ours passer pr?s de lui, il a eu peur, et le chien a trembl? et grond?; mais la f?e a souri, et les b?tes sauvages se sont d?tourn?es de son chemin. Quand l'enfant a vu les f?es, il a eu envie de rire et de parler; mais elles l'ont regard? avec des yeux si brillants qu'il s'est mis ? pleurer. Alors Zilla, le prenant sur ses genoux, l'a embrass? au front, et les f?es ont ?t? en col?re, et la plus vieille lui a dit en la mena?ant:

<

Zilla a r?pondu ? la vieille Trollia: <>

Alors la vieille Trollia: <

>>Pour moi, si j'ai jamais regrett? de m'?tre, par le breuvage magique, soustraite ? l'empire de la mort, c'est en songeant que j'avais perdu le pouvoir de la donner aux hommes. Autrefois, gr?ce ? la science, nous pouvions jouer avec elle, la h?ter ou la reculer. D?sormais elle nous ?chappe et se rit de nous. L'implacable vie qui nous poss?de nous condamne ? respecter la vie. C'est un grand bien pour nous de n'?tre plus forc?es de tuer pour vivre; mais c'est un grand mal aussi d'?tre forc? de laisser vivre ce que l'on voudrait voir mort.>>

En disant ces cruelles choses, la vieille magicienne a lev? le bras comme pour frapper l'enfant; mais son bras est retomb? sans force; le chien s'est jet? sur elle et a d?chir? sa robe, souill?e de taches noires qu'on dit ?tre les restes du sang humain vers? jadis dans les sacrifices. L'enfant; qui n'a pas compris ses paroles, mais qui a vu son geste horrible, a cach? son visage dans le sein de la douce Zilla, et toutes les jeunes f?es, ont ri follement de la rage de la sorci?re et de l'audace du chien.

Les vieilles ont tanc? et injuri? les jeunes, et tant de paroles ont ?t? dites que les ours en ont grogn? d'ennui dans leurs tani?res. Et tant de cris, de menaces, de rires, de moqueries et d'impr?cations ont mont? dans les airs, que les plus hautes cimes ont secou? leurs aigrettes de neige sur les arbres de la vall?e. Alors la reine est arriv?e, et tout est rentr? dans le silence, car la reine des f?es peut, dit-on, retirer le don de la parole ? qui en abuse, et perdre la parole est ce que les f?es redoutent le plus.

La reine est jeune comme au jour o? elle a bu la coupe, car, en se procurant l'immortalit?, les f?es n'ont pu ni se vieillir ni se rajeunir, et toutes sont rest?es ce qu'elles ?taient ? ce moment supr?me. Ainsi les jeunes sont toujours imp?tueuses ou riantes, les m?res toujours s?rieuses ou m?lancoliques, les vieilles toujours d?cr?pites ou chagrines. La reine est grande et fra?che, c'est la plus forte, la plus belle, la plus douce et la plus sage des f?es; c'est aussi la plus savante, c'est elle qui jadis a d?couvert le grand secret de la coupe d'immortalit?.

<

--Reine, r?pond la jeune f?e, la mort ne r?gne-t-elle donc pas ici comme ailleurs? Avons-nous pu la bannir de devant nos yeux? et de ce que les f?es ne la donnent pas, de ce que l'arome des fleurs suffit ? leur nourriture, de ce que leur pas l?ger ne peut ?craser un insecte, ni leur souffle ?th?r? absorber un atome de vie dans la nature, s'ensuit-il que les animaux ne se d?vorent ni ne s'?crasent les uns les autres? Qu'importe que, parmi ces ?tres dont la vie ne s'alimente que par la destruction, j'en am?ne ici deux de plus?

--Le chien, je te le passe, dit la reine; mais l'enfant am?nera ici la douleur sentie et la mort tragique. Il tuera avec intelligence et pr?m?ditation, il nous montrera un affreux spectacle, il augmentera les pens?es de meurtre et de haine qui r?gnent d?j? chez quelques-unes d'entre nous, et la vue d'un ?tre si semblable ? nous, commettant des actes qui nous sont odieux, troublera la puret? de nos songes. Si tu le gardes, Zilla, t?che de modifier sa terrible nature, ou il me faudra te le reprendre et l'?garer dans les neiges o? la mort viendra le chercher.>>

La reine n'a rien dit de plus. Elle conseille et ne commande pas. Elle s'?loigne et les f?es se dispersent. Quelques-unes restent avec Zilla et l'interrogent. <

--Il est vrai, dit Zilla, et ce que je r?ve pour cet enfant n'a rien qui ressemble aux r?ves de la vie humaine: il est pour moi une curiosit?, et je m'?tonne que vous ne partagiez pas l'amusement qu'il me donne. Depuis tant de si?cles que nous avons rompu tout lien d'amiti? avec sa race, nous ne la connaissons plus que par ses oeuvres. Nous savons bien qu'elle est devenue plus habile et plus savante, ses travaux et ses inventions nous ?tonnent; mais nous ne savons pas si elle en vaut mieux pour cela et si ses m?chants instincts ont chang?.

--Et tu veux voir ce que deviendra l'enfant des hommes, isol? de ses pareils et abandonn? ? lui-m?me, ou instruit par toi dans la haute science? Essaie. Nous t'aiderons ? le conduire ou ? l'observer. Souviens-toi seulement qu'il est faible et qu'il n'est pas encore m?chant. Il te faudra donc le soigner mieux que l'oiseau dans son nid, et tu as pris l? un grand souci, Zilla. Tu es aimable et douce, mais tu as plus de caprices que de volont?s. Tu te lasseras de cette cha?ne, et peut-?tre ferais-tu mieux de ne pas t'en charger.>>

Elles parlaient ainsi par jalousie, car l'enfant leur plaisait, et plus d'une e?t voulu le prendre. Les f?es n'aiment pas avec le coeur, mais leur esprit est plein de convoitises et de curiosit?s. Elles s'ennuient, et ce qui leur vient du monde des hommes, o? elles n'osent plus p?n?trer ouvertement, leur est un sujet d'agitation et de surprise. Un joyau, un animal domestique, une montre, un miroir, tout ce qu'elles ne savent pas faire et tout ce dont elles n'ont pas besoin les charme et les occupe.

Elles m?prisent profond?ment l'humanit?; mais elles ne peuvent se d?fendre d'y songer et d'en jaser sans cesse. L'enfant leur tournait la t?te. Quelques-unes convoitaient aussi le chien; mais Zilla ?tait jalouse de ses captures, et, trouvant qu'on les lui disputait trop, elle les emmena dans une grotte ?loign?e du sanctuaire des f?es et montra ? l'enfant l'enceinte de for?ts qu'il ne devait pas franchir sans sa permission. L'enfant pleura en lui disant: <> Et quand elle l'eut fait manger, voyant qu'elle le quittait, il lui dit: <>

Zilla, qui avait trouv? l'enfant vorace, le trouva stupide, et, ne voulant pas se faire son esclave, elle lui montra o? les chevrettes allaitaient leurs petits, o? les abeilles cachaient leurs ruches, o? les canards et les cygnes sauvages cachaient leurs oeufs, et elle lui dit: <> L'enfant du prince s'?tonna bien d'avoir ? chercher lui m?me une si maigre ch?re. Il bouda et pleura, mais la f?e n'y fit pas attention.

Elle n'y fit pas attention, parce qu'elle ne se rappelait que vaguement les pleurs de son enfance, et que ces pleurs ne repr?sentaient plus pour elle une souffrance appr?ciable. Elle s'en alla au sabbat, et le lendemain l'enfant eut faim et ne bouda plus. Le chien, qui ne boudait jamais, attrapa un li?vre et le mangea bel et bien. Au bout de trois jours, l'enfant pensa qu'il pourrait ais?ment ramasser du bois mort, allumer du feu et faire cuire le gibier pris par son chien; mais, comme il ?tait paresseux, il se contenta des autres mets et les trouva bons.

Un peu plus tard, il oublia que les hommes font cuire la viande, et, voyant que son chien la mangeait crue avec d?lices, il y go?ta et s'en rassasia. Quand la f?e Zilla revint du concile, elle trouva l'enfant gai et frais, mais sauvage et malpropre. Il avait les dents blanches et les mains ensanglant?es, le regard morne et farouche; il ne savait d?j? presque plus parler; las de chercher o? il ?tait, et pourquoi son sort ?tait si chang?, il ne songeait plus qu'? manger et ? dormir.

Le chien au contraire ?tait propre et avenant. Son intelligence avait grandi dans le d?vouement de l'amiti?. La f?e eut envie d'abandonner l'enfant et d'emmener le chien. Et puis elle se souvint un peu du pass? et r?solut de civiliser l'enfant ? sa mani?re; mais il fallait se d?cider ? lui parler, et elle ne savait quelle chose lui dire. Elle connaissait bien sa langue, elle n'?tait pas des moins savantes; mais elle ne se faisait gu?re d'id?e des raisons que l'on peut donner ? un enfant pour changer ses instincts.

Elle essaya. Elle lui dit d'abord: <> L'enfant se souvint de ce qu'il ?tait et lui r?pondit: <> La f?e reprit: <> L'enfant r?pondit: <> La f?e reprit: <> L'enfant eut peur et ne r?pondit pas. La f?e reprit: <> L'enfant ne comprit pas.

La f?e essaya autre chose. Elle lui dit: <>

La f?e embrassa l'enfant, qui l'embrassa aussi en lui disant: <> Les f?es sont joueuses et pu?riles comme les gens qui n'ont rien ? faire de leur corps. Zilla essaya de faire courir et sauter l'enfant. Il ?tait agile et r?solu, et prit d'abord plaisir ? faire assaut avec elle; mais bient?t il vit des choses extraordinaires. La f?e courait aussi vite qu'une fl?che, ses jambes fines ne connaissaient pas la fatigue, et l'enfant ne pouvait la suivre.

XXX

Quand elle l'invita ? sauter, elle voulut, pour lui donner l'exemple, franchir une fente de rochers; mais, trop forte et trop s?re de ne pas se faire de mal en tombant, elle sauta si haut et si loin que l'enfant ?pouvant? alla se cacher dans un buisson. Elle voulut alors l'exercer ? la nage, mais il eut peur de l'eau et demanda une nacelle, ce qui fit rire la f?e, et lui, voyant qu'elle se moquait, se sentant m?pris? et par trop inf?rieur ? elle, il lui dit qu'il ne voulait plus d'elle pour sa m?re.

Elle le trouva faible et poltron. Pendant quelques jours, elle l'oublia; mais comme ses compagnes lui demandaient ce qu'il ?tait devenu et lui reprochaient de l'avoir pris par caprice et de l'avoir laiss? mourir dans un coin, elle courut le chercher et leur montra qu'il ?tait bien portant et bien vivant. <>

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