Read Ebook: Histoire de Flandre (T. 1/4) by Kervyn De Lettenhove Joseph Marie Bruno Constantin Baron
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Ebook has 772 lines and 124098 words, and 16 pages
Quis cladem illius noctis, quis funera fando Explicet, aut possit lacrymis aequare labores? Urbs antiqua ruit, multos dominata per annos.
Cependant les habitants du rivage armorique et ceux d'autres provinces des Gaules avaient pris les armes pour se d?fendre, et leur premier soin avait ?t? de remplacer les magistrats romains par une administration ind?pendante. <
Ainsi les Saliens s'?tablirent en amis et en alli?s sur les rives de l'Escaut. Il appartenait ? ces contr?es, illustre asile des fi?res et tumultueuses libert?s du moyen ?ge, d'?tre le berceau de la grandeur des Franks.
La royaut? des Franks, qui, soumis ? l'autorit? romaine, n'avaient eu longtemps que des chefs de guerre , s'?tait reconstitu?e. Vers l'an 426, Hlodi, fils de Teutmir et petit-fils de Rikomir, si puissant au temps de Maxime, fut ?lu roi des Franks.
Apr?s la d?faite et la mort de Hlodi, la plus grande partie des Franks avaient reconnu l'autorit? romaine, et, sous les auspices d'A?tius, ils avaient ?lev? ? la royaut? un de leurs chefs qui lui ?tait d?vou?, Merwig, fils de Merwig, de la tribu des Merwings, qui, originaire des bords de l'Elbe, s'?tait m?l?e aux Marcomans et aux Sicambres avant d'occuper dans la Batavie l'une des rives du Wahal qui conserva son nom.
Attila r?unit cinq cent mille barbares. L'Occident entier fr?mit d'?pouvante. Aravatius, ?v?que de Tongres, ?tait ? Rome. Saint Pierre lui apparut et lui dit: <
Arm? du glaive de Mars et de l'anneau d'Honoria, le roi des Huns, tel qu'une sombre temp?te port?e par l'aquilon, s'avance dans la Belgique; les G?pides, les H?rules, les Bruct?res, les Thorings et quelques autres peuples franks ripewares, le suivent. A?tius, qui trouve dans cette invasion le moyen d'affaiblir les barbares d?j? ?tablis dans la Gaule, oppose ? la nation des Huns les Westgoths de la Septimanie, les Franks Saliens de Merwig et quelques Allemans, d?bris d'anciennes cohortes auxiliaires. Les innombrables arm?es d'A?tius et d'Attila se rencontr?rent dans les plaines Catalauniques, ar?ne immense, longue de cent lieues et large de soixante et dix. Trois cent mille cadavres jonch?rent le champ de bataille, et l'on vit un faible ruisseau qui traversait le th??tre de cette lutte gigantesque devenir un torrent de sang. Impuissant ? s'ouvrir un passage ? travers les soldats d'A?tius, Attila se retira dans son camp o? il resta toute la journ?e du lendemain, faisant sonner ses trompettes et pr?t ? se pr?cipiter, si sa retraite ?tait forc?e, dans un b?cher form? des selles de ses chevaux. Le rugissement du lion dans son antre effraya le vainqueur.
Attila s'?loigna sans ?tre poursuivi; mais l'ann?e suivante, comme il avait envahi l'Italie, il p?rit d'une mort soudaine, digne des r?cits qui entour?rent sa vie de terreur. Sa monarchie s'?teignit avec lui. Valentinien, ne redoutant plus qu'A?tius, fit assassiner le vainqueur des Huns. A la mort d'A?tius, dit la chronique de Marcellin, finit l'empire d'Occident.
L'an 476, un chef des H?rules, trouvant le titre d'empereur trop vil, l'abolit, et rel?gue Augustule, dernier successeur d'Auguste, dans une villa habit?e autrefois par Marius et Lucullus, et situ?e sur le promontoire Mis?ne qui avait re?u son nom d'En?e, illustre a?eul des C?sars.
Vers cette ?poque, l'?v?que Vedastus releva l'?glise d'Arras dont les ruines, cach?es sous les ronces, servaient de retraite aux b?tes sauvages.
Dans une cabane situ?e pr?s de Reims vivait un solitaire nomm? Antimund. Remigius lui ordonna, au nom des devoirs de la charit?, de se d?vouer ? la rude et active carri?re de l'apostolat. <
Depuis les pers?cutions de Maximien, les chr?tiens de Tournay avaient cherch? un refuge hors de leur cit?. Eleuth?re ?tait leur ?v?que au temps de la conversion de Hlodwig, et son hagiographe raconte que onze mille Franks re?urent de lui le bapt?me.
Les Franks ne renonc?rent toutefois que lentement ? leurs superstitions et ? leurs usages. Chr?tiens humbles et dociles au pied des autels, ils retrouvaient dans leurs banquets les moeurs f?roces de leurs p?res. Nous savons d'ailleurs qu'une grande partie des Franks qui suivaient Hlodwig refus?rent d'abandonner leurs idoles, et all?rent rejoindre sur les bords de l'Escaut et de la Lys Raganher et Riker, autres rois franks issus, comme Hlodwig, de la race de Hlodi.
La victoire de Vogl?, o? les Westgoths et les Arvernes succomb?rent, avait affermi la domination des Franks. Hlodwig re?ut de l'empereur d'Orient Anastase les insignes du consulat, la chlamyde et la robe de pourpre; ensuite il alla ? cheval, distribuant au peuple des pi?ces d'or et d'argent, se faire couronner dans la basilique de Tours.
Hlodwig, auguste, consul et chr?tien, oublia les liens ?troits qui l'unissaient autrefois aux Franks idol?tres du Nord, et ne se souvint plus que de la n?cessit? de pr?server de nouvelles invasions la monarchie qu'il avait fond?e. Il commen?a par la ruse l'oeuvre que la violence devait achever. Il fit d'abord assassiner Sigbert, roi des Franks de Cologne, par son fils Hloderik lui-m?me; puis il adressa ce discours aux Franks de Sigbert: <
Khararik, autre prince frank, fut livr? avec son fils ? Hlodwig, qui les d?grada en faisant raser leur chevelure pour les rel?guer ensuite dans un clo?tre. Khararik pleurait de honte. Son fils lui dit: <
Les amis de Raganher avaient cherch? un refuge dans les colonies saxonnes ?tablies au bord de la mer, et r?clam?rent leur appui. Peu d'ann?es apr?s, sur une flotte qui cinglait du rivage des Danes vers les limites de l'empire des fils de Hlodwig, se trouvait un guerrier frank qui se disait issu de la race de Hlodi. C'?tait un fils de Raganher. Il tenta de reconqu?rir par les armes l'autorit? de son p?re, fut d?fait et ne reparut plus.
Les Saxons repouss?s par les successeurs de Hlodwig se consol?rent par d'autres conqu?tes. Vers le milieu du cinqui?me si?cle, deux de leurs chefs, Hengst et Horsa, avaient abord? en Bretagne. Lorsque l'exp?dition du fils de Raganher ?choua, leurs colonies, m?l?es ? celles des Angles, autre peuple dane, dominaient d?j? sur les rivages de l'Angleterre.
Apr?s la mort de Hlodwig ses Etats avaient ?t? partag?s entre ses fils. L'un d'eux, Hlother, r?gne ? Soissons et sur les pays situ?s au nord et ? l'ouest; mais il recueille plus tard tout l'empire frank des Gaules. Soutenu par les populations idol?tres et f?roces qui avaient ob?i ? Raganher, il fait p?rir son fils Chram et livre aux flammes la c?l?bre basilique de Tours. Puis, se croyant poursuivi par la col?re du Dieu des chr?tiens, il expire ? Compi?gne en disant: <
Sous le r?gne de Hlother, l'?v?que de Tournay Eleuth?re mourut frapp? par ceux que la sainte ?loquence de sa parole n'avait pu d?sarmer. Son ami M?dard, ?v?que de Noyon, lui donna la s?pulture et fut son successeur. M?dard joignit ? l'?v?ch? de Noyon celui de Tournay; mais il n'oublia point quels soins et quel z?le r?clamaient les pays jadis confi?s ? l'apostolat d'Eleuth?re.
<
A l'heure des revers, Tournay est le refuge du roi Hilprik et de Fredegund. C'est de l? qu'elle envoie au camp de Sigbert deux jeunes gens n?s dans les colonies saxonnes du pays de T?rouane: on sait qu'excit?s par des potions enivrantes, ils enfonc?rent dans les flancs du roi de Metz le scharmsax, arme particuli?re ? leur race.
Lorsque Merwig, fils d'Hilprik, suivant l'exemple donn? par Chram, fils de Hlother, s'insurge contre son p?re, c'est ?galement dans le pays de T?rouane qu'elle pr?pare les emb?ches au milieu desquelles le jeune prince trouvera la mort.
De graves dissensions avaient ?clat? dans la cit? de Tournay. Deux familles, excit?es par des querelles domestiques, la troublaient par leurs haines. Dans un premier combat, la lutte avait ?t? si obstin?e qu'? l'exception d'un seul homme, tous ceux qui y prirent part y avaient succomb?. Fredegund voulut mettre un terme ? ces discordes. Apr?s avoir essay? vainement de les calmer par ses exhortations, elle invita ? un banquet Karivald, Leudovald et Walden, que sa parole n'avait pu toucher, et les fit asseoir sur le m?me si?ge. Le banquet dura longtemps; la nuit vint. Selon l'usage des Franks, on enleva la table. Karivald, Leudovald et Walden n'avaient point quitt? leur si?ge, tandis que leurs serviteurs appesantis par le vin sommeillaient dans les coins de la salle. Ils s'entretenaient ? haute voix lorsque des hommes envoy?s par Fredegund s'approch?rent par derri?re, lev?rent les trois haches qu'ils avaient apport?es, et renvers?rent les trois convives d'un m?me coup. Au bruit de ce cruel ch?timent une s?dition ?clata; mais Fredegund, retenue quelques jours captive ? Tournay, fut bient?t d?livr?e.
Brunhilde survivait ? Fredegund. Tour ? tour chr?tienne z?l?e ou pers?cutrice impie, elle favorisa le passage de l'abb? italien Augustinus qui allait pr?cher la foi aux Anglo-Saxons, et chassa le moine irlandais Columban de la retraite qu'il avait fond?e ? Luxeuil, au milieu des solitudes des Vosges. Tandis qu'Augustinus abordait au promontoire de Thanet, Columban se retirait dans les ?tats du roi Hlother, qui r?gnait, dit l'hagiographe, sur les Franks fix?s aux extr?mit?s de la Gaule, sur les bords de la mer.
Le g?nie ardent de saint Columban est l'h?ritage qu'il laisse ? ses disciples. Des clo?tres auxquels il a donn? sa r?gle sortent des moines ?clair?s par une science profonde, anim?s d'un z?le intr?pide. Tels furent Attala, abb? de Bobbio; Eustatius, abb? de Luxeuil, qui, comme son ma?tre, vit Hlother aux limites de la Gaule, pr?s de l'Oc?an; Waldebert, Chagnoald, Raganher, Odomar, qui devinrent plus tard ?v?ques de Meaux, de Lyon, de Noyon, de T?rouane; Gallus, Magnus, Theodorus, Wandregisil, Waldolen, Walerik, Bertewin, Mummolen, Eberthram, qui fond?rent d'illustres monast?res.
Les temps ?taient favorables ? la propagation du christianisme.
Parmi les familles les plus puissantes de la Gaule septentrionale, il en ?tait une dont les vastes domaines s'?tendaient depuis le Fleanderland et le pays de T?rouane jusqu'aux bords de la Meuse, aux limites de l'Austrasie et du pays des Frisons; le nom de Karlman ou Karl y ?tait h?r?ditaire. Le berceau de cette famille semble avoir ?t? plac? au milieu des colonies des Flamings: le nom qu'elle portait, ?tranger ? la langue franke, lui assigne ?galement une origine saxonne. A quelle ?poque avait-elle abord? sur nos rivages? Le fils de Raganher l'y avait-il laiss?e dans sa fuite, afin qu'un jour elle venge?t la mort du roi de Cambray sur les derniers successeurs de Hlodwig? Y ?tait-elle venue ? une ?poque plus recul?e? Carausius ne serait-il point l'a?eul des Karlings?
Les Karlman, ambitieux et pleins de g?nie, s'?taient m?l?s aux agitations de l'Austrasie, ar?ne toujours ouverte aux invasions et aux r?volutions inopin?es. Gr?goire de Tours les montre associ?s ? des complots contre Brunhilde; le po?te Venantius Fortunatus trouvait dans la traduction romaine de leur nom une vague r?v?lation de leur grandeur.
Peppin, fils de Karlman, avait ?pous? Iduberge, issue d'une famille aquitaine et soeur de Modoald, ?v?que de Tr?ves. Il ?tait uni par une ?troite amiti? ? l'?v?que de Metz, Arnulf, dont le fils Ans?gisil eut plus tard pour femme Begge, fille de Peppin. L'an 622, Peppin et Arnulf re?urent de Hlother la tutelle de son fils Dagbert qu'il avait ?lev? ? la royaut? d'Austrasie. C'est ainsi que la Gaule m?ridionale trouva dans le nord de puissants protecteurs pour ses missionnaires.
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Amandus, un moment banni par Dagbert, ne tarda point ? reprendre les travaux de son apostolat. Il retourna aux bords de l'Escaut o? il termina le monast?re de Gand, et en fonda un autre, ?galement en l'honneur de saint Pierre, sur le mont Blandinium. <
Amandus appela dans ces monast?res quelques clercs ? la t?te desquels il pla?a, en 636, l'abb? Florbert.
Tel fut l'?clat des vertus d'Adhilek que le monast?re de Gand conserva le nom de Saint-Bavon.
Amandus mourut en 679 dans le monast?re d'Elnone. Le souvenir de ses vertus ne devait point s'?teindre. Il laissait apr?s lui de durables et nombreux monuments de son intr?pide apostolat. A sa voix, les filles des Karlings avaient prodigu? leurs tr?sors pour construire des monast?res o? elles cherchaient un refuge dans la paix du Seigneur. Iduberge, veuve de Peppin, re?ut le voile de la main d'Amandus. Sa fille Gertrude fonda l'abbaye de Nivelles; Begge, soeur de Gertrude, se retira, apr?s la mort d'Ans?gisil, au monast?re d'Andenne; Amelberge, petite-fille de Karlman, fut m?re de Reinhilde, d'Ermelinde, de Gudule, de Phara?lde, toutes v?n?r?es comme saintes. Bertile, autre ni?ce de Peppin, eut pour filles Waldetrude et Aldegunde, dont la pi?t? ne fut pas moins c?l?bre. Lorsque Aldegunde entra au clo?tre, une colombe d?posa sur son chaste front le voile sans tache des vierges consacr?es au Christ. Adeltrude vit en songe les ?toiles descendre du firmament pour l'inviter aux noces mystiques que le ciel lui pr?parait. Il faut nommer aussi Madelberte, Riktrude, Hlotsende, Gerberte, Adalsende, Eus?bie, dans cette pieuse g?n?ration des Karlings, que quelques ann?es ? peine s?parent de Peppin le Bref et de Karl le Grand.
L'influence de la r?gle mystique de saint Columban s'?tait ?tendue jusqu'aux ministres de Dagbert. Son tr?sorier Eligius, anim? d'un z?le extr?me, avait ?tabli des monast?res ? Limoges, ? Bourges et ? Paris, lorsqu'il fut appel? par l'?lection du peuple ? l'?v?ch? de Noyon. Il semblait qu'un homme d'une si haute vertu f?t n?cessaire pour gouverner un dioc?se auquel appartenaient des peuples livr?s aux erreurs et aux superstitions du paganisme.
Eligius se h?ta de visiter les contr?es confi?es ? son apostolat. <
Eligius cherchait sans cesse ? ?lever par sa douce ?loquence l'esprit de ces hommes violents et grossiers ? l'amour de la vie c?leste. Il les exhortait ? se r?unir dans les ?glises, ? fonder des monast?res et ? servir Dieu par une vie sainte. Combien se h?t?rent de faire p?nitence, de distribuer leurs richesses aux pauvres, de donner la libert? ? leurs esclaves! Combien, arrach?s aux erreurs des gentils par le z?le d'Eligius, suivirent son exemple et embrass?rent la vie monastique! Quelle foule nombreuse s'empressait aux solennit?s de P?ques, lorsque sa main r?pandait les ondes sacr?es du bapt?me! A la multitude des enfants se m?laient les vieillards aux membres tremblants, au front charg? de rides, qui venaient recevoir la robe blanche des n?ophytes et qui, pr?ts ? quitter la vie born?e de l'humanit?, demandaient ? Dieu une vie qui ne devait point finir.
Voici quels ?taient les discours qu'Eligius adressait au peuple pour le d?tourner de ses superstitions: <
Afin qu'au septi?me si?cle rien ne manque aux splendeurs du christianisme qui, pour emprunter le langage de saint Audo?ne, s'?l?ve comme un rayon lumineux au milieu des t?n?bres de la barbarie, d'autres missionnaires traversent la mer pour aborder sur nos rivages. Les Scots Guthago et Gildo pr?chent dans le pays o? depuis fut b?tie Oostkerke. Willebrod aborde dans l'?le de Walachria o? l'on adorait Woden. Winnok et ses fr?res fondent un monast?re sur le Scove-berg. Enfin en 651, avec Folian, Kilian et Elie, para?t Liebwin, le plus illustre des disciples de saint Augustinus.
Si le vol d'un aigle r?v?la dans une vision ? la m?re d'Eligius la saintet? de son fils, des signes non moins remarquables annonc?rent la grandeur de Liebwin. On racontait qu'au moment o? saint Augustinus le baptisa, on vit une main ?clatante sortir d'une colonne de lumi?re pour le b?nir. Un ange le conduisit, dit-on, par la main sans qu'il e?t besoin de navire, sans que le flot blanch?t d'?cume le bord de sa tunique; car, ? mesure qu'il marchait, les ab?mes de l'Oc?an se changeaient en de vastes prairies sem?es de lis et de roses.
Liebwin arriva ? Witsand, traversa le pays de T?rouane, visita le monast?re de Saint-Bavon, puis il alla pr?cher dans le Brakband. Tel ?tait le nom que portait la contr?e, couverte de bois, qui s'?tendait entre l'Escaut et la Meuse. Une femme pauvre mais pieuse, nomm?e Krapha?lde, lui donna l'hospitalit? au village d'Houthem. Ce pays, peu ?loign? de Gand, ?tait, dit l'auteur de la vie de Liebwin, vaste, plein de d?lices et f?cond? par les bienfaits de Dieu. Le lait et le miel, les moissons et les fruits y abondaient. Ses habitants ?taient d'une taille ?lev?e, et se distinguaient par leur courage dans les combats; mais ils s'abandonnaient au vol et au parjure, et on les voyait, avides d'homicides, s'?gorger les uns les autres.
Au milieu des dangers qui l'entouraient, Liebwin se souvint de sa jeunesse que la science avait instruite, que la po?sie avait berc?e de ses r?ves les plus doux. Les vers que de sa retraite d'Houthem il adresse ? l'abb? de Saint-Bavon, Florbert, semblent un dernier et suave adieu aux riantes illusions de la vie, trac? par le confesseur intr?pide qui attend la mort.
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La palme du martyre ne manqua point aux g?n?reux efforts de Liebwin. Un jour le Christ lui apparut et lui dit: <
A l'?poque de la mort de Peppin, la mairie de Neustrie ?tait occup?e par Erkembald, dont le p?re avait ?pous? la Karlinge Gerberte, fille de sainte Gertrude. Ses vastes domaines se trouvaient dans le Fleanderland, sur les bords de la Lys, dans le Pevelois, l'Artois et l'Oosterband. Au maire Erkembald, h?ritier d'une race sainte et chr?tien z?l?, succ?de Eberwin, repr?sentant ?nergique de ces peuples exil?s aux extr?mit?s de la Neustrie, que le christianisme n'a pu adoucir. Il renverse les monast?res, opprime les amis des Karlings, rel?ve la Neustrie des temps anciens, et fait trembler l'Austrasie. Implacable dans ses vengeances, redoutable par son courage, terrible par la profondeur de ses desseins, il domine toute son ?poque par ses haines et son sombre g?nie. Eberwin se souvient de Fredegund.
Un complot s'?tait form? en Bourgogne et en Austrasie contre Eberwin, qui succomba dans la lutte et fut enferm? au monast?re de Luxeuil. Liderik, fils d'Erkembald, prit alors possession de la mairie du palais du roi Hildrik II; mais sa puissance fut de peu de dur?e. Eberwin s'enfuit de Luxeuil d?s qu'il a vu repara?tre sa longue chevelure. Il r?unit ses amis de Neustrie, surprend le pont Saint-Maxence, traverse l'Oise, et r?duit Liderik ? se retirer pr?cipitamment au nord de la Somme, vers ses domaines d'Artois ou de Flandre; puis, lui proposant une entrevue dans le Ponthieu pour y d?lib?rer de la paix, il l'y fait assassiner.
Liderik exer?a-t-il sur les vastes contr?es, couvertes de bois et de marais, qui s'?tendaient jusqu'aux rivages de la mer, l'autorit? de forestier? Si cette tradition ne s'appuie sur aucun t?moignage ancien, rien ne la rend invraisemblable; car, ? la m?me ?poque, Maurontus, neveu d'Erkembald, ?tait forestier de Cr?cy.
Eberwin, victorieux en Neustrie, attaqua les chefs de la race ? laquelle appartenait Liderik, les puissants Karlings du Brakband. Il d?fit, en Champagne, l'arm?e du jeune Peppin d'H?ristal; puis ayant attir? Martin, neveu d'Ans?gisil, dans des emb?ches semblables ? celles o? avait p?ri le fils d'Erkembald, il l'y immola par une seconde trahison. Rien ne manquait ? son triomphe, lorsqu'un Frank d?vou? ? Peppin lui donna la mort.
Pendant trente ann?es, l'histoire reste obscure: chaos t?n?breux d'o? doit sortir un nouveau monde.
La grande lutte de la Neustrie et de l'Austrasie se r?duit ? des querelles domestiques dans la maison des maires du palais. Warad, successeur d'Eberwin en Neustrie, s'?tait alli? ? Peppin. Gislemar et Berther, le premier, fils de Warad, l'autre, son gendre, prirent les armes tour ? tour pour usurper la mairie de Neustrie. Peppin vainquit Berther ? la bataille de Textry, o? combattit, dit-on, pr?s de lui Burkhard, fils de Liderik.
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