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Read Ebook: Poésies Complètes - Tome 1 by Gautier Th Ophile

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Ebook has 1176 lines and 102376 words, and 24 pages

Quant aux utilitaires, utopistes, ?conomistes, saint-simonistes et autres qui lui demanderont ? quoi cela rime,--il r?pondra: Le premier vers rime avec le second quand la rime n'est pas mauvaise, et ainsi de suite.

A quoi cela sert-il?--Cela sert ? ?tre beau.--N'est-ce pas assez? comme les fleurs, comme les parfums, comme les oiseaux, comme tout ce que l'homme n'a pu d?tourner et d?praver ? son usage.

En g?n?ral, d?s qu'une chose devient utile, elle cesse d'?tre belle.--Elle rentre dans la vie positive, de po?sie elle devient prose, de libre, esclave.--Tout l'art est l?.--L'art, c'est la libert?, le luxe, l'efflorescence, c'est l'?panouissement de l'?me dans l'oisivet?.--La peinture, la sculpture, la musique ne servent absolument ? rien. Les bijoux curieusement cisel?s, les colifichets rares, les parures singuli?res, sont de pures superfluit?s.--Qui voudrait cependant les retrancher?--Le bonheur ne consiste pas ? avoir ce qui est indispensable; ne pas souffrir n'est pas jouir, et les objets dont on a le moins besoin sont ceux qui charment le plus.--Il y a et il y aura toujours des ?mes artistes ? qui les tableaux d'Ingres et de Delacroix, les aquarelles de Boulanger et de Decamps sembleront plus utiles que les chemins de fer et les bateaux ? vapeur.

A tout cela si on lui r?pond: <> Il passera condamnation et t?chera de s'amender.--Il esp?re toutefois qu'on voudra bien lui savoir gr? de l'intention.

--Maintenant, deux mots sur ce volume.--Les pi?ces qu'il renferme ont ?t? compos?es ? de grandes distances les unes des autres, et imprim?es au fur et ? mesure, sans autre ordre que celui des dates qu'on n'a pas indiqu?es; l'auteur n'a pas eu la pr?tention de faire des monuments. Les premi?res se rattachent presque ? son enfance; les derni?res, le po?me surtout, le touchent de plus pr?s; les plus anciennes remontent jusqu'en 1826.--Six ans, c'est un si?cle aujourd'hui; les plus modernes sont de 1831.--On verra s'il y a progr?s.

Si ces ?tudes franches et consciencieuses peuvent ouvrir la voie ? quelques jeunes gens et aider quelques inexp?riences, l'auteur ne regrettera pas la peine qu'il a prise.--Si le livre passe inaper?u, il ne la regrettera pas encore; ces vers lui auront us? innocemment quelques heures, et l'art est ce qui console le mieux de vivre.

Octobre 1832.

PO?SIES

Oh! si je puis un jour! A. CH?NIER.

M?DITATION

... Ce monde o? les meilleures choses Ont le pire destin. MALHERBE.

Virginit? du coeur, h?las! sit?t ravie! Songes riants, projets de bonheur et d'amour, Fra?ches illusions du matin de la vie, Pourquoi ne pas durer jusqu'? la fin du jour?

Pourquoi?... Ne voit-on pas qu'? midi la ros?e De ses larmes d'argent n'enrichit plus les fleurs, Que l'an?mone fr?le, au vent froid expos?e, Avant le soir n'a plus ses brillantes couleurs?

Ne voit-on pas qu'une onde, ? sa source limpide, En passant par la fange y perd sa puret?; Que d'un ciel d'abord pur un nuage rapide Bient?t ternit l'?clat et la s?r?nit??

Le monde est fait ainsi: loi supr?me et funeste! Comme l'ombre d'un songe au bout de peu d'instants Ce qui charme s'en va, ce qui fait peine reste: La rose vit une heure et le cypr?s cent ans.

MOYEN AGE

Y ot un grant et vieil chastex A messire Yvain qui fut tex; Ot tours, donjons, machecoulis, Foss?s d'iave nette remplis, Murs de fine pierre de taille, Couverts d'engins por la bataille.

Quand je vais poursuivant mes courses po?tiques, Je m'arr?te surtout aux vieux ch?teaux gothiques; J'aime leurs toits d'ardoise aux reflets bleus et gris, Aux fa?tes couronn?s d'arbustes rabougris, Leurs pignons anguleux, leurs tourelles aigu?s, Dans les r?seaux de plomb leurs vitres exigu?s, L?gendes des vieux temps o? les preux et les saints Se groupent sous l'ogive en fantasques dessins; Avec ses minarets moresques, la chapelle Dont la cloche qui tinte ? la pri?re appelle; J'aime leurs murs verdis par l'eau du ciel lav?s, Leurs cours o? l'herbe cro?t ? travers les pav?s, Au sommet des donjons leurs girouettes fr?les Que la blanche cigogne effleure de ses ailes; Leurs ponts-levis tremblants, leurs portails blasonn?s, De monstres, de griffons, bizarrement orn?s, Leurs larges escaliers aux marches colossales, Leurs corridors sans fin et leurs immenses salles, O? comme une voix faible erre et g?mit le vent, O?, recueilli dans moi, je m'?gare, r?vant, Par? de souvenirs d'amour et de f?erie, Le brillant moyen ?ge et la chevalerie.

?L?GIE I

Dame, d'amer d?esse Pour votre grace avoir, Vous offre ma jeunesse. Mes biens et mon avoir. A. CHARTIER.

Nuit et jour, malgr? moi, lorsque je suis loin d'elle, A ma pens?e ardente un souvenir fid?le La ram?ne;--il me semble ou?r sa douce voix Comme le chant lointain d'un oiseau; je la vois Avec son collier d'or, avec sa robe blanche, Et sa ceinture bleue, et la fra?che pervenche De son chapeau de paille, et le sourire fin Qui d?couvre ses dents de perle,--telle enfin Que je la vis un soir dans ce bois de vieux ormes Qui couvrent le chemin de leurs ombres difformes; Et je l'aime d'amour profond: car ce n'est pas Une femme au teint p?le, et mesurant ses pas, Au regard nuag? de langueur, une Anglaise Morne comme le ciel de Londres, qui se plaise La t?te sur sa main ? r?ver longuement, A lire Grandisson et Werther; non vraiment: Mais une belle enfant inconstante et frivole, Qui ne r?ve jamais; une brune cr?ole Aux grands sourcils arqu?s; aux longs yeux de velours Dont les regards furtifs vous poursuivent toujours; A la taille ?lanc?e, ? la gorge divine, Que sous les plis du lin la volupt? devine.

PAYSAGE

..... omnia plenis Rura natant fossis. P. VIRGILIUS MARO.

Pas une feuille qui bouge, Pas un seul oiseau chantant, Au bord de l'horizon rouge Un ?clair intermittent;

D'un c?t? rares broussailles, Sillons ? demi noy?s, Pans gris?tres de murailles, Saules noueux et ploy?s;

De l'autre, un champ que termine Un large foss? plein d'eau, Une vieille qui chemine Avec un pesant fardeau,

Et puis la route qui plonge Dans le flanc des coteaux bleus, Et comme un ruban s'allonge En minces plis onduleux.

LA JEUNE FILLE

La vierge est un ange d'amour. A. GUIRAUD.

Dieu l'a faite une heureuse et belle cr?ature.

Brune ? la taille svelte, aux grands yeux noirs, brillants, A la l?vre rieuse, aux gestes s?millants; Blonde aux yeux bleus r?veurs, ? la peau rose et blanche, La jeune fille pla?t: ou r?serv?e ou franche, M?lancolique ou gaie, il n'importe; le don De charmer est le sien, autant par l'abandon Que par la retenue; en Occident, Sylphide, En Orient, P?ri, vertueuse, perfide, Sous l'arcade moresque en face d'un ciel bleu, Sous l'ogive gothique assise aupr?s du feu, Ou qui chante, ou qui file, elle pla?t; nos pens?es Et nos heures, pourtant si vite d?pens?es, Sont pour elle. Jamais, impr?gn? de fra?cheur, Sur nos yeux endormis un r?ve de bonheur Ne passe fugitif, comme l'ombre du cygne Sur le miroir des lacs, qu'elle n'en soit; d'un signe Nous appelant vers elle, et murmurant des mots Magiques, dont un seul enchante tous nos maux. ?veill?s, sa ga?t? dissipe nos alarmes, Et, lorsque la douleur nous arrache des larmes, Son baiser ? l'instant les tarit dans nos yeux. La jeune fille!--elle est un souvenir des cieux, Au tissu de la vie une fleur d'or brod?e, Un rayon de soleil qui sourit dans l'ond?e!

LE MARAIS

Ainsi pr?s d'un marais on contemple voler Mille oiseaux peintur?s. AMADIS JAMYN.

En chasse, et chasse heureuse. ALFRED DE MUSSET.

C'est un marais dont l'eau dormante Croupit, couverte d'une mante Par les n?nuphars et les joncs: Chaque bruit sous leurs nappes glauques Fait au choeur des grenouilles rauques Ex?cuter mille plongeons;

La b?cassine noire et grise Y vole quand souffle la bise De novembre aux matins glac?s; Souvent, du haut des sombres nues Pluviers, vanneaux, courlis et grues Y tombent, d'un long vol lass?s.

Sous les lentilles d'eau qui rampent, Les canards sauvages y trempent Leurs cous de saphir glac?s d'or; La sarcelle ? l'aube s'y baigne, Et, quand le cr?puscule r?gne, S'y pose entre deux joncs, et dort.

La cigogne dont le bec claque, L'oeil tourn? vers le ciel opaque, Attend l? l'instant du d?part, Et le h?ron aux jambes gr?les, Lustrant les plumes de ses ailes, Y tra?ne sa vie ? l'?cart.

Ami, quand la brume d'automne ?tend son voile monotone Sur le front obscurci des cieux, Quand ? la ville tout sommeille Et qu'? peine le jour s'?veille A l'horizon silencieux,

Toi dont le plomb ? l'hirondelle Toujours porte une mort fid?le, Toi qui jamais ? trente pas N'as manqu? le li?vre rapide, Ami, toi, chasseur intr?pide, Qu'un long chemin n'arr?te pas;

Avec Rasko, ton chien qui saute A ta suite dans l'herbe haute, Avec ton bon fusil bronz?, Ta blouse et tout ton ?quipage, Viens t'y cacher pr?s du rivage, Derri?re un tronc d'arbre bris?.

Ta chasse sera meurtri?re; Aux mailles de ta carnassi?re Bien des pieds d'oiseaux passeront, Et tu reviendras de bonne heure, Avant le soir, en ta demeure, La joie au coeur, l'orgueil au front.

SONNET I

Aux seuls ressouvenirs Nos rapides pensers volent dans les ?toiles. TH?OPHILE.

Aux vitraux diapr?s des sombres basiliques, Les flammes du couchant s'?teignent tour ? tour; D'un ?ge qui n'est plus pr?cieuses reliques, Leurs d?mes dans l'azur tracent un noir contour;

Et la lune para?t, de ses rayons obliques Argentant ? demi l'aiguille de la tour, Et les derniers rameaux des pins m?lancoliques Dont l'ombre se balance et s'?tend alentour.

Alors les vibrements de la cloche qui tinte, D'un monde a?rien semblent la voix ?teinte, Qui par le vent port?e en ce monde parvient;

Et le po?te, assis pr?s des flots, sur la gr?ve, ?coute ces accents fugitifs comme un r?ve, L?ve les yeux au ciel, et triste se souvient.

SERMENT

Par tes yeux si beaux sous les voiles De leurs franges de longs cils noirs, Soleils jumeaux, doubles ?toiles, D'un coeur ardent ardents miroirs;

Par ton front aux p?leurs d'alb?tre, Que couronnent des cheveux bruns, O? l'haleine du vent fol?tre Parmi la soie et les parfums;

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