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Read Ebook: L'Illustration No. 1609 27 décembre 1873 by Various

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Ebook has 795 lines and 60860 words, and 16 pages

--Comment! rien que ?a? dit le gar?on en grommelant entre ses dents.

--Hein! qu'est-ce que c'est? riposta l'immortel furieux. Cinquante centimes, un demi-franc, ce n'est rien? Eh! malheureux, c'est la quatre cent milli?me partie de deux cent mille francs, par cons?quent de dix mille livres de rente. Eh! je voudrais bien ?tre gar?on de l'Institut pour en recevoir autant, moi!

P.-J. Proudhon comprenait les ?trennes d'une autre fa?on.

L'ann?e qui a pr?c?d? la mort du c?l?bre dialecticien, M. E. Dentu, son ?diteur et son voisin, se pr?senta chez lui le matin du jour de l'an.

Apr?s avoir ?chang? une poign?e de main avec lui, il lui montra un petit paquet envelopp? de papier gris.

--Qu'est-ce que c'est que ?a? dit Proudhon.

--Deux poup?es que je vous demande la permission d'offrir ? vos deux petites filles.

--Des poup?es ? mes filles! Non, mon cher monsieur, non; je vous le d?fends positivement. Savez-vous l'enseignement qui r?sulterait de ce cadeau? L'amour de l'alanguissement, la coquetterie, la paresse, le go?t du luxe, peut-?tre de la luxure. C'est bon pour les duchesses, c'est bon pour les bourgeoises. Tenez, si voulez faire un pr?sent ? ces enfants, apportez-leur quelque chose d'utile, un d? ? coudre, des ciseaux, un paquet d'aiguilles. Qu'elles aient ? la main un objet qui, de bonne heure, leur rappelle qu'elles sont filles de la mis?re et de la philosophie et qu'il faut qu'elles songent sans cesse ? ?pouser le travail!

? certains ?gards cet esprit de pr?voyance se retrouve en grand dans un mot de Mme Laetitia Bonaparte, la m?re de Napol?on.--Longtemps ?prouv?e, n'ayant eu de 1790 ? 1799 que 1,500 fr. pour soutenir sa modeste maison et nourrir ses trois filles, Caroline, Elisa et Pauline, la brave femme ne pouvait pas se r?soudre ? jeter l'argent par les fen?tres.

En 1809, le 2 janvier, la princesse Pauline vint la voir.

--Madame, l'empereur m'envoie vous faire une question.

--Laquelle?

--Combien avez-vous d?pens?, hier, en fait d'?trennes?

--Ma fille, 3,255 francs.

--3,255 francs! Mais je vous avais remis, de la part de mon fr?re, 30 000 francs pour faire des largesses! Est-ce que vous comptez placer cette somme?

--Mon Dieu, oui, Paulette.

--Mais pourquoi faire?

--Pourquoi faire? Pour donner, un jour, du pain ? tous les rois et ? toutes les reines qu'on a faits dans ma famille!

L'histoire a prouv? par trois fois que l'Agrippine d'Ajaccio n'avait pas si grand tort.

Philibert Audebrand.

NOS GRAVURES

L'ILE SAINTE-MARGUERITE

Le naturaliste Agassiz

Le 15 d?cembre, un t?l?gramme fort laconique annon?ait ? l'Europe que <>.

Cet illustre naturaliste m?rite mieux qu'une mention d'une ligne. C'?tait le digne successeur des Buffon et des Cuvier, et le monde scientifique a peu de noms ? opposer au sien; en Am?rique, nous ne voyons pas qui est capable de prendre sa place.

Agassiz avait ?migr? aux ?tats-Unis en 1847, ? la suite des ?v?nements politiques dont la principaut? de Neufch?tel fut alors le th??tre. Il ?tait d?j? c?l?bre et s'?tait fait conna?tre au monde savant par un ouvrage sur les poissons fossiles, publi? d?s 1842, et qui est rest? classique en g?ologie, comme le livre de Cuvier sur les mammif?res ?teints du bassin de Paris, ou le livre de Brongniart sur la flore fossile des terrains houillers.

N? dans le canton de Vaud en 1807, Agassiz avait ?tudi? en Allemagne, et fut re?u docteur ? Munich. Il fut nomm? professeur d'histoire naturelle ? Neufch?tel d?s 1838, et publia en fran?ais, en latin ou en allemand divers ouvrages de zoologie, dont celui que nous avons cit? plus haut a surtout contribu? ? le faire conna?tre.

Ses ?tudes sur les glaciers, qu'il poursuivit avec une ardeur infatigable, escaladant tous les pics des Alpes, entre les ann?es 1840 et 1847, confirm?rent la r?putation qu'il s'?tait acquise parmi les g?ologues, et l'on peut dire que lorsqu'il quitta l'Europe, son nom ?tait d?j? universellement connu.

Ses deux collaborateurs, MM. Desor et Vogt, Suisses comme lui, ont continu? les traditions du ma?tre. Ils n'ont cess? de marcher ? la t?te de la science helv?tique, et ils l'ont m?me quelquefois pouss?e en avant, notamment en anthropologie, avec une virilit?, une audace qui ont ?pouvant? en France plus d'un de nos ma?tres officiels.

Agassiz, ? peine arriv? aux ?tats-Unis, fut nomm? professeur d'histoire naturelle ? l'Universit? de Cambridge, pr?s Boston, et c'est l? que, vingt ans plus tard, nous l'avons rencontr? nous-m?me, augmentant, classant sans cesse ses ch?res collections, et toujours ? l'aff?t de nouveaux voyages pour faire progresser la science et ouvrir aux investigations de l'esprit humain des champs jusque-l? inconnus.

Dans ce voyage de circumnavigation, les d?couvertes d'Agassiz ont ?t? presque de tous les jours, sur les courants, la temp?rature des eaux marines ? diverses profondeurs, le fond de la mer, les animaux qui s'y rencontrent. C'est lui qui a pour la premi?re fois d?montr? que le fond des oc?ans est habit? ? toutes les profondeurs, contrairement ? ce qu'on avait ?crit. Que d'esp?ces nouvelles en coraux, coquilles, poissons, plantes marines il avait ramen?es de son dernier voyage! Il ?tait occup? ? classer tout cela, ? le distribuer, ? le faire conna?tre avec cette g?n?rosit? toute am?ricaine qui le distinguait, quand la mort est venue le surprendre.

Au physique, c'?tait un homme de haute taille, fort vigoureux; ses traits annon?aient l'am?nit?, la bienveillance, et le moral ne d?mentait pas ce que le physique annon?ait. Il ?tait ouvert, sympathique, causait volontiers et facilement, ne disait du mal de personne, pas m?me de ses confr?res, ce qui est rare parmi les savants. Il ?tait, comme tous les protestants, fort attach? aux doctrines religieuses. Spiritualiste, il faisait volontiers intervenir la Providence dans la cr?ation des esp?ces, mais cela ne l'emp?chait pas d'apporter dans les th?ories scientifiques beaucoup d'ind?pendance. Ainsi il ?tait, en histoire naturelle, avec les Lamarck, les Geoffroy Saint-Hilaire, les Goethe, les Darwin, partisan de la variabilit? de l'esp?ce humaine et non de l'unit?, comme le voulaient Buffon et Cuvier, et comme quelques naturalistes, entre autres M. de Quatrefages, le veulent encore aujourd'hui.

L. Simonin.

Le Fort Sainte-Marguerite

L'ex-mar?chal Bazaine aurait pu ?tre envoy? dans quelque casemate oubli?e, dans quelque prison sans pass?, ou m?me faire le voyage de la Nouvelle-Cal?donie, en compagnie de p?troleurs. L'opinion publique e?t ?t? probablement satisfaite de ce ch?timent qui pla?ait ainsi au m?me rang tous ceux qui ont failli faire sombrer le pays! Mais d?cid?ment la fortune sourit ? Bazaine; pendant que nous grelottons dans le Nord, on l'envoie dans une contr?e b?nie du ciel, inond?e, au coeur de l'hiver, des chauds rayons du soleil, et d?licieusement rafra?chie, en ?t?, par les brises de mer!...

Je me trouvais, il y a peu de mois, ? Cannes, et de l? on voit se profiler, ? quelques milles en face, les ?les de L?rins, semblables ? de gigantesques entassements. Si l'on ?tait oiseau, en deux coups d'aile, on arriverait ? Saint-Honorat ou ? Sainte-Marguerite. Sans s'armer d'une longue-vue, il est parfaitement possible de distinguer les rochers ?lev?s qui bordent les deux ?les, et l'on peut compter jusqu'aux fen?tres du fort Sainte-Marguerite.

Une vingtaine de petits bateaux bariol?s dansaient dans le port de Cannes, sous la violente caresse du mistral, et demandaient ? grands cris, par la voix de leurs patrons, quelque promeneur complaisant!

--Monsieur! promenade ? Sainte-Marguerite! Bon temps! Bon vent! me cria l'un des bateliers en me priant du geste de descendre.

--Et combien de temps faut-il pour arriver ? l'?le!

--Oh! monsieur, pas beaucoup! J'y suis all? l'autre jour en moins d'un quart-d'heure!

--Et le vent est bon? repris-je.

--Excellent! monsieur, deux ris aux voiles et nous filons comme l'?clair!

Inutile de dire que le quart-d'heure du brave batelier se changea en demi-heure, la demi-heure en trois quarts-d'heure et qu'une heure apr?s nous ne touchions pas encore au m?le du d?barquement. En revanche, j'avais eu la mer la plus moutonneuse du monde; nous avions failli ?tre roul?s par les vagues; mais quelle baie splendide, que de merveilleux horizons!

J'eus le malheur de descendre du bateau pour tomber entre les mains d'un vieux sergent qui ne me l?cha pas avant de m'avoir cont?,--ce qu'il savait du reste fort mal,--l'histoire de l'?le Sainte-Marguerite.

Il m'expliqua que le fort avait ?t? construit sous Richelieu, puis pris par les Espagnols, qui l'avaient agrandi, et enfin r?par? par Vauban.

En r?sum?, ce b?timent serait peu digne d'int?r?t si la l?gende de l'homme au masque de fer n'?tait pas l? pour captiver.

Matthioli, c'est le nom que l'on donnait ? ce c?l?bre inconnu, avait une prison que le mar?chal Bazaine,--l'homme heureux!--ne conna?tra sans doute que de vue! La chambre qu'il habita onze ann?es n'?tait ?clair?e que par une fen?tre du c?t? du nord, perc?e dans un mur de pr?s de quatre pieds d'?paisseur; on y avait m?me prudemment adapt? trois grilles de fer plac?es ? une distance ?gale. Cette fen?tre donnait sur la mer.

Ce qui fit supposer ? quelques indiscrets que Matthioli devait ?tre quelque grand personnage, ce sont d'une part les mesures prises par Saint-Mars pour ?loigner de lui m?me les ge?liers, et de l'autre l'esp?ce de respect dont semblait l'entourer le gouverneur.

De plus, on assure que l'homme au masque de fer portait des v?tements recherch?s, de fines dentelles, et qu'on lui fournissait des habits aussi riches qu'il paraissait le d?sirer.

Quelques anecdotes invent?es sans doute viennent ? la rescousse, et notre homme, qui n'?tait peut-?tre qu'un petit gentilhomme sans grande importance, passe d'embl?e ? la post?rit?!

Vous connaissez l'histoire du p?cheur qui ramasse sous les fen?tres de Matthioli une assiette d'argent sur laquelle se trouvaient inscrits quelques caract?res;--le brave homme rapporte sa trouvaille au gouverneur, qui lui demande s'il a lu les mots ?crits sur ce plat: <> r?pond na?vement le p?cheur, et Saint-Mars lui dit: <>

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