Read Ebook: La vie simple by Wagner Charles
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Ebook has 277 lines and 47113 words, and 6 pages
La Vie Simple
DOUZI?ME ?DITION
PARIS Librairie Armand Colin 5, rue de M?zi?res, 5
Droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous pays.
OUVRAGES DE C. WAGNER
Aupr?s du Foyer . Un volume in-18 j?sus, broch? 3 50
Justice. Huit discours . Un volume in-12, broch? 3 50
Jeunesse. Ouvrage couronn? par l'Acad?mie fran?aise . Un volume in-12, broch? 3 50
Vaillance. Ouvrage honor? d'une souscription du Minist?re de l'Instruction publique . Un volume in-12, broch? 3 50
Le long du chemin . Un volume in-12, broch? 2 >>
L'?vangile et la vie. Discours . Un volume in-12, broch? 3 50
Sois un homme! Simples causeries sur la conduite de la vie . Un volume in-12, br. 1 25 Reli? 2 >>
L'Ame des choses . Un volume in-12, broch? 3 50
L'Ami. Dialogues int?rieurs . Un volume in-12 3 50
Histoires et Farciboles, pour les enfants. Un volume in-8 illustr? par Ren? Henriquez .
Libre Pens?e et Protestantisme lib?ral. 4 lettres de Ferdinand Brisson avec r?ponses de C. Wagner. Un volume in-12.
LA M?MOIRE DE MA M?RE
PR?FACE DE LA NEUVI?ME ?DITION
Le lendemain d'une allocution de mariage entendue par M. Armand Colin et traitant le sujet de la Vie simple en son application au foyer domestique, l'?diteur parisien m'?crivit:
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Six mois plus tard le livre paraissait.
Il eut une bonne presse et un meilleur public. Les lecteurs lui firent de l'un ? l'autre cette famili?re et solide r?clame par laquelle on se recommande mutuellement ses livres comme on se pr?sente ses amis. Il fut vite connu, et sans faire le moindre bruit se r?pandit et se traduisit ? travers l'Europe.
En 1901, miss Marie-Louise Hendee le traduisit en ?l?gant anglais pour la maison Mc Clure de New-York. Un romancier am?ricain de marque, miss Grace King, le faisait pr?c?der d'une notice ?crite avec beaucoup de soin et de gr?ce.
Dans un r?cent et beau voyage aux ?tats-Unis, j'ai pu me convaincre ? quel point l'Am?rique avait suivi le conseil de son Pr?sident.
Les familles, les universit?s, les hommes d'affaires, un large public recrut? dans les milieux les plus divers, s'est mis ? lire le livre. Les journaux l'ont publi? en feuilleton, les pr?dicateurs en ont tir? des s?ries de discours, les dessinateurs des caricatures. En dernier lieu les ?ditions populaires se criaient dans les rues par les camelots.
Tout cela est une preuve que ce livre est venu en son temps et r?pond ? un besoin profond de simplification au milieu de cette ?poque agit?e et complexe.
Par un effet tr?s naturel, le succ?s extraordinaire des traductions rejaillit aujourd'hui sur l'?dition fran?aise et lui imprime une ?nergie nouvelle.
Puissent ces pages, en se r?pandant, ramener l'attention de beaucoup de nos contemporains sur le premier de tous les sujets: l'emploi et l'organisation de la vie.
Et puissions-nous en m?ditant sur ce probl?me des probl?mes arriver ? comprendre que le bonheur, la force et la beaut? de l'existence ont pour une grande part leur source dans l'esprit de Simplicit?.
Charles Wagner.
Paris, f?vrier 1905.
PR?FACE DE LA PREMI?RE ?DITION
Le malade min? par la fi?vre, d?vor? par la soif, r?ve pendant son sommeil d'un frais ruisseau o? il se baigne, ou d'une claire fontaine o? il boit ? grandes gorg?es. Ainsi dans l'agitation compliqu?e de l'existence moderne, nos ?mes ext?nu?es r?vent de simplicit?.
Ce qu'on appelle de ce beau nom, serait-il un bien ? jamais disparu? Je ne le pense pas. Si la simplicit? se trouvait li?e ? quelques circonstances exceptionnelles que de rares ?poques ont seules connues, il faudrait renoncer ? la r?aliser encore. On ne ram?ne pas les civilisations vers leurs origines, pas plus qu'on ne ram?ne les fleuves aux flots troubl?s vers le vallon tranquille o? les branches des aulnes se rejoignaient sur leur source.
Mais la simplicit? ne d?pend pas de telles ou telles conditions ?conomiques ou sociales en particulier; c'est plut?t un esprit qui peut animer et modifier des vies de genres tr?s diff?rents. Loin d'en ?tre r?duits ? la poursuivre de nos regrets impuissants, nous pouvons, je l'affirme, en faire l'objet de nos r?solutions et le but de notre ?nergie pratique.
Aspirer ? la vie simple, c'est proprement aspirer ? remplir la plus haute destin?e humaine. Tous les mouvements de l'humanit? vers plus de justice et plus de lumi?re, ont ?t? en m?me temps des mouvements vers une vie plus simple. Et la simplicit? antique, dans les arts, les moeurs, les id?es, ne garde pour nous son prix incomparable que parce qu'elle est parvenue ? donner un relief puissant ? quelques sentiments essentiels, ? quelques v?rit?s permanentes. Il faut aimer cette simplicit? et s'efforcer de la garder pieusement. Mais il n'aurait fait que la centi?me partie du chemin, celui qui s'en tiendrait aux formes ext?rieures et qui ne chercherait pas ? r?aliser l'esprit. En effet s'il nous est impossible d'?tre simples dans les m?mes formes que nos p?res, nous pouvons le rester ou le redevenir dans le m?me esprit. Nous marchons sur d'autres sentiers, mais le but de l'humanit? demeure au fond le m?me: c'est toujours l'?toile polaire qui dirige le marin qu'il soit embarqu? sur un voilier ou sur un bateau ? vapeur.
Marcher vers ce but avec les moyens dont nous disposons, voil? la chose la plus importante, aujourd'hui comme jadis. Et c'est pour nous en ?tre souvent ?cart?s que nous avons embrouill? et compliqu?s notre vie.
Si je pouvais r?ussir ? faire partager cette notion tout int?rieure de la simplicit?, je n'aurais pas fait un vain effort. Quelques lecteurs penseront qu'une telle notion doit p?n?trer les moeurs et l'?ducation. Ils commenceront par la cultiver en eux-m?mes et lui feront le sacrifice de quelques-unes de ces habitudes qui nous emp?chent d'?tre des hommes.
Trop d'encombrantes inutilit?s nous s?parent de l'id?al de v?rit?, de justice et de bont? qui doit r?chauffer et vivifier nos coeurs. Toute cette broussaille, sous pr?texte de nous abriter, nous et notre bonheur, a fini par nous masquer la lumi?re. Quand aurons-nous le courage d'opposer aux d?cevantes tentations d'une vie aussi compliqu?e qu'inf?conde la r?ponse du sage: <>?
Paris, mai 1895.
La vie compliqu?e.
Chez les Blanchard tout est sens dessus dessous, et en v?rit? il y a de quoi! Songez donc que Mlle Yvonne se marie mardi et nous voici au vendredi!
C'est un interminable d?fil? de visiteurs charg?s de cadeaux, de fournisseurs ployant sous les commandes. Les domestiques sont sur les dents. Quant aux parents et aux futurs, ils ne vivent plus, ils n'ont plus de domicile connu. Le jour on est chez les couturi?res, les modistes, les tapissiers, les ?b?nistes, les bijoutiers, ou dans l'appartement livr? aux peintres et aux menuisiers. De l?, course rapide par les ?tudes des hommes d'affaires, o? l'on attend son tour en regardant les clercs grossoyer ? l'ombre des paperasses. Apr?s cela, c'est ? peine s'il reste le temps de courir chacun chez soi et de se parer pour la s?rie des d?ners de c?r?monie: d?ners de fian?ailles, d?ners de pr?sentations, d?ner de contrat, soir?es et bals. Autour de minuit on rentre harass?, mais c'est pour trouver au logis tous les derniers arrivages et une correspondance effr?n?e. F?licitations, compliments, acceptations et refus de demoiselles et de gar?ons d'honneur, excuses de fournisseurs en retard. Et puis les accrocs de la derni?re heure: un deuil subit qui d?sorganise le cort?ge, un vilain rhume qui emp?che une actrice, ?toile amie, de chanter ? l'orgue, etc. C'est autant ? recommencer! Ces pauvres Blanchard! jamais ils ne seront pr?ts, eux qui croyaient pourtant avoir song? ? tout, et tout pr?vu.
Heureusement qu'il y a la chambre de grand'm?re! Grand'm?re touche ? ses quatre-vingts. Ayant beaucoup souffert et travaill?, elle en est arriv?e ? envisager les choses avec cette calme s?ret? que rapportent de la vie ceux qui ont l'intelligence ?lev?e et le coeur aimant. Presque toujours assise dans son fauteuil, elle adore le silence des longues heures m?ditatives. Aussi la temp?te affair?e qui s?vit par la maison s'est-elle arr?t?e respectueuse devant sa porte. Au seuil de cet asile les voix s'apaisent, les pas se font discrets. Et quand les jeunes fianc?s veulent se mettre un instant ? l'abri, ils s'enfuient chez grand'm?re.
--Pauvres enfants! leur dit-elle alors, comme vous voil? ?nerv?s! Reposez-vous un peu, appartenez-vous l'un ? l'autre. C'est le principal. Le reste est peu de chose, il ne m?rite pas qu'on s'y absorbe!
Ils le sentent bien, ces jeunes gens. Que de fois, en ces semaines derni?res, leur amour n'a-t-il pas d? c?der le pas ? toutes sortes de conventions, d'exigences, d'inutilit?s! Ils souffrent de la fatalit?, qui ? ce moment d?cisif de leur vie d?tache sans cesse leurs esprits de la seule chose essentielle, pour les pousser ? travers la multitude des pr?occupations secondaires. Et volontiers ils approuvent l'opinion de l'a?eule quand elle leur dit entre une caresse et un sourire:
--D?cid?ment, mes enfants, le monde se fait trop compliqu?, et tout cela ne rend pas les gens plus heureux... au contraire!...
Je suis de l'avis de bonne maman. Depuis le berceau jusqu'? la tombe, dans ses besoins comme dans ses plaisirs, dans sa conception du monde et de lui-m?me, l'homme moderne se d?bat au milieu de complications sans nombre. Plus rien n'est simple: ni penser, ni agir, ni s'amuser, ni m?me mourir. Nous avons, de nos mains, ajout? ? l'existence une foule de difficult?s et retranch? plusieurs agr?ments. Je suis persuad? qu'il se trouve ? l'heure pr?sente des milliers de mes semblables qui souffrent des suites d'une vie trop factice. Ils nous sauront gr? de chercher ? donner une expression ? leur malaise et de les encourager dans ce regret de la simplicit? qui les travaille confus?ment.
?num?rons d'abord une s?rie de faits qui mettent en relief la v?rit? que nous d?sirons faire apercevoir.
Plus il est assur? du lendemain selon la vue ordinaire du bon sens, plus il se condamne ? se pr?occuper de quoi il vivra, lui et ses enfants, comment il ?tablira ceux-ci et leurs descendants. Rien ne saurait donner une id?e des craintes d'un homme ?tabli, de leur nombre, de leur port?e, de leurs nuances raffin?es.
De tout cela, il est r?sult? ? travers les diff?rentes couches sociales, et selon les conditions, avec une intensit? variable, une agitation g?n?rale, un ?tat d'esprit tr?s complexe qui ne saurait mieux se comparer qu'? l'humeur des enfants g?t?s ? la fois combl?s et m?contents.
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