Read Ebook: La lyre héroïque et dolente by Quillard Pierre
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Ebook has 781 lines and 34237 words, and 16 pages
PIERRE QUILLARD
LA LYRE H?RO?QUE ET DOLENTE
DE SABLE ET D'OR LA GLOIRE DU VERBE.--L'ERRANTE LA FILLE AUX MAINS COUP?ES
Tous droits r?serv?s
L'ANTRE DES NYMPHES de Porphyre, traduit du grec 1 plq.
LES LETTRES RUSTIQUES de Claudius AElianus, Prenestin, traduites du grec, illustr?es d'un Avant-propos et d'un Commentaire latin 1 vol.
LE LIVRE DE JAMBLIQUE SUR LES MYST?RES, traduit du grec 1 vol.
PHILOKT?T?S, traduit de Sophocle et repr?sent? ? l'Od?on 1 vol.
LA QUESTION D'ORIENT ET LA POLITIQUE PERSONNELLE DE M. HANOTAUX, en collaboration avec le docteur L. Margery 1 vol.
IL A ?T? TIR? DE CET OUVRAGE:
EXEMPLAIRE N? 1
Droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous pays, y compris la Su?de et la Norv?ge.
D?DICACE
A LA M?MOIRE D'?PHRA?M MIKHAEL
Tu t'en allas, un soir de mai: la ville en f?te Haletait de printemps, de jeunesse et d'amour, Et tu nous as quitt?s pour la nuit sans retour, Ame m?lancolique et toujours inqui?te.
En vain les mornes dieux, formidables et doux, Ont d?tach? ta main de nos mains fraternelles: Le sel ?cre des pleurs br?le encor nos prunelles Quand ta voix, triomphant des heures, chante en nous
Et fait surgir parmi les roses des vespr?es, Sous des voiles tissus de soleils et de cieux, Une vierge dolente au regard anxieux Qui nous appelle et fuit vers les ombres sacr?es.
Forme grave dress?e au seuil mauvais du sort, Image de fiert? qui pleurait et s'est tue, Ma bouche te cherchait d'une l?vre ?perdue; Mais j'ai heurt? du front les portes de la mort
H?las! et tu survis dans nos seules m?moires Et sans que rien m'entende au tombeau souterrain, Je fixe tristement sur le vantail d'airain Avec l'amer laurier les palmes illusoires.
DE SABLE ET D'OR
LES FLEURS NOIRES
LES FLEURS NOIRES
Au bord de quels sinistres lacs d'eau lourde et sombre, O t?n?breuses fleurs plus vastes que la mort, Les dieux muets du soir et les dieux froids du nord Tissent-ils votre robe d'ombre?
Vos ab?mes de nuit d?vorent le soleil; Le jour est offens? par vos voiles de veuves Et vous avez puis? sans peur aux mornes fleuves L'onde farouche du sommeil.
O fleurs noires, le vent de l'aube vous balance: Mais nul parfum d'amour ne s'exhale de vous, Ch?res, et vous versez dans les coeurs las et fous L'incantation du silence.
La vie ?pand en vain ses perfides douceurs; La pourpre du printemps inutile flamboie: Votre deuil r?dempteur lib?re de la joie; Salut, imp?rieuses soeurs.
Je vous aime et je veux dormir, soyez cl?mentes: Je ne troublerai pas votre calme immortel Et, l?-bas, j'oublierai, loin du jour et du ciel, La bouche rouge des amantes.
LE DIEU MORT
Une ?toile, une seule ?toile. O fun?railles Royales! solitude o? la gloire mourait Sur un b?cher perdu derri?re la for?t, A l'?cart des drapeaux, du glaive et des batailles.
Le h?ros s'en allait sans pourpre, enseveli Dans une soie ?teinte et dans les tresses rousses Des captives et des amantes: l?vres douces Et voraces, vous qui buviez le sang p?li,
Vers quels baisers souriez-vous? Vers quelles f?tes Sonne d?j? l'appel de vos chants oublieux? Ah, mensong?res! pour des larmes en vos yeux, Il fallait l'apparat de c?l?bres d?faites
Et l'horreur des clairons d?chirant le ciel noir, Pour tordre avec des cris de pleureuses lou?es Vos corps, mimes en deuil sous le vol des nu?es, Parmi la rouge odeur des torches dans le soir.
Mais nul regard viril n'a, du haut des murailles, Avidement cueilli la fleur de vos bras nus: Vous avez fui. Le roi ne s'?veillera plus. Une ?toile, une seule ?toile. O fun?railles.
RUINES
L'illustre ville meurt ? l'ombre de ses murs; L'herbe victorieuse a reconquis la plaine; Les chapiteaux bris?s saignent de raisins m?rs.
Le barbare enroul? dans sa cape de laine Qui pa?t de l'aube au soir ses chevreaux outrageux Foule sans frissonner l'orgueil du sol Hell?ne.
Ni le soleil oblique au flanc des monts neigeux Ni l'aurore dorant les cimes embrum?es Ne r?veillent en lui la m?moire des dieux.
Ils dorment ? jamais dans leurs urnes ferm?es Et quand le buffle vil insulte insolemment La porte triomphale o? passaient des arm?es,
Nul glaive de h?ros apparu ne d?fend Le porche d?vast? par l'hiver et l'automne Dans le tragique deuil de son ?croulement.
Le sombre lierre a clos la gueule de Gorgone.
PAR LA NUIT D'AUTOMNE
Par l'automnale nuit la terre se r?signe, Muette sous le fait des ombres tumulaires: Nul astre en qui survive un espoir d'aubes claires, Un espoir de matin crevant son oeuf de cygne.
Les soleils d'autrefois fermentent dans la vigne.
Maintenant au pas sourd de noires haquen?es, Sans faire g?mir l'herbe ou r?sonner la roche, Tel qu'une chevauch?e impitoyable, approche Le troupeau saccageur des supr?mes journ?es.
Un parfum triste vient des grappes condamn?es.
Demain l'or et le sang des ?toiles sublimes Seront d?shonor?s par la soif de la horde; Mais voici qu'une pluie invisible d?borde Et tombe lentement des sinistres ab?mes.
Serait-ce pas les Dieux qui pleurent leurs vieux crimes?
O Dieux, je ne sais pas quel L?th? vous enivre De poisons plus amers que le fiel des L?mures: Que vous importe ? vous, la mort des grappes m?res Et le viol raill? par le bruit vil du cuivre?
Les pampres dess?ch?s ne veulent pas revivre.
SOLITUDE
C'est un grand silence apr?s le chant du cor, Comme dans les villes mortes O? les chats peuvent encor R?ver sur le seuil des portes.
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