Read Ebook: La lyre héroïque et dolente by Quillard Pierre
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Ebook has 781 lines and 34237 words, and 16 pages
C'est un grand silence apr?s le chant du cor, Comme dans les villes mortes O? les chats peuvent encor R?ver sur le seuil des portes.
Sous le dais noir de la nuit Les rois radieux, les belles chevauch?es Foulaient dans l'or et le bruit Le sang des roses fauch?es.
Des femmes embaumaient l'air Parmi le velours des porches; Nous voyions couler la r?sine des torches Sur les gantelets de fer.
Mais les heures sont pass?es De la joie et du d?cor Et dans nos ?mes lass?es C'est un grand silence apr?s le chant du cor.
PAROLES SUR LA TERRASSE
Des reines blanches inclin?es Aux balustrades d'am?thystes Pour fleurir la mort des journ?es Effeuillent des glycines tristes.
Fleurs plus br?ves que les plus br?ves, Vains thyrses que le vent spolie, Les noirs flots sans rives ni gr?ves Emportent leur cendre p?lie;
Et c'est le deuil d'un double automne, Soir du jour et soir des feuill?es, Qui d?vaste l'ombre et frissonne Dans les ramilles d?pouill?es.
Des pas glissent sur la terrasse; Une ?toffe roide s'y froisse; Les voix que la nuit bl?me efface Tremblent d'adieux, meurent d'angoisse,
Et cygnes chass?s de tout fleuve, S'en vont f?briles et bless?es, Sans que la t?n?bre s'?meuve Aux cris des ?mes d?laiss?es.
L'AUTOMNE A D?NUD?...
L'automne a d?nud? les gl?bes et le soir, Un soir d'exil et de mains d?sunies, S'approche ? l'horizon des plaines infinies, Roi d?v?tu de pourpre et spoli? d'espoir.
O marcheur aux pieds nus et las qui viens t'asseoir Sans compagnon, parmi les landes d?fleuries, Pr?s des eaux mornes, quelles m?mes agonies Alourdissent ton front vers ce triste miroir?
Je le sais, tout se meurt dans ton ?me d'automne. Laisse la nuit prendre les fleurs qu'elle moissonne Et l'amour d?faillant d'un coeur ensanglant?,
Pour qu'apr?s le sommeil et les ombres fid?les Les clairons triomphaux de l'aube et de l'?t? Fassent surgir enfin les roses immortelles.
LES VAINES IMAGES
PSYCH?
Petite ?me, Psych? m?lancolique, dors, Lys d'aurore surgi des heures t?n?breuses, Tes bras souples et frais et tes l?vres heureuses Ont rajeuni mon coeur et r?joui mon corps.
Et tu m'as cru, petite ?me blanche et farouche, Tel que ton d?sir vierge encore me voulait Pendant tes longs baisers de miel pur et de lait, Tant que l'ombre a menti comme mentait ma bouche.
Nulle parole et nulle ?treinte et nul baiser N'ont trahi la douleur secr?te du cilice; Mais ?veill?e avec l'aube r?v?latrice Tu fr?missais, Psych? fragile, ? te briser,
Si le jour d?sillant ta paupi?re sereine Au lieu du doux vainqueur que r?vait ton ?moi Te d?celait mes poings crisp?s m?me vers toi Et mes yeux ?perdus de col?re et de haine;
Car je te hais de tout ton amour, ? Psych?, Pour les jours ? venir et les futures heures Et les perfides flots de larmes et de leurres Qui jailliront un jour de ton ?tre cach?.
Mais avant que la nuit divine m'abandonne, Avec le dur m?tal des gouffres sid?raux Je forgerai le masque amoureux d'un h?ros, Rieur comme l'Avril, grave comme l'automne;
Mort vivant sur les l?vres mortes d'un vivant, Le masque couvrira ma face convuls?e; Et maintenant que l'aube ?clate! O fianc?e Chez qui la femme, h?las! va survivre ? l'enfant.
Eveille-toi, rouvre ta bouche qui s'est tue, Tu n'entendras de moi que paroles d'orgueil Et je me dresse sous les morsures du deuil Laur? d'or et pareil ? ma propre statue.
?LIANE
Des jours et puis des jours ont fui. Je me souviens De cette joie ainsi que de quelque ?trang?re Et c'est une f?erie encor que j'exag?re De tout le deuil enclos dans les plaisirs anciens.
Mais nos baisers furent les fruits des Hesp?rides Dont nous avons m?ch? la cendre, seulement La cendre! le verger solitaire et charmant N'a pas calm? la soif de nos l?vres arides.
D'autres sont revenus semblables ? des dieux De l'?le o? par orgueil nous nous aventur?mes; Les guirlandes d'amour alourdissaient leurs rames Et la gal?re en fleurs ?merveillait les yeux.
Je ne jalouse pas leurs fanfares de gloire Ni les pavois ni les ?tendards ?ploy?s Dont l'ombre rouge flotte aupr?s des boucliers: Leur songe ?tait moins beau que notre ivresse noire,
Et j'erre en ce jardin fouett? du vent brutal, Plus fier que les h?ros aux soirs d'apoth?oses, Tandis qu'autour de moi les nostalgiques roses S'effeuillent vainement vers l'Orient natal.
Je t'aimais et les dieux ont d?nou? nos bras, Et nous vivons ? la d?rive au cours des heures; Et je ne t'entends plus quand tu ris ou tu pleures: Mais je viendrai vers toi quand tu m'appelleras.
A la d?rive! des palais au bord des fleuves, D'imp?rieuses voix m'invitent, dans la nuit Et par les aubes; mais qu'importe? l'eau s'enfuit Et je ferme mes yeux aux chevelures veuves.
Je sais: l'h?tellerie est pleine de buveurs: Au mur rit la lambrusque et la rose tr?mi?re Et les raisins gonfl?s d'aurore et de lumi?re Versent les vieux soleils dans les cerveaux r?veurs.
Les sveltes baladins, les joueuses de lyre Et les masques d'amour y glissent dans le soir Et la terrasse est vide o? je pourrais m'asseoir: Je n'aborderai pas aux perrons de porphyre;
Nulle reine en manteau de pourpre et d'argent clair Ne tendra sur le seuil ses l?vres vers ma bouche; Voile noire, car?ne noire, ombre farouche, La nef sans gouvernail s'en va jusqu'? la mer
Et je m'endormirai parmi les vagues vertes, Parmi les mornes flots sans borne, ? moins qu'un soir, Sur une rive heureuse, au sommet de la tour Dominant la vall?e et les terres d?sertes,
Tu ne paraisses dans ta robe de soleil Et tu ne m'offres en un geste qui pardonne Tes cheveux ?ploy?s plus riches que l'automne Et les baisers anciens plus doux que le sommeil.
Je ne sais plus dans quels chemins ni sous quels cieux La reine de mon coeur, la reine de mes yeux, La souveraine de mes larmes ignor?es, Qui tord en ses cheveux l'or fauve des vespr?es, Passa sans un regard vers mon front en exil Comme un soleil d'hiver oublieux de l'avril.
H?las! les lys sont morts; les roses sont fan?es; L'impitoyable deuil d?fleurit les ann?es. Elle ne conna?t plus les choses d'autrefois; Son oreille infid?le a d?sappris ma voix, Ma voix tremblante et les paroles murmur?es Et le frissonnement des ?treintes sacr?es.
Et maintenant, et maintenant! je veux en vain M'interdire les jours et le pass? divin. Ma l?vre qu'elle sut d?licate nagu?res Est chaude d'une bouche et de baisers vulgaires Et j'ai bu pour marcher dans l'ombre de la mort Le vin des matelots et des hommes du port.
Mais cette ivresse est triste, ? reine, et je t'implore. Reviens, fais resplendir la gloire de l'aurore. Jette sur les bois nus un manteau de printemps Et pare les sentiers des roses que j'attends.
Sois bienveillante; ou si les beaux jardins des r?ves Sont clos pour jamais, soit! les heures seront br?ves O? je vivrai dans la lumi?re et dans le bruit, Et je descendrai seul les marches de la nuit.
Par quelle cruaut? des implacables dieux? Si loin des jours royaux et pavois?s de joie, Un soleil tel que les anciens soleils flamboie Et tes cheveux en fleur ?pouvantent mes yeux.
Parmi le deuil h?las! et les ombres tombales, Que me veux-tu, sourire imp?rieux encor Qui fais se r?veiller avec un sursaut d'or Le prestige menteur des aubes triomphales?
Oui: tes l?vres m'?taient douces pr?s de la mer Et sur la fauve gr?ve o? dormaient les car?nes Gonflaient d'un chant si pur les conques des Sir?nes Que des oiseaux neigeaient autour de toi dans l'air
Et que le souvenir des ailes ?ploy?es Palpite en mes regards ?blouis. O rayons Eteints! vols disparus d'aigles et d'alcyons! Voix morte d?sormais sur des l?vres souill?es!
Voix morte et pour moi seul vivante: je voudrais Ne plus l'entendre et que la terre dev?nt noire Et que la nuit sereine englout?t la m?moire De ta beaut? semblable aux roses des for?ts.
Mais l'ombre d?cevante est encore hant?e Par les dieux importuns qui d?fendent l'oubli Et la poignante fleur au calice p?li Sollicite toujours ma bouche ensanglant?e.
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