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Read Ebook: Mémoire sur les avantages qu'il y auroit à changer absolument la nourriture des gens de mer by La Coudraye Chevalier De Poissonnier Desperri Res Antoine

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Ebook has 90 lines and 20931 words, and 2 pages

M?MOIRE

SUR LES AVANTAGES

A CHANGER ABSOLUMENT

DES GENS DE MER.

A VERSAILLES,

DE L'IMPRIMERIE DE L'H?TEL DE LA GUERRE.

M?MOIRE

Je crois avoir prouv?, dans mon Trait? des maladies des Gens de mer, que les salaisons dont les Matelots font usage, sont la principale cause du scorbut & des autres maladies qui les affligent. Les M?decins & les Chirurgiens sont p?n?tr?s de cette v?rit?, & les Officiers de la marine en paroissent convaincus; mais ce n'est pas assez, il faut encore qu'elle frappe les personnes dont l'autorit? peut seule op?rer avec plein succ?s une r?forme avantageuse ? l'humanit?, & par cons?quent pr?cieuse ? l'?tat.

Pour ?tablir la n?cessit? de cette r?forme, j'employerai plus de faits que de raisonnemens: les faits portent la conviction dans l'esprit, & terrassent le pr?jug?; les raisonnemens les plus solides, combattus par des raisonnemens sp?cieux pr?sent?s avec art, ne produisent plus que des doutes & des incertitudes. Il n'appartient qu'? l'exp?rience de les dissiper victorieusement.

On convient g?n?ralement que les substances animales, quoique sal?es, sont susceptibles d'une d?g?n?rescence visible, qui ne peut qu'acc?l?rer la tendance qu'ont ? la d?composition toutes les liqueurs du corps humain: ceux qui ne se nourrissent que de ces substances, sont n?cessairement plus expos?s que les autres hommes ? ces maladies putrides, pour lesquelles j'ai tant recommand? le r?gime v?g?tal. Il seroit donc essentiel d'introduire parmi les Matelots, l'usage ordinaire d'alimens propres ? ?carter le scorbut, maladie cruelle qui fait un si grand nombre de victimes. La Nature offre des substances d'une qualit?, non-seulement plus salubre, mais m?me plus agr?able que celles qui jusqu'ici ont obtenu la pr?f?rence, & qui m?ritent l'exclusion. Le r?gime v?g?tal, enseign? par la raison, avoit d?j? pour lui d'heureuses ?preuves: mais de nouveaux faits viennent d'en constater la bont? d'une mani?re si frappante, qu'il n'est pas possible de se refuser ? l'?vidence, & qu'elle doit entra?ner tous les suffrages pour changer la nourriture des Matelots.

En 1759, l'escadre de M. le Comte d'Ach? manquant de provision de toute esp?ce, tous les ?quipages ne subsist?rent, pendant pr?s de trois mois, qu'avec du riz cuit ? l'eau sans autre assaisonnement. Le vin, le biscuit, la farine & les salaisons manquoient absolument, & les Matelots furent r?duits ? l'eau & ? une tr?s-petite quantit? d'eau-de-vie de riz: malgr? cela, M. le Breton, Chirurgien-major, & plusieurs autres personnes de l'escadre, ont assur? que les ?quipages ne s'?toient point ressenti de cette disette apparente, & qu'? un peu de r?pugnance pr?s que les Matelots avoient d'abord montr?e pour cette nourriture fade, on ne pouvoit rien dire qui ne f?t ? son avantage.

Tout le monde sait que nous sommes oblig?s de tirer les salaisons de l'Etranger; d'o? na?t le double inconv?nient, de lui payer par-l? une sorte de tribut, & de d?pendre de lui dans une partie essentielle ? la c?l?rit? des armemens.

L'avantage qu'il trouve dans cette branche de son commerce avec nous, est d'autant plus fort, que les salaisons servent aussi ? alimenter nos Colonies du Vent, o? l'on n'a pas assez de boeufs pour fournir de la viande fra?che ? tous les habitans.

Quand les vues que je prends la libert? de proposer, n'auroient pour objet que de conserver dans le Royaume les sommes dont nous enrichissons nos rivaux, la politique ne balanceroit pas ? les adopter. Mais l'utilit? de ce projet patriotique & ?conomique ne se borne pas l?; une diminution dans la d?pense des approvisionnemens sera le fruit de son ex?cution. Les prix des substances farineuses & l?gumineuses sont bien au-dessous de celui des viandes sal?es. Qu'une partie du produit de cette ?pargne soit employ?e ? l'achat des ingr?diens propres ? les assaisonner, on en fera des mets infiniment plus agr?ables au go?t des ?quipages, que ceux que peuvent fournir les substances animales dont on les nourrit: nous en avons d?j? des exemples, & il est facile de les multiplier.

Les approvisionnemens en substances farineuses & l?gumineuses ont encore, sur les viandes sal?es, l'avantage de se conserver tr?s-long-temps ? la mer sans s'alt?rer: c'est sur-tout dans le service des H?pitaux, que l'usage de ces substances se trouve li? ? l'int?r?t de l'?tat, par le prompt r?tablissement des malades, & par leur conservation; un r?gime tr?s-dispendieux, inutilement suivi, pour la curation d'un grand nombre de gens de mer, atteints de maladies putrides, va nous en donner un nouvelle preuve.

L'escadre de M. de l'Eguille, compos?e de trois vaisseaux de guerre, d?pensa, pour les h?pitaux particuliers qui furent ?tablis ? Rio-Jane?ro, sept cens mille livres en deux mois & demi, dans un pays o? les substances animales ne sont pas ? un prix bien haut: malgr? cette d?pense, on perdit beaucoup de monde, tandis que les malades qui ?toient aussi nombreux dans l'escadre de M. de Marni?res se r?tablirent tous ? la mer avec du riz, & ? tr?s-peu de frais.

Des faits si nombreux & si bien constat?s, pourroient-ils laisser l'ombre de doute sur la n?cessit? de changer la nourriture des Matelots, & sur les grands avantages que pr?sente la nourriture v?g?tale? On ne s?auroit trop en ?tendre l'usage, non-seulement parmi les gens de mer, mais encore parmi les troupes de nos Colonies. Quoi de plus incons?quent que de nourrir des Soldats avec des viandes sal?es, dans des pays tr?s-chauds, o? toutes les humeurs tendent ? l'alkalescence, & ? une acrimonie putride! Ces sortes d'alimens n'ont-ils pas d?j? atteint les premiers degr?s d'une d?pravation, qui ne peut que se continuer dans les vaisseaux de l'?conomie animale? Quel d?sordre n'y causent pas infailliblement des substances indigestes & vici?es, quand on en fait sa nourriture ordinaire? Les farineux & les l?gumineux seront au contraire une ressource assur?e contre les maladies qui enl?vent dans nos Colonies un si grand nombre d'hommes pr?cieux: je n'ignore pas quelle est la force de l'habitude & du pr?jug?; mais peuvent-ils ?tre de quelque poids, quand il s'agit du salut & de la conservation de l'espece humaine? Si l'on croyoit cependant devoir quelqu'?gard au pr?jug? & ? l'habitude; s'il sembloit plus convenable de les d?truire pied ? pied par la conviction, que de les renverser tout d'un coup par l'autorit?, on peut ne pas exclure d'abord toutes salaisons de l'approvisionnement des Matelots, mais seulement en diminuer beaucoup l'usage; ils s'accoutumeront insensiblement, & m?me assez promptement, ? une nourriture incomparablement plus saine, & finiront par pr?f?rer le r?gime v?g?tal ? tout autre, pourvu qu'en leur procurant les moyens de le varier par divers assaisonnemens, on pr?vienne une trop constante uniformit?, qui pourroit produire la r?pugnance & le d?go?t.

Voici ce que je propose pour y parvenir.

Le Dimanche & le Jeudi ? d?ner.

La moiti? de la ration ordinaire de lard, & quatre onces de riz pour chaque homme.

Le Lundi & le Vendredi.

Cinq onces de riz ? d?ner par chaque homme, assaisonn? avec une demi-once de sucre & un peu de gingembre.

Le Mardi, le Mercredi & le Samedi ? d?ner.

Six onces de lentilles assaisonn?es avec des oignons confits au vinaigre, le sel & une demi-once d'huile, ou six onces de f?ves blanches, ou six onces de pois.

Les soupers seront compos?s comme ? l'ordinaire, avec cette diff?rence, qu'au lieu d'huile d'olive, on donnera, pour assaisonner la soupe, une once d'oseille pr?par?e au beurre.

Dans les cas o? l'on ne pourra pas donner la soupe ? l'?quipage, on y substituera la ration de fromage, ou deux onces de miel.

On voit que je supprime les trois repas de morue, & deux de viande sal?e.

L'acquisition de ces denr?es ne sera ni difficile, ni dispendieuse; leur plus grande consommation en augmentera la culture dans le Royaume, & rendra plus florissante cette branche du commerce int?rieur: les assaisonnemens sont tellement combin?s avec les alimens, qu'en flattant le go?t, ils concourent au m?me but, & l'atteignent, par leur association, d'une mani?re tout-?-la-fois plus s?re & plus agr?able, que par l'usage qu'on en feroit s?par?ment. On ne peut douter que la Marine marchande ne saisisse avec empressement une pratique qui r?unira les trois objets les plus importans pour la Navigation; une ?conomie dans la d?pense de leurs approvisionnemens, la facilit? d'en pr?venir l'alt?ration, la conservation des forces, de la sant? & de la vie des Matelots; & comme la Marine marchande est l'?cole o? ils se forment pour la Marine royale, ils passeront dans les vaisseaux du Roi tout accoutum?s ? un r?gime dont ils auront ?prouv? les plus heureux effets.

OBSERVATIONS

SUR LE M?MOIRE

DE M. POISSONNIER DESPERRI?RES,

Tout le monde paro?t convenir que rien n'influe plus puissamment & plus promptement sur le temp?rament & la sant?, que la qualit? des vivres dont on se nourrit: mais plus cette v?rit? a de force, plus il importe d'examiner scrupuleusement toute nouveaut? ? cet ?gard, sur-tout dans les vaisseaux o? les vivres toujours les m?mes ne donnent point de rel?che ? leur influence, & o? l'on ne pourroit souvent, de plusieurs mois, corriger leur d?fectuosit?, soit en les m?langeant, soit en les changeant tout-?-fait.

Dimanche & Jeudi ? d?ner.

Trois onces de lard cuit avec quatre onces de riz par chaque homme.

Lundi & Vendredi ? d?ner.

Cinq onces de riz pour chaque homme, assaisonn? avec une demi-once de sucre & un peu de gingembre.

Mardi, Mercredi & Samedi ? d?ner.

Six onces de lentilles, ou de f?ves blanches, ou de pois alternativement assaisonn?s avec du sel, une demi-once d'huile pour chaque homme, & des oignons confits au vinaigre.

Les soupers seront compos?s comme ? l'ordinaire, avec cette diff?rence, qu'au lieu d'huile d'olive, on donnera, pour assaisonner la soupe, une once d'oseille pr?par?e au beurre.

Dans le cas o? l'on ne pourra pas donner la soupe ? l'?quipage, on y substituera la ration de bon fromage, ou deux onces de miel.

Nous nous conform?mes ? l'ordre de la Cour, ? quelques diff?rences pr?s, occasionn?es par la n?cessit?. On ne donna de lentilles qu'aux malades; l'oseille fut pr?par?e dans du saindoux, & le fromage ordinaire d'hollande fut celui que l'on embarqua: point de bouillon au reste, ni aucune viande fra?che destin?e pour les malades; le gruau, les v?g?taux ?toient pour eux, comme pour les autres, la seule nourriture.

Lorsqu'avant la campagne je lus, pour la premi?re fois, le M?moire de M. Desperri?res, je fus s?duit par les apparences plausibles du bien qui devoit en r?sulter. Cette nourriture me paroissoit plus saine, plus vari?e, & pr?f?rable ? tous ?gards: les premiers d?go?ts des Matelots me parurent d?plac?s; & ce n'est que la pratique & une inspection suivie qui m'ont enfin d?tromp? & ramen? au point, qu'aujourd'hui je regarde cette nouvelle m?thode, non-seulement comme n'attaquant point le germe du scorbut, mais m?me comme mal-saine & dangereuse ? pratiquer, ? cause des accidens qui accompagnent n?cessairement l'embarquement des l?gumes. D?s les premiers jours de notre travers?e, en effet, un grand nombre de Matelots fut attaqu? d'aigreurs d'estomac, de cours de ventre, de coliques & de points de c?t?. Ils l'attribu?rent eux-m?mes au changement subit de mani?re de se nourrir; & ce ne fut qu'? la diminution de leurs forces, qu'ils commenc?rent ? se lasser & ? s'inqui?ter. J'allois souvent sur le gaillard d'avant voir & questionner, & j'eus lieu de me convaincre qu'il ?toit vrai, & que la poulaine ?toit tr?s-fr?quent?e, & qu'au bout de quelques jours le d?go?t & la crainte avoient d?j? fait tant de progr?s, que beaucoup ne se nourissoient plus que de leur pain tremp? dans du vin, ou mang? avec une gousse d'ail & du sel.

Cette diminution des forces de nos Matelots devint si sensible, que m?me un s?jour de trente-sept jours ? Malaga ne les leur rendit point, quoique nous y fussions dans la saison du raisin, que la p?che y f?t abondante, & qu'ils se fussent presque tous endett?s dans cette rel?che, afin de faire un peu tr?ve au r?gime v?g?tal. A notre arriv?e ? Brest, dix-neuf jours apr?s avoir quitt? les c?tes d'Espagne, leur visage repr?sentoit encore assez bien l'?tat de quelqu'un qui sort de faire un car?me exact & rigoureux. Toujours en manoeuvrant, & surtout vers la fin de la campagne, avions-nous ? nous plaindre de la lenteur de l'ex?cution: nous en cherchions la cause dans le frottement des vergues & des manoeuvres; mais ce frottement ne pouvoit point encore avoir augment? depuis le d?part, & je ne doute point, moi, qu'elle n'exist?t dans cette diminution de force chez chaque individu; diminution sans doute funeste, si nous avions ?t? dans un climat rude & brumeux. Pour s'en convaincre, au reste, qu'on jette la vue sur l'?tat des malades dont j'ai ajout? une liste ? la suite de ce M?moire, on sera ?tonn?, sans doute, de voir, pendant une campagne aussi douce & aussi courte, presque tous les gens de l'?quipage passer successivement au poste des malades, de les voir tous attaqu?s d'une m?me fievre petite, & ne paroissant venir que de lassitude, qui diminuoit & se passoit au bout de quelques jours de cessation de travail: on sera ?tonn? de voir qu'ils y ?toient plus sujets, ? mesure que la campagne devenoit plus longue. Et ne semble-t-il pas, d'apr?s cet exemple, que l'on seroit menac? de voir tout l'?quipage sans force, & r?duit ? un ?tat d'inanition, s'il se trouvoit quelques jours de suite d'un travail forc??

Le go?t des hommes doit-il enfin ?tre compt? pour rien? La r?pugnance qu'ont eue g?n?ralement tous nos Matelots pour le r?gime v?g?tal, doit-elle ?tre absolument n?glig?e? Cette nourriture leur est si peu famili?re, & quelque attention que l'on puisse avoir ? la chaudi?re, il est si difficile que du riz & des l?gumes soient bien assaisonn?s, qu'ils ne contractent point l'odeur & le go?t de fum?e, & qu'ils ne se ressentent point du cuisinier qui les pr?pare, que leur d?go?t ne doit point surprendre. Deux fois, pendant la campagne, malgr? toutes les pr?cautions que l'on ne n?gligeoit point, on fut oblig? de faire d?fendre de manger le riz d?j? distribu?, parce qu'il se trouva dans la chaudi?re du verd-de-gris. La seconde fois, ? la v?rit?, la quantit? en ?toit si petite, que l'on jugea qu'elle ne pouvoit nuire: mais e?t-elle ?t? plus forte, elle n'e?t pas au reste incommod? beaucoup de monde; plus du tiers de l'?quipage n'en mangeoit point du tout, & le reste en mangeoit tr?s-peu. Deux mois avant la fin de la campagne, on trouvoit d?j? dans les oignons confits des vers d'une grosseur & d'une forme tout-?-fait d?go?tantes, & qui faisoient fort redouter d'avoir ? la distribution le fond de la chaudi?re. Plusieurs quarts de ces oignons se sont trouv?s g?t?s en entier; & de tout le r?gime, l'oseille seule s'est bien conserv?e, & a fait le meilleur effet. On ne peut pas se flatter cependant que les fournitures seroient faites dans la suite avec le m?me soin qu'on apporta aux n?tres, qui ?toient pr?par?es pour un essai, & par une personne int?ress?e qui avoit eu ? lui tout le tems n?cessaire.

Que l'on recueille tout ce que je viens de dire; qu'au lieu de naviguer vers les tropiques & aux c?tes d'Espagne, on se transporte dans les brumes du Grand-banc, dans les glaces du Canada, & dans les pluies & les coups de vent de nos climats; que l'on imagine un vaisseau tenant la mer pendant long-tems, & sans rel?cher; qu'on se repr?sente sur-tout les fatigues d'une voie d'eau & les alertes continuelles qu'occasionnent, pendant la guerre, les branle-bas, &c. Croit-on alors que le r?gime v?g?tal substantera suffisamment les Matelots, & peut-on de bonne foi n'appercevoir aucun inconv?nient ? ne fournir qu'une livre & demie de viande par mois ? des gens accoutum?s ? se nourrir de viande?

J'ajouterai encore un inconv?nient r?sultant de cette nourriture; c'est l'encombrement. Il semble qu'on l'avoit bien senti, car au projet du r?gime v?g?tal, on ajouta celui de cesser de fournir en nature la demi-ration de suppl?ment que le Roi accorde aux Officiers Mariniers, & il fut r?solu qu'on la leur payeroit en argent. Personne sans doute ne croit voir d'inconv?nient ? ce nouveau moyen; & c'est bien une preuve qu'il faut ? tout l'approbation de l'exp?rience. Qu'on sache donc que la ration est pay?e par le Roi treize sols quatre deniers ? la Compagnie des vivres, & que la demi-ration de suppl?ment ne fut pay?e ? notre ?quipage que sur le pied de quatre sols trois deniers, quoiqu'il e?t ?t? fait des repr?sentations ? cet ?gard, & que l'Intendant de Saint-Domingue, indign? de la pr?tention de la Compagnie des vivres qui s'?toit d?j? d?clar?e par l'organe de notre Ecrivain, e?t commenc? par ordonner le paiement de deux mois de demi-ration ? neuf livres par mois, ou six sols par jour. Apr?s cela, pourroit-on, sans quelque peine, & ? moins de voir un avantage d?cid? & complet dans la nouvelle nourriture, consentir ? laisser soustraire ? nos Ma?tres une partie du fruit de leurs services & de leur m?rite? Et qui pourroit r?pondre que l'on ne diminu?t encore, & que l'on ne v?nt peut-?tre ? supprimer tout-?-fait cette pr?rogative qui leur donne de la consid?ration, & qui seule d?termine grand nombre de Matelots ? s'attacher au service du Roi, & ? s'efforcer d'obtenir le m?rite d'Officier Marinier?

Je n'?tendrai point davantage ce M?moire, & je ne chercherai point ? prouver ce que j'ai dit plus haut, que la plupart des faits du M?moire de M. Desperri?res ?toient exag?r?s: il me paro?troit fort ?tonnant, qu'aussi loin des ports, il e?t ?t? plus fid?lement instruit. Excit? cependant par l'int?r?t particulier que tout Officier de la Marine doit ? la conservation & ? la sant? des Matelots, je demande ? l'Acad?mie un examen; & cet examen est aujourd'hui d'autant plus n?cessaire, que d?j? la Cour envisage de bon oeil & croit avantageux le r?gime v?g?tal sur les comptes qu'en a rendus notre Chirurgien, sur le silence de l'?tat-Major, bien convaincu, ainsi que moi, de ses inconv?niens, & sur quelques autres circonstances particuli?res qu'il est tr?s-temps de combattre.

M?MOIRE

A M. DE LA COUDRAYE,

Nous croyons devoir r?pondre ? ce M?moire, moins par amour propre d'auteur, que par z?le pour l'int?r?t public.

M. de la Coudraye, qui assure avoir suivi avec beaucoup d'attention les effets du r?gime v?g?tal sur les individus qui y ?toient assujettis, n'h?site pas de prononcer que ce r?gime est pernicieux, & que l'on doit mettre sur son compte le grand nombre de maladies qui ont r?gn? dans l'?quipage de la fr?gate. Il assure que ses observations sont impartiales, qu'il ?toit m?me partisan du r?gime v?g?tal, & que le bien seul de l'humanit? est le motif qui lui fait ?lever la voix contre une nouveaut? qu'il croit tr?s-dangereuse.

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