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Read Ebook: Le Tour de l'Espagne en Automobile Etude de Tourisme by Marge Pierre

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Ebook has 772 lines and 62031 words, and 16 pages

Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.

LE TOUR DE L'ESPAGNE en Automobile

DU M?ME AUTEUR:

PARIS TYP. PLON NOURRIT ET Cie, 8, RUE GARANCI?RE.--12599.

PIERRE MARGE

LE TOUR DE L'ESPAGNE EN AUTOMOBILE

ETUDE DE TOURISME

PARIS LIBRAIRIE PLON PLON-NOURRIT et Cie, IMPRIMEURS-?DITEURS 8, RUE GARANCI?RE--6e

Tous droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous pays.

Published 16 July 1909.

Privilege of copyright in the United States reserved under the Act approved March 3d 1905 by Plon-Nourrit et Cie.

Pierre MARGE.

LE TOUR DE L'ESPAGNE EN AUTOMOBILE

Si tel est l'avis de l'?minent ?crivain, qui fit en effet son voyage en ?t?, ce n'est certes pas celui de maints officieux qui, apprenant que je partais pour la vieille Ib?rie au mois d'ao?t, n'ont pas manqu? de me dire:

--Mais vous ?tes fou d'aller en Espagne en ?t?; sachez que la chaleur y est torride, insupportable.

--Qu'importe, nous nous v?tirons l?g?rement, ai-je r?pondu.

--Vous attraperez des insolations.

--Nous nous coifferons de larges panamas!

--Apprenez que dans ce pays les h?tels sont d'une salet? repoussante, vous serez d?vor?s par les petites b?tes.

--Nous emporterons de la poudre insecticide!

--Les chemins y sont affreux, vous casserez votre automobile, vous ne pourrez achever votre voyage.

--Les mauvaises routes me connaissent, mon auto ne se cassera pas et duss?-je aller doucement, je passerai partout et finirai parfaitement mon voyage, ai-je encore reparti de l'air le plus tranquille.

C'est incroyable ce qu'avant chaque d?part pour un de mes longs voyages en automobile j'ai trouv? de gens--auxquels je ne demandais rien du tout--qui se sont charg?s de me pr?dire mille difficult?s. On dirait franchement que ceux qui restent aimeraient obliger ? rester ceux qui partent.

Et chaque fois que je mettais ces conseilleurs obligeants au pied du mur, leur profonde science s'?vanouissait subitement. L'un d'eux me disait:

--Dans le sud de l'Espagne vous ne pourrez pas passer, il n'y a point de routes et sur les rivi?res point de ponts.

Moi qui avais d?j?, sur place m?me, pris tous mes renseignements, je r?pondis:

--Ah! bah! vous y ?tes all??

--Non, mais on m'a dit!......

Malgr? les sinistres avis qui m'?taient donn?s sur le sort qui nous attendait en Espagne, je n'en continuais pas moins ? faire tous mes pr?paratifs et j'aspirais, avec une impatience f?brile, au moment de me jeter dans cet oc?an de dangers qui m'?tait si gracieusement promis. Je ne me dissimulais pas que c'?tait un voyage dur et difficile que nous allions entreprendre, mais cette difficult? sollicitait nos ?mes ardentes de touristes; c'?tait du vrai sport que nous allions faire, et puis, quels beaux pays, quelles contr?es curieuses nous attendaient!

Inutile de dire que je fis mes pr?paratifs avec des pr?cautions infinies. Je d?cidai de partir sur ma 100 chevaux <> afin d'avoir toujours quelques bons chevaux de r?serve dans les endroits difficiles. J'emportais un arsenal de pi?ces de rechange, un magasin d'approvisionnements divers, une colline de carbure, une fondri?re de graisse, un lac d'huile. Un garde-manger bien garni ?tait capable d'assurer nos estomacs contre tous les risques de je?ne pendant au moins vingt repas... on ne sait jamais o? l'on sera oblig? de faire ?tape et je me rappelais certaine nuit pass?e jadis sans d?ner au sommet du V?l?bit en Dalmatie! Enfin une v?ritable biblioth?que, contenant guides, cartes et plans, devait suppl?er aux indications qui pouvaient ?tre absentes sur les routes espagnoles.

Dimanche, 11 ao?t 1907.

Une claire fanfare me r?veille et le soleil non moins clair me tire de mon lit.

Nous ?tions arriv?s la veille au soir dans cette cit? de Montpellier, toute gaie et si vibrante...

Les fen?tres de nos chambres donnent sur le quartier g?n?ral; c'est une sonnerie de clairons qui m'a r?veill?. En m'habillant je vois le g?n?ral Bailloud sortir du quartier pour aller faire une promenade ? cheval: le Midi est calme maintenant et le commandant du corps d'arm?e qui avait, hier encore, ? r?primer l'?meute mena?ante, peut ? pr?sent prendre quelque repos.

Bien qu'il ne soit encore que 7 heures du matin, le soleil darde des rayons dignes d'?clairer les tropiques. Il va faire joliment chaud aujourd'hui; tant mieux, notre entra?nement n'en sera que plus complet pour supporter les chaleurs d'Espagne qu'on m'a annonc?es. Diable! Mais nous n'y sommes pas encore en Espagne. Et si, ? mesure que nous descendrons dans le Sud, le thermom?tre monte d'une mani?re tant soit peu proportionnelle, nous serons tr?s certainement r?tis ? point avant d'arriver ? Tarifa.

A 8 heures trois quarts nous quittons Montpellier par une excellente route. Il y a quelques ann?es j'?tais venu par ici et je me souviens d'une d?plorable voirie; il y a donc grand progr?s, tant mieux!

La mer bient?t appara?t au loin sur la gauche, son bleu fonc? tranche vigoureusement sur l'azur l?g?rement embrum? du ciel d?j? surchauff?. La route est bord?e de grands arbres, platanes et ormes dont l'ombrage nous sert ? propos et sous lesquels r?gne une opportune fra?cheur. Mes compagnons de bord me f?licitent d'avoir fait planter l? ces bienheureux v?g?taux. Ils me demandent si j'ai fait planter aussi des arbres au bord des routes d'Espagne!...

La campagne est peu accident?e, ? peine quelques ondulations et ce ne sont que vignobles ? droite, ? gauche, en avant, en arri?re. La plante de No? r?gne en souveraine absolue ici; tant que l'oeil peut voir, il ne distingue que les flots verts d'une mer de vignes.

Un peu apr?s B?ziers on traverse le canal du Midi, qui depuis des ann?es ronge son ambition de faire communiquer un oc?an avec une mer et qui, en attendant de porter des cuirass?s, porte des quantit?s de barques charg?es de tonneaux.

La t?te pleine de ces souvenirs, nous nous m?mes ? table. Je ne sais si ces id?es tragiques nous coupaient l'app?tit ou si r?ellement la cuisine de l'h?tel de la Dorade ?tait d?testable, mais tr?s v?ridiquement nous f?mes un bien pi?tre repas.

Apr?s d?jeuner, nous constatons avec terreur que le soleil chauffe de plus en plus; ce ne sont plus des rayons, mais bien des jets de plomb fondu que cet astre cruel verse sans discontinuer sur nos malheureuses t?tes. En route cependant, et cherchons dans le mouvement de l'auto l'air qui manque totalement ici!

A gauche la mer, les ?tangs.

La terre est rouge, les maisons sont rouges, les ch?vres, d'une esp?ce particuli?re, sont rouges, les chiens, les chats, rouges. Tout est rouge ici, sauf la route qui est diablement blanche!

Puis une route ?troite et d?testablement entretenue nous rapproche de plus en plus des Pyr?n?es; les vastes plaines de ce matin ont fait place aux collines et aux ondulations qui font pressentir les hautes montagnes dans lesquelles nous allons entrer tout ? l'heure. La monotonie est maintenant remplac?e par l'int?r?t qu'on rencontre toujours dans les pays montagneux.

MONTPELLIER--BOURG-MADAME: 263 kilom?tres.--J'indique les distances kilom?triques ?tape par ?tape. Les chiffres que je publie sont rigoureusement exacts: ils ont ?t? contr?l?s jour par jour au moyen d'un compteur kilom?trique v?rifi? lui-m?me tr?s souvent. Les distances sont compt?es du centre de la ville de d?part au centre de la ville d'arriv?e pour plus d'exactitude. En Espagne ce contr?le pr?sentera un tr?s r?el int?r?t, car les cartes de ce pays sont souvent erron?es.

Lundi, 12 ao?t.

Les formalit?s douani?res pour l'entr?e provisoire des automobiles en Espagne sont ce que je connais de plus long, de plus compliqu? et de plus exasp?rant. D'abord le bureau du receveur n'ouvre qu'? partir de 9 heures le matin et s'empresse de se fermer ? midi; il est vrai qu'en revanche, le soir, il rouvre ? 3 heures et reste g?n?reusement ouvert jusqu'? 5 heures et demie. Vous voyez combien le pauvre touriste doit faire un calcul de justesse pour viser et traverser la fronti?re juste pendant les courts instants durant lesquels elle se trouve ouverte.

Ignorant ces d?tails, nous avions, par suite d'un effort tout ? fait inaccoutum?, quitt? nos lits depuis 6 heures du matin, car nous aurions voulu arriver pour d?jeuner ? Barcelone; ce fut donc sans peine et avec une ponctualit? digne du meilleur chronom?tre, qu'? 9 heures pr?cises nous arr?t?mes l'auto devant le bureau du receveur; mais nous ignorions encore autre chose, c'est que, si l'heure espagnole retarde sur l'heure fran?aise, les fonctionnaires espagnols retardent d'au moins autant sur l'heure espagnole. Oh! nous n'?tions pas au bout de nos surprises et notre ?ducation de voyageurs en Espagne avait encore grandement ? apprendre pour ?tre parfaite. A 9 heures et demie, le receveur arriva d'un pas mesur? et digne, comme il sied ? la fiert? espagnole: il daigna ouvrir imm?diatement son guichet.

Les formalit?s commenc?rent, elles dur?rent une heure!

Il fallut bien payer, et ? 10 heures et demie, nous quittions Puycerda, libres de porter nos humanit?s o? bon nous semblerait dans ce curieux pays d'Espagne, dont nous avions franchi, enfin, toutes les barri?res.

Apr?s cette ville, la route devient mauvaise, cahoteuse et tr?s poussi?reuse; le chemin de fer n'arrive encore que jusqu'? Ripoll et de Ribas ? Ripoll, l'important charroi de cette r?gion mini?re et agricole se fait par la route qu'il d?fonce d?plorablement. J'ai eu toutes les peines du monde pour d?passer une antique diligence attel?e de sept mules dont la vive allure soulevait plus de poussi?re qu'en France dix autos.

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