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Read Ebook: Histoire de Flandre (T. 4/4) by Kervyn De Lettenhove Joseph Marie Bruno Constantin Baron

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Ebook has 52 lines and 19631 words, and 2 pages

TABLEAU

HISTORIQUE ET PITTORESQUE

DE PARIS.

IMPRIMERIE ET FONDERIE DE J. PINARD, RUE D'ANJOU-DAUPHINE, N? 8.

TABLEAU HISTORIQUE ET PITTORESQUE DE PARIS,

DEPUIS LES GAULOIS JUSQU'? NOS JOURS.

D?di? au Roi Par J. B. de Saint-Victor.

PARIS, LIBRAIRIE DE CARI? DE LA CHARIE, RUE DE L'?COLE-DE-M?DECINE, N? 4, AU PREMIER.

TABLEAU

HISTORIQUE ET PITTORESQUE

DE PARIS.

QUARTIER

SAINT-GERMAIN-DES-PR?S.

Ce quartier est born?, ? l'orient, par les rues Dauphine et de Bussy, du Four et de S?vre inclusivement; au septentrion, par la rivi?re, y compris le pont Royal et l'?le aux Cygnes; ? l'occident, par les extr?mit?s du faubourg et les barri?res qui le terminent, depuis la rivi?re jusqu'? la rue de S?vre.

On y comptoit, en 1789, cinquante-huit rues, deux culs-de-sac, une abbaye et trois communaut?s d'hommes, quatre couvents et deux communaut?s de filles, un coll?ge, trois s?minaires, trois maisons hospitali?res, un pont, quatre quais, les maisons royales des Invalides et de l'?cole-Militaire, etc.

Il e?t donn? lui-m?me l'exemple de cette soumission. La corruption qu'apportoient avec elles ces opinions licencieuses ne s'?toit pas encore introduite dans les entrailles du corps social: jusqu'alors elle n'en avoit attaqu? que les superficies; et, hors des classes sup?rieures de la soci?t?, des parlementaires, et de quelques coteries qui croissoient sous les auspices d'un petit nombre d'?v?ques et d'eccl?siastiques jans?nistes ou gallicans, le catholicisme ?toit partout. La France avoit le bonheur de poss?der un clerg? puissant par ses richesses, et dont par cons?quent l'influence ?toit grande au milieu des peuples, sur lesquels il se faisoit un devoir de les r?pandre. Il ?toit si loin d'avoir adopt? ces maximes d'une pr?tendue ind?pendance, qui le livroient honteusement et sans d?fense aux caprices du pouvoir temporel, que ceux-l? m?me de ses membres, et sauf quelques exceptions, qui d'abord s'y ?toient laiss? s?duire, revenoient d?j? sur leurs pas, effray?s des cons?quences qu'entra?noient apr?s elles ces maximes dangereuses. Au premier signal des deux puissances, cette milice de l'?glise pouvoit encore op?rer des prodiges: le jans?nisme rentroit dans la poussi?re; l'impi?t? seroit demeur?e silencieuse ou se f?t faite hypocrite; l'esprit parlementaire, c'est-?-dire l'esprit de r?volte, e?t ?t? comprim?, et peut-?tre e?t-il fini par s'?teindre. S'aidant, pour atteindre un si noble but, de toutes ces ressources de civilisation et de puissance mat?rielle cr??es par son pr?d?cesseur, et dont celui-ci avoit fait un si funeste usage, le fils a?n? de l'?glise, le roi tr?s chr?tien, pouvoit acqu?rir la gloire incomparable de ranimer pour des si?cles, non pas seulement ce beau royaume de France, mais encore toute la chr?tient? expirante. Ce moyen de salut, le seul qu'il f?t possible d'employer, le duc de Bourgogne ?toit, dit-on, capable de le comprendre et de le mettre ? ex?cution; et nous sommes port?s ? le croire d'un ?l?ve de F?n?lon, celui de tous les ?v?ques de France qui entendoit le mieux cette politique chr?tienne, et qui avoit le mieux saisi toutes les fautes du r?gne qui venoit de finir. La Providence en avoit d?cid? autrement: ce prince fut enlev? ? une nation qui mettoit en lui toutes ses esp?rances; et au milieu des orages que tant de fautes avoient accumul?s sur elle, un enfant en bas ?ge fut assis sur le tr?ne d'o? le vieux monarque venoit de descendre si douloureusement dans la tombe.

Ce prince ?toit n? avec les plus heureuses dispositions, et, dans beaucoup de parties, son ?ducation avoit ?t? extr?mement cultiv?e. Il avoit l'esprit net et p?n?trant, et ce qu'il concevoit clairement et rapidement, il l'exprimoit avec gr?ce et facilit?; il avoit montr? ? la guerre une bravoure et une capacit? qui en auroient fait un grand g?n?ral, s'il e?t eu de plus fr?quentes occasions de commander les arm?es; ses connoissances dans les sciences physiques, dans les lettres, dans les arts, ?toient ?tendues et vari?es; il avoit un fond de bont? naturelle qui le faisoit aimer encore, m?me apr?s qu'on avoit cess? de l'estimer; mais il arrivoit qu'il perdoit l'estime d?s qu'on avoit commenc? ? le mieux conno?tre. Jamais il n'y eut une ?me plus ?nerv?e, plus corrompue par tous les vices qui prennent leur source dans le plus dangereux de nos penchants, celui de la volupt?. Un homme inf?me, qui avoit ?t? son pr?cepteur, et que nous allons voir jouer un r?le si extraordinaire et si scandaleux, l'abb? Dubois, s'?toit fait un jeu et peut-?tre un calcul de d?velopper ces dispositions, malheureusement trop pr?coces dans son ?l?ve; et il les avoit fortifi?es en y ajoutant des le?ons d'ath?isme, dont il faisoit d?s lors secr?tement profession. Cette culture n'avoit que trop profit?; et tels avoient ?t? le d?bordement des moeurs et les jactances irr?ligieuses du jeune prince, au milieu de l'aust?rit? des derni?res ann?es de l'ancienne cour, qu'ils avoient rendus vraisemblables ces horribles soup?ons que le testament du roi venoit de rappeler, et qui s'?lev?rent presque naturellement contre lui, lorsque tant de morts violentes et subites vinrent d?soler la famille royale; et m?me que, dans l'esprit de plusieurs, ces soup?ons ne furent jamais enti?rement effac?s. Ces go?ts voluptueux ?toient devenus plus ardents encore avec l'?ge, et son irr?ligion profonde et inv?t?r?e les rendoit exempts de trouble et de remords. Parce qu'il ?toit n? bon, ses vices ne l'avoient pas fait m?chant, mais l'avoient jet? dans cette indiff?rence du bien et du mal, et dans ce m?pris pour les hommes qui r?sulte de ce retour que fait sur lui-m?me un homme profond?ment corrompu et digne de toute esp?ce de m?pris. Toute id?e de devoir s'?toit effac?e de cette ?me ? ce point d?grad?e; les affaires fatiguoient un prince qui ?prouvoit sans cesse la fatigue des plaisirs, dont les plaisirs ?toient n?anmoins la principale affaire; et ? peine ma?tre de ce pouvoir qu'il avoit vivement d?fendu contre ceux qui vouloient le lui enlever, il cherchoit d?j? ? qui il en pourroit s?rement remettre les soins et les embarras.

Cependant, d?s ces premiers moments de la r?gence, les int?r?ts politiques de l'Europe, renferm?s dans le cercle ?troit des intrigues de cour et des int?r?ts particuliers des princes, se compliquoient de la mani?re la plus ?trange; et il est n?cessaire d'en donner quelque id?e pour bien faire comprendre ce qui se passa en France sous l'administration du duc d'Orl?ans.

Tandis que ces choses se passoient en Espagne, une autre intrigue politique s'ourdissoit ? Paris. Le principal moteur en ?toit ce m?me abb? Dubois, que son ?l?ve venoit de faire entrer au conseil d'?tat, non pas sans quelque r?pugnance, parce qu'il le connoissoit trop bien et qu'il n'avoit pas encore perdu toute pudeur, mais obs?d? par ses continuelles et pressantes sollicitations, et n'ayant pu imaginer d'autre moyen de s'en d?barrasser que de consentir ? tout ce qu'il lui demandoit. Un projet avoit ?t? con?u par cet audacieux aventurier, dans lequel il ne s'agissoit pas moins que de changer toute la politique de la France en l'alliant avec l'Angleterre et en l'?loignant de l'Espagne, projet monstrueux et tellement contraire ? ses v?ritables int?r?ts, aux rapports si naturels o? le pacte de famille avoit plac? les deux puissances et qui ?toient le seul avantage que l'on e?t tir? de la guerre d?sastreuse qui venoit de finir, qu'il sembloit qu'il y e?t m?me de la folie ? l'avoir os? concevoir. Dubois, consomm? dans les intrigues de tout genre, et qui connoissoit ? fond le terrain sur lequel il alloit manoeuvrer, en jugea autrement: peu lui importoit qu'un tel projet f?t utile ou funeste ? la France; sa grande affaire ?toit de se rendre n?cessaire afin de s'?lever plus haut; et d?j? gagn? par l'or de l'Angleterre, dont les diplomates savoient distinguer, partout et d'un oeil s?r, ceux qui avoient le caract?re propre ? les servir, il y trouvoit le double avantage de satisfaire ? la fois son ambition et sa cupidit?.

Cependant, si ce prince e?t voulu, ainsi que le lui conseilloit Villars, prendre, sur le but des armements que faisoit alors cette puissance, des renseignements qu'il lui ?toit facile de se procurer, il se f?t assur? que ces dispositions guerri?res qu'on lui pr?sentoit comme inqui?tantes, n'avoient d'autre but que de reprendre ? l'empereur les ?tats d'Italie que la paix d'Utrecht l'avoit forc?e de lui abandonner pour en faire des souverainet?s aux enfants de la nouvelle reine, qui le d?siroit passionn?ment; et que, pour emp?cher les Anglois de porter secours ? l'empereur, il entroit dans le plan d'Alb?roni de les occuper dans leur ?le, en y faisant passer le pr?tendant avec une arm?e auxiliaire suffisante pour l'y maintenir et rallier ses partisans. Ce ministre dont les vues ?toient fort sup?rieures ? celles qui dominoient alors dans le cabinet des Tuileries, et qui, dans le gouvernement int?rieur de l'Espagne, avoit d?j? d?ploy? une vigueur, une capacit?, une activit? qui n'alloient pas moins qu'? faire sortir ce royaume de l'inertie profonde o? la foiblesse non interrompue de ses princes l'avoit, depuis si long-temps, plong?, et ? lui faire reprendre en Europe le rang qu'il lui appartenoit d'y tenir, ?toit loin de penser, lorsqu'il avoit con?u un semblable projet dont le r?sultat ?toit d'abaisser les ennemis naturels de la France, que le plus grand obstacle qu'il y pourroit rencontrer viendroit de la France elle-m?me, et qu'une politique aussi stupide que celle d'une alliance avec l'Angleterre pr?vaudroit dans le conseil du r?gent: il devoit bien plut?t compter sur sa coop?ration. Ce fut cet obstacle si ?trange et si impr?vu qui, d?concertant un plan bien con?u, utile dans ses principaux r?sultats au repos de l'Europe, et dont le succ?s paroissoit immanquable, le jeta dans les mesures fausses, exag?r?es, qui rendirent sa chute aussi subite et aussi ?clatante que l'avoit ?t? son ?l?vation. Il eut le tort de s'opini?trer ? suivre ses premi?res id?es, et de ne point changer de marche, lorsque tout en changeoit autour de lui.

Telles ?toient alors les intrigues qui agitoient les trois cabinets; et il a ?t? n?cessaire d'entrer ? ce sujet dans quelques d?tails, pour bien faire comprendre les ?v?nements qui vont suivre, et surtout cette influence de l'Angleterre, qui se prolongea si long-temps et qui fut si fatale ? la France.

Cependant le duc d'Orl?ans vouloit tenir la parole qu'il avoit donn?e, aux premiers jours de sa r?gence, de poursuivre les traitants et de leur faire rendre raison des profits ?normes qu'ils avoient faits dans leurs transactions avec le dernier gouvernement. Quelque scandaleux que pussent ?tre ces profits, il est ?vident que c'?toit l? une mesure arbitraire, tyrannique, dans laquelle la foi publique ?toit viol?e; car enfin le gouvernement du feu roi avoit ?t? ma?tre d'accepter ou de refuser les march?s on?reux qui lui avoient ?t? propos?s, march?s sur lesquels avoient d? toutefois influer, et les circonstances malheureuses o? se trouvoit alors la France, et les autres risques que les ?v?nements politiques pouvoient encore faire courir aux pr?teurs ou fournisseurs. Mais des consid?rations prises dans la justice et dans la morale n'?toient pas faites pour arr?ter le duc d'Orl?ans; et tous moyens lui sembloient bons pour r?parer le d?sordre des finances, seule plaie de l'?tat ? laquelle il f?t sensible, parce qu'elle ?toit la seule qui lui caus?t de v?ritables embarras. Il parut donc en 1716 un ?dit portant cr?ation d'une chambre de justice destin?e ? conno?tre de toutes exactions ou malversations en fait de finances, avec plein pouvoir de poursuivre, de taxer, d'emprisonner et m?me de condamner ? des peines afflictives tous ceux qu'elle jugeroit comptables envers l'?tat, et qu'elle auroit appel?s devant son tribunal. Les proc?dures furent d'abord vives, rigoureuses, et la Bastille se remplit de prisonniers. Les premi?res taxes rapport?rent des sommes immenses, et l'on avoit con?u, dans le commencement, de grandes esp?rances; mais les attributions trop ?tendues et trop vaguement exprim?es que l'?dit avoit donn?es ? cette commission r?pandirent bient?t l'alarme dans toutes les classes de la soci?t?, lorsqu'on le vit porter ses recherches sur tous ceux qui avoient pris quelque part aux affaires du feu roi. Des milliers de d?lations, vraies ou fausses, se succ?d?rent tant ? Paris que dans les provinces, et de mani?re ? effrayer m?me les plus innocents. L'argent cessa de circuler; le commerce et l'industrie tomb?rent dans une langueur d?sesp?rante; enfin, apr?s un an d'exercice, il fallut mettre fin ? cette inquisition d?sastreuse qui produisit, presque sans aucun fruit mat?riel pour l'?tat, des maux tr?s r?els pour un grand nombre de familles. De cent quatre-vingts millions que l'on tira des taxes, ? peine la moiti? entra-t-elle dans les coffres du roi; la plus grande partie en fut prodigu?e sans mesure aux courtisans avides, aux agents d'intrigues et aux compagnons de d?bauche dont le r?gent ?toit entour?. Ce fut l? la premi?re marque publique qu'il donna de son indiff?rence pour ce qui ?toit bon et honn?te, de la l?g?ret? de son esprit, et de la foiblesse de son caract?re.

Un ?v?nement extraordinaire, et qui ne pouvoit arriver que sous une semblable administration, h?ta le d?bordement de cette corruption. Les finances, telles que le feu roi les avoit laiss?es, ?toient, nous l'avons d?j? dit, une des plaies les plus profondes de l'?tat, et ce mal venoit de tr?s loin. L'accroissement des imp?ts avoit commenc? d?s la premi?re guerre de Hollande, et depuis ce moment jusqu'? la fin de ce r?gne, tout rempli de guerres, de victoires et de d?faites, ce torrent n'avoit cess? de se grossir, non seulement de taxes nouvelles et ?crasantes pour le peuple, mais encore de toutes ces ressources perfides et d?sastreuses qui sont le savoir-faire des financiers, et dont le r?sultat le plus subtil est de se procurer des capitaux que l'on consomme comme des revenus, pour accro?tre ainsi ses charges, et de ces capitaux et des int?r?ts qu'ils portent avec eux. La dette ?toit encore hors de toute proportion avec les ressources que pouvoit procurer un syst?me d'imp?ts que d'anciens privil?ges, demeur?s immuables lorsque tout changeoit autour d'eux, rendoient l'un des plus mauvais de l'Europe, et d?sormais intol?rable pour les impos?s. La d?pr?ciation des billets d'?tat, qui perdoient alors de soixante ? soixante-douze pour cent, ?toit d?j? une esp?ce de banqueroute anticip?e. La recherche des traitants, loin d'avoir apport? m?me un palliatif ? cette d?tresse, avoit achev? de ruiner le cr?dit public par les rigueurs arbitraires dont nous venons de pr?senter le tableau, et par les dilapidations r?voltantes dont elle avoit ?t? suivie.

Dans ces extr?mit?s, un ?cossais, nomm? Law, se pr?senta au r?gent avec un plan de finances qu'il avoit d?j? essay? de faire valoir aupr?s des ministres du feu roi, et que ceux-ci avoient rejet?. Ce n'?toit autre chose d'abord qu'une imitation de la banque cr??e en Angleterre depuis la r?volution de 1688; et l'on ne peut nier qu'un tel projet, renferm? dans de justes bornes, ne f?t de nature ? produire d'heureux effets, en rendant la circulation des esp?ces plus facile et plus active, en doublant par le cr?dit les ressources de l'?tat et l'industrie des particuliers. Ce fut ainsi que cette banque fut d'abord con?ue: six millions en faisoient le fonds, et dans ce capital ?toient compris trois millions de ces m?mes billets d'?tat si extraordinairement d?pr?ci?s. Ses op?rations, ouvertes le 2 mai 1716, se bornoient ? l'escompte des lettres-de-change, ? l'?change pur et simple de ses billets contre l'argent, et en autres op?rations de ce genre; et il existoit alors, entre ses fonds r?els et l'?mission de son papier, une juste proportion qui gagnoit la confiance g?n?rale et sembloit ranimer toutes les parties de l'?tat. En avril 1717, il fut ordonn? que les billets de banque seroient re?us pour comptant dans toutes les caisses publiques, et d?s lors ces billets furent pr?f?r?s ? l'or m?me, parce qu'ils avoient en effet une valeur plus invariable et un mouvement plus facile et plus rapide. <> mais il e?t fallu se soumettre ? des op?rations lentes, ?conomiques, bien encha?n?es les unes aux autres: une marche si prudente et si r?guli?re convenoit peu au caract?re du r?gent, et nous verrons bient?t ce qu'il sut faire de ce moyen de salut. Avant d'en rendre compte, d'autres ?v?nements appellent notre attention.

On avoit su persuader au r?gent que ce prince ?toit ? la t?te des m?contents, et qu'il devoit se m?fier de ses dispositions. Au moment o? ces insinuations calomnieuses commen?oient ? faire sur lui quelque impression, il arriva que le parlement ayant fait, au sujet d'un ?dit fiscal sur les monnoies, des remontrances qui n'avoient point ?t? ?cout?es, rendit ? ce sujet un arr?t auquel il donna de la publicit?, et qui, le m?me jour, fut cass? par le conseil de r?gence. De nouvelles remontrances, faites ? l'instant m?me par cette cour, furent encore plus mal re?ues que celles qui les avoient pr?c?d?es, ce qui l'entra?na ? rendre un second arr?t plus violent que le premier, par lequel elle pr?tendoit tracer ? la banque, dont les accroissements commen?oient ? devenir alarmants, les limites dans lesquelles devoient se renfermer ses op?rations, et proscrivoit en quelque sorte l'?tranger qui l'avoit cr??e, et ? qui le r?gent en avoit confi? l'administration. Law fut effray?. D'Argenson, qui venoit de remplacer d'Aguesseau dans la dignit? de chancelier, craignit qu'un triomphe du parlement ne f?t le signal de sa disgrace, et tous les deux se r?unirent ? Dubois pour obtenir du duc d'Orl?ans ce qu'ils appeloient un acte de vigueur. Ils achev?rent de l'y d?terminer, en lui persuadant que la partie ?toit li?e entre le duc du Maine et les parlementaires; qu'en sa qualit? de surintendant de l'?ducation du jeune roi, il lui ?toit facile de s'emparer de ce prince, de le mener ? l'improviste au parlement, de l'y faire d?clarer majeur, et d'an?antir ainsi la r?gence; que ce plan avoit ?t? arr?t?, et qu'on n'attendoit qu'un moment favorable pour le mettre ? ex?cution.

Le r?gent ne s'arr?ta pas l?: il voulut pr?venir jusqu'aux murmures; et trois conseillers qu'on lui signala comme moins dociles que les autres, furent enlev?s dans leurs maisons, et conduits dans des prisons d'?tat. Les m?mes violences furent exerc?es ? l'?gard de plusieurs autres parlements, ce qui fit fermenter ? la fois Paris et les provinces. Enfin, comme s'il se f?t fait un jeu d'abattre tout ce qu'il avoit d'abord ?lev?, ce prince, de plus en plus fatigu? des conseils d'administration et de cette opposition si foible qu'il y rencontroit encore quelquefois, trouva plus exp?dient de les supprimer tout ? fait, pour y substituer une administration par d?partement, ? la t?te de laquelle il mit des secr?taires d'?tat qui ?toient plus dans sa d?pendance. Les grandes familles et les cours souveraines, dont les chefs ou les principaux membres formoient, en grande partie, ces conseils, et qui se consid?roient ainsi comme ayant quelque part au gouvernement de l'?tat, en con?urent un vif ressentiment. Ainsi le pouvoir avoit repris toutes ces formes tranchantes et despotiques qui d?plaisoient ? la nation; et les ennemis du r?gent devinrent bient?t plus nombreux que ses partisans. Cette mauvaise disposition s'accroissoit encore du m?contentement que causoit g?n?ralement l'alliance impolitique, et de jour en jour plus intime, qu'il avoit contract?e avec les Anglois, et de la d?pr?ciation de jour en jour plus grande des billets d'?tat, auxquels le succ?s de la banque de Law avoit port? le dernier coup, d?pr?ciation dont le fisc s'enrichissoit aux d?pens de ceux qui en ?toient porteurs.

Attentif ? ce qui se passoit alors en France, il y crut l'exasp?ration des esprits assez grande: pour qu'il f?t possible d'y op?rer une r?volution dont le r?sultat e?t ?t? d'abattre le r?gent et de faire rentrer le cabinet des Tuileries dans les voies d'une politique plus conforme ? son honneur et ? ses int?r?ts. On ne sait point au juste comment les premiers rapports s'?tablirent entre lui et les m?contents; mais la maison de la duchesse du Maine, dont la fureur ?toit au comble contre ce qui venoit de se passer au parlement, ne tarda point ? devenir le centre d'une conspiration contre le duc d'Orl?ans. Les agents de cette princesse, de concert avec ceux de l'ambassadeur d'Espagne, intrigu?rent adroitement dans tous les ordres de l'?tat et se ralli?rent un grand nombre de partisans. Les mesures sembloient bien prises, le secret avoit ?t? bien gard?; ce qui prouve contre ce prince une haine plus grande encore que les apparences ne sembloient l'indiquer. Sur ces entrefaites, les Anglois, qui avoient d?couvert, en ce qui les concernoit, quelque chose des projets de l'Espagne, crurent devoir la pr?venir et commenc?rent contre elle les hostilit?s: il devint donc urgent que la conspiration ?clat?t, et elle alloit ?clater, lorsqu'un incident, qu'il ?toit impossible de pr?voir, la fit d?couvrir.

Heureusement pour les conjur?s que presque toutes les traces en furent d?truites: toutefois le duc et la duchesse du Maine furent arr?t?s et avec eux leurs principaux domestiques; la Bastille se remplit de prisonniers. Pour jeter de l'?motion dans le peuple, on annon?a la d?couverte des plus horribles projets; mais ce fut une grande maladresse de publier en m?me temps quelques pi?ces qui pr?sentoient un tableau ?nergique, et malheureusement trop vrai, de l'administration arbitraire et de la vie scandaleuse du r?gent. On affecta de proc?der, avec grand appareil, ? l'interrogatoire des principaux conspirateurs, et Dubois fut du nombre des commissaires nomm?s ? cet effet. Ces interrogatoires ne produisirent aucun r?sultat qui p?t les satisfaire, et ils finirent eux-m?mes par en ?tre embarrass?s. Les papiers d?couverts n'inculpoient gu?res que l'ambassadeur d'Espagne; et, peu ? peu, ce fut une n?cessit? d'?largir tous ces prisonniers que l'on avoit arr?t?s avec un si grand fracas; la bont? naturelle du duc d'Orl?ans ?clata dans cette occasion.

Philippe acc?da aussit?t ? la quadruple alliance, et les liens du pacte de famille sembl?rent plus que jamais se resserrer par le double mariage de l'infante d'Espagne avec le roi de France et du prince des Asturies avec une fille du r?gent; mais la position devint fausse pour l'une et pour l'autre puissances: cette guerre et cette paix ne furent r?ellement utiles qu'? l'Angleterre qui en obtint des avantages immenses pour son commerce; elles consolid?rent la branche protestante de Hanovre sur le tr?ne des Stuarts, et ainsi pr?valut ce syst?me d'une alliance intime avec une nation dont les int?r?ts ?toient visiblement en opposition avec ceux de la France, qui, par cons?quent, ne pouvoit user de cette alliance qu'aux d?pens de son alli?e, syst?me que le simple bon sens repoussoit, et dont les premiers effets, d?j? palpables dans tout ce qui venoit de se passer, attestoient l'absurdit?.

Cependant il ?toit ?vident que, dans ce mouvement extraordinaire imprim? aux actions uniquement par l'opinion publique, il n'y avoit point d'?quilibre ? esp?rer de la force des choses, puisqu'il n'y avoit ni garanties ni produits r?els qui pussent repr?senter la valeur de ces actions; et qu'au moment m?me o? cette opinion recevroit la moindre atteinte, une chute subite et effroyable suivroit imm?diatement une fortune aussi prodigieuse. Law, ? moins d'?tre tout ? fait fou, pouvoit lui-m?me en fixer l'?poque au moment o? il seroit dans l'obligation de payer le premier dividende des actions, dividende qui, d'apr?s le taux exhorbitant qu'il n'avoit pas craint de fixer aux int?r?ts, auroit seul surpass? trois fois les revenus afferm?s ? la compagnie; mais les financiers, qui avoient vu avec d?pit tous les revenus de l'?tat enlev?s de leurs mains pour passer dans les siennes, h?t?rent encore ce moment en tirant sur la Banque des sommes ?normes qui l'?puis?rent. La difficult? de payer s'?tant fait sentir, l'alarme se r?pandit partout aussi promptement que la pens?e, et les porteurs de billets se pr?cipit?rent en foule ? la Banque pour convertir leur papier en argent.

D?s ce moment tout fut perdu: dans l'impossibilit? o? l'on ?toit de payer, il parut, le 20 mai 1720, un ?dit qui r?duisoit ? moiti? la valeur des actions. Ce coup impr?vu acheva d'ouvrir les yeux, et tous les moyens furent d?sormais inutiles pour ranimer une confiance ? laquelle succ?doient les plus affreuses terreurs, et le d?sespoir profond que peut faire na?tre le passage subit et violent de la richesse extr?me ? la plus extr?me mis?re. Vainement le r?gent et ce funeste ?tranger employ?rent-ils, l'un toutes les ressources de son esprit, l'autre toutes les combinaisons de sa pr?tendue science financi?re, pour soutenir leur monstrueux et fragile ?difice: il crouloit de toutes parts. On fit frapper de nouvelles esp?ces plus l?g?res auxquelles seules on donna cours; il y eut ordre de porter les anciennes ? la monnoie, et le public s'obstina ? ne point s'en d?faire. On d?fendit ? tout particulier d'avoir chez soi plus de cinq cents livres en argent; et malgr? les d?lations odieuses que fit na?tre cette mesure tyrannique, le trouble, les m?fiances, l'espionnage qu'elle introduisit dans le sein des familles, elle ne produisit d'autre effet que de faire resserrer plus soigneusement les sommes que chacun avoit pu soustraire au naufrage g?n?ral. On essaya de redonner aux billets leur premi?re valeur, mais personne ne s'y laissa prendre. Law fut nomm? contr?leur g?n?ral, et, peu de temps apr?s, forc? de se d?mettre d'une charge qui le rendoit encore plus odieux. D'Argenson, qui avoit soutenu le syst?me tant qu'il l'avoit cru utile, d?s qu'il vit l'abus qu'on en faisoit ne voulut pas se rendre complice de tant de perfidies et d'iniquit?s; il se d?mit des sceaux, qui furent rendus ? d'Aguesseau disgraci? d'abord pour avoir d?sapprouv? le syst?me, sans qu'il r?sult?t d'un tel changement d'autre effet que d'alt?rer beaucoup la haute r?putation dont jouissoit celui-ci. Le parlement, qui d?j? plusieurs fois s'?toit ?lev?, et toujours inutilement, contre les refontes d'esp?ces et contre les progr?s dangereux de la banque, ayant voulu faire des remontrances nouvelles, fut exil? ? Pontoise, et cet exil ne fit qu'aigrir les esprits. En moins de huit mois il parut trente-trois ?dits, d?clarations, arr?ts du conseil des finances, pour fixer le taux de l'or et de l'argent, augmenter le num?raire, indiquer les moyens de partager les actions, prescrire la mani?re de les couper, de les transmettre, de tenir les registres, d'ouvrir et de fermer les comptes de banque, et autres manoeuvres qui d?celoient l'embarras et le manque absolu de ressources.

Ainsi se termina la plus grande r?volution qui jusqu'alors e?t jamais ?t? op?r?e dans les finances, r?volution qui acquitta presque toutes les dettes de l'?tat, si c'est les acquitter que de ruiner une quantit? presque innombrable de citoyens, en leur enlevant, par artifice ou par s?duction, les gages ou cautionnements des avances qu'ils ont pu faire au souverain. Elle fit sortir de leur ?tat une foule d'hommes obscurs, en m?me temps qu'elle plongea dans l'obscurit? qui suit ordinairement la mis?re beaucoup de familles honn?tes; elle gorgea de richesses quelques sp?culateurs habiles, qui, se m?fiant de bonne heure d'une monnoie p?rissable, avoient su l'?changer ? propos contre des valeurs plus solides. De tels bouleversements dans les fortunes, en amenant le m?lange de toutes les classes de la soci?t?, achev?rent de corrompre les moeurs, et ce fut l? leur effet le plus funeste. Ce fut surtout dans les classes moyennes, jusque l? pr?serv?es de la contagion, que le syst?me porta le d?sordre, en y r?pandant un go?t de luxe effr?n?, une soif ardente de richesses, qui d?truisirent peu ? peu tout sentiment d'honneur et de vertu. Les richesses tinrent lieu de tout et rapproch?rent toutes les distances; chacun aspira ? sortir de son ?tat, et l'on vit na?tre dans l'int?rieur des familles, encore si r?guli?rement ordonn?es dans le si?cle pr?c?dent, des d?sordres jusqu'alors inconnus.

Dans cette suite rapide d'?v?nements o? dominoient toujours les conseils de Dubois, la faveur de ce vil personnage sembloit s'accro?tre de toutes les fautes qu'il faisoit commettre ? son ma?tre, et en m?me temps s'accroissoit son audace, et achevoit de se d?velopper une ambition que rien ne pouvoit rassasier. Les dignit?s de l'?glise ?toient la seule voie par laquelle p?t s'?lever ? une sorte de consid?ration personnelle un aventurier, n? dans une classe obscure, et qui n'?toit sorti de cette obscurit? que par des intrigues qui l'avoient publiquement d?shonor?. Dubois, l'homme de France le plus d?cri? pour l'infamie de ses moeurs et le cynisme de son impi?t?, secr?tement mari?, n'ayant de l'?tat eccl?siastique que l'habit, que d'abord il en avoit pris pour se procurer, ? l'aide de ce d?guisement, des moyens d'existence, con?ut le projet criminel et extravagant de se faire nommer archev?que de Cambrai. Le r?gent, tout perdu qu'il ?toit lui-m?me d'impi?t? et de d?bauche, fut d'abord ?pouvant? de cet exc?s d'impudence et de sc?l?ratesse: mais Dubois le vouloit de la volont? la plus ferme; il avoit pris un ascendant que rien ne pouvoit plus d?truire, et le ma?tre subjugu? fut oblig? de c?der. Dubois fut donc archev?que de Cambrai, et ceux qui craignoient le pouvoir des papes et les entreprises de la cour de Rome purent reconno?tre, en cette circonstance, que le droit usurp? par les rois ou par ceux qui les repr?sentent, de donner des ?v?ch?s, pouvoit avoir quelquefois ses inconv?nients.

L'?piscopat fran?ois n'avoit point encore subi une semblable honte. Cet ascendant d'un mis?rable dont les vices n'?toient compens?s par aucuns talents sup?rieurs, qui n'avoit pas m?me pour lui cet agr?ment des formes ext?rieures qui explique du moins la s?duction, en qui tout ?toit odieux, ignoble et repoussant, affligeoit et confondoit en m?me temps tous les honn?tes gens. Le duc d'Orl?ans sembloit encore plus fou que son favori n'?toit effront?; et l'on peut concevoir combien une telle faveur dut alors sembler inexplicable, puisque depuis, et jusqu'? ce jour, personne n'a m?me tent? de l'expliquer. Cependant le duc d'Orl?ans avoit un esprit ?tendu et p?n?trant; il avoit montr? dans plusieurs circonstances qu'il ne manquoit pas de r?solution, et que, quand ses int?r?ts le commandoient, il savoit surmonter cette r?pugnance qu'il avoit pour l'application et le s?rieux des affaires. Il ne faut point croire qu'un pareil homme se soit livr? comme un enfant, ou pour mieux dire comme un stupide, au dernier des hommes, lorsqu'il est facile de trouver, dans un dessein tr?s astucieusement combin?, l'explication d'une conduite qui semble, au premier coup d'oeil, contraire ? tout bon sens et ? toute r?flexion.

La conclusion de cette grande affaire valut donc ? Dubois le chapeau de cardinal, auquel il aspiroit; et quoique ce scandale f?t moins grand que celui qu'avoit caus? sa nomination ? l'archev?ch? de Cambrai, l'impression qu'il produisit fut plus vive; et la lettre par laquelle le pape d?claroit au roi de France <> enveloppa Rome elle-m?me dans cette indignation g?n?rale que causoit une telle profanation d'une si haute dignit?. Cependant quoi de plus injuste et de plus irr?fl?chi? Parce que les vices et les turpitudes de Dubois ?toient publiquement connus en France, ?toit-ce une raison pour qu'on en d?t ?tre exactement instruit ? Rome? Lorsqu'on disputoit au pape tout acte et ? peu pr?s tout droit de juridiction sur le clerg? gallican, ?toit-il en mesure d'exercer une surveillance active et s?v?re sur les vie et moeurs d'un ministre du roi; et n'e?t-on pas trouv? mauvais qu'il se perm?t m?me d'en avoir la pens?e? En supposant que quelques rumeurs de la conduite d?r?gl?e de Dubois fussent parvenues jusqu'? lui, pouvoit-il, sur de vagues insinuations, m?me sur des rapports officieux, se persuader qu'un grand monarque, ou le prince de son sang qui tenoit alors sa place, s'oublieroit au point de lui pr?senter un homme inf?me pour en faire un prince de l'?glise? Il ne le pouvoit ni ne le devoit. Dubois ne lui ?toit connu qu'en raison des hautes fonctions publiques auxquelles la confiance du r?gent l'avoit appel?; le service qui venoit d'?tre rendu en France ? la religion ?toit r?el, quels que fussent les motifs honteux et secrets qui l'avoient fait rendre: les raisons qui avoient d?termin? le pape ?toient donc justes, raisonnables; et l'indignit? du sujet ne pouvoit ?tre imput?e qu'? celui qui, ne sachant ce qu'il ?toit, n'en avoit pas moins voulu qu'il dev?nt membre du sacr? coll?ge. C'est ainsi qu'en se m?lant plus qu'il ne leur appartenoit du gouvernement de l'?glise, en imposant, en quelque sorte, ? son chef des hommes de leur choix pour les grandes dignit?s eccl?siastiques, les princes temporels, qui ont cru accro?tre les attributions de leur pouvoir, n'ont fait qu'ajouter des charges ? leur conscience.

Parvenu ? cette prodigieuse fortune, l'effront? favori n'?toit point encore satisfait. ?lev? si haut par les caprices et les foiblesses de son ma?tre, il vouloit se mettre ? l'abri de ses foiblesses et de ses caprices, et tellement qu'il dev?nt difficile au prince de d?truire cette oeuvre que ses mains avoient trop facilement form?e. La place de premier ministre pouvoit seule offrir ? Dubois de semblables garanties: il se mit dans la t?te d'?tre nomm? premier ministre; et jamais, sans doute, cet ascendant qu'il avoit pris sur le r?gent ne se manifesta d'une mani?re plus frappante et plus faite pour achever de d?sesp?rer les gens de bien. Une dispute de pr?s?ance dans le conseil lui fournit un pr?texte pour en faire exclure tous ceux qu'il savoit lui ?tre contraires, et pour plusieurs l'exclusion fut accompagn?e de l'exil. Le mar?chal de Villeroi, gouverneur du jeune roi, l'inqui?toit encore: n'ayant pu le gagner, il sut l'attirer dans un pi?ge o? l'exc?s de sa pr?somption le fit donner t?te baiss?e; puis il le fit aussit?t arr?ter et exiler par ordre du r?gent, qui joua son r?le dans cette com?die, ? qui il persuada qu'en cette circonstance ils avoient un commun int?r?t. Enfin le foible prince, si l'on en croit le duc de Saint-Simon, le nomma premier ministre, apr?s mille h?sitations et au milieu d'anxi?t?s qui prouvoient ? quel point il sentoit l'?normit? de la faute qu'il alloit commettre, et plus encore ? quel point il ?toit subjugu?.

Quelques-uns cependant, et avec plus de vraisemblance, lui ont pr?t? d'autres motifs qui supposeroient que, sous cette insouciance et cette l?g?ret? apparente, il savoit dissimuler, quand il le jugeoit convenable, des desseins assez profond?ment combin?s; et que le d?go?t des affaires, qu'avoit fait na?tre en lui l'abus des plaisirs, n'avoit pas banni de son ?me la passion qui a peut-?tre le plus d'empire sur ceux qui en sont poss?d?s, et qui presque toujours survit ? toutes les autres, l'amour du pouvoir. Le roi touchoit ? sa majorit?; et ce pouvoir, dont le r?gent s'?toit fait une habitude, alloit lui ?chapper. Si, apr?s cette ?poque fatale, il continuoit encore ? l'exercer, il pouvoit craindre qu'on ne l'accus?t de vouloir s'y perp?tuer; tandis que le faisant passer, lorsqu'il lui appartenoit encore, entre les mains de sa cr?ature, de l'homme de France le plus d?consid?r?, le plus d?pourvu de consistance, et par cons?quent le moins redoutable pour lui, il ?cartoit ainsi, en ce qui le touchoit, et quoi que l'on p?t dire sur le choix qu'il auroit fait, tout soup?on de vues ambitieuses, et tellement qu'apr?s avoir ?t? r?gent de France, consentant ? succ?der ? Dubois dans cette place de premier ministre, il sembleroit faire un acte de d?vouement. Or, cette succession ne devoit pas se faire long-temps attendre: Dubois ?toit atteint d'une maladie mortelle, digne fruit de ses d?bauches crapuleuses, et son arr?t avoit ?t? prononc? par les m?decins. Dans moins d'une ann?e, la place ne pouvoit manquer d'?tre vacante; et c'?toit ainsi que le duc d'Orl?ans sp?culoit sur la mort de celui ? qui il s'?toit abandonn? pendant sa vie. Il s'en expliqua ainsi, dit-on, dans des conversations intimes avec quelques familiers; et du reste, de telles combinaisons n'?tonneroient point de la part de ce prince dont l'esprit affectionnoit tout ce qui sembloit subtil en intrigues et en affaires, et mettoit m?me de l'amour-propre ? surpasser les plus habiles et les plus corrompus, en immoralit?, en m?pris pour les hommes, et en habilet? dans la science des int?r?ts.

Quoiqu'il en puisse ?tre, la pr?diction se v?rifia: Dubois jouit ? peine une ann?e de ce fa?te des grandeurs auquel il n'avoit cess? de tendre, sans se donner aucun repos qu'il n'y f?t parvenu; et le malheureux mourut comme il avoit v?cu. Sa mort acheva de r?v?ler les turpitudes de sa vie: car alors il fut d?couvert que l'argent qu'il recevoit des Anglois, pour leur vendre les int?r?ts de la France, composoit ? peu pr?s la moiti? de ses immenses revenus. Quelques-uns ont vant? les actes de son court minist?re; d'autres les ont d?cri?s, et nous le repr?sentent, dans ces derniers moments, comme plus emport?, plus cynique, plus d?sordonn? dans les affaires, plus d?gag? de tout frein, par cela m?me qu'il ?toit d?gag? de toutes craintes. Lorsqu'il s'agit d'un homme tel que Dubois, ce qui est le plus inf?me semble le plus vraisemblable, et nous croyons plut?t ? ce dernier r?cit. Au reste, les actes de ce court minist?re furent de peu d'importance; et en ce qui concerne l'histoire, ils sont tout-?-fait insignifiants.

Le duc d'Orl?ans partagea ouvertement, et, l'on peut le dire, effront?ment, la joie que ressentoit la France d'?tre d?barrass?e de ce vil et odieux personnage, sans s'inqui?ter si le m?pris dont il affectoit d'accabler sa m?moire, ne retomboit pas sur lui-m?me qui l'avoit fait ce qu'il ?toit devenu; et cependant, comme s'il n'e?t pu trouver d?sormais personne ? qui se confier, il se ressaisit du pouvoir, parut sortir du long sommeil dans lequel il avoit ?t? plong?, et jetant un coup d'oeil s?r et p?n?trant sur les affaires auxquelles on le supposoit d?sormais inhabile pour les avoir trop long-temps n?glig?es, ?tonna la ville et la cour par la sup?riorit?, la facilit? avec laquelle il sut les traiter, et l'?tendue d'esprit qu'il montra ? en embrasser l'ensemble sans lenteur, et sans confusion. Il joignoit ? ces dons si rares de l'intelligence, des mani?res charmantes auxquelles on ne pouvoit r?sister, se rendoit accessible ? tous, et m?me lorsqu'il refusoit, avoit l'art de ne point m?contenter. Ces efforts que l'ambition et non le sentiment du devoir lui firent faire sur lui-m?me, n'?toient qu'une fatigue nouvelle qu'il ajoutoit ? celle des honteux plaisirs, qui ?toient devenus pour lui une incurable habitude, et qui n'en furent point interrompus. L'exc?s du travail acheva bient?t d'?teindre une vie que les exc?s de l'intemp?rance continuoient d'?puiser: il mourut d'apoplexie entre les bras d'une de ses ma?tresses, pr?s de laquelle il attendoit l'heure de son travail avec le roi. Cette mort du r?gent arriva le 2 d?cembre de cette m?me ann?e et peu de mois apr?s celle du cardinal; il ?toit ?g? de quarante-neuf ans.

Nous avons d?j? vu les premiers effets de cette politique angloise ? l'?gard de la France: la pension pay?e ? Dubois avoit valu deux choses au cabinet de Saint James, la destruction presque totale de la marine espagnole, et qu'il ne fut pas construit un seul vaisseau dans nos ports, tant que dura la r?gence. Nous allons le voir obtenir, en ce genre, bien d'autres succ?s; et quand la corruption ne l'aidera pas, un aveuglement non moins fatal se fera son auxiliaire.

Ce minist?re du duc de Bourbon fut court, et deux mots suffisent pour le peindre: il fit regretter celui du duc d'Orl?ans. Abandonn? avec autant d'indolence ? sa ma?tresse la marquise de Prie, que le r?gent l'avoit ?t? ? Dubois, et surtout avec plus d'aveuglement et d'ineptie, il fut le premier qui offrit ? la France le scandale plus grand encore d'une femme perdue plac?e ? la t?te des affaires publiques, et s'en emparant comme d'une proie ? partager avec les agents de ses intrigues et les compagnons de ses d?bauches. Les diplomates anglois n'eurent autre chose ? faire que de transmettre ? cette femme la pension qu'ils avoient pay?e au favori du r?gent pour continuer de r?gner en paix dans le cabinet des Tuileries, et d'y voir suivre le syst?me de politique et d'administration le plus favorable ? leurs vues et ? leurs int?r?ts.

Ainsi rien ne changea dans la politique ext?rieure; dans l'administration int?rieure, ce fut pis qu'auparavant. Les hommes les plus d?cri?s, parmi ceux que le syst?me de Law avoit enrichis sans avoir pu assouvir leur avidit? insatiable, form?rent la clientelle d'un prince qui s'?toit enrichi avec eux et par des moyens tout semblables; et tout se vendit ? la cour, places, honneurs, gr?ces, dignit?s, avec un tarif pour chaque chose, et plus effront?ment qu'on ne l'avoit fait jusqu'? ce jour. Il y eut des ministres et un conseil d'?tat, mais seulement pour la forme: tout se d?cidoit d'avance dans un comit? secret auquel pr?sidoit la marquise de Prie, et o? si?geoient uniquement des financiers; car des affaires de finance, c'est-?-dire des ?dits bursaux, sous toutes les formes, ?toient, pour cette coterie prodigue et cupide, les affaires les plus importantes, ou pour mieux dire, les seules affaires de l'?tat.

Tel fut aussi le grand oeuvre du minist?re du duc de Bourbon: il en triomphoit sottement et sa ma?tresse avec lui, et cependant leur chute suivit de pr?s l'?v?nement par lequel ils s'?toient crus raffermis. Ils n'avoient en effet aucun obstacle ? craindre du c?t? de la jeune reine; mais aussi ils n'y pouvoient trouver un appui. La haine publique croissoit sans cesse contre eux par l'effet de ces tracasseries financi?res, et cependant insuffisantes, dont ils ne cessoient de tourmenter la nation. Ils essay?rent de sortir d'embarras par la cr?ation d'un imp?t plus fort et qui pesoit ?galement sur tous les ordres de l'?tat: le clerg?, la noblesse, le parlement, ?lev?rent ? la fois leurs r?clamations; l'animadversion de toute la France fut ? son comble; et Fleuri, qui ?pioit le moment favorable, crut qu'il ?toit temps enfin de renverser un minist?re aussi mal habile que violent et scandaleux. Il ne lui fut pas difficile d'y amener son royal ?l?ve qui n'aimoit pas le duc de Bourbon, et jamais on ne tomba de si haut avec moins de bruit. Une lettre de cachet exila le duc ? sa terre de Chantilli, une autre rel?gua sa ma?tresse en Normandie, et tout finit l?. Fleuri, qui avoit su conserver, malgr? eux, la part de pouvoir qu'ils avoient ?t? forc?s de lui laisser, se trouva ainsi doucement et presque naturellement port? ? la t?te des affaires.

Le nouveau ministre s'entoura d'hommes encore plus m?diocres que lui, mais qu'il choisit propres ? entrer dans ses vues d'ordre et d'?conomie; il rappela de l'exil et fit sortir de prison ceux que la haine et les vengeances des minist?res pr?c?dents avoient exil?s ou emprisonn?s; les princes l?gitim?s recouvr?rent toutes leurs pr?rogatives, le seul droit de succession au tr?ne except?; la cour prit, au m?me instant et avec la souplesse qui lui est propre, toutes les allures douces, d?centes et paisibles du vieillard qui gouvernoit l'?tat, et si la corruption inv?t?r?e des moeurs n'y fut pas moins profonde, elle s'y d?pouilla du moins de ces mani?res cyniques et grossi?res qu'elle avoit adopt?es sous la r?gence, et les rempla?a par ces raffinements de la galanterie que l'on peut appeler l'hypocrisie de la d?bauche. Le seul prince dont Fleuri e?t pu craindre l'influence, le jeune duc d'Orl?ans, ?toit sans ambition et le plus ?loign? de tous de lui disputer le pouvoir: il le poss?da donc sans rivaux et ? peu pr?s sans ennemis.

C'?toit pour la premi?re fois, et depuis des si?cles, que l'on voyoit arriver au timon de l'?tat un ministre parfaitement d?sint?ress?. Les finances, si violemment et si scandaleusement restaur?es sous la r?gence, mena?oient de redevenir un ab?me pour la France. La prodigalit? du duc d'Orl?ans, la cupidit? sans bornes de ceux dont il s'?toit entour?, y avoient port?, depuis le syst?me, de nouvelles et funestes atteintes, et le minist?re du duc de Bourbon avoit ?t? une esp?ce de pillage. Ce fut, ainsi que nous venons de le dire, par l'ordre, par l'?conomie, que le nouveau minist?re voulut r?parer le mal. La paix profonde dont jouissoit l'Europe lui en fournissoit une occasion favorable, et plusieurs op?rations heureusement combin?es produisirent de bons r?sultats. Il fixa enfin, d'une mani?re invariable, la valeur des monnoies, si frauduleusement alt?r?es sous les minist?res pr?c?dents, et le fit de mani?re ? donner d?sormais de la s?ret? aux transactions particuli?res sans porter dommage aux int?r?ts de l'?tat; il trouva tout ? la fois le moyen de diminuer les imp?ts et d'accro?tre les revenus publics, en augmentant le prix des fermes g?n?rales; pour ?teindre des emprunts faits ? un taux on?reux, il sut, vu la confiance qu'il inspiroit, en contracter d'autres ? des conditions avantageuses; par l'effet naturel de l'aisance du tr?sor public, le commerce et les manufactures reprirent de l'activit?, et les colonies prosp?r?rent.

Ici finissent les ?loges que nous pouvons donner au minist?re du cardinal de Fleury. Hors de ses op?rations financi?res, son administration n'offre plus que foiblesse et ineptie. Nous le suivrons d'abord, et jusqu'? la fin, dans sa politique ext?rieure qui ne fut qu'une suite de fautes grossi?res, m?me alors qu'elle sembloit ?tre justifi?e par des succ?s, et qui pr?para les d?sastres et la honte des temps qui vinrent apr?s lui; puis nous reviendrons ? ce qui se passa dans l'int?rieur, o? les ?v?nements les plus graves ne purent ?tre ma?tris?s par la main timide et d?bile de ce vieillard.

Entra?n?s comme nous l'avons ?t? jusqu'ici, et afin de rendre intelligible l'histoire d'une ville comme Paris, ? y joindre une esquisse rapide de l'histoire de la France enti?re, nous nous voyons, de temps ? autre, forc?s d'y ajouter un tableau g?n?ral de la situation de l'Europe; car, depuis le seizi?me si?cle surtout, il est ?galement difficile de comprendre ce qui concerne quelqu'une des grandes nations qu'elle renferme, si l'on ne retrace, ? certains intervalles, un expos? de la situation, des vues, des int?r?ts des autres nations dont se compose la grande soci?t? europ?enne, soci?t? unique dans l'histoire des peuples, et par les int?r?ts communs qui lui donnent la force et la vie, et par les dissensions intestines qui l'?puisent et la tuent, soci?t? ? laquelle le christianisme a rattach? les destin?es du monde, et ? un tel point que sa chute et sa dissolution semblent devoir amener avec elles la fin de toute soci?t?. Il convient donc de jeter ici un second coup d'oeil sur cette situation des grandes puissances de l'Europe et sur les intrigues de leurs cabinets, intrigues qui, depuis long-temps, formoient toute leur politique.

La reine d'Espagne ne pardonnoit point ? la France le renvoi outrageant qu'on lui avoit fait de sa fille, et nous avons dit que Philippe en avoit ?t? ?galement offens?. Dans leurs projets de vengeance, auxquels se joignoit le vif d?sir que conservoit toujours ?lisabeth Farn?se de procurer ? ses fils des ?tablissements en Italie, ils se tourn?rent vers l'Autriche, qui se trouvoit alors comme isol?e au milieu de cette alliance de l'Angleterre avec la France, de celle-ci avec l'Espagne, et, par ce triple obstacle, contrari?e dans le projet qu'elle avoit form? de prendre part au commerce maritime, que l'on commen?oit ? consid?rer comme la principale prosp?rit? des nations. Elle accueillit d'abord avec empressement les ouvertures que lui fit l'Espagne, dont l'alliance sembloit devoir r?tablir pour elle cet ?quilibre que les derniers trait?s avoient rompu. Un trait? fut donc conclu ? Vienne le 30 avril 1725: l'empereur y reconnoissoit les droits h?r?ditaires de l'infant don Carlos aux duch?s de Toscane, de Parme et de Plaisance, et s'engageoit ? employer ses bons offices pour faire rendre ? l'Espagne, par l'Angleterre, Gibraltar et l'?le de Minorque. De son c?t?, le roi d'Espagne se faisoit garant de l'ordre de succession ?tabli par l'empereur pour ses ?tats h?r?ditaires, affaire ? laquelle ce monarque attachoit la plus grande importance, dont il ?toit presque uniquement occup?, qui se lie aux plus grands ?v?nements de ce si?cle, et dont nous ne tarderons point ? parler avec plus de d?tail. Peu de temps apr?s, ces deux puissances sign?rent entre elles un second trait? de commerce et d'alliance d?fensive. Ceci se passa sous le minist?re du duc de Bourbon, et imm?diatement apr?s que l'infante eut ?t? renvoy?e.

Les Anglois, qui payoient pour ?tre ma?tres dans le cabinet des Tuileries, inform?s de ce qui se passoit, n'eurent point de peine ? y faire pr?valoir cette opinion, qu'il n'y auroit rien de plus pr?judiciable aux int?r?ts de la France que de souffrir que l'Autriche dev?nt puissance maritime et commer?ante. Pour parer ? un danger aussi imminent, un nouveau trait? resserra les liens qui unissoient entre elles les deux puissances. Alors l'Angleterre arma contre l'Espagne; de son c?t? l'Espagne se pr?para au si?ge de Gibraltar. Mais il arriva que l'Autriche, sur laquelle elle avoit compt?, ne tint point ses engagements; d'autres int?r?ts l'en d?tourn?rent, et Philippe, dont le ministre Riperda ?toit lui-m?me vendu ? l'Angleterre, se trouva bient?t seul vis-?-vis d'une puissance maritime ? laquelle il ne pouvoit opposer un seul vaisseau, et embarrass? d'un si?ge o? se consumoit inutilement son arm?e. Les choses en ?toient l?, lorsque le cardinal de Fleuri arriva au minist?re.

. La premi?re marque de foiblesse que donna le cardinal de Fleuri, fut de se laisser entra?ner par ces clameurs ? faire une guerre qu'il d?sapprouvoit, qui l'arrachoit ? ses plans de r?formes financi?res, et qui n'avoit effectivement aucun but utile pour la France; la seconde, de n'avoir pas su la pousser vigoureusement, apr?s avoir, bon gr? mal gr?, pris son parti. Tandis que l'Autriche et la Russie faisoient marcher des arm?es formidables sur les fronti?res du royaume en litige, une l?che et sotte condescendance pour les Anglois qu'il craignoit d'inqui?ter en faisant sur mer de trop grands armements, et son ?conomie parcimonieuse, r?duisirent ? quinze cents hommes et ? trois millions le secours honteux qu'il envoya ? Stanislas. Celui-ci, bien que proclam? roi par le voeu unanime de la noblesse polonaise, fut bient?t, et pour la seconde fois, renvers? du tr?ne pour avoir ?t? si mal secouru, se trouva heureux d'?chapper ? travers mille p?rils ? ses ennemis, et se h?ta de revenir en France, d?sormais son refuge assur?. L'?lecteur de Saxe fut proclam? roi de Pologne.

En Italie, le mar?chal de Coigni avoit remplac? Villars: de ce c?t?, o? l'Autriche avoit encore moins de forces, il y eut un ?v?nement d?cisif, mais dont les Espagnols eurent seuls la gloire, et dont aussi ils recueillirent seuls les avantages. Le royaume de Naples fut envahi par l'infant don Carlos, ? la t?te d'une arm?e que commandoit sous lui un g?n?ral habile, le duc de Montemar; ses op?rations militaires y furent second?es par les voeux de la nation, et, dans moins de deux campagnes, les troupes imp?riales se virent enti?rement chass?es de ce royaume, et, ? l'exception de trois villes, de toute la Sicile. En Lombardie, gr?ce aux lenteurs calcul?es de Charles-Emmanuel, les Autrichiens faisoient plus de r?sistance: apr?s avoir ?t? battus par le g?n?ral fran?ois ? la bataille de Parme, ils le battirent ? son tour au combat de la Secchia, parce qu'il n'avoit pas su profiter de sa victoire; et la revanche qu'il prit bient?t sur eux ? Guastalla, fut de m?me sans r?sultat. Tout, apr?s cette affaire qui devoit ?tre d?cisive, et de m?me que sur le Rhin, devint timide et incertain dans les manoeuvres du mar?chal de Coigni, auquel on avoit ?galement donn? un second, le mar?chal de Broglie. Le roi de Sardaigne, qui s'?toit montr? plein de r?solution pendant la bataille, revint ? ses perfidies accoutum?es apr?s la victoire; et le g?n?ral autrichien Koenigsegg, meilleur tacticien que ses ennemis, sut habilement profiter de leurs fautes. Apr?s deux victoires, on avoit perdu du terrain, on se soutenoit difficilement dans le Milanais, et tout languissoit ?galement sur ce point des op?rations militaires. Il y avoit encore d'autres causes de ce peu d'activit?: c'est qu'on avoit d?j? commenc? ? n?gocier de la paix.

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