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Read Ebook: Mémoires de l'Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même by Catherine II Empress Of Russia

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Ebook has 305 lines and 93849 words, and 7 pages

Notes de transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.

M?MOIRES

?CRITS PAR ELLE-M?ME,

ET PR?C?D?S D'UNE PR?FACE

PAR

A. HERZEN.

LONDRES,

TR?BNER & CIE, 60, PATERNOSTER ROW.

JEAN CHILDS ET FILS, IMPRIMEURS.

PR?FACE.

Le cahier se termine brusquement vers la fin de 1759. On dit qu'il y avait des notes d?tach?es qui auraient d? servir de mat?riaux pour la continuation. Il y a des personnes qui disent que Paul les a jet?es au feu: il n'y a pas de certitude ? ce sujet. Paul tenait en grand secret le manuscrit de sa m?re, et ne le confia jamais qu'? son ami d'enfance, le prince Alexandre Kourakine. Celui-ci en prit une copie. Une vingtaine d'ann?es apr?s la mort de Paul, Alexandre Tourgeneff et le prince Michel Worontzoff obtinrent des copies de l'exemplaire de Kourakine. L'Empereur Nicolas, ayant entendu parler de cela, donna ordre ? la police secr?te de s'emparer de toutes les copies. Il y en avait, entr'autres, une ecrite, ? Odessa, par la main du c?l?bre po?te Pouschkine. Effectivement, les M?moires de l'Imp?ratrice Catherine II ne circul?rent plus.

L'Empereur Nicolas se fit apporter, par le comte D. Bloudoff, l'original, le lut, le cacheta avec le grand sceau de l'?tat, et ordonna de le garder aux archives imp?riales, parmi les documents les plus secrets.

Pendant la guerre de Crim?e on transf?ra les archives ? Moscou. Au mois de mars 1855, l'Empereur actuel se fit apporter le manuscrit pour le lire. Depuis ce temps une ou deux copies circul?rent de rechef ? Moscou et ? P?tersbourg. C'est sur une de ces copies que nous publions les M?moires. Quand ? l'authenticit?, il n'y a pas le moindre doute. Au reste il suffit de lire deux ou trois pages du texte pour ?tre convaincu.

Nous nous sommes abstenus de faire des corrections de style, dans tous les cas o? nous n'avions pas la conviction que la copie portait une faute de transcription.

Passant aux m?moires eux-m?mes, qu'avons-nous ? dire?

Voil?, en herbe, la Catherine de 1762!

Pierre I, terroriste et r?formateur avant tout, n'avait aucun respect pour la l?gitimit?. Son absolutisme s'effor?ait d'aller m?me au del? de la tombe. Il se donna le droit de d?signer son successeur, et, au lieu de le faire, il se borna ? ordonner l'assassinat de son propre fils.

Apr?s la mort de Pierre I, les grands de l'?tat s'assemblent pour aviser. Menchikoff arr?te toute d?lib?ration, et proclame imp?ratrice son ancienne ma?tresse, veuve d'un brave dragon su?dois, tu? sur le champ de bataille, et veuve de Pierre I, auquel Menchikoff l'avait c?d?e <>

La tradition rompue, bris?e, le peuple et l'?tat compl?tement s?par?s par la r?forme de Pierre I, les coups d'?tat, les r?volutions de palais ?taient alors en permanence. Rien de stable. En se mettant au lit les habitants de P?tersbourg ne savaient jamais sous le gouvernement de qui ils se r?veilleraient. Aussi s'int?ressait-on fort peu ? ces changements, qui ne touchaient au fond que quelques intrigants allemands devenus ministres russes, quelques grands seigneurs blanchis dans le parjure et le crime, et le r?giment de Pr?obrajensky, qui, ? l'instar des Pr?toriens, disposait de la couronne. Pour les autres il n'y avait rien de chang?. Et quand je dis les autres, je ne parle que de la noblesse et des employ?s: car de l'immensit? silencieuse du peuple--du peuple courb?, triste, ahuri, muet--personne ne s'inqui?tait; le peuple restait hors la loi, acceptant passivement l'?preuve terrible qu'il plaisait au bon Dieu de lui envoyer, et ne se souciant gu?re, de son c?t?, des spectres qui montaient d'un pas chancelant les marches du tr?ne, glissaient comme des ombres, et disparaissaient en Sib?rie ou dans les casemates. Le peuple, dans tous les cas, ?tait s?r d'?tre pill?. Son ?tat social ?tait donc ? l'abri de toute chance.

P?riode ?trange! Le tr?ne imp?rial--comme nous l'avons dit ailleurs--ressemblait au lit de Cl?opatre. Un tas d'oligarques, d'?trangers, de pandours, de mignons conduisaient nuitamment un inconnu, un enfant, une allemande; l'?levaient au tr?ne, l'adoraient, et distribuaient, en son nom, des coups de knout ? ceux qui trouvaient ? y redire. A peine l'?lu avait-il eu le temps de s'enivrer de toutes les jouissances d'un pouvoir exorbitant et absurde, et d'envoyer ses ennemis aux travaux forc?s ou ? la torture, que la vague suivante apportait d?j? un autre pr?tendant, et entra?nait l'?lu d'hier, avec tout son entourage, dans l'ab?me. Les ministres et les g?n?raux du jour s'en allaient le lendemain, charg?s de fer, en Sib?rie.

L'Imp?ratrice Anne meurt, laissant, comme nous venons de le dire, la couronne ? un enfant de quelques mois, sous la r?gence de son amant Biren. Le duc de Courlande ?tait tout puissant. M?prisant tout ce qui ?tait russe, il voulait nous civiliser par la schlague. Dans l'esp?rance de s'affermir, il fit p?rir avec une cruaut? froide des centaines d'hommes, en exila plus de vingt mille. Il ?tait ma?tre aussi dur qu'absolu. Cela ennuyait le mar?chal Munich. Celui-ci ?tait allemand aussi bien que Biren, mais de plus un tr?s bon guerrier. Un beau jour la princesse de Brunswick, la m?re du petit empereur, se plaint ? Munich de l'arrogance de Biren. <> demande le mar?chal.--<>--<> C'?tait le 7 septembre 1740.

Le 8, Munich d?ne chez Biren. Apr?s le diner, il laisse sa famille chez le r?gent, et se retire pour un instant. Il va tout doucement chez la princesse de Brunswick, lui dit qu'elle doit se pr?parer pour la nuit, et rentre. On se met ? souper. Munich raconte ses campagnes, les batailles qu'il a gagn?es. <> demande le comte de Loewenhaupt. <> reprend le mar?chal, un peu contrari?. Le r?gent, qui ne se sentait pas bien et ?tait couch? sur un sopha, se redresse ? ces paroles et devient pensif.

On se quitte en amis.

Arriv? ? la maison, Munich ordonne ? son aide-de-camp, Manstein, d'?tre pr?t ? deux heures. A deux heures il se met avec lui dans une voiture, et va droit au palais d'hiver. L? il fait r?veiller la princesse. <> demande le brave allemand, Antoine Ulrich de Braunschweig-Wolfenb?ttel, ? sa femme.--<> r?pond la princesse.--Et Antoine Ulrich se rendort comme une taupe.

Pendant qu'il dort, la princesse s'habille, et le vieux guerrier parle aux soldats les plus janissaires du r?giment de Pr?obrajensky. Il leur repr?sente la position humiliante de la princesse, parle de sa reconnaissance future, et, tout en parlant, fait charger les fusils.

On traverse paisiblement les rues de P?tersbourg; on arrive au palais du r?gent; on y entre, et Munich envoie Manstein pour l'arr?ter, mort ou vif, dans sa chambre ? coucher. Les officiers de service, les sentinelles, les domestiques regardent faire. <> dit Manstein, dans ses m?moires, <> Mais il ne s'en trouva pas un seul. Biren, voyant les soldats, se sauve, en rampant, sous le lit. Manstein le fait retirer de l?. Biren se d?bat. On lui donne quelques coups de crosse de fusil, et on le porte au corps de garde.

Le coup d'?tat ?tait fait. Mais il va se passer une chose bien plus ?trange encore.

Elisabeth, absorb?e dans les plaisirs et dans de petites intrigues, pensait peu au renversement du gouvernement. On lui fait accroire que la r?gente a l'intention de l'enfermer dans un couvent.--Elle, Elisabeth, qui passe son temps dans les casernes de la garde et dans les orgies..... plut?t se faire imp?ratrice! C'est aussi ce que pense La Ch?tardie; et il fait plus que penser, il donne de l'or fran?ais pour soudoyer une poign?e de soldats.

Et encore une fois m?me repr?sentation. Antoine-Ulrich de Braunschweig est r?veill? du plus profond sommeil; mais cette fois il ne peut se rendormir, car deux soldats l'enveloppent dans un drap de lit et le portent dans un cachot, d'o? il ne sortira que pour aller mourir en exil.

Le coup d'?tat est fait.

Maintenant que l'on se figure, d'apr?s ce que nous venons de dire, quel ?tait le milieu dans lequel la fatalit? jeta cette jeune fille dou?e, en m?me temps, et de beaucoup d'esprit, et d'un caract?re pliant mais plein d'orgueil et de passion.

Sa position ? P?tersbourg ?tait horrible. D'un c?t? sa m?re, allemande acari?tre, grognon, avide, mesquine, p?dante, lui donnant des soufflets et lui prenant ses robes neuves, pour se les approprier; de l'autre, l'Imp?ratrice Elisabeth, virago criarde, grossi?re, toujours entre deux vins, jalouse, envieuse, faisant surveiller chaque pas de la jeune princesse, rapporter chaque parole, prenant ombrage de tout, et cela, apr?s lui avoir donn? pour mari le ben?t le plus ridicule de son ?poque.

Prisonni?re dans le palais, elle n'ose rien faire sans autorisation. Si elle pleure la mort de son p?re, l'Imp?ratrice lui envoie dire que c'est assez; <> Si elle montre de l'amiti? pour quelqu'une des demoiselles d'honneur qu'on lui donne, elle peut ?tre s?re qu'on la renverra. Si elle s'attache ? un domestique fid?le, c'est encore plus s?r qu'on le chassera.

Ses rapports avec le grand-duc sont monstrueux, d?gradants. Il lui fait des confidences sur ses intrigues amoureuses. Ivrogne depuis l'?ge de dix ans, il vient une fois, la nuit, avin?, entretenir sa femme des gr?ces et des charmes de la fille de Biren; et, comme Catherine fait semblant de dormir, il lui donne un coup de poing pour l'?veiller. Ce butor tient ? c?t? de la chambre ? coucher de sa femme une meute de chiens qui empeste l'air, et pend des rats, dans la sienne, pour les punir, selon les r?gles du code militaire.

La dictature imp?riale en Russie t?che en vain de se repr?senter comme traditionelle et s?culaire.

Encore un mot avant de finir.

Catherine n'entendit parler s?rieusement du peuple russe que bien longtemps apr?s, lorsque le cosaque Pougatcheff, ? la t?te d'une arm?e de paysans insurg?s, mena?ait Moscou.

Pougatcheff vaincu, le palais d'hiver oublia de rechef le peuple. Et je ne sais quand on s'en serait souvenu, s'il n'avait remis lui-m?me son existence en m?moire ? ses ma?tres, en se levant en masse en 1812, rejetant d'un c?t? l'affranchissement du servage pr?sent? au bout des ba?onnettes ?trang?res, et allant de l'autre mourir pour sauver une patrie qui ne lui donnait que l'esclavage, la d?gradation, la mis?re--et l'oubli du palais d'hiver.

A. HERZEN.

LONDRES, 15 novembre 1858.

M?MOIRES

L'IMP?RATRICE CATHERINE II,

?CRITS PAR ELLE-M?ME.

Ii?re PARTIE.

DEPUIS 1729, ANN?E DE SA NAISSANCE, JUSQU'A 1751.

La fortune n'est pas aussi aveugle qu'on se l'imagine. Elle est souvent le r?sultat de mesures justes et pr?cises, non aper?ues par le vulgaire, qui ont pr?c?d? l'?v?nement. Elle est encore, plus particuli?rement, un r?sultat des qualit?s, du caract?re, et de la conduite personnelle.

Pour rendre ceci plus palpable, j'en ferai le syllogisme suivant:

Les qualit?s et le caract?re seront la majeure;

La conduite, la mineure;

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