Read Ebook: Angélique de Mackau Marquise de Bombelles et la Cour de Madame Élisabeth by Fleury Maurice Comte
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Ebook has 838 lines and 109183 words, and 17 pages
On a form? l'enfant d?s le berceau aux belles mani?res. Elle s'est habitu?e ? se promener d'un air grave; on juge de ce que peuvent ?tre ses jeux de prime jeunesse en corps de baleine et en paniers; sauter et courir voil? de fort sottes occupations pour une fille noble destin?e ? tenir un rang dans la soci?t?, surtout ? la Cour, but de toutes les aspirations. Elle voit fort peu sa m?re, tant les multiples occupations mondaines, le th??tre, la Cour, les petits salons o? l'on cause, o? l'on joue, o? l'on soupe, o? l'on m?dit, prennent son temps, accaparent exclusivement son esprit. Passer des heures avec l'enfant dont l'intelligence s'?veille peu ? peu, jouer avec elle en un charmant abandon, livrer les profondeurs na?ves de sa tendresse maternelle, se montrer petite et simple pour mieux insuffler son amour, se faire aimer ? force d'abdication du moi, ? force d'oubli des pr?occupations et des soucis ext?rieurs, reprendre peu ? peu et savoir garder la place qu'ont occup?e les <
Cette premi?re vie de famille un peu sommaire ne suffit pas pour l'?ducation d'une fille. La mode n'est pas venue encore des institutrices ? demeure, mais il est de grandes maisons de tenue religieuse et d'allure mondaine ? la fois o? se retirent des femmes de tout ?ge, o? l'on se dispute ces enfants de la noblesse suivant leur rang et leur fortune: Fontevrault, Panth?mont, rue de Grenelle, les Dames de Sainte-Marie de la rue Saint-Jacques, Saint-Louis de Saint-Cyr pour un noyau restreint, portes ouvertes ? deux battants sur le monde dont les bruits, les nouvelles, les caquets arrivaient sans retard. A ces veuves, prises d'acc?s de d?votion passag?re, ? ces femmes en instances de s?paration judiciaire, ? celles qui fuyaient la soci?t? trop bruyante par raison ou par tristesse ou simplement parce que la petite v?role les avait maltrait?es, il fallait ces distractions, ces effluves de la Cour et de la Ville... Les jeunes filles ?lev?es dans un b?timent s?par? prenaient contact, aux longues heures de r?cr?ation, avec celles qui peuplaient les parloirs, elles s'impr?gnaient de l'air du si?cle, cependant qu'on leur enseignait le chant, le dessin et la danse, tous les talents de la bonne compagnie et surtout l'art de plaire.
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L'abbaye de Panth?mont ?tait situ?e l? o? est maintenant le temple protestant, 108, rue de Grenelle. C'?tait le couvent le plus ?l?gant et le plus mondain de Paris. Les princesses Bathilde d'Orl?ans et Louise de Cond? y pass?rent plusieurs ann?es, cette derni?re jusqu'? sa vingt-cinqui?me ann?e. Les deux princesses avaient leur appartement ? part, leur train de vie ? part, leur table particuli?re, une dame d'honneur, plusieurs femmes de service. Elles donnaient ? d?ner et recevaient toute une petite cour.
Ces maisons o? l'?ducation est si frivole font naturellement penser ? ce couvent de Terceire dans les A?ores, o? firent halte les officiers fran?ais revenant d'Am?rique. Lauzun, Broglie, S?gur y remport?rent de faciles succ?s. L'abbesse qui n'y voyait pas de mal adressait aux jeunes conqu?rants des compliments que S?gur paraphrasa ainsi: <
Elle sait se tenir, marcher, faire sa partie dans un menuet; elle sait causer de mille riens, baragouiner l'anglais ou l'italien, se moquer et critiquer; elle a appris la g?n?alogie de sa famille et un peu celle des Bourbons; elle a cet esprit naturel qui est instinctif aux castes qui, ne prenant pas le temps d'approfondir les sujets et n'ayant pas ? se pr?occuper des difficult?s de l'existence, cueillent la fleur au vol... Elle ne sait rien de la vie et de ses devoirs, rien des plaies sociales qui, sans qu'elle s'en doute, l'entourent et qu'elle peut ?tre appel?e ? secourir... Elle n'a qu'un but, qu'un d?sir, que son ?ducation particuli?re a fait cro?tre, surchauff? au point d'en faire une obsession: se marier tr?s jeune, suivant les convenances de rang et de fortune. Les parents arrangent tout d'avance: les futurs conjoints se voient une ou deux fois, le mariage est d?cid? avant qu'ils n'aient le temps de se conna?tre. Parfois elle a treize ou quatorze ans, lui seize ou dix-sept ans; dans ce cas, le soir des noces les deux enfants sont s?par?s, le mari pour faire son apprentissage aux arm?es, elle pour rentrer pour deux ou trois ans dans son couvent ou dans un autre.
On l'appelle madame, elle a le droit de recevoir quelques visites, elle continue ? se perfectionner dans les arts d'agr?ment, les livres sont presque compl?tement ferm?s; la petite mari?e ne songe qu'au jour o? il lui sera permis de para?tre sur la premi?re sc?ne du monde, ? ?tre pr?sent?e ? la Cour et ? se m?ler ? la soci?t? brillante. Elle envisage la nouvelle vie qui va lui ?tre faite; elle entrevoit diamants, beaux atours, berline, com?die, f?tes et soupers.
Si les buts ? atteindre sont souvent les m?mes de nos jours pour de tr?s jeunes ?pous?es, il faut confesser que l'?tat de la jeune fille actuelle est plus enviable. N'a-t-elle pas le droit d'avoir place au banquet des plaisirs, de jouer son r?le dans le mouvement mondain? jusqu'? un certain point ne lui est-il pas possible d'?tudier ceux parmi lesquels elle choisira ou laissera choisir son mari? Du moins ne la force-t-on pas comme jadis ? prononcer des voeux religieux afin que par le sacrifice des filles et des cadets trait?s en branches parasites s'?panouisse en pleine s?ve le principal rejeton.
Rapprochons-nous de l'?poque qui nous occupe. Il y a toujours des chevaliers de Malte pris par ordre parmi les cadets de vieille souche et plus ou moins bien lotis, des pr?tres forc?s, des abbesses n?es parmi les plus grandes maisons... N?cessit? familiale devant laquelle on s'incline. Il est un clan o? le chapeau de cardinal se passe d'oncle en neveu, les Rohan sont un instant plusieurs ? porter la pourpre et on les distingue par le nom de Gu?m?n?e et de Soubise, tandis que le senior garde le nom de Rohan. Pl?t au Ciel que la source de ces cardinaux se f?t tarie, avant l'av?nement du trop c?l?bre Louis, grand-aum?nier de France... l'homme du Collier!...
Ang?lique de Mackau, de famille noble et sans fortune, se trouvait bien dans les conditions voulues pour entrer dans cette maison recherch?e. Il s'en fallut de peu qu'elle n'y compl?t?t son ?ducation... Mais la jeune princesse dont elle ?tait devenue la compagne la r?clamait pour elle-m?me et, devant sollicitation si imp?rieuse, toutes consid?rations s'?taient tues.
Comment s'?tait conclu cet arrangement, Mme de Bombelles l'a cont? elle-m?me en 1795 ? M. Ferrand, tout en expliquant de quelle fa?on, quelques ann?es auparavant, sa m?re ?tait devenue sous-gouvernante de cette enfant volontaire et indisciplin?e, mais d'une gr?ce et d'une sensibilit? charmante qui ?tait Madame ?lisabeth.
La premi?re ?ducation de la petite princesse ne s'?tait pas faite sans difficult?. Orpheline ? trois ans, elle n'ob?issait ? personne. Les t?moignages contemporains la montrent ? l'?ge de six ans comme une petite sauvage, avec un air d?termin? et doux en m?me temps, avec je ne sais quoi d'entier et de rebelle qui ne se laissait pas ais?ment apprivoiser. Elle offrait des asp?rit?s, des disparates bizarres de caract?re; elle passait volontiers d'un extr?me ? l'autre: tant?t sensible et charmante, tant?t fi?re et hautaine. Ses in?galit?s rappelaient le duc de Bourgogne.
La comtesse de Marsan, gouvernante des Enfants de France, eut fort ? faire pour mater cette nature ind?pendante. A l'encontre de Madame Clotilde, sa soeur, ?g?e de cinq ans, qui s'offrait tr?s souple, d?sireuse d'apprendre et de se plier ? ce qui lui ?tait command?, Madame ?lisabeth se montrait ent?t?e dans ses caprices, opini?tre dans ses r?voltes, orgueilleuse et hautaine avec ceux qui la servaient; dans l'exag?ration de sa morgue princi?re elle ne souffrait pas non seulement qu'on lui tint t?te, mais m?me qu'on p?t tarder ? ex?cuter ses d?sirs. A ses d?butantes ?tudes, elle n'apportait ni gr?ce ni bon vouloir et, malgr? l'exemple de sa soeur, toujours mis devant ses yeux,--? sa grande jalousie, d'ailleurs,--elle proclamait qu'elle n'avait besoin ni de se fatiguer, ni d'apprendre, <
Une circonstance fortuite devait amener un premier changement dans l'humeur fantasque de l'enfant. Elle ?tait tomb?e malade. Clotilde demanda avec instance ? la soigner, obtint que son lit f?t apport? dans la chambre de sa soeur. S'il ne lui fut pas permis de la veiller la nuit, du moins ne la quitta-t-elle pas dans le jour, et de cette intimit? de chaque instant, de ces soins apport?s avec touchante affection devaient na?tre de probants r?sultats. Clotilde donna d'excellents conseils ? sa soeur et, de plus, se fit sa vraie premi?re institutrice; bient?t ?lisabeth, qui s'y ?tait refus?e jusqu'alors, consentit ? ?peler ses mots; au bout de peu de temps, elle prenait go?t ? la lecture.
Sans doute Plutarque devenu l'instituteur de leur bas ?ge avait dict? aux princesses, comme ? Henri IV, <
L'arriv?e de Mme de Mackau, escort?e de sa fille Ang?lique, devait faire bonne impression sur la petite princesse.
< Par cela m?me qu'elle ?tait la compagne plus ?g?e de la princesse, dans ses jeux comme dans ses ?tudes, et compagne choisie non subie, Ang?lique devait exercer utile influence, aider puissamment Mme de Mackau ? faire triompher son programme de femme de haute pi?t? et d'opini?tre pers?v?rance. L? o? Mme de Marsan, plus indolente, n'avait pas pleinement r?ussi, Mme de Mackau fut assez rapidement victorieuse. D'une enfant vaniteuse et personnelle elle ne devait pas tarder, avec l'aide de l'abb? de Montaigu, ? faire une princesse ?prise et respectueuse de ses devoirs; d?s l'?poque de sa premi?re communion, qui devait de si peu pr?c?der le mariage de la princesse Clotilde avec le futur roi de Sardaigne, elle avait compris, suivant l'?loquente parole d'un de ses pan?gyristes, non l'un des moindres, < Le 13 ao?t 1775. Quand, le 20 ao?t, Madame Clotilde, mari?e par procuration, partit pour le Pi?mont, ce fut pour sa soeur un cruel d?chirement. Ce qu'?taient, ? l'?poque, ces mariages ? l'?tranger des Filles de France, on le sait: adieu supr?me ? la famille, ? la patrie, ? toutes les affections, ? toutes les intimit?s de l'enfance et de la jeunesse. Elles n'avaient plus m?me, ces princesses, pour ?pancher leur coeur, cette consolation des correspondances intimes qui entretiennent les liens des parents et des ?lus de l'amiti?. Toute lettre ?tait oblig?e de subir l'estampille officielle, de suivre le canal diplomatique; souvent elle passait au crible des agents secrets des Gouvernements: la confiance, l'abandon disparaissaient de cet ?change de pens?es; il fallait user de subterfuges pour faire passer des lettres qui exprimaient autre chose que des phrases protocolaires. Madame Clotilde sera autoris?e ? venir de temps ? autre jusqu'? Chamb?ry pour y recevoir des membres de sa famille. Elle aura l'occasion de revoir ses fr?res, mari?s eux-m?mes ? des princesses de Pi?mont, elle ne reverra jamais la jeune soeur dont elle avait prot?g? l'enfance et qui professait pour elle une si tendre et sinc?re affection. Les onze ans de Madame ?lisabeth n'avaient pas encore la force de dissimuler ce qu'elle ressentait am?rement: elle se laissa aller, se sentant orpheline pour la seconde fois, ? la violence de son d?sespoir. L'?clat de cette douleur fit impression ? la Cour o? ce genre de manifestations s'?teint d'ordinaire sous les r?gles de l'?tiquette et la banalit? des conventions: devoirs ou plaisirs. Marie-Antoinette s'en attendrit et, sous l'empire de cette ?motion, elle put ?crire ? l'imp?ratrice Marie-Th?r?se: < C'?tait aussi une ancienne ?l?ve de Saint-Cyr. Elle ?tait douce et gaie et s'?tait fait aimer de Madame Elisabeth. Quand Mme de Marsan, peu apr?s le d?part de Madame Clotilde, e?t donn? sa d?mission et pass? son < La v?rit? est que Madame ?lisabeth avait une pr?dilection pour la maison de Saint-Cyr. La comtesse de Marsan y conduisait volontiers ses ?l?ves, les religieuses que ne g?taient plus gu?re de visites royales accueillaient avec empressement les petites princesses, et c'?tait toujours une vraie joie pour Madame ?lisabeth quand il lui ?tait permis de passer une journ?e au milieu de ses ch?res orphelines. Elle aimait ? leur r?p?ter: < En somme, la princesse ?lisabeth ne songea jamais s?rieusement ? se clo?trer; si les mariages avec des princes ?trangers ne lui sourirent pas, c'est qu'elle entendait rester en France, se consacrer au Roi qu'elle ch?rissait, ? la famille royale ? qui elle se sentait utile, et aussi ? cette grande famille qu'elle s'?tait cr??e et qui s'?tendait de ses amies d'?lection ? ses pauvres, les siens et ceux qu'on lui amenait. Il est des vies d'abn?gation qui valent des existences monastiques, il est des actes qui surpassent les silences impos?s, il est des pi?t?s indulgentes aux autres qui passent avant toutes les aust?rit?s conventuelles. L'empreinte morale et religieuse donn?e par Mme de Mackau allait r?sister ? l'impulsion mondaine tent?e par la princesse de Gu?m?n?e, et m?me apr?s ses quatorze ans, lorsque sa maison eut ?t? mont?e, Madame ?lisabeth ne devait pas sensiblement changer ses id?es. Son caract?re solidement ?tabli ne se modifierait que peu avec l'?ge. Chez elle, les id?es primesauti?res faisaient bon m?nage avec les principes moraux les plus s?v?res, la pi?t? avec la riante gaiet?, une vraie < Nous la verrons passer au milieu du monde de la Cour ne cherchant pas le mal et ne le voyant qu'? la derni?re limite, se m?lant le moins possible aux intrigues qui fourmillaient jusqu'autour d'elle, donnant les meilleurs exemples de tenue et de bienveillance, aimant la vie retir?e au milieu de la Cour agit?e, ce qui ne l'emp?chera pas d'accomplir ses devoirs de soeur du Roi. Maintenant que nous avons renouvel? connaissance avec la charmante princesse qui illumine cette biographie d'une de ses plus tendres amies, nous nous h?tons de retourner vers notre h?ro?ne principale qui attend impatiemment l'heure o? le oui solennel l'aura unie au mari choisi par sa m?re et, par elle-m?me, adopt? avec enthousiasme. Nombreuses lettres conserv?es aux archives de Seine-et-Oise. Ang?lique, douce, raisonnable--tr?s raisonnable toujours malgr? un soup?on d'enfantillage de forme plus que de fond--bonne, affectueuse et d?sireuse d'affection, tr?s s?duisante avec ses traits fins, ses grands yeux bons respirant la franchise, son accueil am?ne et bienveillant, ?tait aim?e de tous ceux qui l'entouraient. Chacun prenait int?r?t ? son avenir conjugal: elle ne faisait pas en somme qu'un mariage de raison inesp?r?, en ?pousant un homme d'intelligence et de valeur, ministre pl?nipotentiaire ? trente-trois ans et appel? ? devenir ambassadeur. Elle aimait comme un fr?re tr?s a?n? cet ami de la famille, et elle trouvait tout simple, en s'alliant ? un homme s?rieux, de dix-sept ans plus ?g? qu'elle, de se donner un protecteur en m?me temps qu'un mari. C'est par lettres que l'union a ?t? d?cid?e, c'est par lettres qu'ils se sont promis l'un ? l'autre. M. de Bombelles a encore aupr?s de lui sa soeur Jeanne-Ren?e qui se porte garant du charme de Mlle de Mackau, et l'un et l'autre, sans s'?tre revus, semblent tout dispos?s ? se d?clarer ?pris. Les lettres d'Ang?lique t?moignent d'un contentement parfait, du d?sir de rendre son mari heureux, de la volont? d'?tre heureuse par lui. Cette union ?tait-elle pr?destin?e? On le croirait ? la fa?on dont Mlle de Mackau a gard? le souvenir des ann?es d'enfance < Voil? de l'amiti? et de la tendresse en attendant de l'amour, et cette jeune fille de seize ans sait graduer les sentiments. N'est-elle pas aussi bien raisonnable pour son ?ge lorsqu'elle ?crit: < De si bonnes dispositions pour l'avenir de son m?nage ne sauraient aller sans de profonds sentiments de famille. Aussi Ang?lique est-elle reconnaissante ? son futur mari de sa < Qu'il ne s'exag?re pas surtout les charmes de sa figure. Elle n'a nullement embelli depuis qu'il l'a vue, et sa belle-soeur a eu bien tort de la vanter. L? o? Mlle de Bombelles n'a pas exag?r? c'est en r?p?tant sans cesse sa fa?on de penser. La jeune fille s'excuse sur sa gaucherie ? ?crire et termine ainsi sa lettre: < Nous sommes l? en pleine com?die de Sedaine! Mais ne rions pas, ces sentiments ?taient sinc?res. Le nom de Mme de Mackau a ?t? invoqu?; celle-ci prend aussit?t la plume et ajoute, d'abord gaiement: < La gaucherie m?me de la lettre de sa fille doit plaire au marquis, Mme de Mackau le sent, et elle le dit ? son futur gendre: < Mme de Mackau aborde ensuite un point d?licat que M. de Bombelles n'a pas cru devoir taire ? sa fianc?e. Le marquis avait aim?, on vient d'y faire allusion, une jeune fille, Mlle de Schwarzenau, et avait ?t? pay? de retour; la rupture toute r?cente s'?tait offerte fort p?nible, la blessure ?tait encore ouverte, et < Avec son bon coeur, Ang?lique avait lu entre les lignes, et comme sa m?re et sa tante, apr?s lui avoir communiqu? la lettre d?licate, ?piaient les impressions sur son visage, elle n'avait pas eu un moment d'h?sitation: < La marquise de Soucy. A ce trait, Mme de Mackau s'?tait attendrie. < Que Mme de Mackau, d?j? s?par?e de son fils dont le caract?re ind?cis l'effraie, regrette par moments la n?cessit? de se s?parer de < Au seuil de ce r?cit, nous ne pouvons nous arr?ter autant qu'il conviendrait au voyage familial et politique ? la fois du fr?re de Marie-Antoinette. Il serait impardonnable de n'en point dire quelques mots. Gr?ce aux r?cits contemporains nul n'ignore que l'Empereur se posa en mentor de la Reine, dont il ?tait l'a?n? de quatorze ans, qu'il lui parla tr?s s?rieusement et lui laissa des Instructions ?crites, qui produisirent un effet... momentan?. Il affecta de se montrer s?v?re et critique au milieu des cajoleries dont l'entoura sa soeur, mais il jouait un r?le dont on pouvait deviner les dessous. Il bl?mait le luxe, le go?t pour les plaisirs que manifestait la Reine. Comme il s'?tait attaqu? pr?c?demment ? la princesse de Lamballe, il s'attaqua aux Polignac. Il s'occupa sp?cialement du jeu effr?n?, qui se jouait dans l'entourage de Marie-Antoinette, et Mercy rapporte comment il s'emporta au sujet de la princesse de Gu?m?n?e, dont il appelait la maison < Voici quelques-uns des paragraphes du questionnaire imp?rial: --Employez-vous tous les soins ? plaire au Roi? Etudiez-vous ses d?sirs, son caract?re pour vous y conformer? T?chez-vous de lui faire go?ter votre compagnie et les plaisirs que vous lui procurez, et auxquels, sans vous, il devrait trouver du vide? Votre seul objet doit ?tre l'amiti?, la confiance du Roi. Comme Reine, vous avez un emploi lumineux: il faut en remplir les fonctions. Votre fa?on n'est-elle pas un peu trop leste?... Plus le Roi est s?rieux, plus votre Cour doit avoir l'air de se calquer apr?s lui. Avez-vous pes? les suites des visites chez les dames, surtout chez celles o? toute sorte de compagnie se rassemble, et dont le caract?re n'est pas estim?? Avez-vous pes? les cons?quences affreuses des jeux de hasard, la compagnie qu'ils rassemblent, le ton qu'ils y mettent? ... Daignez penser un moment aux inconv?nients que vous avez d?j? rencontr?s aux bals de l'Op?ra.
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