Read Ebook: Recueil de chansons en patois de la Bresse by La Geli Re P C De
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Ebook has 677 lines and 60477 words, and 14 pages
L'Illustration, No. 0036, 4 Novembre 1843
Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois. 16 fr.--Un an, 30 fr. prix de chaque N?. 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75.
Ab. pour les D?p.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr.--Un an, 32 fr. Pour l'?tranger. -- 10 -- 20 -- 40
Une visite au po?te Jasmin.
Il y a bien aussi, dans cette France m?ridionale, un autre homme qui, par sa po?sie et sa condition, a quelque similitude avec Jasmin; c'est Reboul, le boulanger de N?mes. Mais cette circonstance n'est qu'apparente; Reboul n'est homme du Midi et boulanger que par hasard; ce n'est pas l? sa condition r?elle, C'est un litt?rateur d'esprit et, ?l?gant, comme tant d'autres; c'est un des mieux plac?s dans cette l?gion d'astres qui gravitent, en le refl?tant, autour de ce soleil qui se nomme Lamartine. Mais n'allez pas lui demander des vers en patois; sa langue est celle de Paris; il en conna?t tous les secrets, toutes les formes m?lancoliques et harmonieuses; il vous variera avec charme cet ?ternel th?me de douleur, de religion et d'amour qui, depuis 1820, a fait germer deux mille volumes de vers. Ce qui le distingue cependant et le met hors ligne, c'est qu'il est boulanger; mais ceci est le secondaire et l'accident de sa vie.--Une dame du grand monde, entendant parler des succ?s diplomatiques et des tableaux de Rubens, disait nonchalamment: <
Tel n'est pas Jasmin. L?, au contraire, est une nature sup?rieure, vierge, originale, un g?nie qui n'a d'autre source que dans lui-m?me, et qui s'est fait un lit et des rives pour y verser et y promener une po?sie ?trange et inconnue. C'est un homme qui, parlant une langue soeur de celle du Dante, mais aujourd'hui d?daign?e et presque proscrite, s'en est hardiment empar?, l'a ?pur?e, agrandie et fix?e. Cette langue allait mourir, disaient-ils, et lui la ressuscite et la baptise au nom de la po?sie et du g?nie; et ses po?mes, qui ne peuvent p?rir, entra?nent avec eux l'idiome dans leur immortalit?.
Quel est donc cet homme extraordinaire devenu ainsi la gloire et presque l'idole du midi de la France? Il nous serait facile de r?pondre ? cette demande en analysant et pillant au besoin les excellents et charmants articles publi?s d?j? sur lui par MM. Nodier, Sainte-Beuve, Lavergne et tant d'autres; mais peut-?tre voudra-t-on bien pr?f?rer ? ce transvasement des pens?es et des phrases d'autrui des impressions personnelles et toutes r?centes. Je vais donc raconter avec une v?rit? simple la visite que j'ai faite il y a peu de jours ? Jasmin.
J'entrai dans la boutique. Elle est ?troite et petite; trois chaises et un fauteuil en paille la meublent; tout autour, des armoires vitr?es regorgent de perruques, de flacons, de peignes et de parfumerie; une de ces armoires, la plus obscure, contient quelques livres: ? cot? d'elle, dans le m?me coin, un petit gu?ridon est charg? de journaux, de lettres, de livres: c'est le coin du po?te.
La femme de Jasmin ?tait alors seule. <
Il me lit asseoir sur le fauteuil de paille, et lui-m?me prit une chaise aupr?s de sa femme.. Cette double condition de po?te et de coiffeur embarrassait ma d?marche, et j'attaquai d'abord le coiffeur. <
Alors la physionomie de Jasmin devint tout ? coup br?lante et splendide d'animation, de froide et indiff?rente qu'elle ?tait. <
< < Et Jasmin, se levant, me dit avec un art prodigieux et les inflexions d'un com?dien consomm? ces vers: Mes enfants, dans ce village, Suivi des rois, il passa; Voil? bien longtemps de ?a: Je venais d'entrer en m?nage. A pied grimpant le coteau O?, pour voir, je m'?tais mise, Il avait petit chapeau Avec redingote grise, Pr?s de lui je me troublai. Il me dit: Bonjour, ma ch?re! Bonjour, ma ch?re! --Il vous a parl?, grand'm?re! Il vous a parl?! < < < En ce moment, entre un ?tranger. < Et il feuilletait son livre, ravi ? chaque pi?ce qu'il voyait; et il s'arr?ta enfin ? celle-ci: < Et il lut d?licieusement cette pi?ce: Et bous tab?, Moussu, sans cregne De troubla mous jours et mas neys M'escribes de pourta ma guittaro et moun pegne Dins la grando bilo des Reys!... Et vous aussi, monsieur, sans craindre De troubler mes jours et mes nuits, Vous m'?crivez d'aller porter ma guitare et mon peigne Dans la grande ville des Rois!... Il terminait cette lecture entrecoup?e de remarques, de commentaires et des ?lans de la plus na?ve et de la plus charmante satisfaction, lorsqu'un second Elle est r?veill?e comme une rate Elle chante comme un rossignol Mais elle me m?prise la chatte D'un autre elle fait le bonheur. Tui leu cha chou lou m?mou chozhou U nou j'in t? d?cha tui deu, Te vindr? choule peuvrou Liaudou Te vindr? b?lau ton malheu; Tou lou mondou chazha ta pin-na Te sh?tezh? c? tin qu'u zhou Pau m? ne m'ame ma Liaudinna M? ma de l'amezhe touzhou. Tous les soirs sous le m?me saule O? nous avons tant dans? tous deux Tu viendras seul pauvre Claude Tu viendras b?ler ton malheur Tout le monde saura ta peine Tu chanteras cela jusqu'au jour Plus elle ne m'aime ma Claudine Mais moi je l'aimerai toujours. LA LIAUDIN-NA NOUVELLE LA CLAUDINE D'amou ma petita Liaudin-na Che d?gredia, che r?velia, Qu'? n'a pau d? touta la plin-na Na fellie ple brauva que lia; L'a lou pa na, la bena mena, De trai que seure?on touzhou, Avou? c? l'a la taille fena Pi de zu brajaye d'amou. J'aime une petite Claudine Si d?gourdie, si r?veill?e Qu'il n'y a pas dans toute la plaine Une fille plus jolie qu'elle Elle a les cheveux noirs elle a bonne mine Des traits qui sourient toujours Avec ?a elle a la taille fine Et les yeux < Le bin che viva che frequ?ta Le ch'abeli? avoua t? de go?, Que le m? fa vrei? la t?ta Ne p?chou qu'? lia tou lou zhou; Pi quem? la nai d? meu chonzhou Me crayou touzhou pr? de lia, De dremou cont? quem? n'onzhou Qu? bin si choule d? mon lia. Elle est bien si vive si friquette Elle s'habille avec tant de go?t Qu'elle m'en fait tourner la t?te Je ne pense qu'? elle tout le jour Puis comme la nuit dans mes songes Je me crois toujours pr?s d'elle Je dors content comme un ange Quand m?me je suis seul dans mon lit. M? lou matin qu? me r?veliou S'? von meu r?vou de beneu, Pichqu'?zhou me livou, m'hadeliou M? l'?nui me crive lou coeu. Quem? n'ai r? pe me distraizhe Que r? ne peut me conchoulau. Pi que n'?f? qu'a perdu cha m?zhe De b?lou touta la zhournau. Mais le matin quand je me r?veille S'en vont mes r?ves de bonheur Puisqu'il fait jour je me l?ve, je m'habille Mais l'ennui me cr?ve le coeur Comme je n'ai rien pour me distraire Que rien ne peut me consoler Pire qu'un enfant qui a perdu sa m?re Je pleure toute la journ?e. D? mon tourm? pe va ma blonde L'a sheurshezha s? m'arr?tau. Pe lam? mamau cha man blanshe De baillezha bin mon gr? prau, De l'amou t? que r? su tarra Ne vaut pre ma che n'amitia, Pe la va d'azardezha me n'ama Pe l'a va de v?dra ma via. Dans mon tourment pour voir ma blonde Je la chercherais sans m'arr?ter Pour seulement baiser sa main blanche Je donnerais bien mon grand pr? Je l'aime tant que rien sur terre Ne vaut pour moi son amiti? Pour la voir j'hasarderais mon ?me Pour l'avoir je vendrais ma vie. M?, oh qu? beneu! ma Liaudin-na A vu meu tourm?, ma douleu, Ch n'ama a compris la min-na Chon bon coeu a compris mon coeu, Pichque pe zh' adoci me pin-ne Le vu bin partazhie mon seu, Que che voul?tau cheyon le min-ne Chon beneu fazha mon beneu. Mais oh! quel bonheur! ma Claudine A vu mes tourments, ma douleur Son ?me a compris la mienne Son bon coeur a compris mon coeur Puisque pour adoucir mes peines Elle veut bien partager mon sort Que ses volont?s soient les miennes Son bonheur fera mon bonheur. L'?BAUDA L'?BAUDE Uvre me don ta peurta Uvre me don Me?on, E pleu quem? na queurda. On ne sin paum? nion, Et?te chouliau l'euzha. De greloutou de fra, Aqueurde me don n'ozha A pachau avou? ta. Ouvre-moi donc ta porte Ouvre-moi donc Mion, Il pleut comme une corde. On ne sent plus personne, Entends-tu souffler le vent. Je grelotte de froid, Accorde-moi donc une heure A passer avec toi. E chetivoui ta f?ta Pourre te bin dremi, Qu? dechou ta fen?tra Choupizhe te n'ami, Fa te don va la t?ta Pe me parlau Me?on, Te va bin que chou l'?tra Avouai ma ? n'a nion. C'est aujourd'hui ta f?te Pourrais-tu bien dormir, Quand sous ta fen?tre Soupire ton ami, Fais-toi donc voir la t?te Pour me parler Mion, Tu vois bien que sous l'hangar Avec moi il n'y a personne. Boncha mon peuvrou Liaudou Ne fin pau trou de via, Mon p?zhe ? de pau n'autrou Revozhe d? chon lia; Eye bin va que t'amou M? te n'eu dezh? pau, Che nou parlin mariazhou T? sui d'?tre ?conviau. Bonsoir mon pauvre Claude Ne faisons pas trop de vie, Mon p?re, ce n'est pas un autre Bouge dans son lit; C'est bien vrai que je t'aime Mais tu ne le diras pas, Si nous parlons de mariage Tu es s?r d'?tre renvoy?. 4 S? ne tin qu'? ton paizhe De t'?poujau Me?a, De m'?nizhe te braizhe Lou r?chtou de ma via, L'? vedre on ple reshou Pret? lou bin ne l'eu Me?a te gazh?tashou Ne fon pau lou beneu. S'il ne tient qu'? ton p?re De t'?pouser Mie, Je m'en irai te braire Le restant de ma vie, Il en voudrait un plus riche Pourtant le bien ni l'or Mie, je te le garantis Ne font pas le bonheur. 5 Lou deri mou de Liaudou N'?zhe pau abadau, Qu'arrevi tou de quatrou Lou paizhe pe leu z'?grau, Me?on teu qu'?ya preti? Que t'?pashe de dremi? --Eye l'euzha que seuli? Que fa pretou creci. Le dernier mot de Claude N'?tait pas sorti, Qu'arriva tout de quatre Le p?re par l'escalier, Mion, qu'y a-t-il par l? Qui t'emp?che de dormir? --C'est le vent qui souffle Qui fait partout craquer.
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