Read Ebook: Chronique de 1831 à 1862 Tome 2 (de 4) by Dino Doroth E Duchesse De Radziwill Marie Dorothea Elisabeth De Castellane F Rstin Editor
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Ebook has 1271 lines and 165190 words, and 26 pages
Extrait d'une lettre.
J'ai eu, hier, ? la fin de la matin?e, la visite de M. de Tocqueville, qui me pla?t assez; celle du duc de Noailles, qui, sans d?plaire jamais, ne pla?t jamais trop; et, enfin, celle de Berryer, qui pourrait plaire beaucoup, s'il ne portait, ? travers son esprit et son agr?ment, une certaine empreinte de mauvaise vie dont je suis frapp?e; du reste, la conversation a tr?s bien march?, entre l'un qui a si bien vu, le second qui est sain dans son jugement, et le troisi?me qui a, dans l'esprit, le mouvement rapide avec lequel on devine tout. Cette conversation d'hommes distingu?s a port? uniquement sur les choses, point sur les hommes; pas un nom propre, aucun comm?rage, ni violences, ni aigreurs; elle a ?t? telle que la conversation devrait toujours ?tre conduite, surtout chez une femme.
Le prince Charles de Naples, fr?re de la duchesse de Berry, ?tait le neveu de la Reine Marie-Am?lie.
J'ai raison de croire que si Thiers n'a pas r?pondu imm?diatement l'autre jour au grand discours de Guizot, cela a ?t? par mesure de prudence, et par docilit? ? des ordres sup?rieurs; mais il ne perdra rien pour attendre, et, ? la prochaine occasion, nous verrons ?clater une grosse bombe. Il me para?t qu'on n'a pas voulu placer la question comme un duel entre deux individus, et qu'on a pr?f?r? laisser ?venter un peu l'effet de l'un avant de le combattre. D'ailleurs, une ?norme majorit? a r?pondu ? l'effort du moment; il est seulement f?cheux qu'il y ait autant de concessions dans le discours de M. Sauzet et j'ai vu des m?contentements prononc?s et ?lev?s ? ce sujet.
M. de Tocqueville, que M. Cousin avait, ? son insu, pr?sent? ? l'Acad?mie des sciences morales et politiques, m'a dit avoir d?clar? ne pas vouloir qu'il f?t question de lui sur de nouveaux frais. Il ne se soucie pas, lui, petit-fils de M. de Malesherbes, de si?ger ? c?t? de conventionnels, car cette Acad?mie est, en g?n?ral, fort mal compos?e.
Il n'est bruit que d'une conversation entre le Roi et Guizot, dans laquelle le Roi aurait, d'une mani?re tr?s anim?e, montr? son m?contentement des dates auxquelles on s'efforce de rattacher le syst?me du bon ordre. Le Roi a dit que ce syst?me n'?tait pas celui de tel ou tel, mais le sien, et qu'il ne reconnaissait qu'une seule date, la sienne, celle du 9 ao?t. Il a ajout? que c'?tait mal agir que d'attaquer le seul Cabinet qui, pour le moment, pouvait avoir la majorit?. A quoi Guizot a r?pliqu? que si le Roi voulait en essayer, il verrait que la majorit? ?tait ailleurs. <
J'ai des lettres d'Angleterre qui me disent que la duchesse de Gloucester est devenue la plus heureuse personne du monde: elle a lady Georgiana Bathurst comme dame d'honneur, elle re?oit tous les soirs, c'est le rendez-vous des High-Tories: il s'y dit toutes les nouvelles, il s'y fait maints comm?rages dont la Duchesse r?gale le Roi chaque matin. Le Roi d'Angleterre ne voit ses Ministres que pour affaires; il n'a, avec eux, aucune communication sociale. Lord Melbourne n'y regarde pas, ne se plaint pas, va son train sans fatiguer le Roi de ses plaintes: c'est un assez bon plan, ce me semble.
J'ai ?t?, hier matin, gr?ce ? un billet privil?gi? que j'ai fait demander ? M. l'Archev?que, entendre la cl?ture des conf?rences de l'abb? Lacordaire ? Notre-Dame. Il part, aujourd'hui, pour Rome, et restera deux ans absent. Il y avait, certainement, cinq mille personnes dans l'?glise, presque tous jeunes gens des ?coles. Parmi les hommes qui sont arriv?s avec l'Archev?que, et qui par faveur ont ?t? plac?s dans le banc de l'OEuvre, j'ai reconnu le marquis de V?rac, le duc de Noailles, M. de Tocqueville. J'?tais pr?cis?ment derri?re ce banc, avec une cinquantaine de dames dont je ne connaissais pas une; j'?tais en face de la chaire et je n'ai rien perdu. Beaucoup d'imagination, de verve, et une tout autre langue que celle des s?minaires, distinguent l'abb? Lacordaire, qui est jeune et qui a un bon d?bit; mais j'ai trouv? du p?le-m?le, un peu trop de hardiesse dans les images, et une doctrine dans laquelle la belle et humble th?orie de la gr?ce n'avait nulle part sa place. Il me semble que saint Augustin, ce grand ap?tre de la gr?ce, y aurait trouv? ? redire. A tout prendre, j'ai ?t? int?ress?e et frapp?e de l'aspect attentif de l'auditoire. L'Archev?que a clos la conf?rence par des remerciements et des adieux convenables au jeune pr?dicateur, et par une b?n?diction motiv?e, simple et douce, pour tout l'auditoire, re?ue avec un respect ?tonnant de la part de tous ces jeunes gens. Il est vrai de dire que, quand l'Archev?que ne se lance pas dans les lieux communs du s?minaire, ni dans la politique, il peut, avec sa noble figure, ses gestes et son ton affectueux, dans cette belle cath?drale, sur ce si?ge exhauss? d'o? il d?couvrait toute cette jeunesse, produire, comme il l'a fait hier, un effet imposant et touchant. M. de Tocqueville, qui est venu chez moi ? la fin de la matin?e, en ?tait encore tout ?mu.
Hier ? d?ner, chez M. de Talleyrand, il s'est ?tabli une certaine lutte entre M. Thiers et M. Bertin de Veaux, qui a juste, ce me semble, tourn? en sens inverse de ce qu'on souhaitait; au lieu d'une explication douce, c'est devenu un duel. J'?tais sur le gril, et enfin j'ai rompu, presque brutalement, le combat, ce dont je crois que tout le monde m'a su gr?; je l'aurais fait plus t?t, si je n'avais pas trouv? que c'?tait ? M. de Talleyrand de le faire, mais il n'a pas m?me cherch? ? d?tourner la conversation. Bertin de Veaux donnait des coups de boutoir; Thiers a ?t? longtemps doux comme un mouton, mais enfin, excit? aussi, il a mont? le ton. On en est venu ? se donner des d?fis politiques.
Il s'agit ici du proc?s en adult?re intent? ? Mrs Norton par son mari et qui fit grand bruit ? cette ?poque en Angleterre. La liaison de Mrs Norton avec lord Melbourne ?tait bien connue. Cependant, le jugement, prononc? au mois de juin suivant, acquitta lord Melbourne. Une s?paration n'en eut pas moins lieu entre Mrs Norton et son mari.
La duchesse de Coigny, qui a toujours ?t? accoucher en Angleterre pour n'y mettre au monde que des filles, devait partir aujourd'hui pour faire de nouvelles couches ? Londres; mais, s'?tant tromp?e dans ses calculs, elle est accouch?e hier d'un gros gar?on... C'est un rude d?sappointement.
La chasse s'est faite avec l'?quipage du prince de Wagram, elle a ?t? suivie par quatre cents jeunes gens, dont trente seulement sont arriv?s ? la mort du cerf.
Le Prince Royal part le 3 ou le 4, et ira d'un trait ? Metz pour visiter l'?cole d'artillerie; il ne veut s'arr?ter ? aucune petite Cour, il les ?vitera toutes avec soin, en prenant toutes sortes de routes peu usit?es, sous le pr?texte qu'elles sont plus directes.
J'ai d?n?, hier, chez Mme de la Redorte, avec quelques personnes, parmi lesquelles se trouvait le g?n?ral Alava, qui racontait le duel entre Mendizabal et Isturitz, o? ni l'un ni l'autre n'avait ?t? touch?.
Il avait l'air de croire ? une crise minist?rielle, ? Madrid, qui pourrait bien atteindre sa position diplomatique.
Le voyage du Prince Royal est avanc? d'un jour, il part le 2. On sera dix jours pour arriver ? Berlin, parce qu'on couchera chaque nuit, qu'on ne fera pas de trop grandes journ?es, qu'on veut arriver frais et dispos et d'humeur ? affronter toutes les fatigues militaires, les manoeuvres, les f?tes et autres devoirs. Je trouve cela fort sage. Le Prince Royal a ?t? formellement invit? aux manoeuvres de Berlin. Sa r?ception ne peut donc ?tre que bonne. Cette invitation a bien ?t? provoqu?e, mais enfin c'est une invitation; d?s lors on ne peut accuser ni d'importunit?, ni de t?m?rit?. M. le duc et Mme la duchesse d'Angoul?me auront quitt? Vienne tout naturellement quand les deux Princes y arriveront.
Cette oeuvre fut publi?e apr?s la mort du comte de R?musat, en 1878, par son fils Paul.
J'ai vu M. Royer-Collard, et ensuite M. Thiers. Le premier disait que dans la querelle Dupin les doctrinaires sont d?cid?ment battus, la Chambre s'?tant prononc?e contre eux. Le second est fort content, notamment de ses rapports avec l'ambassadeur de Russie et la Cour de Saint-P?tersbourg qui commence ? s'amadouer. Je crois qu'il est en train d'une autre r?conciliation qu'il croit plus importante, celle avec Bertin de Veaux; ceci est encore le secret des secrets.
J'ai pass? ma soir?e ? faire, avec M. Vestier, mon bon architecte, des plans et devis pour le tombeau de l'Abb? et pour le mien. Cela se fera tout simplement dans le cimeti?re de la paroisse, en haut de la c?te, dans cette belle vue, dans ce bon air, regardant le soleil levant. Des tombes bien simples, entour?es d'arbustes, garanties par une grille en fer; les noms et les dates, voil? tout. Sa derni?re demeure sera simple, comme ?tait son ?me, et comme le deviendra la mienne, je l'esp?re. Il est si rare que les volont?s des hommes soient ex?cut?es apr?s leur mort, qu'il faut, de son vivant, prendre l'initiative le plus qu'on peut. J'ai eu beaucoup de peine ? d?cider Vestier ? ce petit travail; il dit que c'est horrible d'exiger qu'il creuse ma tombe, et le pauvre gar?on s'est mis ? pleurer. Il a fini par c?der, car il m'est docile.
Ce projet n'a pas ?t? ex?cut? en entier; l'Abb? seul est enterr? ? Saint-Patrice.
Je lis une relation des principales religieuses de Port-Royal sur leur r?forme, conduite par la m?re Marie-Ang?lique de Sainte-Madeleine Arnauld et sur leur pers?cution du temps de leur c?l?bre Abbesse, la m?re Ang?lique de Saint-Jean Arnauld, ni?ce de la premi?re et fille de M. d'Andilly. C'?taient de grandes ?mes et des esprits bien fermes; et que de d?tails singuliers! Quelle race que ces Arnauld, et M. Nicole, et l'abb? de Saint-Cyran! On retrouve tous ces noms dans Mme de S?vign?. Son ami M. de Pomponne ?tait Arnauld, fils de M. d'Andilly. Cette famille ?tait tout ? part, m?me dans son propre temps, puisqu'on disait que Pascal ?tait tout petit devant Antoine Arnauld! Cela ne donne-t-il pas l'id?e de g?ants? G?ants ? leur ?poque, que paraissent-ils ?tre maintenant?
La chambre des enfants, la nursery.
La princesse Louise ?tait la fille du prince Ferdinand de Prusse . Elle avait ?pous?, en 1796, le prince Antoine Radziwill.
Plusieurs personnes de la ville ont d?n? chez nous. J'ai un peu march? apr?s d?ner, pendant que Pauline faisait la promenade en cal?che avec son oncle, puis j'ai ?crit jusqu'? neuf heures que part la poste et que M. de Talleyrand est rentr?. La lecture des journaux, le th? et le piquet ont fini la journ?e.
Je les trouve bonnes quand je n'ai pas eu d'alerte pour la sant? de M. de Talleyrand, et, en me couchant, j'en rends gr?ces ? Dieu. Le plus ou moins d'amusement, d'int?r?t, d'agr?ment, je n'en suis plus ? y regarder; tout cela reviendra peut-?tre un jour; maintenant que M. de Talleyrand et mes enfants se portent bien, et que j'ai l'esprit assez libre et l'humeur assez aimable pour rendre la vie douce et facile ? ce qui m'entoure, je n'en demande pas davantage. Le jour o? on est arriv? ? faire tr?s sinc?rement abn?gation totale de soi, on trouve tout l?ger, et au lieu de ce vol bas et pesant de l'?go?sme, on s'?l?ve d'un vol rapide, ? ailes ?tendues, et on y trouve du plaisir. Ce n'est que quand je vois la maladie s'abattre et menacer les miens, que je perds le courage et l'?quilibre, car je ne suis qu'? ce d?but de la r?signation o? on se porte en sacrifice soi-m?me, en tribut au ciel. Je doute que j'y parvienne jamais! Mais quittons ce sujet, on me croirait d?vote comme une dame du faubourg Saint-Germain! Je suis bien loin de l?; ce n'est jamais ce que je serai pr?cis?ment; j'ai une ind?pendance d'esprit qui ne me permettra gu?re de suivre la route fray?e, et de m'astreindre ? de certaines pratiques, allures et observances; mais il serait difficile aussi qu'avec mon go?t naturel pour les bons livres, avec la disposition s?rieuse de mon esprit, mon exp?rience de tant de choses, et la sinc?rit? de mes jugements sur moi-m?me, je ne finisse pas par puiser ? la seule source intarissable!
L'h?tel Carnavalet est ? vendre; la mise ? prix est de cent quarante mille francs; si j'osais, je l'ach?terais; r?ellement, j'en suis extr?mement tent?e.
Voici ce que les lettres d'hier, de Paris, ont fourni:
Alava est accabl?, c'est Miraflor?s qui s'annonce comme son successeur; Alava dit que les affaires de son pays le mettent au d?sespoir. En effet, les journaux mentionnent des choses singuli?res dans l'Assembl?e des Procuradores, et quelle confusion que toute cette affaire du changement des Ministres! Il y a des personnes qui se disent bien inform?es, et qui assurent qu'Isturitz, pour se tirer d'embarras, ne serait pas ?loign? de s'entendre avec don Carlos et de faire le mariage de la Reine Isabelle avec son cousin.
Lady Jersey a donn? ordre qu'on lui envoy?t copie de sa correspondance avec lady Pembroke. Il para?t que c'est au del? de tout ce qu'on peut imaginer, en style de servante. Elle veut aussi que M. de Talleyrand lise tous ces factums.
J'ai une lettre de la princesse Louise de Prusse, ma marraine, extr?mement favorable pour les jeunes Princes fran?ais. La princesse Louise est une femme d'esprit, et d'un jugement naturellement ironique et s?v?re, ce qui donne encore plus de prix ? son appr?ciation. M. de Valen?ay m'?crit qu'il a ?t? frapp? de la beaut? des Princesses, de leurs pierreries et de l'?l?gance de leur toilette. M. de Humboldt avait conduit les Princes et leur suite voir les mus?es et les ateliers d'artistes. Le Prince Royal de Prusse, qui a le go?t des arts, a donn?, ? cet ?gard, un grand ?lan ? Berlin. M. le duc d'Orl?ans a fait une chose qui a plu beaucoup, c'est de commander une statue ? Rauch, le premier sculpteur de la Prusse et le prot?g? du Roi.
La timidit? de la Reine des Pays-Bas est encore plus grande que celle du duc de Nemours. Cette disposition semblable les a rapproch?s, car on assure que la Reine a pris le jeune Prince en amiti? et qu'il y a, entre eux, de longues conversations.
Voil? le Roi de Naples parti de chez lui, les uns disent pour aller ?pouser une princesse de Mod?ne, d'autres, pour faire sa cour ? la fille de l'archiduc Charles, et d'autres enfin pour venir regarder les jeunes Princesses ? Paris.
M. Bresson ?tait alors ministre de France ? Berlin.
A un d?ner, donn? le 22 mai aux deux Princes fran?ais chez le Prince Royal de Prusse, la princesse Albert, ? la grande rage de Bresson, au grand m?contentement du Roi et au grand effroi de tous les assistants, avait paru avec une ?norme guirlande de lys dans ses cheveux; jusque-l?, cependant, elle avait ?t? convenable.
La princesse Albert de Prusse ?tait une princesse des Pays-Bas.
Les cadeaux faits par M. le duc d'Orl?ans ? Berlin ont ?t? ?normes; tant en argent qu'en diamants, cela a ?t? de plus de cent mille francs!... plut?t trop que pas assez. Le prince Wittgenstein a re?u une bo?te, non seulement avec le portrait du Prince Royal, mais encore avec ceux du Roi et de la Reine. Ceci est une attention tr?s marqu?e. M. Ancillon, bard? de la grande croix de la L?gion d'honneur, se boursouflait et se pavanait. Il avait l'air de vouloir marcher sur le corps de tout le monde. Bourgeois et calviniste; cela s'explique.
On se quitte s'adorant, les uns aimant les Princes comme leurs fils, les autres comme des fr?res, enfin, jamais succ?s n'a ?t? plus complet; toutes les femmes sont frapp?es de la beaut? de M. le duc d'Orl?ans. Mes autorit?s ne sont pas suspectes, car ce n'est pas seulement M. de Valen?ay que je cite, mais encore d'autres lettres arriv?es ici hier, et de Berlinois m?me. L'accident, qui a failli arriver au duc d'Orl?ans ? la manoeuvre, tenait ? des politesses qu'il faisait aux Princesses, pr?s desquelles il caracolait, c'est dans ce moment-l? qu'il a failli ?tre renvers?, mais l'adresse avec laquelle il s'en est tir? lui a valu force compliments, et, ? ce sujet-l?, voici ce que m'?crit la duchesse de Cumberland: <
Le jour o? nos Princes ont re?u le Corps diplomatique, M. de Ribeaupierre, le ministre de Russie, s'est fait excuser, sous pr?texte d'une joue enfl?e. Contre l'ancienne ?tiquette de Berlin, tout le Corps diplomatique a ?t? invit? ? un bal chez le prince Guillaume, fr?re du Roi. Voici aussi ce qu'on m'?crit: <
Les vers que M. de Peyronnet m'a adress?s ne sont pas bien bons, mais ce point est insignifiant dans la question et la circonstance actuelles. Pendant l'hiver, j'ai fait beaucoup de d?marches pour ces pauvres gens, et j'ai obtenu, pour le plus malade, M. de Peyronnet, des adoucissements mat?riels qui lui ont ?t? tr?s agr?ables; j'esp?re mieux encore, tout de suite apr?s la session. C'est cette oeuvre de charit? qui m'a valu les vers en question.
Il nous a ?t? impossible de les retrouver.
Ma soeur m'?crit de Vienne pour me dire qu'on y fait les plus grands pr?paratifs pour recevoir les Princes fran?ais, Paul Esterhazy surtout: ils auront une f?te chez lui ? Eisenstadt. Malheureusement, il y a d?j? beaucoup de monde ? la campagne, et beaucoup de deuils.
Un peu fantasque.
Oranges vertes.
Propri?t? de la duchesse de Dino, en Sil?sie.
La princesse Metternich s'?tait exprim?e en termes peu courtois sur la couronne que Louis-Philippe avait mise sur sa t?te en 1830.
Il para?t que la grande r?ception diplomatique de la noblesse et de la garnison a ?t? superbe. Ce qui a surtout charm? M. de Valen?ay, c'est la course ? Bade, chez l'archiduc Charles, qui lui a parl? en tr?s bons termes de M. de Talleyrand. L'Archiduc a fait, ? tous les Fran?ais, l'accueil le plus cordial; on a d?n? avec l'archiduchesse Th?r?se, qui, d'apr?s M. de Valen?ay, a l'air agr?able, de jolies mani?res, un visage piquant; mais elle est tr?s brune et fort petite. M. le duc d'Orl?ans ?tait pr?s d'elle, ? table, et la conversation n'a pas langui. M. de Metternich ?tait du d?ner. Il est r?concili?, du moins en apparence, avec l'Archiduc. Celui-ci est retir? dans ce joli Bade o? il cultive des fleurs: il a dit ? M. de Valen?ay que, comme tous les vieux soldats, il aimait son jardin. M. le duc d'Orl?ans devait y retourner d?ner tout seul le surlendemain. L'Archiduc adore sa fille et la laissera libre dans le choix de son ?poux: elle a refus? le Prince Royal de Bavi?re; elle va voir d?filer encore devant elle le Roi de Naples et celui de Gr?ce. Son p?re ne redoute que l'alliance russe.
Les id?es lib?rales de l'archiduc Charles avaient ?t?, pour le prince de Metternich, l'occasion d'?loigner ce Prince de la Cour et de le rendre suspect. Ils ?taient presque brouill?s.
M. de Valen?ay a ?t? aussi enchant? de la f?te de Laxembourg et des courses sur l'eau avec de la musique ? tous les coins: cela lui a rappel? Virginia Water; toute la soci?t? de Vienne y ?tait, en bayeuse, et animait le coup d'oeil.
Virginia Water est une pi?ce d'eau, dans le parc de Snow-Hill, entre Windsor et Chertsey, dans les environs de Londres. On y fait des courses sur l'eau et des r?gates.
Il est assez simple que tout cela blesse ? Prague. Madame la Dauphine a dit, ? quelqu'un qui, la veille de son d?part de Vienne, lui demandait quand on aurait l'honneur de l'y revoir, que, lorsqu'on voudrait dor?navant la voir, il faudrait venir la chercher. Une dame viennoise, fort ennemie politique de la France, a dit, devant M. de Valen?ay, en parlant de notre Prince Royal, qu'il ?tait si aimable et si gracieux qu'il fallait esp?rer qu'il n'?tait pas autre chose!
Les voyageurs devaient partir le 11, et se rendre ? Milan par V?rone, mettant dix jours pour ce trajet.
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