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Read Ebook: L'Illustration No. 0072 11 Juillet 1844 by Various

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Ebook has 1086 lines and 50255 words, and 22 pages

L'ILLUSTRATION, JOURNAL UNIVERSEL.

Ab. pour Paris.--3 mois, 8 f.--6 mois, 16 f.--Un an, 30 f. Prix de chaque N?, 75 c.--La collection mensuelle br., 2 f. 75 c.

Ab. pour les D?p.--3 mois, 9 f.--6 mois, 17 f.--Un an, 32 f. pour l'?tranger, -- 10 -- 20 -- 40

SOMMAIRE.

Histoire de la Semaine.

M. le ministre des finances, dont le but ?tait de faire prendre patience ? la Chambre sur la question de la conversion de la rente, sans engager le cabinet, n'a pas su conjurer un vote qui, en bonne logique financi?re, peut ?tre regard? comme les pr?misses dont la r?duction du 5 pour cent est la cons?quence. L'int?r?t pay? par l'?tat aux d?positaires de cautionnements ?tait jusqu'ici de 4 pour cent. Sur la proposition de M. Havin, et malgr? tous les efforts de M. Lacave-Laplagne, il sera r?duit, ? partir du 1er janvier prochain, ? 3 pour 100. Puisque c'est l? la valeur v?ritable que la Chambre assigne ? la location de l'argent, elle ne peut longtemps encore allouer 3 pour 100 aux rentiers. C'est, du reste, une impatience que ne partage pas le ministre, car, avant l'adoption de la mesure propos?e par M. Havin, il avait r?pondu ? une interpellation de M. de Saint-Priest sur la conversion, qu'il en reconnaissait le droit et les avantages, mais qu'il ne pouvait prendre aucun engagement pour l'ex?cuter, ni pr?ciser l'?poque ? laquelle elle serait opportune. C'est, depuis 1836, le langage qui se tient, la d?claration qui se renouvelle chaque ann?e; mais on comprendra bient?t que cela ne fait pas avancer la question d'un pas, et que celle-ci veut ?tre enfin r?solue.

M. le ministre de la justice et des cultes a eu aussi ses luttes ? soutenir. Une r?int?gration, au moins pr?matur?e, d'un chef de parquet, que l'on s'?tait vu forc? de destituer par suite de la part scandaleuse qu'il avait prise ? des men?es ?lectorales mises en lumi?re par la commission de la chambre des d?put?s, a, d?s l'ouverture de la discussion sur le budget de ce double d?partement minist?riel, amen? un d?bat tr?s-vif. Il n'y avait pas l? de vote possible, et comme les propositions financi?res du ministre ?taient la reproduction de celles de l'an dernier, la mauvaise humeur de la Chambre n'avait pas mati?re ? s'exercer. Cependant, dans un tout petit coin du budget des cultes, M. Martin proposait de modifier une disposition de la loi organique de l'an X, et d'accorder ? M. l'archev?que de Paris quatre vicaires g?n?raux au lieu de trois. Cette cr?ation ?tait motiv?e en partie sur l'accroissement d'occupation que n?cessite l'examen des livres nouveaux. MM. Dufaure, Dupin a?n? et Isambert ont combattu successivement la proposition. On a dit que c'?tait tout simplement la censure eccl?siastique que l'on arrivait ? sanctionner ainsi, et que pour modifier la loi qui a donn? force et vigueur au concordat, ce n'est point un article inaper?u de budget qu'il faut, mais, si la n?cessit? en est reconnue, une loi ostensiblement pr?sent?e, examin?e, rapport?e et discut?e. La proposition minist?rielle a ?t? repouss?e.

Les projets de lois ? discuter entre les deux budgets s'amoncellent. M. le ministre des travaux publics avait pr?sent? un projet pour l'?tablissement d'un chemin de fer de Paris ? Sceaux, partant de la barri?re d'Enfer, suivant le syst?me de M. Arnoux, lequel, on le sait, a d?j? ?t? exp?riment?, sur une tr?s-petite ?chelle, ? Saint-Mand?, et admet les courbes d'un rayon tr?s-r?duit, sans crainte de d?raillement. M. Dumon vient d'apporter une proposition nouvelle ? la Chambre pour essayer ?galement le syst?me atmosph?rique. On ne lui fera pas attendre le vote de ces deux lois et l'ouverture de ces deux cr?dits; ce sera ensuite ? lui ? mettre son activit? ? faire proc?der le plus t?t possible ? cette double exp?rience qui peut op?rer une r?volution dans le syst?me des chemins ? ?tablir et apporter une ?conomie ?norme dans leur confection.

La chambre des pairs, de son c?t?, poursuit activement ses travaux.

Elle a entendu le rapport fait par M M?rillion sur le projet de loi relatif ? l'?tat de l'esclavage dans les colonies. La lecture de ce travail n'a pas dur? moins de deux heures.--Elle a vot? le chemin de fer d'Orl?ans ? Bordeaux, en retranchant toutefois, s?r les observations de M. le comte Mol?, assez dures pour le minist?re, le fameux article 7 que M. Cr?mieux y avait fait inscrire. Quel parti va prendre la chambre des d?put?s, ? laquelle le projet ainsi amend? vient d'?tre rapport??--Enfin, la chambre des pairs, s'?mouvant comme celle des d?put?s et comme le pays, du ton et du langage des organes de la Grande-Bretagne ? l'occasion du Maroc, avait r?solu d'adresser, lundi dernier, des interpellations au ministre des affaires ?trang?res. La discussion du budget de son d?partement dans l'autre enceinte l?gislative a forc? M. Guizot de prier la Chambre d'ajourner au mercredi cette conversation, qui se tient au moment m?me o? nous ?crivons.

On se pr?occupe fort, on le comprend, ? Alger, de ce qui se passe; ou, pour ?tre plus exact, de ce qui ne se passe pas sur la fronti?re du Maroc. Toutefois, le mois dernier, une pr?diction rapport?e tout r?cemment de la Mecque avait donn? ? la population indig?ne une assez forte distraction, en lui persuadant qu'une ville musulmane allait ?tre engloutie par les eaux. Ce ne pouvait ?tre qu'Alger; mais on pouvait se pr?server en priant pendant trois jours et en ?gorgeant un mouton dans chaque famille. En g?n?ral, les Maures, qui se laissent un peu gagner par l'esprit d'examen depuis la conqu?te, se sont dispens?s du pr?servatif; mais les n?gres n'ont pas imit? cette indiff?rence, et le mercredi, 19 juin, ils se sont rendus ? la qoubbah de Ciddi-Bellal , aupr?s du quartier d'Hussein-Dey. L? chaque dar-el-djemaa ou r?union de chacune des six nations du Soudan, avait ses repr?sentants. Un boeuf a ?t? immol? et mang? sur place, <> Ils nous paraissent n'avoir r?ussi qu'? faite changer l'inondation en incendie, car le 26 au soir, le feu a pris dans la baraque d'un r?tisseur juif, pr?s de la place Royale d'Alger et s'est bient?t communiqu? ? des constructions en bois et ? un b?timent servant de magasin de campement.

En 1841, de 1,121 millions.

En 1842, de 1,142 id.

En 1843, de 1,187 id.

Ces chiffres embrassent les importations par terre et par mer. Sur un mouvement de 16,411 navires, les n?tres figurent au nombre de 6,106; les navires ?trangers y entrent pour 10,305, c'est-?-dire pour pr?s du double. On voit que la condition faite ? notre marine par de d?plorables trait?s de commerce ne s'am?liore que bien difficilement. Sous le rapport du tonnage, les ?trangers ont sur nous un avantage plus marqu? encore. Ainsi, les 6,106 navires fran?ais n'ont transport? que 659,637 tonneaux, soit un peu plus de 1104 tonneaux par navire, tandis que charnu des 10,305 navires ?trangers qui sont venus dans nos ports portait en moyenne plus de 133 tonneaux. Les exportations se sont un peu relev?es en 1843, sans pourtant atteindre encore le niveau de 1841. Voici les chiffres:

Ici, la proportion est meilleure pour le pavillon national. Sur 11,585 navires qui se sont partag? les transports par mer, l'?tranger ne compte que pour 6,260. Mais il n'en demeure pas moins vrai que, sur l,230,756 tonneaux de produits export?s en 1843, nous n'en transportons pas m?me la moiti? .

Le 24 avril un combat a eu lieu pr?s de Montevid?o. Dans cette affaire, Oribe a perdu 800 hommes et les Montevid?ens ont en 200 des leurs tu?s ou bless?s. Parmi les morts malheureusement se trouvent 40 braves de la l?gion fran?aise, qui sont tomb?s dans une embuscade et ont ?t? impitoyablement massacr?s. Le g?n?ral commandait les Montevid?ens dans cette affaire tr?s-s?rieuse, ? laquelle une l?gion form?e d'italiens a pris une glorieuse part. Mais un fait non moins digne d'attention, c'est le d?chirement qui vient de s'op?rer entre M. l'amiral Lain? et M. le consul Bichon, dont la conduite dans toute cette affaire a ?t? si peu digne de la nation qu'il repr?sentait. Apr?s que la l?gion fran?aise, pour obtemp?rer aux injonctions de l'amiral, eut quitt? notre cocarde et se fut plac?e sous les couleurs montevid?ennes, M. l'amiral Lain? se d?clara officiellement satisfait. Mais le lendemain 14, il transmit la demande faite par M. Pichon d'?tre r?int?gr? dans ses fonctions; le gouvernement montevid?en s'y refusa, et de d?pit M. Bichon s'est retir? avec sa famille ? Buenos-Ayres, aupr?s de Rosas, d'o? il s'amuse ? lancer des pamphlets contre les Fran?ais, les Montevid?ens et les amiraux qui se sont succ?d? ? la Plata et desquels il avait toujours et vainement sollicit? le bombardement de Montevid?o. C'?tait l'id?e fixe de ce diplomate.

Il nous faudrait beaucoup plus de place qu'il ne nous en reste ? remplir pour donner avec quelques d?tails les faits int?rieurs ou ext?rieurs qui ont m?rit? d'occuper l'attention publique cette semaine. Mentionnons les donc rapidement, sans d?veloppement, sans pr?ambule, sans transition.

M. Charles Laffitte a ?t? r??lu pour la quatri?me fois au coll?ge de Louviers. Il avait eu le bon esprit, cette fois, de retirer pr?alablement sa soumission. Le conseil lui en avait ?t? donn? beaucoup plus t?t, mais il avait ?cout? M. Liavi?res; aujourd'hui il a ?t? mieux inspir?. Jamais sa position n'avait ?t? meilleure, car il sera re?u d?put?, et, si l'amendement de M. Cr?mieux est r?introduit dans la loi du chemin de Bordeaux, il sera d?barrass? de la condition que Louviers y avait mise.

Cinq voyageurs d?pendant de notre ?tablissement du S?n?gal ont remont? le fleuve de ce nom, remorqu?s par bateau ? vapeur jusqu'? Bakel, capitale du royaume de Galam, situ? sur le fleuve, ? cent myriam?tres de Saint-Louis. Ce trajet leur avait demand? dix-sept jours. Au-dessus de Bakel, une rivi?re qui vient du sud se jette dans le S?n?gal; elle s'appelle Fal?m?. Sur la rive droite de la Fal?m? mais en la remontant, est le royaume de Bambouck; sur la rive gauche, le royaume de Bondou. Il ont visit? l'un et l'autre. Le Bambouck est fameux par ses mines d'or, qu'ils ?tudi?rent et o? ils firent des exp?riences, qui ?taient le principal but de leurs voyages. Les obstacles que nos courageux compatriotes ont eu ? surmonter sont innombrables. Cette exp?dition aura d'utiles r?sultats. Le Bambouck compte soixante mille habitants. Le lavage de l'or, dont est sem? ce pays, est l'objet d'un commerce actif de la part de ces peuplades et de leurs chefs. Ind?pendamment des avantages que r?serve l'avenir il ne pouvait pas ?tre indiff?rent de diriger vers nous le commerce du Bambouck, en pr?sence surtout de la concurrence que nous font les Anglais dans ces contr?es.

Apr?s le Maroc, l'enqu?te ? faire sur la violation du secret de lettres, et le droit ? cet ?gard du ministre de l'int?rieur a beaucoup occup? les deux Chambres anglaises. Le cabinet ?t? oblig?, chez les lords comme aux communes, de laisser nommer une commission pour rechercher les abus commis dans le Post-Office. Lord Radmor, qui a jou? dans la chambre haute le r?le qu'a rempli dans l'autre M. Duncombe, a fait une d?claration que nous devons consigner ici: <>

La chambre des lords est constitu?e en cour de justice pour examiner le pourvoi d'O'Connell et de ses cod?tenus. Pendant ce m?me temps, un meeting monstre de douze mille spectateurs avait lieu ? Covent-Garden, et, ce m?me jour, la cit? de Westminster se r?unissait pour voter une proclamation en faveur d'O'Connell. Une double p?tition a ?t? discut?e et arr?t?e pour inviter le parlement ? intervenir aupr?s de la reine ? l'effet de faire ?largir O'Connell et ses fr?res martyrs.--L'illustre prisonnier s'est refus? ? se laisser porter candidat pour le poste de lord-maire de Dublin, et un protestant mod?r?, M. Arabin, a ?t? nomm? ? son refus.

Une lettre d'Akanra , en date du 28 janvier dernier, rapporte que la tribu des Mahouris a tu? trente Anglais appartenant ? la colonie et a mang? ces malheureux.

--Nous attendrons, pour enregistrer les d?missions minist?rielles en Espagne, qu'elles aient ?t? officiellement accept?es et que la lutte o? le g?n?rai Narvaez se distingue, dit-on, par un esprit tout nouveau de constitutionalisme, compte enfin des vainqueurs et des vaincus. Alors sans doute nous cil conna?trons mieux les bulletins.

--Les feuilles italiennes pr?sentent toujours comme ayant ?chou? la tentative des fils de l'amiral Bandiera.--Cependant leur nom n'a pas figur? parmi ceux des rebelles arr?t?s.

COURRIER DE PARIS

Bien que le drame soit termin?, Paris s'est encore occup? pendant quelques jours de Rousselet et d'?douard Donon-Cadot. Que voulez-vous? Apr?s toute une semaine d'attention donn?e aux d?bats de la sanglant affaire, il ?tait difficile de l'oublier tout ? coup, d?s le premier instant qui a suivi le d?nouement; et d'ailleurs, quand ces terribles proc?s sont achev?s, la curiosit? publique ne trouve-t-elle pas ? s'exercer encore hors de l'enceinte du tribunal dont les accus?s viennent de sortir condamn?s ou absous?--ne cherche-t-elle pas ? p?n?trer dans le secret de la prison o? le coupable que la justice a frapp? commence ? subir sa peine? Ne s'attache-t-elle pas ? suivre, dans les premiers moments de sa libert?, l'homme que la voix du juge vient d'amnistier? Que se passe-t-il dans cette prison? Comment le condamn? supporte-t-il l'arr?t? Dites-nous son air et son attitude. Rapportez-nous chacun de ses gestes, chacune de ses parole. A-t-il p?li? S'est-il trouv? mal? Montre-t-il de la r?solution ou de l'insouciance? Il faut que tous ces curieux insatiables soient satisfaits; car ils ne laisseront leur proie qu'? la derni?re extr?mit?, quand les jours qui passent auront remplac? ce drame qui les occupe par un autre non moins terrible et fatal. La cour d'assises ne ch?me jamais!

Aussi les journaux judiciaires, qui connaissent et flattent la passion de leurs lecteurs, ont ils prolong? les ?motions du cette lugubre affaire de Pontoise, bien au del? de l'arr?t. Les uns ont montr? Rousselet ?mu pour la premi?re fois, et parlant avec tristesse de sa femme et de ses enfants; les autres l'ont d?peint au contraire farouche et impassible; ceux-ci lui laissent la teinte sombre que son crime a jet? sur lui; ceux-l? le transforment tout ? coup en idylle, et le font voir cultivant les fleurs dans un coin solitaire de son cachot; de sorte qu'il y en a pour tous les go?ts, pour ceux qui aiment les criminels repentants, et pour ceux qui pr?f?rent les endurcis. On ne saurait mieux traiter son monde, et les journaux judiciaires sont de complaisants comp?res et d'habiles conteurs.

Malheureusement, ? l'heure o? nous parlons, il s'est jou? plus de drames v?ritables que de drames d'imagination, les vols, les guets-apens, les assassinats se multiplient avec une abondance effrayante. Pour ne parler que des huit derniers jours qui viennent de s'?couler: ici, on a surpris des fabricants de fausse monnaie; l?, un saint homme en apparence, pratiquant la pi?t? avec ostentation s'est enfui, emportant la cassette, comme ce bon M. Tartufe; et quelle cassette! la cassette des r?v?rends p?res de la congr?gation, une cassette contenant 250,000 fr. Notre larron est une esp?ce de Janus, un congr?gationiste ? double face: les jours de sa pieuse com?die, il se faisait un visage candide, rev?tait la robe d'innocence baissait les yeux, se signait ? tous moments, et assistait aux offices avec componction; mais ce n'?tait l? qu'une moiti? de son visage: de l'autre c?t?, notre homme n'?tait plus le m?me; au lieu de ce regard contrit, vous trouviez un oeil anim? par le plaisir; et tandis que la main droite tenait un chapelet et un rosaire, la main gauche recouverte d'un gant paille, maniait impertinemment une cane de dandy ou offrait un bouquet de fleurs mondaines ? quelque bayad?re. Que vous dirai-je? le h?ros de cette com?die ? double visage prenait, d'un air de canonis?, dans la caisse de la congr?gation l'or qu'il semait ? pleines mains pour ses passe-temps pa?en et de damn?. Il a ?t? arr?t? ? la sortie de l'Op?ra, muni d'or et de billets de banque. On ne dit pas encore son nom; mais le r?quisitoire du procureur du roi et la cour d'assises ne tarderont pas ? nous le faire conna?tre.

A c?t? de cette grande com?die, qu'est-ce que la petite pi?ce dont le th??tre du Vaudeville nous a gratifi?s cette semaine? Bien peu de chose, en v?rit?. Nous en dirons quelques mots cependant, ne fut-ce que pour la raret? du fait. Et n'est-ce pas vraiment une raret?, par ce temps de disette dramatique, qu'un drame nouveau en deux actes? Les th??tres vivent en effet les bras crois?s depuis longtemps, et ne produisent rien de neuf. Jetons-nous donc avidement sur ce morceau de vaudeville qu'ils offrent, par hasard, ? notre app?tit.

Le hasard de la guerre l'emm?ne loin de duchesse; puis, la guerre finie, la duchesse et lui se retrouvent. A la vue du colonel, la duchesse p?lit et frissonne, ? la vue de la duchesse, le colonel se trouble; pourquoi? C'est l? le myst?re; mais comme je suis, de ma nature, un homme fort peu myst?rieux, je vais vous dire le mot de l'?nigme.

Il y a deux ou trois ans de cela le colonel avait sauv? la duchesse d'un grand danger; la reconnaissance fit na?tre l'amour dans le coeur de la tendre femme; le colonel profita de la circonstance; mais le lendemain du jour o? il avait tout obtenu d'elle, il ?crivit ? cette pauvre duchesse une lettre insolente o? il lui d?clarait qu'il ne l'aimait pas, qu'il ne l'avait jamais aim?e, et que fini ?tait fini entre eux; c'?tait l? un terrible outrage. Comment un si brave colonel a-t-il pu commettre une si grande l?chet?? Que voulez-vous, mon colonel avait une vengeance ? exercer contre les femmes et particuli?rement contre les duchesses, et celle-l? lui ?tait tomb?e la premi?re sous la main; remarquez que j'explique mon colonel et que je ne l'excuse pas.

Mais voici que la duchesse prend sa revanche: le remords est entr? dans l'?me du coupable, et en revoyant sa victime, il se met ? l'adorer; d'abord la duchesse, se rappelant l'outrage, le repousse avec d?dain, avec col?re, avec m?pris; mais les colonels sont bien habiles, et les duchesses bien faibles! Celui-ci fait tant qu'? force de repentir, de d?sespoir et d'amour, il apaise le ressentiment de la comtesse; que dis-je? il fait de nouveau la conqu?te de son amour, et cette fois la conclusion de l'aventure est un bon et l?gitime mariage qui absout le pass? et assure le pr?sent. Mon colonel, tu dois ?tre content! De son c?t?, le public n'a pas troubl?, par aucun signe ?quivoque, cette satisfaction du colonel et de la duchesse. L'auteur est M. Alexis de Comberousse.

Il s'est pass? au th??tre du Palais-Royal quelque chose d'assez bizarre; nous voulons parler de l'apparition des m?nestrels de la Virginie. Ces m?nestrels sont au nombre de quatre; on les avait annonc?s avec grand fracas, et pendant huit jours, de solennelles affiches placard?es sur tous les murs sollicitaient d'avance l'admiration publique; les curieux sont donc accourus; mais ces affiches, comme tant d'autres, avaient battu la grosse caisse avec beaucoup trop de bruit; v?rification faite de ces merveilleux ph?nom?nes, on a reconnu qu'ils n'?taient en r?alit? que des bip?des fort ordinaires.

D'abord ils ont l'air de n?gres; mais m?fiez-vous-en, ce sont des n?gres qui d?teignent; un homme digne de foi m'a certifi? qu'il les avait vus, de ses propres yeux vus, se barbouiller de noir dans la coulisse.

On se rappelle les soeurs Romanini, fameuses danseuses de corde, ou plut?t danseuses de fil d'archal; tout Paris avait admir?, il y a quelques ann?es, leur adresse et leur intr?pidit?. On annonce leur prochain retour et leur rentr?e au Cirque-Olympique; nul doute que leur vogue ne s'accroisse encore de la singularit? d'une aventure dont une des <

Mademoiselle Romanini sera ? Paris dans quinze jours; elle d?butera par une repr?sentation au b?n?fice de la veuve et des enfants du Zeybeck qu'elle a tu?, et des deux Zeybecks qu'elle a mis hors de combat.

Mademoiselle Romanini est une ennemie g?n?reuse; comme tous les grands vainqueurs elle panse les blessures qu'elle a faites, et tend la main au vaincus. Mais, tudieu! quelle rude vertu! nous ne conseillons pas aux Zeybecks du Jockey's-club de s'y frotter sans la permission de mademoiselle Romanini; on voit ce qu'il en co?te.

Un Voyage au long cours ? travers la France et la Navarre.

R?cit philosophique, sentimental et pittoresque.

LA GRAINE DE LUZERNE.

Pourquoi donc M. Robinard avait-il serr? le bras de madame Verdelet avec cette grossi?re familiarit?? Et pourquoi la jeune dame avait-elle baiss? les yeux en rougissant?--Je connais, parmi les lecteurs, de si mauvaises langues, que je dois me h?ter de pr?venir les inductions malignes que plus d'un tirerait sans doute de l'impertinence et de la rougeur de nos deux personnages.

Le pr?sent chapitre sera donc uniquement consacr? ? d?mentir les malhonn?tes apparences des pr?c?dents; car, comme l'a dit M. Ponsard:

La maison d'une ?pouse est un temple sacr?, O? m?me le soup?on ne soit jamais entr?.

D?cid?ment Othon mettait sa gloire ? vaincre la rigueur du destin, et, jour et nuit, il n'avait plus qu'une id?e: <> Et l?-dessus, il sellait derechef sa jument, embrassait encore son p?re, lui disant d?sormais, par prudence:

<

--Bon, r?pliquait le vieux baronnet; moi, je m'en vais faire pr?parer la chambre verte.>>

Ce qui donnait aux plus madr?s le mot du r?bus. Et, dans la province, on commen?ait ? nommer graines de luzerne toutes les demoiselles ? marier.

Mais Othon, toujours poursuivi par un sort contraire, s'en revenait tristement, charg? de sa fameuse graine, dont regorgea bient?t la maison paternelle, de telle sorte que le vieux baronnet e?t fort d?sir? que son bien-aim? fils vari?t un peu son pr?texte, quand il allait aux champs pour chercher femme.

Sur ces entrefaites, Othon crut un instant toucher au terme de ses voeux, et se vit au moment de d?jouer la malice de la fortune ennemie.--Il parvint ? se faire aimer.--Voici comment.

Mademoiselle Louise ?tait la ni?ce d'un sieur Bouchard, qui se disait descendant direct des Bouchard de Montmorency, et avait un gros moulin ? bl? sur la rivi?re du Loir. Louise passait, dans le pays, pour un tr?s-bon parti, mais les pr?tendants ? sa main ?taient fort rares parce que, de bonne heure, Antoine Bouchard, son cousin, fils du meunier, avait bonnement annonc? qu'il casserait les reins au malappris qui marcherait sur ses traces conjugales. Cet Antoine ?tait haut de pr?s de six pieds, il avait des ?paules carr?es comme la porte de son moulin, et des poings ?normes toujours au service, de son humeur rev?che, et de son caract?re batailleur. Mais Antoine joignait ? ces solides qualit?s une laideur au moins ?gale ? sa stature. La roue de son moulin loi avait un beau jour attrap? la joue gauche, dont un morceau fut enlev?, que les plus habiles m?decins ne purent jamais remplacer.

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