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Read Ebook: Variétés Historiques et Littéraires (06/10) Recueil de piéces volantes rares et curieuses en prose et en vers by Fournier Edouard Editor

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Ebook has 202 lines and 24284 words, and 5 pages

SCARRON.

Je l'acheverai, si vous n'?tes pas ennuy?, par l'histoire de l'Archev?que Duc de Rheims.

SCARRON.

Comment Diable, c'est aussi un Cochon? Je croyois que c'etoit un cheval. Il me semble l'avoir ou? apeler ainsi par quelqu'un des nouveaux venus.

SCARRON.

SCARRON.

Ah! je vous prie, Monsieur l'Abb?, pour l'amour du nom Le Tellier, ? qui l'Etat est si redevable, ne lui ?tez pas le titre que la Feuillade lui a donn? du consentement m?me du Roi.

SCARRON.

SCARRON.

SCARRON.

Il y a de l'apparence. M. l'archev?que de Rheims coucher avec la Duchesse d'Aumont, la femme de son beau-fr?re! Ne voyez-vous pas l'esprit vindicatif de cette fille, et que, si sa ma?tresse l'e?t laiss?e en paix avec le marquis, elle n'e?t eu garde de rien dire?

Ecoutez la suite, et vous verrez que l'esprit de vengeance n'a servi ? autre chose qu'? decouvrir la verit? et ? l'?pandre par toute la Cour. <>. Elle lui tint parole. Ayant demand? pour toute grace ? la duchesse qu'elle p?t demeurer deux jours dans la maison, elle l'obtint, et, le duc etant parti, elle posta le Marquis en lieu propre ? le satisfaire. Il vit entrer l'archev?que avec une lanterne sourde ? la main et le nez dans son manteau, ce qui ne lui permit plus de douter de ce que la fille lui avoit dit.

SCARRON.

C'etoit peut-?tre un fant?me et un diable galant et amoureux qui avoit pris, pour se faire honneur, la forme de l'archev?que.

Le marquis ne crut pas s'?tre tromp?. Il partit au plus grand matin de Versailles, et conta ? tous les Courtisans de son ?ge tout ce qui s'etoit pass? et tout ce qu'il avoit vu. En m?me temps cette nouvelle se repandit par toute la Cour. Le marquis de Louvois ne voulut jamais croire qu'elle v?nt de son Neveu; mais, n'en pouvant plus douter apr?s le temoignage de tant de personnes differentes, il lui lava la t?te autant que son imprudence le meritoit.

SCARRON.

Brave! brave! encore une fois brave l'archev?que de Rheims, de savoir si bien planter des cornes et faire si bien cocu son Beau-fr?re!

Il est plus brave que vous ne pensez, puisqu'il a fait cocu son neveu aussi bien que son Beau-fr?re.

SCARRON.

Vous allez ou?r la pure v?rit?. L'archev?que s'etant rendu amoureux de sa Ni?ce d'Aumont, femme du marquis de Crequi, il resolut de s'etablir aupr?s d'elle sur les ruines de son Mari. Il lui declara donc que son Mari etoit amoureux ailleurs, et, ayant jett? le trouble dans son esprit par cette nouvelle: <

SCARRON.

La marquise ne topa point ? la proposition; au contraire, elle fut fort surprise de voir son Oncle dans ces sentimens, lui qui devoit l'en d?tourner si elle e?t et? de cet avis-l?. Ainsi, n'ayant pas trouv? son compte avec elle, il prit le parti de s'expliquer mieux, ce qu'il fit en termes si intelligibles qu'elle ne douta point qu'il ne voul?t ?tre de moiti? de la vengeance. Elle trouva cela horrible pour un Archev?que et pour un Oncle.

SCARRON.

En effet, comme elle recevoit beaucoup de bien de l'archev?que et qu'elle en esperoit encore davantage ? l'avenir, elle ne jugea pas ? propos de le mortifier, comme elle aurait fait sans cette consideration. Cela le rendit encore plus amoureux, s'imaginant qu'il y avoit de l'esperance pour lui; et, pour boucher les yeux au Mari, il proposa de le defrayer, lui et toute sa maison.

SCARRON.

L'argent est le nerf de l'amour aussi bien que de la guerre. Le pauvre marquis en f?t aveugl?, je le vois bien.

Eh quoi donc! le pauvre Cocu fut si touch? des offres de l'Archev?que, rapportant toutes ses bont?s ? la qualit? d'Oncle, et non ? celle d'Amant, qu'il en temoigna partout sa reconnoissance. C'est-?-dire qu'il etoit fort reconnaissant de ce que son Oncle couchoit avec sa Femme en bien payant. Le Marechal de Crequy, son p?re, ne prit pas l'affaire dans ce biais; il fut choqu? des liberalitez excessives de l'Archev?que, sachant que les prelats les plus saints n'etoient que des Adult?res, que des Incestes, que des Cochons, en un mot. Il s'en plaignit au Marquis de Louvois, lequel eut cette reponse de son digne Fr?re: <

SCARRON.

SCARRON.

On aura donc enfin une histoire qu'on pourra appeller veritable, dont l'autheur ne pourra pas ?tre soup?onn? de flatterie non plus que de haine, puisque les morts, ne craignant ni n'esperant rien de la part des vivans, ne peuvent ?tre rien moins que flatteurs et passionnez.

Adieu, mon cher amy, je pars de cette ville Qu'on me rompe les os si je revois Paris. Quoy! je demeurerois en ce maudit pays, O? la vertu n'a point d'asile, Et qui ne se trouve fertile Qu'en putins, qu'en bigots et qu'en malins esprits! Le sejour m'en seroit funeste, Je m'en vais chercher d'autres gens, De peur qu'avec ces habitans, Le peu de vertu qui me reste Ne m'abandonne en peu de temps.

Mais enfin o? faut-il que j'aille? Les jesuites sont en tous lieux; Il n'est plus d'endroits sous les cieux Exemts d'une telle canaille; Cette hypocrite nation, Sous ombre de devotion, A toujours de secrettes trames, Et ces ma?tres archibigots, Feignant de convertir les ames, Attrapent quantit? de sots.

Auroient-ils est? dans la Chine, Dans le Perou, dans le Japon, S'ils n'avoient pas connu que ce pays est bon Pour faire rouler leur cuisine? Ces illustres marchands de bled N'ont pas l'esprit assez troubl? Pour demeurer en mauvais giste; Et, si ces lieux ne payoient pas Leurs sermons et leur eau benite, Ils changeroient bien de climats.

Valent-ils mieux dans la Sorbonne? Non: car on m'a dit qu'en ce lieu Le pape, vicaire de Dieu, N'y peut faire sa cause bonne. Pas un ne veut signer l'infaillibilit?, De peur de se faire une affaire; Et l'on estime mieux souscrire au formulaire Que les docteurs ont arrest? Que courir risque de deplaire A messieurs de la Facult?.

Dedans ce lieu ce n'est que brigue; Les docteurs sont toujours de differents avis, Et ceux qui sont les plus suivis Sont ceux qui font le plus d'intrigue. Le seul caprice y r?gle tout; L'un bl?me ce que l'autre absout; Chacun, suivant son sens, r?gle le Paradis, Et fait des loix en n?tre Eglise, Comme le roi fait des edits. Dans ce maudit tems on retranche La f?te de beaucoup de saints, Et c'est justement que je crains Qu'on ne reforme le dimanche. Pourquoy jadis festions-nous saint Thomas, Ou pourquoy maintenant ne le festons-nous pas? D'o? vient ce changement etrange? En voicy la raison: aujourd'huy le clerg? Pretend qu'un ap?tre et qu'un ange Ne peuvent rien sans son cong?.

Les saints, jaloux les uns des autres, Vont avoir un proc?s bien grand: Un evangeliste pretend Valoir autant que les ap?tres; Saint Marc ne peut souffrir ces abus inou?s, Il veut estre fest? comme on feste saint Louis; Le bon saint Joseph paro?t triste Du tort qu'on luy fait aujourd'hui, Et soutient que saint Jean-Baptiste, Dont on feste le jour, ne vaut pas mieux que luy.

Eh quoy! disent les Innocens, Quoy! souffrirons-nous que l'eglise, Qui nous ch?ma toujours, aujourd'huy nous meprise? Ne valons-nous pas bien autant que saint Laurent? S'il repandit son sang, nous vers?mes le n?tre, Nous avons tous souffert autant que pas un autre; Pourquoy n'aurons-nous plus d'encens? Ne seroit-ce point que la France, Qui ne vit plus dans l'innocence, Ne peut souffrir les Innocens?

Tous les patrons de confrerie Ont fait un bon serment entr'eux De n'exaucer jamais nos voeux, Puisque leur feste est abolie. Si saint Roch une fois nous oste son secours, Que de maux cro?tront tous les jours! Et, si sainte Reine se pique, Je prevois que Martot, Gayan et d'Alenc? Auront cent fois plus de pratique Qu'ils n'en avoient au temps pass?.

Que de galeux, que de teigneux, Que de verole et que de peste! La reforme des saints nous sera trop funeste Si nous ne faisons pas notre paix avec eux. Si l'on veut retrancher les festes de l'ann?e, Qu'on oste celles-l? dont la veille est jeun?e, Je consens volontiers ? leur retranchement: Qu'on oste saint Andr?, mais non pas sainte Reyne, Car nous avons trop frequemment Besoin de l'eau de sa fontaine.

Pour moy, qui crains trop la col?re Des saints irritez contre nous, Je vais chercher une autre terre Pour m'exemter de leur courroux, Adieu, je sors de cette ville. Qu'on me rompe les os si je revois Paris! Quoy! je demeurerois en ce maudit pays, O? la vertu n'a point d'asile, Et qui ne se trouve fertile Qu'en putains, qu'en bigots et qu'en malins esprits! Le sejour m'en seroit funeste; Je m'en vais chercher d'autres gens, De peur qu'avec ces habitans Le peu de vertu qui me reste Ne m'abandonne en peu de temps.

Compaignons, le sommeil me causa l'autre jour une certaine vision nocturne. Je n'ay voulu manquer vous en faire part; non pas que le subject soit digne de vos merites, mais ? cause qu'il est risible. Vous y trouverez beaucoup de fautes; je vous prie que ce ne soit sans la consideration que je me suis fort peu mis en peine de parvenir au doctorat.

Si quelques uns de vous y remarquent leurs maistres, vous pourrez d'autant plus juger si les histoires sont veritables ou fabuleuses. Vous pouvez croire que, si j'eusse eu quelque partie d'eloquence, ma plume ne se seroit espargn?e ? berner les messieurs desquels je traicte . J'estime que vos bontez suppl?eront le defaut de cela aussi bien que mon incapacit?, et que vous ne regarderez ce PONT-BRETON de mauvais oeil, puisqu'il vous est adress? de la part de celuy qui s'efforcera de vous tesmoigner en toutes occurences qu'il est

Vostre plus affectionn? confr?re, D. T.

Desj? les ten?bres descendoient le grand galop des montagnes, et desj? ma plume s'alentissoit si fort que le cageoleur babil d'un procureur, dictant ? un sien copiste, m'estoit tr?s ennuyeux. Lors, me soustrayant un peu de l'obeissance deue, je me desrobay de l'estude, non sans faire imaginer ? ce procureur, qui estoit ravy en des enthousiasmes de practique, que je luy desrobois une partie du pain que sa liberalit? m'avoit eslargy ce jour-l?. Je ne fus pas si tost ? la halle aux draps que l'un des ministres de Morph?e, captivant mon esprit dans la corbeille de mensonge, le pourmena en une multitude d'actions procuratoires, et luy fit voir tant de merveilles que le temps de la descrire me defaudroit plustost que la mati?re. Toutesfois je vous feray participant de celles qui se sont peu arrester dans les cellules de ma cervelle , afin de faire voir ? la posterit? clerique que je ne suis moins affectionn? vers mes confr?res que justement irrit? contre les actions odieuses de ces attrape-minons.

Mais, a ce que je voy compagnons, ma prolixit? vous est ennuyeuse; vous en avez du subjet; aussi vous promets-je, pourveu que vous vouliez me donner encor tant soit peu d'audience, une livre de drag?es ? distribuer entre vous au sol la livre ? la prochaine foire Sainct-Germain.

La rue Sainct-Andr? n'est pas beaucoup esloign?e du lieu duquel je viens de parler. J'y remarquay quatre personnages abondamment humbles pour leurs conditions; l'on les void souvent rabrouer un pauvre clerc ? double carillon et l'expedier ? leur fantaisie, sans considerer que son maistre ne prend leurs bricolles en payement. Leur malice est bien affect?e, s'ils se souviennent d'un distique qui se remarque dans le cimeti?re Sainct-Innocent en ces termes:

Nous avons est? comme vous, Et serez aussi comme nous.

Ils en peuvent bien dire autant; mais ils n'ont garde, car cet abaissement seroit trop vil pour des personnes qui sont vallets des parties. Leur vanit? n'empeschera pas ma muse de le repeter d'une autre fa?on au mesme sens:

Comme nous vous avez estez, Et comme vous vous nous verrez.

Encor avons-nous cet advantage sur eux qu'ils ne peuvent pas estre ce que nous sommes, et nous pouvons estre ce qu'ils sont, tellement que nous avons plus de facult? qu'eux.

L'humeur fantastique d'un autre, demeurant pr?s les Cordeliers, n'est pas moins semblable, car il s'est port? ? frapper un clerc faisant les requestes, parce qu'il poursuivoit un huissier de faire voir la fin de ses chicaneries touchant la reddition d'un procez; mais le comp?re ne fut si mal advis? qu'il ne luy rend?t une febve pour un poix. A ce propos, je supplie vos jugemens tr?s solides, ? compagnons! de considerer si ce procureur avoit bonne grace. Ce clerc representoit son maistre et ne demandoit que la justice, et neantmoins, dans le lieu le plus sacr? sainct de cette Astr?e, dans la salle du plus auguste Parlement, il ne peut pas retenir sa main, tant sa passion fut deregl?e et remplie d'erreur. Pour moy, je suis d'advis qu'il ne faisoit pas bien. Je ferois tort ? la reputation d'un demeurant rue de La Harpe si je disois qu'il ne void pas mieux des despens qu'un autre, et neantmoins il s?ait si bien charlater, que souvent il faict croire ? de jeunes barbes qu'il a bien rencontr?. C'est un bon violon, vrayement. Il est venu ? Paris avec des sabots, et son fils porte tous les jours le manteau doubl? de panne. Passant de l? en la rue des Anglois, l'on me fit recit qu'un demeurant bien pr?s de la rue du Plastre bricolle d'un cost? et sa femme de l'autre. Que l'on en die ce que l'on voudra, ce ne sont qu'actions semblables; ils sont ? deux de jeu, et sont quasi tousjours cartes esgalles. Je m'asseure que vous autres ne monstrerez aucune action envieuse de l'heur de ces deux personnages; et pourquoy, puisqu'ils vivent contents? Leur consideration est bien fond?e, car il n'y a rien au monde qui contente plus l'homme que la nouveaut?. Je fus transport? en la rue des Trois-Portes, o? je cogneu qu'un procureur veut louer le devant de sa maison ? une bordeliste, sans toutesfois en vouloir souffrir l'entr?e. Cela n'est pas raisonnable, car toutes conventions doivent estre observ?es s'il n'y a lettres fond?es sur la minorit?, la force ou la lezion: encor faut-il qu'elles soient entherin?es; mais rien de tout cela ne se rencontre en la personne de ce procureur, car il est autant capable de contracter que d'avoir beaucoup de practique; et neantmoins l'on dit qu'il n'a pas le moyen de nourrir un clerc. La rue Sainct-Jean-de-Beauvais est du mesme quartier, au bout d'embas de laquelle demeure un certain qui n'est cocu qu'? demy. Il y a peu qu'il fut autheur d'un dialogue d'entre luy et un certain clerc qui demandoit le sien. Il commen?a l'exorde de son discours par ces motifs choisis: <> Il eust continu? sans l'interruption de celuy auquel il s'adressoit, qui n'est pas grue. <> A quoy ce venerable cagot repliqua: <> Nonobstant ceste remontrance, la promptitude l'emporta ? dire: <> Ce clerc, ainsi esconduit, sortit ? l'instant de ce cornard logis, non pas sans barbotter diverses imprecations contre ce tyran clerc en ces termes: <>

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