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Read Ebook: Cours familier de Littérature - Volume 23 by Lamartine Alphonse De

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Ebook has 1830 lines and 119013 words, and 37 pages

Et en hiver, la chasse au li?vre sur les monticules de neige! L'air que l'on respire est glacial, l'?clat de la surface scintillante qui s'?tend de tous c?t?s vous fait involontairement cligner les yeux, et vous les reposez avec bonheur sur le ciel vert qui surmonte les bois rouge?tres. Et les premi?res journ?es du printemps, lorsque tout brille et s'?croule! Au milieu de l'?paisse vapeur que r?pand la neige fondue, on respire d?j? le parfum de la terre r?chauff?e, et, sur les points o? les rayons obliques du soleil l'ont mise ? d?couvert, les alouettes chantent en toute confiance, tandis que les torrents, couverts d'?cume, se pr?cipitent avec un joyeux mugissement de ravin en ravin...

Mais il est temps de finir. Je viens de parler du printemps, et ce souvenir est venu s'offrir ? moi fort ? propos: au printemps, on se quitte avec moins de regret; au printemps, les heureux m?me se sentent attir?s vers les r?gions lointaines... Adieu, chers lecteurs, je vous souhaite un bonheur inalt?rable.

Tel est ce livre, tel est cet homme; livre qui contient des sc?nes ravissantes; homme qui les ?crit comme la nature les compose. Ses principaux caract?res sont la finesse, la v?rit?, l'?tranget?. Cela ne s'invente pas, cela se trouve.

M. de Tourgueneff est jeune encore. On ne peut savoir o? il s'arr?tera. Mais quel que soit son ?ge et son avenir, la Russie n'avait avant lui rien qui lui ressembl?t. C'est le Balzac des for?ts et des d?serts.

Ses notes sont simples et fortes comme le mugissement des taureaux dans les bois, comme le bruit des feuilles dans les temp?tes, comme l'?cho des cascades dans le lointain. Il est m?lancolique et sensible comme la voix de la jeune paysanne russe venant faire ses adieux au jeune et ?l?gant s?ducteur qui part le lendemain apr?s l'avoir tromp?e, avec son ma?tre, pour ne la revoir jamais. ? chaque instant on se sent une larme au bord de la paupi?re. Peu de livres m'ont autant ?mu et fait r?ver que les siens. On n'y sent aucun art; l'art est dans son oeil qui lui fait tout discerner et dans son ?me qui lui fait tout sentir. C'est le premier regard de la Russie sur elle-m?me avec le rouge de la pudeur et la na?vet? du premier ?ge. Une confession innocente et g?n?rale qui dit: Me voil?! Jugez-moi!

Tourgueneff aurait pu prendre la po?sie pour langue, lui, admirateur, selon moi, tr?s-exag?r? de Pouskine, cet imitateur pompeux de lord Byron. Il a bien fait de s'en abstenir, il y a plus de po?sie vraie dans une de ses pages candides que dans les pages retentissantes des deux ou trois po?tes de P?tersbourg ou de Varsovie qui chantent dans les salons, ces derniers juges de la po?sie sur une terre virginale.

LAMARTINE.

Paris.--Typ. Rouge fr?res, Dunon et Fresn?, rue du Four Saint-Germain, 43.

R?MINISCENCE LITT?RAIRE

OEUVRES DE CLOTILDE DE SURVILLE

Il y a une inspiration ineffa?able dans certains lieux, dans certains climats, dans certaines impressions de jeunesse et dans certaines m?moires qui nous reportent plus tard ? ces premi?res caresses de la vie. C'est la ros?e du matin que le soleil du jour n'a pas encore pomp?e, et qui m?me apr?s qu'elle a ?t? bue par les rayons, laisse au fond du calice quelques gouttes mal s?ch?es qui gardent encore un arri?re-go?t de rose mouill?e.

Souvenez-vous des hautes et vastes collines, du vieux manoir ? tourelles d?mantel?es, jetant son ombre aux pieds des for?ts sur les pr?s de la pente, du ruisseau qui coulait ? voix basse sous la rang?e de saules, dans le vallon aupr?s du ch?teau, des troupeaux de moutons sous la conduite du vieux berger qui montaient apr?s que l'humidit? malsaine ?tait ?vapor?e sur la colline ?lev?e; souvenez-vous des attelages luisants de boeufs qui descendaient pour labourer la gl?be dans les terres qui dominaient les prairies fumantes du paysage. ?coutez les voix lentes des paysans qui se r?pandent avec leurs chiens, leur hache sur l'?paule, parmi les sentiers creux de la montagne pour aller ?trancher les ch?nes; souvenez-vous des ?clats joyeux des jeunes filles et des enfants qui ramassent les menus fagots et qui les tra?nent avec toutes leurs feuilles jusqu'aux foyers o? ils cuiront le pain de seigle de la chaumi?re. Regardez les bras demi-nus de belles jeunes demoiselles ? moiti? v?tues, ?cartant d'un geste encore endormi les volets de leur chambre haute pour voir le beau matin du jour qui se l?ve et pour ?couter la cloche de l'?glise rustique convoquant tout le monde ? l'ang?lus.

Lancez vos regards plus loin: voyez cette longue cha?ne de montagnes du Forez et du Vivarais qui serpente sous un beau ciel bleu vers le midi, chassant sur ses flancs, ? mesure qu'elle se d?roule, les vapeurs nocturnes comme la proue d'un navire l'?cume de l'oc?an. Un fleuve rapide et immense, le Rh?ne roule ? leurs pieds ses eaux majestueuses, tant?t ?tincelantes dans de larges bassins semblables ? des lacs, tant?t resserr?es par les rochers et disparaissant sous les caps sombres d'o? le murmure grandiose de son cours s'?l?ve seul pour attester qu'il n'est pas englouti. La transparence du lointain o? il va s'ab?mer dans un horizon de lumi?re, emporte votre pens?e au pays du soleil. Voil? le paysage ? la fois rustique, f?odal, gracieux par les d?tails, aust?re par l'ensemble, religieux par l'impression, amoureux par le frisson qu'il communique ? l'?me. C'est l? que je vivais ? quinze ans entre un p?re militaire, une m?re jeune encore et belle comme la m?moire mal voil?e de son matin, et cinq soeurs group?es autour d'elle selon leurs ?ges diff?rents comme des anges ?chelonn?s sur les degr?s de l'?chelle de Jacob. L'escalier tournant du ch?teau sur lequel elles ?taient ?parses la moiti? du jour nous rappelait sans cesse cette image biblique. ? temps! o? es-tu? Et pourquoi ?gr?nes-tu si vite tout ce qui te pare?

Je commen?ais une vie orageuse dans le calme de cette demeure. Le domaine paternel, d?tach? des immenses domaines de mon grand-p?re, n'?tait pas consid?rable par son ?tendue, mais nous poss?dions en r?alit? tout le pays circonvoisin et toutes les familles rurales par la vieille affection qu'on portait au nom de mon p?re, aux vertus de ma m?re, aux gr?ces naissantes de mes soeurs. Pas un pauvre qui n'e?t son p?cule de r?serve d?pos? dans sa besace de toile chez nous; pas un infirme qui n'y e?t son hospice, son m?decin, ses rem?des. La Providence avait ainsi rapproch? le soulagement de tous les malheureux. Aussi nous aimait-on comme les chefs de toutes ces familles. La R?volution de 89 n'y pouvait rien, la d?mocratie industrielle n'?tait pas encore n?e. On ne pouvait se figurer que la f?odalit? si odieuse de loin ?tait si douce et si providentielle de pr?s. Nous ?tions les parents, les fr?res, les soeurs de tout le monde. Quant ? moi, mon cheval et mon chien, compagnons de ma vie, me suffisaient pour remplir mes journ?es de courses vagues dans les sentiers des bois ou dans les bl?s noirs de la montagne. Mes premi?res r?veries, ombres avanc?es de la vie future, m'emportaient de site en site plus haut et plus vite que les sabots de mon coursier. Je rentrais vers le soir pour me r?unir ? la famille, autour de la lampe qui ?clairait le piquet de mon p?re et de ma m?re et mes lectures silencieuses jusqu'? l'heure du sommeil.

Un de ces jeunes ?migr?s arriva alors dans la maison de mon p?re, apportant toutes ces qualit?s naturelles ? ceux qui sortent de leur pays pour une cause politique. La fid?lit? m?ritoire ? ses princes, l'esprit d'aventure, le caract?re assoupli aux fortunes diverses de l'exil, et l'intarissable conversation qu'on y puise. Ses entretiens faisaient le charme du ch?teau; il se nommait M. de Davay?, il ?tait le cousin de mon p?re.

Des amis de l'int?ressante veuve il ne lui restait plus que Tullie et Rocca; Ros? de Beaupuy s'?tait retir?e dans un clo?tre apr?s la mort du jeune de Liviers son amant; Louise d'Effiat avait ?pous? le vicomte de Loire. Tullie et Rocca se s?par?rent m?me bient?t de leur amie: Tullie, appel?e ? Constantinople par les Pal?ologues, dont elle ?tait l'alli?e, p?rit au sac de cette capitale; Rocca alla mourir ? Venise, sans qu'on nous apprenne ni les causes de son d?part, ni les circonstances de sa mort.

Clotilde, accabl?e de tant de pertes, isol?e dans le Vivarais, et moins capable sans doute de produire que de recueillir et de corriger, dut commencer ? cette ?poque les M?moires dont nous parlons, et dont les premiers livres contenaient l'histoire de l'ancienne po?sie fran?aise: elle s'occupa aussi de revoir ses premiers ouvrages, travail qu'elle continua toute sa vie, et qui peut expliquer leur perfection. Elle songea en m?me temps ? former des ?l?ves. Sophie de Lyonne et Juliette de Vivarez sont les premi?res que cite M. de Surville; elles ?taient m?me connues de Clotilde avant la mort de B?renger. Sophie ?tait fille d'un seigneur champenois; Juliette n'?tait qu'une berg?re obscure que Clotilde avait rencontr?e dans les montagnes voisines de sa terre de Vessau, et dont elle cultiva les dispositions heureuses. Sophie et Juliette se li?rent bient?t de la plus ?troite amiti?; elles consol?rent pendant quelque temps Clotilde de ses pertes; elles l'aid?rent dans l'?ducation de Jean de Surville, son fils: mais des passions malheureuses, que la religion seule pouvait vaincre, et dont l'objet leur ?tait peut-?tre commun, arrach?rent encore ces deux amies ? leur protectrice; elles se retir?rent ensemble ? l'abbaye de Villedieu.

Apr?s plusieurs ann?es d'un deuil inconsolable, Clotilde chercha quelque diversion dans la po?sie: elle entreprit deux grands po?mes dont il ne reste que des fragments. Apr?s avoir donn? l'hospitalit? ? deux jeunes ?cossaises qu'elle accueillit dans son ch?teau, et auxquelles elle fit parcourir les beaux sites du Lyonnais, du Forez et du Vivarais, elle unit pr?matur?ment le fils unique qu'elle avait eu de B?renger ? H?lo?se de Goyon de Verzy. Elle eut le malheur de le perdre peu d'ann?es apr?s. Sa petite-fille Camille lui resta pour unique consolation. Elle porta son deuil avant de mourir elle-m?me. Son g?nie surv?cut ? toutes ces douleurs et la soutint jusqu'? l'?ge de quatre-vingt-dix ans. Elle mourut dans sa terre de Vessaux, et fut ensevelie pr?s de son fils et de sa petite-fille. La plupart de ses oeuvres p?rirent avec elle, il n'en resta que la renomm?e.

Jeanne de Vallon, le dernier descendant de son petit-fils, mourut jeune d'une maladie de langueur. Ce fut elle qui, pendant les intervalles de ses douleurs, pr?para pour M. de Surville, son fr?re, les pi?ces les plus remarquables de sa grand'tante Clotilde.

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Qu'on juge de l'int?r?t de curiosit? que ces r?cits de M. de Davay? ?taient de nature ? inspirer ? toute la famille: les ?ges, les lieux, les circonstances politiques ont des similitudes, des pr?dispositions, des impressions, des inspirations analogues. Il y a une muse dans les sites, les m?mes points de vue donnent les m?mes sensations. Tout ce que l'?migr? nous racontait de la vie de Clotilde dans sa terre de l'Ard?che, et des malheurs de son petit-fils M. de Surville, d?couvrait ces chefs-d'oeuvre inconnus d'une existence de son vieux ch?teau, de son long exil sur la terre ?trang?re, et de sa mort h?ro?que couronnant une si noble existence, toute cette vie de son a?eule dans ce pays recul?, sauvage, alpestre, au milieu des rochers, des torrents et d'une population d'habitants dont elle ?tait la soeur et la m?re, enfin toute cette po?sie si longtemps ensevelie avec elle dans cet oubli, et ne ressortant que sous la pieuse et chevaleresque curiosit? d'un arri?re-petit-fils, nous faisaient r?ver ? tous des destin?es semblables. Nous attendions avec impatience que M. de Vandenborg, ayant achev? son oeuvre de critique et d'enthousiasme, publi?t enfin les po?sies de Clotilde qu'on disait pr?tes ? voir le jour.

Un de mes oncles paternels qui demeurait ? la ville l'attendait de Paris.

Ces chefs-d'oeuvre sont courts. Au bout de peu de jours il nous l'apporta, d?j? lu et relu par lui. Apr?s avoir laiss? ? ma m?re et ? mon p?re le temps de lire, je m'emparai du petit volume et je l'emportai dans les bois, cach? sous ma veste, comme un parfum que j'aurais craint de laisser ?vaporer.

C'?tait en effet surtout un parfum, une esp?ce d'essence d'opium oriental dont on ne pouvait pas se nourrir, tant il ?tait contenu dans un petit vase, mais dont on pouvait s'enivrer. Je ne me contentai pas de le lire, je l'appris par coeur, seulement en le lisant. Aucune po?sie moderne jusqu'? ce jour ne s'?tait si vite et si profond?ment grav?e dans ma m?moire.

Apr?s avoir entrelu quelques rondeaux, chansons des jeunes et ?rudites amies de Clotilde qui ouvrent le volume, comme on humecte les bords du vase avant d'y boire ? pleine coupe, j'arrivai ? Clotilde et je lus sa premi?re pi?ce ? son premier-n?. Toute sa jeunesse et toute la passion qu'elle portait ? B?renger son p?re ?clataient, br?laient. C'?tait le torrent de l'Ard?che chang? en fleuve et en larmes ? la vue de l'enfant image de son p?re absent. J'eus ? peine besoin de lire deux fois ces vers d?licieux pour les savoir ? jamais. Il n'y avait point d'art, non, c'?tait la nature faite art; l'image et le son, cette musique de l'?me, y naissaient ensemble indivisibles comme la voix et la sensation. Quel tort ne faisait-on pas ? cette jeune inspir?e d'un chaste amour de la comparer ? Sapho?

Lisez:

? MON PREMIER N?.

REFRAIN.

? cher enfantelet, vray pourtraict de ton pere, Dors sur le seyn que ta bousche a press?! Dors, petiot; cloz, amy, sur le seyn de ta mere, Tien doulx oeillet par le somme oppress?!

Bel amy, cher petiot, que ta pupille tendre Gouste ung sommeil qui plus n'est fait pour moy! Je veille pour te veoir, te nourrir, te d?fendre... Ainz qu'il m'est doulx ne veiller que pour toy!

Dors, mien enfantelet, mon soulcy, mon idole! Dors sur mon seyn, le seyn qui t'a port?! Ne m'esjouit encor le son de ta parole, Bien ton soubriz cent fois m'aye enchant?. ? cher enfantelet, etc.

Me soubriraz, amy, dez ton r?veil peut-estre: Tu soubriraz ? mes regards joyeulx... J? prou m'a dict le tien que me savoiz cognestre, J? bien appriz te myrer dans mez yeulx.

Quoy! tes blancs doigtelets abandonnent la mamme O? vingt puyser ta bouschette ? playzir!... Ah! dusses la seschier, cher gage de ma flamme, N'y puyzeroiz au gr? de mon dezir!

Cher petiot, bel amy, tendre fils que j'adore! Cher enfan?on, mon soulcy, mon amour! Te voy toujours; te voy et veulx te veoir encore: Pour ce trop brief me semblent nuict et jour. ? cher enfantelet, etc.

Estend ses brasselets; s'espand sur lui le somme; Se clost son oeil; plus ne bouge... il s'endort... N'estoit ce tayn floury des couleurs de la pomme, Ne le diriez dans les bras de la mort....

Arreste, cher enfant!... j'en fremy toute engtiere!... R?veille-toy! chasse ung fatal propo!... Mon fils!... pour ung moment... ah! revoy la lumi?re! Au prilx du tien, rends-moy tout mon repoz!...

Doulce erreur! il dormoit... c'est assez, je respire; Songes l?giez, flattez son doulx sommeil! Ah! quand voyray cestuy pour qui mon coeur souspire, Aux miens costez, jouir de son r?veil? ? cher enfantelet, etc.

Quant te voyra cestuy dont az receu la vie, Mon jeune espoulx, le plus beau des humains? Oui, desj? cuyde voir ta m?re aux cieulx ravie Que tends vers luy tes innocentes mains!

Comme ira se duysant ? ta prime caresse! Aux miens bayzers com't'ira disputant? Ainz ne compte, ? toy seul, d'espuyser sa tendresse, ? sa Clotilde en garde bien autant...

Qu'aura playzir, en toy, de cerner son ymaige, Ses grands yeux vairs, vifs et pourtant si doulx! Ce front noble, et ce tour gracieulx d'ung vizaige Dont l'Amour mesme eut fors est? jaloux? ? cher enfantelet, etc.

Pour moy, des siens transportz onc ne seray jalouse Quand feroy moinz qu'avez toy les partir: Faiz amy, comme luy, l'heur d'ugne tendre espouse, Ainz, tant que luy, ne la fasses languir!...

Te parle, et ne m'entends... eh! que dis-je? insens?e! Plus n'oyroit-il, quand fust moult esveill?... Povre chier enfan?on! des filz de ta pens?e L'eschevelet n'est encor d?broill?...

Tretouz avons est?, comme ez toy, dans ceste heure; Triste rayzon que trop tost n'adviendra! En la paix dont jouys, c'est possible, ah! demeure! ? tes beaux jours mesme il n'en souviendra. ? cher enfantelet, etc.

Voyl? ses traicts... son ayr! voyl? tout ce que j'aime! Feu de son oeil, et roses de son tayn... D'o? vient m'en esbahyr? aultre qu'en tout luy-mesme Pust-il jamais esclore de mon seyn?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais non, ne vous bornez pas ? les lire, apprenez-les comme moi de m?moire; il n'y a point d'?dition qui vaille cette ?dition impalpable, invisible, inarticul?e que nous portons en nous jusqu'au tombeau et que nous retrouverons sans doute dans nos cendres au ciel. On a fait bien des vers et des vers de grands po?tes ? des enfants, mais aucuns, pas m?me ceux de Reboul, ? N?mes, malgr? leurs belles et touchantes images, n'?galent cette na?vet? de jeune m?re, encore jeune fille, n'adorant dans son fils que le visage et l'amour de son jeune mari absent, et lui tendant ces bras qu'elle a form?s de lui pour le rendre deux fois ins?parable ? son coeur.

Il ne faut pas oublier en lisant que ce jeune ?poux, ou plut?t ce jeune amant, ?tait alors au Puy en Velais, guerroyant, o? il devait p?rir ? la suite de son roi.

Mais bient?t apr?s, le souvenir cher et br?lant de son ?poux B?renger la reprend, et elle lui ?crit une lettre o? l'amour de sa patrie, ravag?e par les Bourguignons et les Anglais, se m?le ? l'amour pour B?renger.

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