Read Ebook: Curiosa: Essais critiques de littérature ancienne ignorée ou mal connue by Bonneau Alcide Editor
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Ebook has 354 lines and 101838 words, and 8 pages
Au lecteur.
Ce livre ?lectronique reproduit int?gralement le texte original, et l'orthographe d'origine a ?t? conserv?e. Seules quelques erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? tacitement corrig?es. La ponctuation a ?t? corrig?e par endroits, mais n'a pas ?t? harmonis?e. Les notes ont ?t? renum?rot?es et plac?es ? la fin de chaque chapitre.
CURIOSA
CURIOSA
DE LITT?RATURE ANCIENNE
IGNOR?E OU MAL CONNUE
PAR
ALCIDE BONNEAU
PARIS ISIDORE LISEUX, ?DITEUR Rue Bonaparte, n? 25 1887
AVERTISSEMENT
Paris, Mars 1887.
CURIOSA
ADVIS
POUR DRESSER UNE BIBLIOTH?QUE
PAR GABRIEL NAUD?
Ce dont il faut surtout le louer, c'est qu'il ne fut pas, comme tant d'autres, un bibliophile ?go?ste, d?sireux de th?sauriser d'immenses richesses litt?raires pour lui seul, ou tout au plus un petit cercle d'amis. S'il proposait comme premier r?sultat de la fondation d'une grande biblioth?que l'avantage de sauver de la destruction une foule d'ouvrages expos?s ? p?rir en restant diss?min?s, il entrevoyait pour but principal de faire jouir tout le monde de ces tr?sors si difficilement amass?s. On lui doit la premi?re biblioth?que ouverte au public en France, la Mazarine. A peine eut-il r?uni, sur l'ordre du cardinal, douze ou quinze mille volumes, qu'il lui persuada de ne pas les garder pour lui, d'en faire part g?n?reusement ? quiconque voudrait les consulter. La chose sembla bien t?m?raire, comme toutes les innovations. Il n'y avait alors, en Europe, que trois biblioth?ques ouvertes au public: l'Ambroisienne, fond?e ? Milan par le cardinal Borrom?e, en 1608; la Bodl?ienne, ouverte ? Oxford en 1612 et la Biblioth?que Ang?lique, du nom de son fondateur Angelo Rocca, ?tablie ? Rome, en 1620. On doutait que pareille tentative p?t r?ussir en France; mais Naud? aurait volontiers r?pondu, comme d'Alembert, ? ces infatigables adversaires de toute id?e un peu neuve: <
Paris, Septembre 1876.
SOCRATE ET L'AMOUR GREC
PAR J.-M. GESNER
Cette bizarrerie a valu au livre sa notori?t?, et en m?me temps lui a fait grand tort. Beaucoup de gens, entre autres Voltaire, malheureusement pour l'?rudit Tudesque, n'ont pas ?t? au del?, et ils ont construit sur cette mince donn?e un ouvrage tout entier de leur fantaisie, ? l'extr?me d?savantage du pauvre Gesner. D'autres ont cru Voltaire sur parole et sont arriv?s au m?me r?sultat.
Janvier 1877.
UN VIEILLARD
DOIT-IL SE MARIER?
DIALOGUE DE POGGE
Ce morceau valait la peine d'?tre tir? de l'oubli, tant en faveur de la nouveaut? de la th?se, un paradoxe finement trait?, que pour sa valeur litt?raire; il est ?crit avec cette bonne humeur, cet enjouement dont Pogge a marqu? tous ses ouvrages, sans pr?judice de ces qualit?s pittoresques qu'il recherchait parfois aux d?pens de la pure Latinit?. Son ordonnance rappelle, avec plus de laisser-aller , celle de ces beaux dialogues antiques qu'il arrachait aux catacombes des monast?res, et dont il se nourrissait l'esprit en les recopiant avec amour. Il y a mis toute son ing?niosit?, car c'?tait sa propre cause qu'il plaidait. Il s'agissait pour lui, non-seulement d'excuser le mariage d'un homme de cinquante-cinq ans, ce qui apr?s tout n'est pas un crime, mais surtout de d?montrer par vives raisons que c'est avec une jeune fille, non avec toute autre, qu'on doit se marier ? cet ?ge. C'?tait l? pour Pogge le point capital, car en ?pousant, dans son arri?re-saison, une jeune fille d'une grande beaut?, dans toute la fleur de ses dix-huit ans, il abandonnait une vieille ma?tresse qui, quatorze fois de suite, l'avait rendu p?re de famille.
Le mariage de Pogge est un curieux ?pisode de sa vie. Ses amis l'adjuraient depuis longtemps de faire cesser l'irr?gularit? de sa conduite. Successivement secr?taire de sept ou huit papes, charg? de missions presque eccl?siastiques, sans ?tre cependant engag? dans les ordres, il ne semblait pas se douter du discr?dit que ses moeurs jetaient sur lui; il s'amusait m?me ? rire aux d?pens des autres. Mais, ? mesure qu'il vieillissait, les reproches devenaient plus vifs, et il arriva m?me ? l'un de ses protecteurs, le cardinal de Saint-Ange, de le tancer un jour vertement. Ce pr?lat avait ?t? envoy? en Allemagne, le cierge d'une main, l'?p?e de l'autre, pour y d?truire l'h?r?sie et convaincre sp?cialement les disciples de Jean Huss, qu'on venait de br?ler ? Constance. Sans s'amuser ? pr?cher longtemps ces rebelles, il leva une arm?e compos?e en grande partie de re?tres et de lansquenets Allemands, et envahit la Boh?me, au grand effroi des populations paisibles; mais ? peine ses soudards aper?urent-ils l'ennemi qu'ils s'enfuirent dans le plus grand d?sordre: le cardinal perdit sa bulle, sa crosse, et jusqu'? son chapeau rouge, dans la bagarre. Pogge se mit ? railler sans piti? son ami: <
Juin 1877.
Pogge eut de Vaggia de' Buondelmonti cinq fils: Pietro-Paolo, Giovan-Batista, Jacopo, Giovan-Francesco et Filippo. Pietro-Paolo naquit en 1438, prit l'habit de Dominicain et fut promu prieur de Santa-Maria-della-Minerva, ? Rome, fonctions qu'il exer?a jusqu'? sa mort arriv?e en 1464.
Giovan-Batista naquit en 1439; il obtint le grade de docteur en droit civil et en droit canon, fut ensuite chanoine de Florence et d'Arezzo, recteur de l'?glise Saint-Jean-de-Latran, acolyte du souverain Pontife et clerc assistant de la Chambre. Il a compos? en Latin les vies de Niccolo-Piccinnino, fameux condotti?re du temps, et de Domenico Capranica, cardinal de Fermo. Il mourut en 1470.
Jacopo fut le seul des fils de Pogge qui n'embrassa pas l'?tat eccl?siastique. Ce fut un litt?rateur distingu?. Entr? au service du cardinal Riario, ennemi acharn? des M?dicis, il ?tait son secr?taire en 1478 et fut engag? par lui dans la conspiration des Pazzi. Le cardinal Riario parvint ? s'?chapper, mais le malheureux Jacopo subit le sort de la plupart des autres conjur?s, qui furent pendus aux fen?tres du Palais de Justice de Florence.
Giovan-Francesco, n? en 1447, fut, comme Giovan-Batista, chanoine de Florence et recteur de Saint-Jean-de-Latran. Appel? ? Rome, il y devint cam?rier du pape et abr?viateur des lettres apostoliques. L?on X, qui l'avait en grande estime, le prit pour secr?taire. Il mourut ? Rome en 1522 et fut enseveli dans l'?glise de San-Gregorio.
Filippo naquit en 1450; c'est de sa naissance que Pogge se f?licite dans une lettre ? Carlo Aretino en lui annon?ant que, quoique septuag?naire, il vient d'avoir un fils plus fort et plus beau que tous ses a?n?s. Filippo obtint ? l'?ge de vingt ans un canonicat ? Florence, puis il abandonna l'?tat eccl?siastique pour ?pouser une jeune fille appartenant ? une famille illustre, dont il eut trois filles.
Outre ses cinq fils, Pogge eut encore une fille, Lucrezia, qu'il maria de bonne heure ? un Buondelmonti. On ne sait si cette fille provenait de son mariage, ou si c'?tait un des enfants qu'il avait eus de sa ma?tresse.
En ce cas, il aurait ressembl? ? l'un des plus c?l?bres m?decins de son si?cle, le Ferrarais Jean Manard, mort en 1537, ? l'?ge de 74 ans. Ce Manard, <
<
LA CIVILIT? PU?RILE
En revanche, ?rasme avait-il eu des mod?les? ?videmment, il n'inventait pas le savoir-vivre et bien avant lui on en avait pos? les r?gles g?n?rales. Cette sorte de litt?rature p?dagogique ?tait cultiv?e depuis l'antiquit? Grecque; mais le premier il a trait? la mati?re d'une fa?on sp?ciale et compl?te: personne avant lui n'avait envisag? la civilit? ou, si l'on veut, la biens?ance, comme pouvant faire l'objet d'une ?tude distincte. Aussi croit-il devoir s'excuser, s'il traite ? fond cette partie infime et n?glig?e de la philosophie, en disant que les bonnes moeurs se refl?tent dans la politesse des mani?res, que la rectitude appliqu?e aux gestes, aux actes usuels, aux fa?ons d'?tre avec ses ?gaux ou ses sup?rieurs, manifeste aussi l'?quilibre des facult?s, la nettet? du jugement et que, par cons?quent, il n'est pas indigne d'un philosophe de s'occuper de ces d?tails en apparence indiff?rents. Il ne s'appuie sur aucune autorit? ant?rieure et ne prend gu?re conseil que de son propre go?t et du bon sens.
Mathurin Cordier s'est ?videmment inspir? d'?rasme; la division en sept chapitres est la m?me, les pr?ceptes sont identiques, et cependant c'est plut?t un travestissement qu'une traduction d'?rasme. A peine y retrouve-t-on de temps en temps une phrase qui ait conserv? l'empreinte du texte Latin, de ce style savoureux et pittoresque ? l'aide duquel ?rasme donne de l'int?r?t ? des d?tails infimes.
Octobre 1877.
LES FAC?TIES DE POGGE
Mars 1878.
Comme exemple, voici le d?but de sa traduction, tel que nous le trouvons dans l'?dition de Jehan Bonnefons, Paris, 1549, et, avec des rajeunissements d'orthographe, mais sans modifications essentielles, dans celle de Jean-Fr?d?ric Bernard, Amsterdam, 1712:
?s parties de Lombardie aupr?s de la mer est une petite ville nomm?e Cajette, en laquelle ne demeuroient que tous povres gens, et dont la plus part n'avoient que boire ne que manger, fors de ce qu'ilz povoient gaigner et assembler en pescherie. Or est ainsi que entre eux Cajettans, fut ung nomm? Navelet, jeune homme, lequel se maria ? une moult belle jeune fille, qui se mist ? tenir son petit mesnage, et est assez vray semblable, veu la grandeur luccative dont il estoit, qu'il n'avoit pas de toutes monnoies pour change tenir; dont il n'estoit pas fort joyeux, et non pas de merveilles: car gens sans argent sont ? demy mors. Or est vray que pour la petite provision que ce povre jeune homme faisoit en la maison, sa femme souvent le tourmentoit et tempestoit, et si luy donnoit grandes reprouches: tellement que le povre compaignon, comme tout d?sesp?r?, proposa de s'en aller dessus la mer, et de laisser sa femme, en esp?rance de gaigner, et de ne retourner jamais en sa maison, ne au pays, tant qu'il eust aucune chose conquest?. Et a doncques mist ? poinct toutes ses besongnes, et fist toutes ses r?parations aux navires avecques aucuns certains complices et compaignons que il avoit. Partit d'avecques sa femme, laquelle il laissa en une povre maisonnette toute descouverte: ayant seulement ung petit lict, dont la couverture ne valloit comme riens. Et s'en alla dessus mer, l? o? il y fut pr?s de cinq ans ou plus, sans revenir. Or advint que tantost apr?s que ce dict gallant fut party, un Quidam, qui estoit tout de loisir, voyant la beault? de ceste povre jeune femme , vint ? elle, et l'exhorta par belles parolles, dons et promesses qu'il luy feist, tant qu'elle se consentit ? faire sa voulent?, et mist en oubly la foy de mariage qu'elle avoit promise ? son mary. Ainsi recouvrit la povre femme pour son mary ung amy, lequel la vestit plaisamment, et luy donna un tr?s-beau lict et belle couverture, luy feist refaire sa maison toute neufve, la nourrit et gouverna tr?s-bien: et qui plus est, ? l'aide de Dieu, et de ses voysins, en succession de temps luy feist trois beaulx enfans, lesquelz furent honnestement eslevez et nourris, tant qu'ilz estoient j? tous grans, quant le mary de la m?re retourna, lequel au bout de cinq ans ou environ arriva au port de la cit?, non pas tant charg? de biens qu'il avoit espoir quand il partit. Apr?s que ce povre homme fut descendu sur terre, il s'en alla en sa maison, laquelle il veit toute r?par?e, sa femme bien vestue, son lict couvert d'une belle couverture, et son mesnage tr?s-bien empoint. Quant cest homme veit cest estoit, ainsi que dict est, il fut moult esbahy, et demanda ? sa femme dont ce proc?doit. Premier, qui avoit est? cause de refaire la maison, de la revestir si bien, qui luy avoit donn? son beau lict, sa belle couverture, et g?n?rallement dont estoient procedez et venus tant de biens ? la maison, qu'il n'y avoit au devant qu'il partist. A toutes les demandes que ce mary feist ? cette femme, elle ne respondit aultre chose: sinon que la grace de Dieu les luy avoit envoyez, et luy avoit aid?. Adonc commen?a le povre homme ? louer Dieu, et luy rendre grace de tant de biens qu'il luy avoit envoyez. Tantost apr?s arriva dedans la maison ung beau petit enfant environ de l'aage de trois ans, qui se vint frotter encontre la m?re, ainsi que la m?re l'admonnestoit. Lors le mary se voyant tout esbahy commen?a ? demander qui estoit celluy enfant. Elle respondit qu'il estoit ? eulx. Et le povre homme tout estonn? demanda dont il luy estoit venu, que luy estant dehors, et en son absence elle eust conceu et enfant? ung enfant. A ceste demande r?pondit la jeune femme, que ce avoit est? la grace de Dieu qui luy avoit envoy?. Adonc le povre homme, comme tout hors du sens et enrag?, commen?a ? maugr?er et despiter Dieu, que tant sollicitement s'estoit mesl? de ses besougnes et affaires; qu'il ne luy suffisoit pas de se mesler des affaires de la maison, sans qu'il touchast ? sa femme, et lui envoyer des enfans. Ainsi en peu d'heure le povre homme loua, maugr?a et despita Dieu de son fait. En ceste facecie est donn? ? entendre que il n'est rien si subtil et malicieux que une mauvaise femme, rien plus promt ne moins honteux pour controuver mensonges et excusations. Et ? ceste cause qu'il n'est homme si ygnorant que aucunesfois ne congnoisse ou apper?oive une partie de sa malice et mensonge.
Paris, Jehan Bonnefons, 1549, in-4? Gothique; c'est la seule ?dition Fran?aise que poss?de la Biblioth?que Nationale . Cette ?dition para?t donner, dans toute son int?grit?, le texte de Guillaume Tardif.
LA PAPESSE
NOUVELLE DE CASTI
Nous l'avons rendu fid?lement, par une traduction absolument litt?rale ou, pour mieux dire, lin?aire; autant qu'il a ?t? possible, la forme du vers, la construction de la p?riode, les tournures, les inversions, les rejets ont ?t? respect?s, de fa?on ? offrir le dessin exact du mod?le. Ce proc?d?, employ? par un trop petit nombre de traducteurs, est certainement le plus apte ? donner une id?e juste des ouvrages en vers ?crits dans une autre langue, et ? leur conserver au moins quelque chose de leur saveur exotique.
Mars 1878.
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