bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Curiosa: Essais critiques de littérature ancienne ignorée ou mal connue by Bonneau Alcide Editor

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 354 lines and 101838 words, and 8 pages

Mars 1878.

LE D?CAM?RON

DE BOCCACE

La Renaissance, d?s son aurore, s'annonce comme un retour plus ou moins franc, mais tr?s r?el et tr?s spontan? au Paganisme, une revanche de longs si?cles d'oppression et d'abrutissement. Tel ne pr?tend que retrouver les titres perdus de l'humanit?, restaurer les lettres Grecques et Latines, qui, sans le vouloir, se refait pa?en. Remettre en honneur les langues d'Hom?re et de Platon, de Cic?ron et de Virgile, c'?tait en effet renouer une cha?ne que le Moyen Age croyait avoir bris?e pour jamais, rendre l'essor ? la pens?e et faire rentrer dans le n?ant les sciences fausses et st?riles. D?rouler le tableau des civilisations et des arts de l'Antiquit?, c'?tait poser les termes d'une comparaison bien p?rilleuse et montrer au grand jour l'effroyable abaissement, l'ennui mortel o? le catholicisme avait plong? le monde. Les Vertus th?ologales faisaient maigre figure ? c?t? des trois Gr?ces, et il suffisait de songer aux Dieux de l'Olympe, ? ces Dieux toujours jeunes, souriants et robustes, ardentes personnifications des ph?nom?nes naturels, des forces g?n?ratrices et des joies de la vie, immuablement assis dans leur s?r?nit? lumineuse, pour faire prendre en d?go?t ce culte de l'agonie et de la souffrance, qui ?tale partout l'image lamentable d'un Dieu supplici?. Qu'est-ce en effet que le catholicisme du Moyen Age, sinon l'abolition de la vie, la religion du s?pulcre? L'homme est fait pour ?tre mang? des vers; il n'a pas ?t? cr?? pour agir, mais pour prier. Arri?re donc la science, l'?tude; arri?re la famille, la patrie, toutes les grandes et nobles affections humaines: ce sont autant de faces du Diable, qui en peut prendre des milliers. L'homme ne doit penser qu'? une seule chose, ? son salut; se demander perp?tuellement, jour et nuit, serai-je damn?? s'absorber dans l'espoir des joies paradisiaques r?serv?es aux ?lus ou dans la crainte de l'enfer qui l'attend, s'il tr?buche. Agir, inventer, chercher le progr?s, le bien-?tre, d?velopper sa volont? et son ?nergie, se laisser prendre au pi?ge de l'ambition, de l'amour, de la po?sie, de l'art, c'est folie; il n'y a de vrai que le tombeau et, par derri?re, la vie ?ternelle. Quelle violente envie de rompre ce r?seau de momeries lugubres et de pratiques asservissantes devait tourmenter ceux qui se sentaient faits pour vivre, pour penser et pour agir! Comme ils devaient aspirer ? se voir d?livr?s d'une religion qui, sous pr?texte de mater la chair, privait l'homme de tout ce qui peut le charmer, l'?pouvantait, le terrifiait pour le rendre plus docile et le for?ait d'user son intelligence ? r?soudre des questions ineptes ou insolubles! Combien durent ?tre de coeur avec ce Grec enthousiaste qui s'?criait: <>

Juillet 1878.

Tous les ornements et vignettes en question ont ?t? grav?s ? nouveau par un artiste habile et consciencieux, M. Alfred Prunaire.

LA DONATION

DE CONSTANTIN

L'?glise catholique est d'une extr?me opulence en documents apocryphes; nulle n'a falsifi? l'histoire avec plus d'audace et d'ing?niosit?. Cela s'explique. Cr?ation artificielle, reposant sur un ensemble de fictions qui sont en contradiction flagrante avec les faits av?r?s, elle s'est trouv?e dans l'obligation d'adresser un appel constant ? l'esprit inventif de ses adeptes pour forger de toutes pi?ces les titres n?cessaires ? son existence, ? ses vues de domination, ainsi que les preuves de la mission qu'elle s'attribuait; se cr?er des annales imaginaires qui vinssent ? l'appui de ses affirmations et leur faire subir, de temps en temps, d'habiles retouches, car la science augmente et la cr?dulit? d?cro?t. La v?rit? subsiste par elle-m?me, solide, in?branlable; mais le mensonge, de quels ?tan?ons, de quels arcs-boutants faut-il le soutenir pour le forcer ? rester un instant en ?quilibre! Aussi voyons-nous depuis tant de si?cles les gens d'?glise occup?s sans rel?che ? pr?server de ruine le vieil et branlant ?difice; labeur de jour et de nuit dans des choses croulantes, travail incessant, toujours ? refaire: c'est avec du papier, des textes fabriqu?s, des titres chim?riques, des contrats suspects qu'ils esp?rent en boucher les l?zardes et les crevasses! Quand une de leurs fictions est us?e, que la critique en a d?montr? le n?ant, ils l'abandonnent, la d?savouent, l'attribuent aux Ariens, aux Grecs, aux Albigeois, aux Vaudois, aux Luth?riens, ? n'importe qui, sauf ? ses v?ritables machinateurs, et vite en exhibent une autre, toute neuve, qui durera ce qu'elle pourra, et dont la destin?e est d'?tre aussi, ? son d?clin, mise sur le compte des h?r?tiques. De l? chez eux tant de supercheries contradictoires, n?es des besoins du jour, puis alternativement d?laiss?es ou reprises, selon le souffle du vent.

Entre tous ces vieux parchemins, insignes monuments de l'imposture sacerdotale, se placent au premier rang la Donation de Constantin et les Fausses D?cr?tales, dans le recueil desquelles on la rencontra d'abord. Elles ont boulevers? tout le droit public et priv? au Moyen Age, mis la civilisation ? deux doigts de sa perte, et failli faire de l'Europe la proie d'une th?ocratie envahissante et impitoyable.

Elle fut fabriqu?e, probablement par ?tienne II, certainement sous son pontificat, pour donner un point d'appui ? ces ambitions. Si Constantin fut choisi comme donateur de pr?f?rence ? tout autre, c'est que ce Prince, en transf?rant de Rome ? Byzance la capitale de l'Empire, pouvait plus ais?ment passer pour avoir voulu laisser l'Occident au chef de la religion. Toute l'histoire, les monuments, les monnaies, les m?dailles, les partages successifs de l'Empire d?mentaient cette supercherie; mais quand les documents ?crits sont rares, qu'on a une arm?e de scribes pour les falsifier, qu'on revendiquera bient?t le droit d'enseigner seul et d'imposer de force ce que l'on affirme ?tre la v?rit?, on ne s'arr?te pas devant un si mince obstacle.

H?las! Constantin, de quel fl?au fut m?re Non ta conversion, mais cette dot Que re?ut de toi le premier Pape enrichi!

Le Concile de B?le venait de ramener l'attention sur les pr?tentions temporelles des Papes, et entre tous les ?tats de l'Europe le royaume de Naples, tenu si longtemps dans l'?troite d?pendance du Saint-Si?ge, avait le plus d'int?r?t ? secouer ce joug. Sur l'invitation du Roi, Valla fut amen? ? interroger le principal titre des Pontifes, n'eut pas de peine ? le trouver faux et con?ut le projet de le dire. Mais ici faisons justice d'une appr?ciation qui n'a pas le moindre fondement. <>, dit M. Ch. Nisard, <> Ceux qui liront l'argumentation pressante de Valla d?cideront s'il est tomb? juste par hasard, s'il a fait oeuvre de devin ou de critique, et si la patiente analyse ? laquelle il se livre, les remarques ing?nieuses et mordantes qu'elle lui sugg?re, sont bien les fruits de son imagination. Quant aux ?rudits qui, depuis Valla, ont battu en br?che la Donation, le Cardinal Baronius , Hotman et Bank, ils n'ont, et pour cause, rien ajout? de d?cisif ? sa th?se; les deux derniers se sont born?s, l'un ? la r?sumer, en lui rapportant tout l'honneur de la discussion, l'autre ? la reproduire.

Laissons donc ? Valla ce qui lui appartient bien, le m?rite d'avoir le premier d?voil? la fraude, et par des arguments propres ? la rendre d?sormais insoutenable. Cela aurait pu lui co?ter assez cher. Ayant eu l'imprudence de revenir ? Rome, en 1452, il faillit ?tre assassin?, sur le simple soup?on d'avoir ?crit ce livre abominable, qu'il s'?tait content? de lire ? ses amis de Naples, et qu'il gardait prudemment par devers lui, sans le publier; il dut s'enfuir sous un d?guisement, s'embarquer et gagner l'Espagne, pendant qu'on instruisait son proc?s.

La discussion proprement dite de l'acte incrimin? se trouve dans la seconde moiti? du livre; elle est mordante, acharn?e, spirituelle; le pol?miste, auquel M. Nisard lui-m?me reconna?t pour habitude <> y redouble d'invectives, mais le <> surtout, ?plucheur de mots et de syllabes, y triomphe. Valla, et ce n'est point son moindre m?rite, a ouvert la voie ? la critique diplomatique, un art encore en enfance ? son ?poque, et que l'?glise n'?tait gu?re tent?e de prot?ger. Toute brillante et passionn?e qu'elle est, sa discussion repose sur un examen approfondi du texte, au point de vue historique comme au point de vue grammatical; il passe tout au crible avec un soin minutieux, et si l'on analyse les moyens de v?rification qu'il emploie pour saisir les traces de fraude, on se convaincra que les Mabillon et les d'Ach?ry n'en ont point eu d'autres: ils ont pr?cis? et formul? les r?gles que Valla appliquait d'intuition.

F?vrier 1879.

C'est ce que dit Steuchus r?futant Laurent Valla, qui s'appuie sur la donation faite ? Melchiade pour nier celle que Constantin aurait faite ? Sylvestre. <> --Singulier retour des choses d'ici-bas! Depuis que la Donation a ?t? reconnue fausse et qu'il ne s'est plus agi de la soutenir, mais de ne pas tout perdre, la fable de Melchiade, tr?s mauvaise du temps de Steuchus, excellente depuis, a ?t? ressuscit?e , et l'on peut lire dans tous les historiens de cette p?riode de l'?glise, Chateaubriand, l'abb? Rohrbacher, l'abb? Darras, M. de Broglie, comment ce saint Pape, quoique mis ? mort en 312 par Maximin, d'apr?s Steuchus, fut au mieux l'ann?e suivante avec Constantin, en re?ut la permission d'ouvrir le Concile de Rome, des pr?sents consid?rables, et mourut paisiblement, charg? de gloire et d'ann?es. De son martyre, il n'est pas autrement question, et ses Lettres n'ont plus ?t? fabriqu?es par les Ariens. Ce Pape qui a deux biographies, deux genres de vie et deux genres de mort, suivant les besoins de la pol?mique religieuse, est une des nombreuses curiosit?s de l'histoire eccl?siastique.

Il pr?tendait seulement que toute donation pouvant ?tre r?voqu?e pour cause d'ingratitude, il se r?servait d'user de ce droit. <>

LES CONTES

DE VOISENON

Ses Contes, ce qu'il a fait de plus agr?able, en somme, et l'oeuvre qui le refl?te le mieux, ne sont, comme sa vie et ses amours, qu'une parodie et une gageure. La note tendre, ?mue ou passionn?e n'est pas dans ses cordes; sa t?te seule travaille, les sens absolument calmes, et il r?sout ? chaque instant le probl?me en apparence insoluble d'?crire des contes libertins qui ne soient pas le moins du monde ?rotiques: ceux qui y chercheraient des impressions voluptueuses seraient bien d??us. Aussi ne faut-il pas placer ses l?g?res esquisses, simples d?bauches d'esprit, ? c?t? des toiles chaudement color?es de Cr?billon fils ou de Diderot. Voisenon n'a pour lui que l'esprit, le style et l'imagination bouffonne; il conte vite et bien, plut?t en causeur qui veut ?blouir, qu'en romancier qui voudrait int?resser; il s'enchev?tre d?s les premi?res pages dans des inventions impossibles, et ne se tire d'affaire qu'en rench?rissant sur ses propres extravagances.

... Je ne fus pas assez sage Pour m'en tenir ? ce fragment; Je joignis un second ?tage, Pour marquer les absurdit?s De ces r?cits mal invent?s...

Mai 1879.

LA NUIT ET LE MOMENT

PAR CR?BILLON FILS

<> dit Palissot, <

<>

Juillet 1879.

LES NOUVELLES

DE SACCHETTI

Mieux que personne, Sacchetti ?tait en position de bien conna?tre tous ces menus faits de la vie journali?re, qu'il a recueillis pour son amusement et pour le n?tre; il remplit dans la derni?re moiti? de sa vie la charge de Podestat, magistrature qui, outre ses attributions administratives et politiques, conf?rait un pouvoir presque arbitraire, et dont la juridiction singuli?rement ?tendue allait des cas de simple police aux causes emportant la peine capitale: dans la m?me s?ance, le Podestat d?cidait d'une contestation ? propos d'un panier d'oeufs et envoyait un mauvais dr?le ? la potence. Sacchetti ne dut assur?ment pas ?tre pour les petites villes de Bibbiena et de San-Miniato, o? l'envoya successivement la R?publique de Florence, ce qu'est Angelo, tyran de Padoue, dans le sombre drame de Victor Hugo: la griffe du tigre sur la brebis, l'homme devant qui les fen?tres se ferment, les passants s'esquivent, le dedans des maisons tremble; mais s'il n'entendait point, la nuit, des pas dans son mur, il est bien permis de croire que son esprit observateur et curieux p?n?trait assez facilement les murs et les secrets des autres. De l?, dans ses Nouvelles, tant de renseignements puis?s aux meilleures sources sur les principales familles Italiennes et les personnages en vue de son temps; il aimait ses d?licates fonctions, tout en se d?pitant de ne pas les exercer sur un plus vaste th??tre, il se pla?t ? les rehausser, ? rapporter de beaux proc?s, jug?s soit par lui-m?me, soit par divers de ses coll?gues, et, au milieu de ses r?cits g?n?ralement plus plaisants que tragiques, il tient souvent en r?serve quelque terrible histoire, propre ? effrayer quiconque voudrait se moquer des Podestats, Pr?v?ts, Capitaines-grands et autres gens de justice.

Par sa naissance autant que par ses aptitudes, Franco Sacchetti ?tait destin? aux charges publiques. La famille des Sacchetti est cit?e avec celle des Pulci, par Machiavel, comme une des plus anciennes et des plus importantes du parti Guelfe, chass?es de Florence lors d'un triomphe ?ph?m?re des Gibelins ? l'approche de l'Empereur Fr?d?ric II, r?duites ? se r?fugier dans les forteresses du Val-d'Arno et dont l'exil faisait la s?curit? des vainqueurs. Elles furent rappel?es peu de temps apr?s et depuis lors conserv?rent presque toujours le pouvoir. Dante aussi en parle comme d'une des premi?res familles de Florence:

Grande fut jadis la colonne du Vair, Les Sacchetti, Giuochi, Fifanti, Barucci, Galli, et ceux qui rougissent ? cause du Boisseau...

; Dante les cite parmi les vieux Florentins dont le nom se perd dans la nuit des temps:

Malheur ? qui est sous toi, et ne se r?volte, Car c'est juste raison de se soustraire A qui de sang humain veut se nourrir,

.... Le sang innocent de Cesena R?pandu par tes loups avec tant de rage: Femmes grosses, vieilles, mortes en monceaux, Les membres coup?s, saignant par toutes veines; Filles viol?es aux cris de: Qui en veut, la prenne! D'autres r?fugi?es en nouveau servage; Aucunes, avec leurs enfants, pour comble d'horreur, Frapp?es ? mort sur l'autel des ?glises. O terre chang?e par elles en lac de sang rouge! O Pontife!....

Mais il ne se contenta pas de faire des vers. D?l?gu? comme ambassadeur de Florence pr?s des seigneurs de la Romagne par le Conseil des Huit, magistrature dictatoriale cr??e en vue de la guerre, il se rendit ? Bologne avec Matteo Velluti pour coll?gue, tandis que son fr?re, Giannozo Sacchetti, ?tait envoy? au m?me titre ? Sienne et ? Chiusi; il acquit ? la ligue Bologne et quelques autres villes, puis fut d?p?ch? ? Milan, y conclut l'alliance entre Barnab? Visconti et la R?publique Florentine, et pendant cinq ann?es ne cessa de r?chauffer le z?le des adh?rents, de susciter ? l'?glise de nouveaux ennemis. C'est ? cette date que se rapportent ses relations avec les principaux chefs ou capitaines de la ligue: Malatesta de Rimini, Gambacorta de Pise, les Manfredi de Fa?nza, les Visconti, et surtout avec Ridolfo Varano de Camerino, qui eut le commandement en chef des forces alli?es, et dont il rapporte tant de traits dans ses Nouvelles. Au retour de ses missions, en 1372, il fut surpris en mer par les Pisans et fait prisonnier; l'un de ses fils, qui l'accompagnait, Filippo, re?ut une blessure grave pendant le combat. La R?publique lui alloua soixante-dix florins d'or en d?dommagement de ses pertes. Quelques ann?es auparavant, il avait re?u de son pays une autre marque de faveur singuli?re. Son fr?re, Giannozo, se trouva compromis dans une obscure intrigue et convaincu de trahison: il affectait de grands principes religieux, couchait sur la dure, ne portait que des haillons, et n'avait pas laiss? cependant d'accepter, en m?me temps que Franco, les fonctions d'ambassadeur; mais secr?tement il travaillait pour le Pape et s'?tait abouch?, ? Padoue, avec les chefs des r?fugi?s Guelfes, que leur attachement au parti de l'?glise avait fait bannir de Florence. De concert avec eux, il essaya de d?cider Carlo de Durazzo ? s'emparer de Florence en se rendant ? Naples, o? il allait, sur la pri?re du Pape, chasser la reine Jeanne. Surpris avec quelques-uns des conjur?s ? Marignolle et mis ? la torture, Giannozo avoua tout et fut condamn? ? mort; il eut la t?te tranch?e le 3 Octobre 1379. D'apr?s une loi de Florence, nul des parents d'un condamn? ne pouvait exercer de fonctions publiques: un d?cret de la Seigneurie, en date de 1380, releva express?ment Franco Sacchetti de cette d?ch?ance, manifestant ainsi la haute estime o? le tenaient ses concitoyens. En 1383, Sacchetti fut ?lev? au Priorat; la date m?rite d'?tre signal?e: c'?tait au plus fort de la lutte entre Louis d'Anjou et Carlo de Durazzo, et la peste noire ayant fait de nouveau son apparition ? Florence, les principaux habitants abandonnaient la ville, les magistrats d?sertaient leurs postes; il donna l'exemple du devoir. La m?me ann?e, au sortir de sa charge, il entra au Conseil des Huit. Le reste de sa vie s'?coula dans des magistratures plus paisibles; on l'envoya successivement en qualit? de Podestat ? Bibbiena, ? San-Miniato, puis ? Portico , avec le titre de Gouverneur de la province de Florence. Ses deux fils, Niccolo et Filippo Sacchetti, march?rent sur ses traces; tous deux furent ?lev?s au Priorat, comme leur p?re, et le second eut la charge de Gonfalonier de Justice en 1419.

Pour offrir une id?e compl?te de l'homme, de ses pens?es intimes et de son talent dans des genres divers, nous avons traduit deux de ces Sermons. Le premier est tout dogmatique; l'auteur y expose le myst?re de la pr?sence r?elle, d'apr?s les arguments de l'?cole, ceux qui avaient cours alors: la pierre h?liotrope, qui rend invisible; le poussin qui sort de l'oeuf sans que personne l'y ait vu entrer, etc.; c'est un travail curieux et qui porte bien sa date. Le second, d'une forme plus litt?raire, est une sorte d'oraison fun?bre de J?sus-Christ, trait?e avec une ampleur et une originalit? magistrales; peu de pr?dicateurs du temps de Sacchetti auraient ?t? capables d'?crire ce morceau d'?loquence sacr?e. Parmi ses Nouvelles, nous avons choisi, sans autre parti pris que d'en tirer un livre agr?able, celles que recommandent les m?rites de la narration, l'int?r?t du sujet, la franchise et le naturel du style. Nous aurions pu prendre un plus grand nombre de celles qui daubent sur les pr?tres et les moines: elles sont toutes piquantes; mais c'e?t ?t? fausser l'esprit du recueil et pr?senter Sacchetti comme un auteur exclusivement irr?ligieux, ce qu'il est fort loin d'?tre. Pr?lats, hommes de guerre, grands seigneurs, paysans, bourgeois, moines, magistrats, bouffons de Cour ? la langue affil?e, nonnes confites en d?votion, maris tromp?s, femmes volages, il met tout le monde en sc?ne, il sait sur tous une foule d'anecdotes et de bons mots; en choisissant les meilleurs, dans chaque sorte, nous avons conserv? ? l'ensemble sa physionomie g?n?rale.

Ao?t 1879.

Ce n'est qu'un fragment assez informe, ce qui nous a emp?ch? de la traduire.

Canzone cit? par M. Ottavio Gigli.

LES NOUVELLES

DE BANDELLO

Une chose frappe pourtant dans ce fatras et lui valut, il y a trois cents ans, une foule de lecteurs: c'est l'?tonnante diversit? et l'int?r?t de ces Nouvelles, qui offrent pour la plupart les p?rip?ties, les d?veloppements de caract?re et de passion des romans modernes. En les accommodant au go?t du jour, par de d?sastreuses amplifications, la pr?tendue traduction Fran?aise n'a pu enti?rement leur enlever ce qui en constitue le nerf et l'attrait principal. Depuis Boccace, personne n'avait rassembl? un tel nombre de r?cits, de genres si vari?s, d'un accent si vrai, et tous de nature ? piquer la curiosit?, ? exciter l'?motion. A ces m?rites, qui sont ceux du fond, il faut joindre ceux de la forme, enti?rement annul?s par Belleforest, mais tr?s r?els dans le texte original, bien que Bandello se d?fende d'?tre un styliste et all?gue qu'en qualit? de Lombard il peut lui arriver d'?corcher la pure langue Florentine. Quoi qu'il en dise, c'est un ?crivain du genre fleuri, habile ? tout exprimer, et fort ?l?gamment, ? l'aide de m?taphores ing?nieuses, ne d?daignant pas le mot pour rire, et enjolivant jusqu'aux situations les plus brutales. S'il est parfois incorrect , ce n'est pas impuissance de mieux faire, c'est plut?t crainte que sa prose ne sente l'huile; il ?crit comme il aurait cont? dans un cercle de galants seigneurs et de jolies femmes, sachant tr?s bien qu'on lui pardonnera une tournure famili?re, une r?p?tition, s'il rel?ve ces n?gligences par un trait d?licat, une finesse de causeur, un mot piquant.

Un autre reproche, qui lui a ?t? adress? avec tout autant de raison que celui de plagiat, c'est d'avoir une sorte de pr?f?rence pour les contes licencieux; ses deux anciens imitateurs Fran?ais, qui ne voyaient chez lui qu'aventures tragiques, se seraient donc bien tromp?s! Apostolo Zeno va jusqu'? dire que <> Corniani le vilipende en qualit? d'apologiste des passions: Bandello se contente d'en ?tre le peintre, un peintre d'un coloris souvent vigoureux, et c'est abuser de la plaisanterie que de lui reprocher de chercher l'?motion et l'int?r?t l? pr?cis?ment o? il a chance de les rencontrer, dans les passions. Les trois Vertus th?ologales sont de charmantes personnes, capables d'inspirer d'excellentes hom?lies, mais on n'en a que faire ? moins qu'on ne r?dige les Vies des Saints; tant qu'il y aura au monde des po?tes, des conteurs et des romanciers, ils s'adresseront de pr?f?rence aux sept P?ch?s capitaux: voil? les Saints de leur calendrier.

Septembre 1879.

LES RAGIONAMENTI

OU DIALOGUES DE P. ARETINO

Octobre 1879.

ROLAND FURIEUX

PO?ME DE L'ARIOSTE

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top