Read Ebook: Le sabbat des sorciers by Bourneville Teinturier E Edmond
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Les Sorciers apres s'estre veautrez parmy les plaisirs immondes de la chair bancquetent & se festoyent. Il y a differentes tables, trois ou quatre, o? chascun se seoid selon sa dignit? ou richesse; tantost chascun ? cost? de son daemon, tantost en face, les Diables estant tous d'un cost? & les Sorciers de l'aultre. La benediction ne faict deffault ? ces repas, mais condigne ? l'assembl?e, estant de parolles blasphesmatrices par lesquelles ilz confessent Beelzebub pour leur Createur, Dateur & Seruateur. Pareille est l'action de gr?ces qu'ilz disent au leuer des tables. Leurs bancquets sont composez de plusieurs sortes de viandes suppedit?es par Satan ou apport?es par chascun, scelon les lieux & qualitez des personnes: par de?a la table est couuerte de beurre, de fromaige, & de chair.
L'on y boit aussi tantost de l'eau & tantost du vin. Le vin semble ? de l'ancre ou du sang guast? & n'est vers? qu'en vaisseaux fort ignobles. Mais il n'y a iamais de sel: ce qui se faict pour ce que le sel est vn symbole de l'immortalit?, que le Diable a extresmement en haine.
Il y en a qui ont escript que de mesme l'on ne s'y seruoit point de pain; mais certaines Sorcieres ont rapport? le contraire & dict qu'elles auoient mang? au Sabbat du pain, de la chair, & du fromaige.
Cependent tous les Sorciers accordent qu'il n'y a poinct de guoust aux viandes qu'ilz mangent au Sabbat, & que la chair n'est aultre chair que de cheual. Tous ceulx que le Diable a faict asseoir ? sa table confessent que les mets y sont si tr?s deguoustants, soit ? la veue, soit ? l'odorat qu'ilz donneroient naus?es ? l'estomac d'vn pauure fam?lique aboyant de male faim. Barbelline desi? nomm?e & Sybille Morel disent qu'on sert au Sabbat des mets de toute sorte, mais tant vils, tant sordides & mal apprestez qu'ilz valent ? poine estre mangez. Nicolas Morel feut, pour leur guoust mauluois, aspre & amer oblig? de les vomir aussitost par grand desplaisir. Ce que voyant le Daemon entra en viue indignation & le faillit battre.
Dominique Isabelle adiouste qu'on seruoit aussi de la chair humaine; ce que Belleforest dict estre en vsaige frequent dans les malefices des Scythes.
Ilz adioustent quasi tous, que lorsqu'ilz sortent de table, ilz sont aussi affamez que quand ilz y entrent. <
Car entre les Daemons & les Sorciers, il est faict pact que tousiours doibvent avoir accompli nouveaulx meffaicts par auant que de venir au Sabbat. Et pour que ilz n'ayent excuse d'ignorance leur meschant maistre leurs tient eschole & donne le?ons de malefices. Il leurs apprend ? destruire les troupeaux; ce qu'ilz font soit en repandant du poison, soit en enuoyant les diables on corps des animaulx. Aussi ? perdre les moissons & les fruicts de la terre & a rendre les champs steriles en inuocquant le Diable. D'iceluy ilz recoipvent une pouldre bien fine & la repandant en font naistre des sauterelles, des limaz, des papillons, charan?ons & aultres bestioles nocisues & infestes aux champs & aux iardins. De mesme font apparoistre multitude de ratz qui se mussant aussitost en terre deuorent germes & racines. Tantost font sortir des loups d'un arbre creux & les enuoient on bercail que ilz veulent dont ces loups ne sortent sans auoir faict grand carnaige. Vraysemblablement sont ces loups des daemons soubs apparence d'animaulx.
Les Sorcieres ont confess? qu'elles faisoient la gresle au Sabbat, ou ? leur volunt?, affin de guaster les fruicts de la terre: elles battoient, selon qu'elles disoient, ? cest effect l'eaue auec vne baguette, & puis iectoient en l'a?r, ou bien dedans l'eau certaine poudre qu'elles auoient eu de Satan, & par ce moyen il s'efleuoit vne nu?e laquelle se convertissoit par apres en gresle , & tomboit la part ou il plaisoit aux Sorcieres: quand l'eau faict deffault, elles se seruent de leur vrine, ainsi que l'auons dict. D'aultres fois, impetrent par certaines parolles on mylieu des champs l'ayde de Lucifer prince des daemons, pour qu'il enuoye vn des siens frapper de malefices qui elles veulent; puys luy immolent en vn carrefour vn poulet noir & le iectent en l'a?r. Le Daemon s'empare du poulet & obeit excitant aussitost une tempeste & faisant tomber gresle & tonnoire, non tousiours aux lieux designez, mais scelon la volunt? & permission de Dieu.
Affin de faire perir les hommes de male mort, les Sorciers ont coustume d'exhumer des cadaures & notamment de ceulx qui ont est? suppliciez & pendus on gibet. De ces cadaures ilz tirent la substance & matiere de leurs sortileges, comme aussi des instrumens du bourrel, des cordes, des pieux, des fers, etc., lesquelz sont douez d'une certaine force & puissance magicque pour les incantations.
Les Sorciers peuuent aussi ardre et consumer les maisons, comme il aduint en vne ville de Suede en l'an de gr?ce 1433.
Les Sorciers peuuent encore endormir aultruy par le moyen de certaines potions, chants & rites diabolicques , affin de profficter de leur sommeil pour instiller en eulx un poison mortel, enleuer ou tuer leurs enfants ou les desrober & les souiller charnellement, voyre par adultere.
Quelques foys ilz vsent, pour prouocquer le sommeil de certains cierges, ou des piedz & des mains des morts oingts premierement d'une huile donn?e par le diable; ou bien de chandelles fix?es ? chaque doigt ou de torches enchant?es & d'une certaine gresse ? eux congnu?. Et le sommeil dure autant que bruslent ces lumieres infernales.
Souvent aussi les Sorciers rendent par parolles & signes cabbalisticques l'homme froid, malefici? & impotent ? l'acte coniugal en sept manieres. La premiere en rendant un espoulx odieulx ? l'aultre par calomnie, soub?on, maladie ou mauluoise odeur. La seconde en empeschant le rapprochement des corps, les detenant dans des lieux esloingnez ou interposant quelque chose entre eulx. La tierce par l'inhibition du passage des esprits animaulx es membres genitaulx. La quarte par desseicher & tollir la licqueur prolificque. La quinte en rendant le membre de l'homme mol & flasque toutes fois que veut accomplir l'acte de mariage. La sexte, par l'application d'ingrediens naturellement refrigerans. Enfin en procurant le resserrement & coarctation extresme des parties de la femme ou en faisant le membre de l'homme retraict, abscons & comme du tout perdu. Ce n'est ? dire toutes fois que le membre viril soit en verit? enleu? du corps, mais par leurs prestiges le cachent de telle fa?on qu'on ne le s?aurait plus veoir ny mesme toucher. Et sont les Sorciers tellement coustumiers de ce genre de malefice que par certains pays on n'ose mie celebrer les espousailles en plein iour.
Il faut s?auoir encore qu'il est aux Sorcieres en loy perpetuelle quand elles ont entre elles resolu de nuyre ? aultruy & que la volunt? de Dieu ne l'a permis, de faire retomber le mal que elles auaient pourpens? sus une que designe le sort. Car le Daemon ne peut souffrir que ses conseils & aduis tombent en nullit? & les force de subir ce qu'elles auaient tent? & proiect? contre les aultres. Ainsi feut de Catherine Preuost qui ne peut faire perir par le poison la fille unicque de vn sien voisin, nomm? Michel Lecoq, pour ce que sa mere par oraisons & lustrations quotidianes la proeseruait de toute incantation; le Daemon l'accusant asprement & lui reprochant de le frustrer de sa proye, elle empoisonna sa propre fille Odille encore au berceau.
Il leurs faict encore bien solemnellement iurer qu'ilz ne s'accuseront point les vns les aultres, & qu'ilz ne rapporteront aulcune chose de ce qui se sera pass? entre eulx.
Les Sorciers en sixiesme lieu font la gresse. <
A ceste ceremonie, dict Llorente, succede une aultre qui est imitation diabolicque & desrisoire de la messe. Tout subitement s'apparoissent six ou sept diables de moindre ranc & sont par eulx dress? l'autel & apportez les chalice, patene, missel, buirettes & aultres tous obiets desquels besoing est. Ilz disposent & arrangent le dais ou chapelle es quelz se voient figures & imaiges demoniacques semblables ? celles que Satan a prinse pour la ceremonie. Ces diables l'aydent comme diacres a soy vestir de la mitre, de la chasuble & aultres ornemens: & sont iceulx tous noirs comme aussi ceulx de l'autel. Le diable commence la messe, laquelle il desiste vn temps de continuer pour prescher les assistans. Il les exhorte ? ne iamais retourner au Christ, leur promettant paradis bien meilleur que n'est celuy des christians. Il les asce?re que ilz le gaigneront d'autant mieulx que auront mis plus de soing ? faire choses defendues aux christians.
Puis receoit l'offerte trosnant sur un siege noir; ? sa dextre est lors seante la principale sorciere qui est appell?e Royne des sorcieres, tenant en main vne paix en laquelle est engrau?e la figure du Demon; ? son cost? senestre se tient le premier des sorciers qui est le Roy portant vn bassin. Les principaux assistans & aultres prosez font hommaige de leur offrande, petite ou grande, suyuant leurs moyens & intention: les femmes ? l'ordinaire praesentent des gasteaux de froment. Ensuite vn chascun ayant bais? la paix, on adore le Daemon ? genoilz luy baisant encore vne foys le fondement dont sort exhalaison & odeur punaise. Ce pendent par vn des diables seruants lui est tenue la queue leu?e. Par apres la messe est continu?e; le Diable alors consacre une chose ronde semblant semelle de soulier, marqu?e de son imaige; ce faisant prononce les parolles de la consecration du pain. Ensuite consacre le chalice auquel est contenue licqueur deguoustante. Satan ayant lors communi? distribue aux sorciers la communion soubs les deux especes. Bien est ce que il donne ? manger chose noire, aspre, fort difficile ? mascher & aualler; aussi est la licqueur noire, amere & grandement escoeurante.
Le Diable aussi pour faire l'eau benoiste pisse dans vn trou ? terre & par apres les assistans sont arrosez de son vrine auec vn asperges noir par celluy qui faict l'office.
Finablement Satan prenant la figure d'vn bouc se consomme en feu & se reduict en cendre, laquelle les Sorcieres recueillent & cachent, pour s'en seruir ? l'execution de leurs desseins pernicieux et abhominables.
PAR CHARLES H?RISSEY Imprimeur ? ?vreux.
NOTES:
Les catholiques, en ceci, ont copi? les Grecs, qui repr?sentaient les D?mons <
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