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Read Ebook: Le cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique Cours de littérature celtique tome II by Arbois De Jubainville H D Henry

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Ebook has 650 lines and 83511 words, and 13 pages

COURS

LITT?RATURE CELTIQUE

LE CYCLE

MYTHOLOGIQUE

IRLANDAIS

ET LA MYTHOLOGIE CELTIQUE

PAR

H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE

PROFESSEUR AU COLL?GE DE FRANCE

PARIS

ERNEST THORIN, ?DITEUR

LIBRAIRE DU COLL?GE DE FRANCE, DE L'?COLE NORMALE SUP?RIEURE DES ?COLES FRAN?AISES D'ATH?NES ET DE ROME

PR?FACE

<>

Tu regere imperio populos, Romane memento; Hae tibi erunt artes, pacique imponere morem Parcere subjectis, et debellare superbos.

Plac?e en face de populations qui croient ? leurs dieux, l'aristocratie romaine, sceptique ou non, admet officiellement l'existence des dieux et s'en fait un moyen de gouvernement. Pour comprendre C?sar, il faut admettre que, dans la langue dont il se sert, le mot <> d?signe des ?tres dont l'existence r?elle est consid?r?e comme indiscutable, et qu'on ne peut sans erreur manifeste se figurer comme de simples conceptions de l'esprit humain, comme des fictions plus ou moins fantaisistes, plus ou moins logiques. La langue de C?sar fut, apr?s lui, celle des inscriptions romaines de la Gaule.

Notre mani?re d'envisager les doctrines mythologiques est toute diff?rente de celle qu'avaient adopt?e les hommes politiques de Rome et les croyants qui ont dict? les inscriptions romaines de la Gaule. Nous ne sommes ni, comme les premiers, appel?s ? gouverner une population que des habitudes s?culaires attachaient au culte de ses dieux, ni, comme les seconds, des pa?ens. Les dieux des Gaulois, comme ceux des Romains, sont, ? nos yeux, une cr?ation de l'esprit humain, inspir?e ? une population ignorante par le besoin d'expliquer le monde. Il est, par cons?quent, tr?s difficile de nous satisfaire, quand on pr?tend d?montrer que deux divinit?s, l'une romaine, n?e de la combinaison de la mythologie romaine et de la mythologie grecque, l'autre gauloise et issue du g?nie propre ? la race celtique, sont identiques l'une ? l'autre. Il ne suffit pas que les deux figures divines se superposent ? peu pr?s l'une ? l'autre par quelque c?t?; il faut, sinon concordance compl?te, au moins accord sur tous les points fondamentaux.

Lorsqu'il s'agit d'affirmer l'identit? d'un personnage r?el, on est beaucoup moins difficile. J'ai connu tel professeur illustre; ? son cours j'ai admir? sa science profonde des textes, la justesse et la nouveaut? des conclusions qu'il en tirait, l'?l?gante nettet? de son langage, le charme de sa diction, l'?clat de son regard, l'animation de ses traits. Dans son cabinet il a achev? de me s?duire par la bienveillance de son accueil, par la finesse de son sourire, par la spirituelle simplicit? de sa conversation savante d'o? tout p?dantisme ?tait absent. Ensuite, je le rencontre dans la rue. Je ne lui parle pas; il ne me dit rien; ses yeux, si vifs il y a un instant, sont mornes et ternes; rien, dans sa physionomie, ne r?v?le l'homme ?minent qui se manifestait avec tant de sup?riorit? dans la chaire du professeur devant un nombreux auditoire, ou au coin de la chemin?e sans t?moins pendant un entretien familier. Maintenant il semble ne penser ? rien: que dis-je? La pens?e qui l'occupe et que j'ignore est peut-?tre la plus triviale et la plus vulgaire. Mais les traits de son visage, tout ? l'heure inspir?s, en ce moment insignifiants et presque sans vie, offrent ? mon regard un ensemble de lignes que je reconnais. Je m'?crie: C'est lui! et je ne me suis pas tromp?.

Les Romains proc?daient d'une mani?re analogue quand il ?tait question de leurs dieux. Leur Jupiter, par exemple, portait comme insigne caract?ristique la foudre dans la main droite; les Gaulois avaient aussi un dieu qui maniait la foudre. Sur ce simple indice, les Romains crurent reconna?tre dans le dieu gaulois leur Jupiter. De ce que les deux dieux, l'un national, l'autre ?tranger, avaient un attribut identique, les Romains conclurent que ces deux dieux n'en faisaient qu'un; ils le conclurent sans se pr?occuper des diff?rences que, sur d'autres points beaucoup plus importants, pouvaient offrir ces deux figures mythiques.

Du reste, quand il s'agissait de grands dieux, qui dans le monde exer?aient, croyait-on, un pouvoir g?n?ral, il ne pouvait pas en ?tre autrement. Il ?tait inadmissible que la foudre ob??t ? deux ma?tres, l'un en Gaule, l'autre en Italie. Si l'explication qu'on donnait du ph?nom?ne de la foudre au sud des Alpes ?tait bonne, il fallait bien qu'elle rest?t bonne au nord-ouest des Alpes.

Le Mars romain d?cidait du sort des batailles. De deux choses l'une: ou le dieu gaulois de la guerre ?tait identique au Mars romain, et d?s lors son culte pouvait ?tre maintenu dans la Gaule conquise; ou il ?tait inf?rieur, en ce cas c'?tait un dieu vaincu, dont le culte devenait inutile.

Le r?sultat de la conqu?te devait ?tre n?cessairement ou la suppression du culte des grands dieux gaulois, ou la confusion de ce culte avec le culte des grands dieux romains; et la seconde alternative ?tait celle dont la r?alisation ?tait le plus facile ? obtenir, puisqu'elle n'infligeait aux vaincus aucune humiliation. Elle avait l'avantage d'emp?cher toute lutte religieuse entre les vaincus et les vainqueurs qui voulaient se les assimiler; elle rapprochait par l? l'?poque de cette assimilation. La confusion des deux cultes ?tait par cons?quent la solution qu'un homme politique devait pr?f?rer.

C?sar a donc affirm? l'identit? de cinq grands dieux de Rome avec les grands dieux de la Gaule, et cette identit? a ?t? admise apr?s C?sar. Elle l'a ?t? d'autant plus facilement que les Romains croyant ? la r?alit? de leurs dieux se contentaient pour les reconna?tre d'attributs tout ? fait secondaires; alors, avant de prononcer que deux divinit?s sont identiques, on ne se livrait point ? l'enqu?te minutieuse qu'entreprend de nos jours tout savant qui applique ? l'?tude de la mythologie les proc?d?s de l'?rudition moderne.

Notre conclusion sera par cons?quent celle-ci:

Nous ne pouvons accepter sans v?rification les assertions de C?sar d'o? l'on semblerait en droit de conclure que la religion des Gaulois et celle des Romains ?taient ? peu pr?s les m?mes. Il faut consulter d'autres textes que celui par la citation duquel nous avons commenc?, et que les inscriptions qui semblent ?tre la confirmation de ce document. Telle est la raison qui nous a fait entreprendre le travail contenu dans ce volume. Sans pr?tendre y r?soudre les innombrables questions que soul?ve l'?tude de la mythologie celtique, nous y proposons une solution ? quelques-unes des principales difficult?s qui peuvent ?tre agit?es ? propos d'un sujet si digne d'attirer l'attention de l'historien.

Notre travail est un commentaire de ce document, tel qu'on le trouve dans le Livre de Leinster, manuscrit du milieu du douzi?me si?cle, dont l'Acad?mie royale d'Irlande a publi? un fac-simil?. Les nombreux textes que nous citons, outre celui-l?, n'ont d'autre objet que de l'expliquer.

Notre oeuvre aura les inconv?nients que pr?sente la m?thode ex?g?tique; le principal sera celui des r?p?titions; les l?gendes, analogues ? des l?gendes d?j? expos?es, demanderont souvent le retour d'explications donn?es pr?c?demment. Mais nous esp?rons qu'on nous saura gr? d'avoir respect? l'ordre antique dans lequel l'Irlande a jadis class? les r?cits fabuleux qui constituent la forme traditionnelle de sa mythologie. En substituant ? ce vieux plan consacr? par les si?cles un classement plus m?thodique, mais nouveau et arbitraire, nous aurions bris? de nos mains le tableau m?me que nous voulions mettre sous les yeux du lecteur.

CYCLE MYTHOLOGIQUE IRLANDAIS

ET LA

MYTHOLOGIE CELTIQUE

CHAPITRE PREMIER.

NOTIONS G?N?RALES.

?1.

Dans le volume pr?c?dent nous avons dit qu'il existe plusieurs catalogues des morceaux qui composaient la litt?rature ?pique irlandaise. Le plus ancien de ces catalogues para?t avoir ?t? dress? vers l'an 700 de notre ?re, sauf une ou deux additions qui dateraient de la premi?re moiti? du dixi?me si?cle. Le deuxi?me appartient ? la seconde moiti? du m?me si?cle. Le troisi?me nous a ?t? conserv? par un manuscrit du seizi?me si?cle.

?2.

Les monuments de la litt?rature ?pique irlandaise semblent pouvoir se diviser en quatre sections:

?3.

?4.

<

Une seconde race, beaucoup moins bonne, celle d'argent, fut ensuite cr??e par les habitants des palais de l'Olympe; elle n'?tait comparable ? la race d'or ni par le corps ni par l'esprit. Pendant cent ans, l'enfant ?lev? par sa m?re attentive grandissait inepte dans la maison; mais quand il avait atteint la pubert? et le terme de l'adolescence, il ne vivait plus que peu de temps, et c'?tait dans la douleur, ? cause de sa stupidit?; car ces hommes ne pouvaient s'abstenir de commettre l'injustice les uns envers les autres. Ils refusaient le culte aux Immortels et les sacrifices aux Tout-Puissants sur les autels sacr?s, violant ainsi le droit et la coutume. Alors, Zeus, fils de Kronos, leur ?ta la vie, irrit? contre eux parce qu'ils ne rendaient pas d'honneurs aux dieux bienheureux qui habitent l'Olympe. Mais quand la terre eut recouvert ces hommes, on leur donna le nom de puissants mortels souterrains; ils occupent le second rang: toutefois, comme les premiers, ils sont entour?s d'honneurs.

Alors Zeus cr?a une troisi?me race d'hommes dou?s de parole, celle d'airain, qui ne fut en rien semblable ? celle d'argent. Issue des fr?nes, elle ?tait forte et robuste; ce qui l'occupait c'?taient les oeuvres douloureuses et injustes d'Ar?s, dieu de la guerre. Ils ne mangeaient pas de froment; leur vigoureux et redoutable courage ressemblait ? l'acier. Leur force ?tait grande; des mains invincibles terminaient les bras qui s'attachaient ? leurs corps puissants. D'airain ?taient leurs armes, d'airain leurs maisons; c'?tait l'airain qu'ils travaillaient, le noir fer n'existait pas encore. Ils s'enlev?rent eux-m?mes la vie par leurs propres mains et all?rent dans la maison putride du froid A?d?s. Quelque redoutables qu'ils fussent, la noire mort se saisit d'eux et ils quitt?rent la brillante lumi?re du soleil.

Mais quand la terre eut aussi recouvert cette race, Zeus, fils de Kronos, en cr?a une quatri?me sur la terre f?conde. Celle-ci, plus juste et meilleure, a donn? les hommes h?ro?ques et divins de la g?n?ration qui nous a pr?c?d?s qu'on appelle demi-dieux dans la Terre immense. La guerre fatale et les durs combats leur ont ?t? la vie. Les uns sont morts pr?s de Th?bes aux Sept-Portes, dans la terre de Cadmus, en livrant bataille ? cause des brebis d'OEdipe; les autres, franchissant sur leurs navires la vaste ?tendue de la mer, all?rent ? Troie ? cause d'H?l?ne ? la belle chevelure, et la mort les y enveloppa.

Zeus, fils de Kronos, les s?parant des hommes, leur a donn? la nourriture et une demeure aux extr?mit?s de la terre, loin des immortels. Kronos r?gne sur eux: ils vivent, l'esprit libre de souci, dans les ?les des Tout-Puissants, pr?s de l'Oc?an aux gouffres profonds, ces h?ros bienheureux auxquels un champ f?cond, qui fleurit trois fois l'an, produit des fruits doux comme le miel.>>

?5.

?6.

?7.

T?thra, chef des Fom?r?, vaincu dans la bataille de Mag-Tured, devient roi des morts dans la r?gion myst?rieuse qu'ils habitent au del? de l'Oc?an. De m?me le Kronos grec, vaincu dans la bataille de Zeus contre les Titans, r?gne dans les ?les lointaines des Tout-Puissants ou des Bienheureux, sur les h?ros d?funts qui ont combattu ? Th?bes et ? Troie.

Vers la fin du septi?me si?cle avant notre ?re, l'Oc?an, qui n'?tait pour les Grecs qu'une conception mythique, un cours d'eau cr?? par l'imagination, devint pour eux une conception g?ographique. On sait comment le hasard fit d?couvrir ? un navire samien les c?tes sud-ouest de l'Espagne, baign?es par l'oc?an Atlantique, et que jusque-l?, seuls parmi les populations m?diterran?ennes, les Ph?niciens avaient fr?quent?es. Ce grand ?v?nement fait partie du r?cit des ?v?nements, tant historiques que l?gendaires, qui pr?par?rent la fondation de Cyr?ne, de l'an 633 ? l'an 626 avant notre ?re.

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