bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Les Précieuses ridicules by Moli Re

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 663 lines and 12539 words, and 14 pages

- Du Croisy -

Vos tr?s humbles serviteurs.

- Gorgibus -

Ouais ! il semble qu'ils sortent mal satisfaits d'ici. D'o? pourrait venir leur m?contentement ? Il faut savoir un peu ce que c'est. Hol? !

- Marotte -

Que d?sirez-vous, Monsieur ?

- Gorgibus -

O? sont vos ma?tresses ?

- Marotte -

Dans leur cabinet.

- Gorgibus -

Que font-elles ?

- Marotte -

De la pommade pour les l?vres.

- Gorgibus -

C'est trop pommad?. Dites-leur qu'elles descendent.

- Gorgibus -

Ces pendardes-l?, avec leur pommade, ont, je pense, envie de me ruiner. Je ne vois partout que blancs d'oeufs, lait virginal, et mille autres brimborions que je ne connais point. Elles ont us?, depuis que nous sommes ici, le lard d'une douzaine de cochons, pour le moins ; et quatre valets vivraient tous les jours des pieds de mouton qu'elles emploient.

- Gorgibus -

Il est bien n?cessaire, vraiment, de faire tant de d?pense pour vous graisser le museau ! Dites-moi un peu ce que vous avez fait ? ces messieurs, que je les vois sortir avec tant de froideur ? Vous avais-je pas command? de les recevoir comme des personnes que je voulais vous donner pour maris ?

- Madelon -

Et quelle estime, mon p?re, voulez-vous que nous fassions du proc?d? irr?gulier de ces gens-l? ?

- Cathos -

Le moyen, mon oncle, qu'une fille un peu raisonnable se p?t accommoder de leur personne ?

- Gorgibus -

Et qu'y trouvez-vous ? redire ?

- Madelon -

La belle galanterie que la leur ! Quoi ! d?buter d'abord par le mariage ?

- Gorgibus -

Et par o? veux-tu donc qu'ils d?butent ? par le concubinage ? N'est-ce pas un proc?d? dont vous avez sujet de vous louer toutes deux, aussi bien que moi ? Est-il rien de plus obligeant que cela ? Et ce lien sacr? o? ils aspirent n'est-il pas un t?moignage de l'honn?tet? de leurs intentions ?

- Madelon -

Ah ! mon p?re, ce que vous dites l? est du dernier bourgeois. Cela me fait honte de vous ou?r parler de la sorte, et vous devriez un peu vous faire apprendre le bel air des choses.

- Gorgibus -

Je n'ai que faire ni d'air ni de chanson. Je te dis que le mariage est une chose sainte et sacr?e, et que c'est faire en honn?tes gens que de d?buter par l?.

- Madelon -

Mon Dieu ! que si tout le monde vous ressemblait, un roman serait bient?t fini ! La belle chose que ce serait, si d'abord Cyrus ?pousait Mandane, et qu'Aronce de plain-pied f?t mari? ? Cl?lie !

- Gorgibus -

Que me vient conter celle-ci ?

- Madelon -

Mon p?re, voil? ma cousine qui vous dira aussi bien que moi que le mariage ne doit jamais arriver qu'apr?s les autres aventures. Il faut qu'un amant, pour ?tre agr?able, sache d?biter les beaux sentiments, pousser le doux, le tendre et le passionn? , et que sa recherche soit dans les formes. Premi?rement, il doit voir au temple, ou ? la promenade, ou dans quelque c?r?monie publique, la personne dont il devient amoureux ; ou bien ?tre conduit fatalement chez elle par un parent ou un ami, et sortir de l? tout r?veur et m?lancolique. Il cache un temps sa passion ? l'objet aim?, et cependant lui rend plusieurs visites, o? l'on ne manque jamais de mettre sur le tapis une question galante qui exerce les esprits de l'assembl?e. Le jour de la d?claration arrive, qui se doit faire ordinairement dans une all?e de quelque jardin, tandis que la compagnie s'est un peu ?loign?e : et cette d?claration est suivie d'un prompt courroux, qui para?t ? notre rougeur, et qui, pour un temps, bannit l'amant de notre pr?sence. Ensuite il trouve moyen de nous apaiser, de nous accoutumer insensiblement au discours de sa passion, et de tirer de nous cet aveu qui fait tant de peine. Apr?s cela viennent les aventures, les rivaux qui se jettent ? la traverse d'une inclination ?tablie, les pers?cutions des p?res, les jalousies con?ues sur de fausses apparences, les plaintes, les d?sespoirs, les enl?vements, et ce qui s'ensuit. Voil? comme les choses se traitent dans les belles mani?res, et ce sont des r?gles dont, en bonne galanterie, on ne saurait se dispenser. Mais en venir de but en blanc ? l'union conjugale, ne faire l'amour qu'en faisant le contrat du mariage, et prendre justement le roman par la queue ; encore un coup, mon p?re, il ne se peut rien de plus marchand que ce proc?d? ; et j'ai mal au coeur de la seule vision que cela me fait.

- Gorgibus -

Quel diable de jargon entends-je ici ? Voici bien du haut style.

- Cathos -

En effet, mon oncle, ma cousine donne dans le vrai de la chose. Le moyen de bien recevoir des gens qui sont tout ? fait incongrus en galanterie ! Je m'en vais gager qu'ils n'ont jamais vu la carte de Tendre, et que Billets-Doux, Petits-Soins, Billets-Galants et Jolis-Vers sont des terres inconnues pour eux . Ne voyez-vous pas que toute leur personne marque cela, et qu'ils n'ont point cet air qui donne d'abord bonne opinion des gens ? Venir en visite amoureuse avec une jambe toute unie, un chapeau d?sarm? de plumes, une t?te irr?guli?re en cheveux, et un habit qui souffre une indigence de rubans ; mon Dieu, quels amants sont-ce l? ! Quelle frugalit? d'ajustements, et quelle s?cheresse de conversation ! On n'y dure point, on n'y tient pas. J'ai remarqu? encore que leurs rabats ne sont pas de la bonne faiseuse, et qu'il s'en faut plus d'un grand demi-pied que leurs hauts-de-chausses ne soient assez larges.

- Gorgibus -

Je pense qu'elles sont folles toutes deux, et je ne puis rien comprendre ? ce baragouin. Cathos, et vous, Madelon...

- Madelon -

Eh ! de gr?ce, mon p?re, d?faites-vous de ces noms ?tranges et nous appelez autrement.

- Gorgibus -

Comment, ces noms ?tranges ? Ne sont-ce pas vos noms de bapt?me ?

- Madelon -

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top