Read Ebook: El criticón (tomo 2 de 2) by Graci N Y Morales Baltasar Cejador Y Frauca Julio Editor
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Ebook has 205 lines and 8971 words, and 5 pages
Les hauts buis d'alentour bordent un rond-point d'eau. Aux angles du bassin, devant leurs ombres graves, La D?esse aux yeux durs et le Dieu aux yeux caves Tiennent l'un le trident et l'autre le marteau.
Au centre, enseveli dans un vivant tombeau, Un Encelade tord, sous l'amas noir des laves, Son gigantesque corps qui, nu dans ses entraves, Sent peser la vengeance et le roc pour fardeau.
Sa gorge horrible, tout le jour, a fait jaillir L'?cume qui retombe autour de lui, soupir Monstrueux et grondant de sa rage encha?n?e.
Mais, avec le soir sombre et l'heure qui s'avance, A mesure, l'on voit, de sa bouche acharn?e, Le jet d'eau qui d?cro?t accro?tre le silence.
L?DA
Au centre du bassin o? le marbre arrondi Entoure une onde l?thargique qui tressaille D'une ride qu'y fait, de son bec qui l'entaille, Un cygne se mirant ? son miroir verdi,
Elle cambre son corps qu'une attente roidit; Son pied nu touche l'eau que son orteil ?raille, Et sa langueur s'accoude ? la rude rocaille, Et son geste s'?tire au m?tal engourdi.
Les cygnes nonchalants qui nagent autour d'elle Approchent de la Nymphe et la fr?lent de l'aile Et caressent ses flancs de leurs cols onduleux;
Et le bronze anxieux dans l'eau qui le refl?te Semble encor palpiter de l'amour fabuleux Qui jusqu'en son sommeil trouble sa chair muette.
LA NYMPHE
L'eau calme qui s'endort, d?borde et se repose Au bassin de porphyre et dans la vasque en pleurs En son trouble sommeil et ses glauques p?leurs Refl?te le cypr?s et refl?te la rose.
Le Dieu ? la D?esse en souriant s'oppose; L'un tient le sceptre et l'arc, l'autre l'urne et les fleurs, Et, dans l'all?e entre eux, m?lant son ombre aux leurs, L'Amour debout et nu se dresse et s'interpose.
Les talus du gazon bordent le canal clair; L'if y mire son bloc, le houx son c?ne vert, Et l'ob?lisque alterne avec la pyramide;
Un Dragon qui fait face ? son Hydre ennemie, Tous deux du trou visqueux de leurs bouches humides Crachent un jet d'argent sur la Nymphe endormie.
LE SOCLE
L'Amour qui souriait en son bronze d'or clair Au centre du bassin qu'enfeuille, soir ? soir, L'automne, a chancel? en se penchant pour voir En l'onde son reflet lui rire, inverse et vert.
Le prestige myst?rieux s'est entr'ouvert; Sa chute, par sa ride, a bris? le miroir, Et dans la transparence en paix du cristal noir On l'aper?oit qui dort sous l'eau qui l'a couvert.
Le lieu est triste; l'if est dur; le cypr?s nu. L'all?e au loin s'enfonce o? nul n'est revenu Dont le pas ? jamais vibre au fond de l'?cho;
Et, de l'Amour tomb? du socle qu'il d?nude, Il reste un bloc ?gal qui semble le tombeau Du songe, du silence et de la solitude.
LATONE
Le quinconce, le buis, les ifs et les cypr?s, La rocaille coquette et la vasque pensive D'o? s'?panche ou jaillit l'onde dolente ou vive Qui fait l'all?e en pleurs ou le carrefour frais;
La fontaine qui jase et le bassin aupr?s Qui stagne et que tarit la fissure furtive, La statue et l'herm?s que la mousse enjolive Et le parc qui finit en lointains de for?ts;
Le Silence qui songe et l'?cho qui recule Bercent la douceur d'?tre en ce beau cr?puscule O?, dans le souvenir, tout reste ce qu'il fut,
Et, parmi l'eau verdie o? s'effeuille l'automne, Toujours s'obstine, en or accroupi, le salut De l'ob?se grenouille ? la svelte Latone.
F?TE D'EAU
Le dauphin, le triton et l'ob?se grenouille Diamantant d'?cume et d'or Latone nue, Divinit? marine au dos de la tortue, Dieu fluvial riant de l'eau qui le chatouille;
La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille, La nappe qui d?cro?t, se gonfle ou diminue, Et la poussi?re humide irisant la statue Dont s'emperle la mousse ou s'avive la rouille;
Toute la f?te d'eau, de cristal et de joie Qui s'entrecroise, rit, s'?parpille et poudroie, Dans le parc enchant? s'est tue avec le soir;
Et parmi le silence on voit jaillir, aupr?s Du tranquille bassin redevenu miroir, La fontaine de l'if et le jet du cypr?s.
LES FEUILLES
Ta robe lente, pas ? pas, soul?ve et tra?ne Un bruit de feuilles d'or et de roses fan?es, Et dans le cr?puscule o? finit la journ?e L'automne est las d'avoir entendu les fontaines.
Si tu passes le long des eaux vastes et vaines, La statue, anxieuse et la t?te inclin?e ?coutant dans l'?cho le pas de l'autre Ann?e, Ne te reconna?t plus et te regarde ? peine.
La Vestale au ciel gris l?ve ses yeux de marbre, L'Herm?s silencieux d?robe d'arbre en arbre Son socle nu de terme et son masque de faune,
Et, dans le miroir clair que tu tiens ? la main, Tu portes, refl?t?s, le parc morose et jaune Avec ses dieux, ses eaux et ses verts boulingrins.
LE REPOS
Le bronze grave ?treint de son sommeil pesant Ton corps au geste las et ta face verdie; Et quelle douloureuse et douce trag?die T'a faite la statue o? tu dors ? pr?sent?
Le marbre de ton socle est rouge et l'on y sent Partout la pourpre encor d'une tache agrandie; Est-ce la fl?che aigu? ou la hache hardie Qui t'a couch?e ainsi plus belle dans ton sang?
Le bronze jaune et vert qui souffre et qui suppure, Dont s'aigrit la patine et suinte la coulure, Sculpte de ton repos un cadavre ?ternel;
Et la mati?re o? tu survis te d?compose; Mais, puisque tendre fut ton Destin ou cruel, Laisse cro?tre ? tes pieds la cigu? ou la rose.
LA RAMPE
La double rampe, aupr?s du bassin que surplombe La terrasse de marbre o? le buis nu serpente, Incurve sa mont?e et courbe sa descente, Et de la vasque en pleurs sanglote l'eau qui tombe.
La corneille criarde et la blanche colombe Alternent, l'une rauque et l'autre g?missante; Chaque cypr?s, le long de cette double pente, Figure un cippe noir d'o? le lierre retombe.
Si tu descends ? gauche et si je monte ? droite, Nous verrons tous les deux, en l'onde dont miroite La patine d'or vert qu'?teint le cr?puscule,
Toi, la D?esse en fuite et moi le Dieu discret, Statue en marche qui s'avance ou qui recule, Glisser inversement de cypr?s en cypr?s.
LES STATUES
Les feuilles, une ? une, et le temps, heure ? heure, Tombent dans le bassin dont le jet d'eau larmoie; Iphig?nie en sang pr?s d'H?l?ne de Troie, Dana?, Antigone, Ariane qui pleure,
Marbres purs que le vent soufflette ou qu'il effleure! Si le torse se cambre ou si la t?te ploie, H?ro?que au destin qui caresse ou rudoie, La statue aux yeux blancs pers?v?re ou demeure.
L'?ternelle beaut? subsiste ? jamais belle. Le Silence a ploy? le cr?pe de son aile Et songe, assis, le coude au socle o? il inscrit
Le nom de l'h?ro?ne ?nergique ou morose Qui d?robe un sourire ou cache un sein meurtri Derri?re les cypr?s ou derri?re des roses.
TRIANON
Un souvenir royal, m?lancolique et tendre, Erre dans le palais et r?de par l'all?e, Destin ? qui la Mort tragique s'est m?l?e, Poudre et fard devenus du sang et de la cendre.
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