Read Ebook: Les femmes qui font des scènes by Monselet Charles
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 2622 lines and 51528 words, and 53 pages
LA FEMME. Il n'avait rien pour moi?
LA FEMME. Ni... pour vous?
LA FEMME. C'est inutile. N'obligez pas vos gens ? mentir. Vous avez re?u une lettre.
LA FEMME. Vous avez re?u une lettre, vous dis-je.
LA FEMME. Montrez-moi cette lettre.
LA FEMME. Je vous ai vu la serrer dans la poche de votre habit, l?...
LA FEMME. Oui.
LA FEMME. Je ne vous demande pas ? la lire; je ne veux que la voir.
LA FEMME. Vous me refusez?
LA FEMME. Dites-moi seulement d'o? elle vient?
LA FEMME,
<
ELLE. Oui, vous ?tes dans un bel ?tat; regardez-vous, je vous y engage.
ELLE. Et votre chapeau? Depuis quand est-ce qu'on se coiffe de cette mani?re?
ELLE. S'il est permis de rentrer ? des heures semblables! O? vous ?tes-vous fourr?, je vous le demande? Votre redingote est toute blanche.
ELLE. Vous allez d?foncer le divan. Vous feriez mieux d'aller vous coucher. Vous mettez de la boue par tout le tapis.
ELLE. Et vous vous dites artiste! Est-ce avec de telles moeurs qu'on peut pr?tendre ? ce titre ?lev??
ELLE. Mais faites donc attention; vous allez tout casser ici.
ELLE. Vous me faites horreur.
ELLE. Je vous d?fends de m'approcher! je vous consid?re comme un monstre!
Il n'est point de serpent ni de monstre odieux Qui, par l'art imit?, ne puisse plaire aux yeux.
J'ai pour moi l'opinion du l?gislateur du Parnasse... Les monstres sont fort bien port?s aujourd'hui.--Mais pourquoi te tiens-tu ? une lieue de moi? Viens t'asseoir, mon idole, sur ce cuir am?ricain.
ELLE. Vous allez partir, n'est-il pas vrai?
ELLE. O mon Dieu! que vous ai-je fait, pour que vous m'ayez jet?e sous les pas de cet homme!
ELLE. Mais vous n'avez donc ni coeur ni dignit?? Le premier vagabond venu est au-dessus de vous par les sentiments. Entendez-vous?
ELLE. Si vous n'?tiez que m?prisable, mais vous ?tes ignoble! On ne se d?grade pas ? plaisir, comme vous faites. Vous sentez le vin!
ELLE. Quand donc m'enverrez-vous la mort? ? mon Dieu!
ELLE. Ne me parlez pas! Ne me parlez pas!
< >>Je suis aux cent coups de ne pouvoir pas t'envoyer tout de suite l'argent que tu me demandes par ta lettre du 28 de ce mois. Le blanchissage ne va pas, parce que le monde n'est pas encore revenu de la campagne. Madame Philippe, qui est pourtant une brave femme et le coeur sur la main, n'a pas pu m'avancer une semaine; elle m'a dit d'attendre ? mercredi. Attendre avec une petite fille et ne faire que des demi-journ?es! ?a ne serait rien encore, si j'avais de la sant?; mais les reins ont recommenc? ? me faire mal, et avec ?a des ?touffements qui me durent quelquefois toute la nuit. >>La petite devient bien gentille, except? qu'il lui est venu des feux sur la figure depuis huit jours; mais le pharmacien m'a dit qu'il ne fallait pas s'en inqui?ter, que cela passerait tout seul. Je crois que c'est la nourriture; C?line n'aura pas un bon estomac, elle aime mieux manger son pain sec qu'avec du hareng ou des radis noirs. Elle me dit d'envoyer des baisers ? sa bonne grand'maman de Bourgogne, qu'elle ira voir au printemps prochain. Elle a bon coeur et ne se plaint jamais, quoique la pauvre enfant en ait souvent l'occasion. A la Saint-Charles, elle aura huit ans: c'est tout mignon, un corps blanc comme la neige. J'avais peur qu'elle ne f?t nou?e; mais, depuis sa derni?re maladie, elle s'est bien d?velopp?e; c'est une grande fille, ? pr?sent. Elle aura tes yeux, mais, pour le reste, son p?re tout crach?; et cette ressemblance me met souvent les larmes aux yeux, comme tu penses. Alors, je lui dis: < >>A propos de son p?re, j'ai eu une bien malheureuse id?e le mois dernier. Tu sais que je ne peux pas m'habituer ? l'abandon de cet homme qui m'a tant aim?e et que j'ai vu pleurer si souvent ? mes genoux. J'ai beau me faire une raison, c'est plus fort que moi. J'ai donc eu l'id?e d'habiller la petite en bouqueti?re et de lui acheter des violettes; je lui avais mis sur la t?te le petit bonnet que tu lui as envoy? au premier de l'an, et c'?tait le coiffeur qui avait arrang? ses cheveux; mais, depuis, je les ai fait couper, car elle en avait trop et ?a la fatiguait. Enfin, elle ?tait jolie ? croquer, et tu aurais ri de voir ses petites coquetteries d?j?. >>Nous sommes sorties toutes deux ? trois heures, et nous avons ?t? nous poster dans le faubourg Saint-Honor?. J'avais choisi un beau temps. Quand j'ai vu la porte coch?re s'ouvrir, et lui tout seul dans sa voiture, j'ai dit vite ? C?line de courir dans l'avenue Marigny et de lui pr?senter toutes ses violettes en disant: < >>Elle savait bien sa le?on, la petite fut?e! elle a fait arr?ter la voiture; il a pris son bouquet avec ?tonnement et lui a donn? un louis. De loin, je le regardais; j'avais la bouche dans mon mouchoir. En rentrant chez nous, j'ai dit ? la petite: < >>Ah bien, oui! la mis?re!... Le surlendemain, il a fallu changer la pi?ce. >>Mais voil? le pire, ma ch?re maman. J'ai voulu recommencer onze jours apr?s. Madame Philippe avait bien voulu, cette fois, me pr?ter une robe claire ? sa fille, qui est de l'?ge de la mienne. J'ai attendu une heure dans l'avenue. < >>Tu le vois, nous ne sommes pas n?es sous une bonne ?toile, maman. Du reste, cette ch?re C?line n'a pas de rancune; et m?me, en portant la main ? sa pauvre petite t?te et en se plaignant, elle me parle de son papa, qu'elle trouve bien beau et bien habill?. Ah! si elle l'avait connu il y a six ans! il ?tait bien plus beau encore. Quelquefois je me demande si je n'ai pas eu des torts envers lui, mais je ne trouve rien. Que Dieu lui pardonne! >>Mercredi, je ferai tout mon possible pour t'envoyer sept francs par la poste; t?che que cela te conduise jusqu'? la fin du mois. Voici l'hiver, o? tout va doubler: il va falloir de la chandelle et du feu. Mes meubles sont rest?s rue des Barres-Saint-Paul, en garantie des deux derniers termes; je les retirerai en donnant des ?-compte, ? tant par mois. La petite couche par terre, ce qui n'est pas bon pour elle. Enfin, il ne faut pas se d?sesp?rer. >>Je ferme ma lettre en t'embrassant de tout mon coeur, et C?line aussi, qui fait sa pri?re chaque soir pour sa grand'm?re. >>Ta fille d?vou?e, >>LOUISE CHENEAU. >>A pr?sent, rue des Moineaux, 1; adresse tes lettres ? M. Vidry, marchand de charbon, pour remettre ? Madame Cheneau.>> LA PREMI?RE BONNE LA FEMME. Crois-tu, Antonin? LA FEMME. J'appr?cie le sentiment qui t'inspire, et je t'en remercie. La v?rit? est qu'il y a beaucoup ? faire ici, sans que cela paraisse. Mais r?fl?chis bien, mon ami. Nous avons pu nous en passer jusqu'? pr?sent; et l'?conomie... LA FEMME. Eh bien, prenons une bonne. Le choix de la bonne--chose importante et grave! dura trois semaines environ. On ?tait difficile. On voulait une bonne comme il n'en existe pas, comme il n'en existera jamais. La bonne chef-d'oeuvre! La bonne id?ale! La bonne ph?nom?ne! On s'adressa d'abord ? toutes les connaissances; les connaissances se r?cus?rent.
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page