Read Ebook: L'école des vieilles femmes by Lorrain Jean
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Ebook has 771 lines and 48890 words, and 16 pages
des
VIEILLES FEMMES
DU M?ME AUTEUR
EN PR?PARATION
Tous droits de traduction et de reproduction r?serv?s pour tous les pays, y compris la Su?de, la Norv?ge, la Hollande et le Danemark.
S'adresser, pour traiter, ? la Librairie PAUL OLLENDORFF, 50, Chauss?e-d'Antin, Paris.
JEAN LORRAIN
L'?cole
des
VIEILLES FEMMES
Septi?me ?dition
PARIS
SOCI?T? D'?DITIONS LITT?RAIRES ET ARTISTIQUES
IL A ?T? TIR? A PART
D?DICACE
JEAN LORRAIN.
Venise, ce 17 octobre 1904.
L'?COLE DES VIEILLES FEMMES
LA RAFALE
LA SAISON A PEIRA-CAVA
Et mes yeux te voient toujours belle Le front clair comme au premier jour Et ta jeunesse est ?ternelle Car ?ternel est mon amour.
PO?TE INCONNU.
UNE JEUNE FILLE
Des tsiganes, ?paves de quelque R?serve aujourd'hui ferm?e, grattaient indolemment de vagues habaneras et, sans les moustiques bourdonnant autour des abat-jour, la soir?e e?t ?t? tout ? fait d?licieuse, mais, de temps ? autre, la cuisson d'une piq?re ? la cheville ou ? la jambe, l'attaque sournoise d'un zanzara ? travers les mailles de la chaussette ou du cale?on faisait pester les d?neurs contre le climat de Nice et leur rappelait que l'ennemi ne d?sarmait pas.
--Bah! ils ont les m?mes ? Armenonville et ils n'ont pas cette brise.
--Ils ont m?me les automobiles en plus.
--Et les comptes rendus du bal grec de Mme Madeleine Lemaire, faisait Stouza.
--Nous n'appr?cions pas assez notre bonheur d'?tre loin.>>
Et les trois Parisiens se f?licitaient de s'?tre attard?s dans ce Nice d'?t?, si terrible vu de loin, si d?licieux v?cu de pr?s.
Et chacun selon son temp?rament vanta le charme de la Rivi?re d?sert?e.
--Tu as trop de m?moire, Robert. C'est ce qui m'a emp?ch? de faire de la litt?rature, j'aurais de bonne foi commis trop de plagiats, mais, je ne vais pas comme vous chercher midi ? quatorze heures et mes raisons dans des m?taphores.
J'aime ce pays parce qu'il est beau, parce qu'il y fait frais, parce qu'il sent bon, qu'il n'y a plus d'automobiles et que les routes y sont d?sertes. On n'y voit plus d'anglais, de vieilles femmes maquill?es, de croupiers ?pous?s et de joueurs millionnaires. Je l'aime enfin parce que les trottoirs n'y fleurent pas le crottin de cheval et qu'? la condition de ne plus sortir, pass? huit heures du matin, et ne se risquer dehors qu'apr?s six heures du soir, je ne connais pas d'endroit o? l'on respire mieux et o? l'on vive plus tranquille.
--Amen, faisait Charles Haymeri.
--Ne chantez pas trop t?t victoire, faisait un quatri?me larron que les trois d?neurs n'avaient pas vu venir; une haute stature d'homme venait de surgir brusquement derri?re eux.
--Tiens, Paul Sourdi?re, s'exclamait Stouza, o? as-tu pris cette mani?re de marcher? on ne t'a pas entendu.
--J'ai mes souliers de tennis, semelles caoutchout?es, semelles d'ailleurs adopt?es aujourd'hui par tous les cambrioleurs.
--Je veux dire que vous pourriez attendre la fin de l'?t? avant de vous f?liciter si haut des bienfaits du climat. C'est qu'il est terriblement perfide, ce ciel estival de Nice dont vous vantez le charme et la douceur, perfide comme l'onde et comme l'Italie. Vous n'avez pas encore commis de b?tise, vous, mais attendez la canicule, quand vos nerfs, d?nou?s par la mollesse de ce pays, vont s'exasp?rer et se tendre comme un arc dans la s?cheresse ardente de son mistral.
Attendez le premier sirocco qui nous viendra d'Afrique et, apr?s huit jours de bourrasque et de poussi?re dans l'?pret? d'un Sahara, quand vous retomberez dans la douceur fi?vreuse de ces vagues sans flux et sans reflux, dans ce trop de parfums et ce trop de rut et de caresse ?pars ici, dans l'unanime consentement des ?tres et des choses ? l'amour, garde ? vous, messieurs, car tout dans cette nature complice ?nerve la volont? en exacerbant les sens. La premi?re tentation, la plus b?te, la plus banale, celle dont vous rougiriez pour autrui, vous trouvera sans d?fense et le coupable, ce ne sera pas vous, mais ce soleil br?lant qui pompe et d?traque le cerveau, ce trop d'ardeur dehors et ce trop de fra?cheur dans les logis.
Vous la constaterez comme moi, la n?faste influence de ce climat, mais trop tard. On n'?chappe pas ? la fatalit?.
--Et tout ceci pour nous apprendre.
--Le mariage de Miss Eva Waston.
--Eva Waston! notre jolie valseuse de cet hiver.
--Elle-m?me, Miss Eva Waston, la riche h?riti?re de Master R?ginald Waston, le milliardaire lanceur de Beaulieu.
--Comment elle se marie! Elle avait une fa?on de couper net les flirts les plus tendres. Les plus fieff?s chasseurs de dots avaient renonc? ? paonner autour d'elle. Ah si jamais on m'avait dit que celle-ci se marierait!
--Et elle ?pouse un Archiduc?--Un prince h?ritier?--Un feld-mar?chal d'Austrie? Quelle s?culaire couronne de Magnat de Hongrie ou d'empereur de Bysance ont bien pu lui d?nicher les aimables douairi?res qui, de Cannes ? Piccadilly, s'occupent de canaliser les milliards des trusts dans la Pairie et le noble faubourg?
--Ah que vous ?tes loin de compte.... Miss Eva Waston, notre jolie clownesse de moire bleu turquoise du dernier v?glione. Miss Eva Waston. trente millions comptant, ?pouse un petit sous-lieutenant du 27e chasseurs alpins de Menton.
--Un lieutenant de chasseurs alpins de Menton!
--Comme j'ai l'honneur de vous le dire.
--Mais son nom?
--Ah mais! c'est que ce nom constitue presque une inconvenance, ?tant donn? le motif du mariage. La lettre de faire-part vous l'apprendra.
--Vous ?tes idiot, Sourdi?re, je connais tous les officiers du 27e chasseurs. Vous pouvez marcher.
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