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Read Ebook: La Bête Errante: Roman vécu du Grand Nord Canadien by Rouquette Louis Fr D Ric

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Ebook has 2374 lines and 59163 words, and 48 pages

--Du lait, s'il vous pla?t.

Impassible, Pat pr?pare une nouvelle bol?e qu'il replace devant l'homme.

Tous les joueurs, pressentant un drame, s'empressent. Un cercle ?troit se rapproche, les femmes montent sur les escabeaux ou sur les tables.

Joe ricane et avance la main.

Mais les doigts n'ont pas touch? le bol qu'il re?oit un terrible crochet du gauche ? la m?choire; le coup l'envoie rouler aux pieds des spectateurs qui reculent d'instinct.

--Un beau coup.

--Mazette, quelle poigne!

--Bien ass?n?.

Deux camps se forment.

--Parbleu, il l'a pris en tra?tre.

--Joe ne s'attendait pas...

Joe s'y attendait si peu qu'il se rel?ve, furieux, et fait un geste vers sa ceinture, mais la main n'a pas le temps de saisir la crosse du pistolet. L'inconnu est sur lui, le browning au poing. Il ordonne, les dents serr?es, mais toujours avec une extr?me douceur:

--Homme contre homme?... Soit.

Et il tombe en garde.

Joe, le fier ? bras, Joe, le grand tombeur, voit son autorit? en jeu; il assure ses jambes tandis que, d'un revers de main, il essuie le sang qui coule de sa bouche.

Son adversaire est un gringalet qui a l'air d'un rien du tout, d'un enfant presque, avec ses grands yeux large ouverts. Il ?te pos?ment sa veste, rel?ve les manches de sa chemise sur des bras qui apparaissent nerveux, et, lentement, math?matiquement, avec ordre et pr?cision, comme sur le ring, il se met en garde et attend.

Fight attaque. Alors l'autre change de conduite. Il saute ? droite, il s'esquive ? gauche, va, court, revient, si bien que Joe place ses poings dans le vide et que l'homme lui fait encaisser des coups durs. Un dernier, bien plac? au coeur, envoie Joe s'affaler sur la banquette qui entoure la salle. Les Yukoners tr?pignent.

--C'est franc jeu.

--C'est du beau travail.

Mais un mot domine, qui doit survivre ? l'incident:

L'ouragan! Quel ouragan!

Le mot reste, il est repris en choeur:

Hurricane sourit doucement, ?carte du geste la foule qui l'entoure et, rabattant les manches de sa chemise, il appelle Pat Paterson qui s'approche, obs?quieux.

--Du lait pour moi.

Hurricane ajoute, d?signant du menton Joe, aupr?s duquel on s'empresse:

CHAPITRE II

COMMENT HURRICANE EUT UN CHIEN

La poste arrive, dans la clameur des mineurs assembl?s, les claquements du fouet et l'aboiement des chiens.

Gregory Land, le ma?tre-postier, rejette les couvertures de laine et saute sur la terre gel?e, cependant que les chiens, haletants encore, tirent la langue et font cliqueter leurs harnais.

Une b?te, qui courait libre sur le flanc de ses compagnons, s'arr?te brusquement, les pattes arc-bout?es, puis, par jeu, creuse la neige qu'elle lance ? la figure des chercheurs d'or.

--La paix, Hurricane, commande Gregory.

Celui-ci, fou, tire sur les harnais en hurlant; pris de peur, les chiens partent comme une fl?che.

Hurricane joue ? se rouler dans la neige.

Lettres et paquets distribu?s, les mineurs favoris?s se retirent avec, sur le visage, un masque d'homme heureux. Le dos appuy? au m?t de sapin au haut duquel flotte le pavillon de Sa Majest? britannique, Hurricane, l'homme, regarde Hurricane, le chien.

Le chercheur d'or a, au fond des yeux, ce regret que laisse la joie des autres. L'ennui griffe la face volontaire, la moue dessine un bicorne ? ses l?vres.

Gregory Land, habitu? ? la terre polaire, comprend ce qui bouleverse cette ?me.

Avec une tendresse bourrue, il s'informe:

--Eh bien, camarade, on est venu prendre sa chance?

--Comme vous voyez.

--Nouveau?

--Depuis six mois. Deux mois de Dawson, deux mois de piste, deux mois de camp.

--La terre paye-t-elle ici?

Hurricane l?ve les ?paules, ce qui signifie que cela n'a aucune importance; il r?pond malgr? lui ? haute voix:

--Vivre ici ou ailleurs.

Et, changeant le cours de la conversation, il s'informe:

Et, levant les bras au ciel, il s'exclame, radieux:

--Deux jours qui ne doivent rien au Gouvernement! Par Dieu, j'en veux faire bon usage.

--Le bar?

--Non, le lit... J'ai calcul?, gar?on, que le Gouvernement, que Dieu garde! me doit sept ans de sommeil. Deux jours, c'est toujours ?a de pris, n'est-ce pas?

Tout en parlant, Gregory visite les pattes de ses chiens.

--Rien de cass?, ?a va. Allez, mes fistons...

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