Read Ebook: Le socialisme en danger by Domela Nieuwenhuis Ferdinand
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Ebook has 968 lines and 90166 words, and 20 pages
LE SOCIALISME
EN DANGER
Ce volume a ?t? d?pos? au Minist?re de l'int?rieur en mai 1897.
F. DOMELA NIEUWENHUIS
LE SOCIALISME EN DANGER
PR?FACE PAR ?LIS?E RECLUS
PR?FACE
Les documents cit?s dans ce livre ont une grande importance historique. Sous les mille apparences de la politique officielle--formules de diplomates, visites russes, g?nuflexions fran?aises, toasts d'empereurs, r?citations de vers et d?corations de valets,--apparences que l'on a souvent la na?vet? de prendre pour de l'histoire, se produit la grande pouss?e des prol?taires naissant ? la conscience de leur ?tat, ? la r?solution ferme de se faire libres, et se pr?parant ? changer l'axe de la vie sociale par la conqu?te pour tous d'un bien-?tre qui est encore le privil?ge de quelques-uns. Ce mouvement profond, c'est l? l'histoire v?ritable, et nos descendants seront heureux de conna?tre les p?rip?ties de la lutte d'o? naquit leur libert?!
Ils apprendront combien fut difficile dans notre si?cle le progr?s intellectuel et moral qui consiste ? se <
Ainsi voyez comment on a trait? cette individualit? puissante, Marx, en l'honneur duquel des fanatis?s, par centaines de mille, l?vent les bras au ciel, se promettant d'observer religieusement sa doctrine! Tout un parti, toute une arm?e ayant plusieurs dizaines de d?put?s au Parlement germanique, n'interpr?tent-ils pas maintenant cette doctrine marxiste pr?cis?ment en un sens contraire de la pens?e du ma?tre? Il d?clara que le pouvoir ?conomique d?termine la forme politique des soci?t?s, et l'on affirme maintenant en son nom que le pouvoir ?conomique d?pendra d'une majorit? de parti dans les Assembl?es politiques. Il proclama que <
Les lecteurs de Domela Nieuwenhuis apprendront aussi ? redouter le danger que pr?sentent les voies obliques des politiciens. Quel est l'objectif de tous les socialistes sinc?res? Sans doute chacun d'eux conviendra que son id?al serait une soci?t? o? chaque individu, se d?veloppant int?gralement dans sa force, son intelligence et sa beaut? physique et morale, contribuera librement ? l'accroissement de l'avoir humain. Mais quel est le moyen d'arriver le plus vite possible ? cet ?tat de choses? <
Le plus s?r encore est de rester na?fs et sinc?res, de dire simplement quelle est notre ?nergique volont?, au risque d'?tre appel?s utopistes par les uns, abominables, monstrueux, par les autres. Notre id?al formel, certain, in?branlable est la destruction de l'?tat et de tous les obstacles qui nous s?parent du but ?galitaire. Ne jouons pas au plus fin avec nos ennemis. C'est en cherchant ? duper que l'on devient dupe.
Telle est la morale que nous trouvons dans l'oeuvre de Nieuwenhuis. Lisez-la, vous tous que poss?de la passion de la v?rit? et qui ne la cherchez pas dans une proclamation de dictateur ni dans un programme ?crit par tout un conseil de grands hommes.
?lis?e RECLUS.
LES DIVERS COURANTS
DE LA D?MOCRATIE SOCIALISTE ALLEMANDE
Au Congr?s des d?mocrates-socialistes allemands tenu ? Erfurt en 1891, une lutte s'est engag?e, qui int?resse au plus haut degr? le mouvement socialiste du monde entier, car, avec une l?g?re nuance de terminologie, elle se reproduit identiquement entre les diff?rentes fractions du parti socialiste.
D'un c?t? ?tait Vollmar, l'homme que l'on s'attendait ? voir sous peu se mettre ? la t?te des radicaux, comme, du reste, il l'avait d?j? fait pressentir au Congr?s de Halle. Il fit un discours qui, sous plus d'un rapport, ?tait un v?ritable chef-d'oeuvre, d?montrant qu'il ?tait parfaitement en ?tat de se d?fendre. De l'autre c?t? il y avait Wildberger, montant ? la tribune comme porte-parole de l'opposition berlinoise. Et entre eux Bebel et Liebknecht, pris entre l'enclume et le marteau, apparaissaient comme de tristes t?moignages d'insexualit?.
Une lecture consciencieuse du compte-rendu du Congr?s--dont nous avons attendu la publication pour ne pas baser notre jugement sur des extraits de journaux--nous remplit d'une certaine piti? envers des hommes qui, durant de longues ann?es, ont d?fendu et dirig? le mouvement en Allemagne et qui, ? pr?sent, occupent le <
Fischer alla plus loin et dit: <
Voici quelques-unes de ces citations mises en regard des assertions de Vollmar:
Si nous avions ?t? consult?s, L'annexion de nous aurions certainement l'Alsace-Lorraine est un fait fond? autrement l'unit? accompli, et ici, dans cette allemande en 1870-71. Mais enceinte, nous avons, de notre puisque maintenant elle existe c?t?, d?clar? de la fa?on la telle qu'elle, nous plus cat?gorique que nous n'entendons pas ?puiser nos reconnaissons comme de droit forces en d'interminables et l'?tat actuel des choses. infructueuses r?criminations AUER. S?ance du 9 f?vrier sur le pass?, mais, acceptant 1891. le fait accompli, nous ferons tout notre possible pour am?liorer cette oeuvre d?fectueuse.
S'il existe un parti ouvrier Personne, aussi enthousiaste qui a toujours rempli et qu'il soit pour des id?es remplira encore les devoirs de internationalistes, ne dira fraternit? internationale, que nous n'avons pas de c'est certainement le parti devoirs nationaux. allemand. Mais ceci n'exclut LIEBKNECHT. Congr?s de Halle, pas pour nous l'existence de 15 octobre 1890. t?ches et de devoirs nationaux.
C'est un sympt?me heureux de Je reconnais que l'Allemagne voir que nous avons en France est d?cid?e ? maintenir la des amis socialistes, qui paix. Je suis persuad? que ni combattent les tendances dans les sph?res les plus chauvines. ?lev?es, ni dans aucune autre Mais pourquoi nier que les couche de la soci?t?, le d?sir sph?res dirigeantes dans ce n'existe de lancer l'Allemagne pays, par leur chauvinisme dans une nouvelle guerre. En n?faste et leur r?pugnante tout cas, nous vivons ici dans coquetterie avec le czarisme des conditions ind?pendantes russe, sont pour beaucoup la de notre volont?. En France, cause de l'inqui?tude et des on peut le d?sapprouver ou le armements constants de regretter, mais dans les l'Europe? milieux pr?dominants, on pense, aujourd'hui comme jadis, ? faire dispara?tre les cons?quences de la guerre de 1870-71. L'alliance entre la France et la Russie a ?t? motiv?e par ces faits. Que cette alliance ait ?t? contract?e par ?crit ou non, elle existe par une certaine solidarit? d'int?r?ts entre ces deux pays contre l'Allemagne, et elle continuera d'exister. BEBEL. S?ance du 25 juin 1890.
Nous n'avons pas besoin de Si la triple alliance a pu dire que la diplomatie et ses ?tre conclue ... elle l'a ?t?, oeuvres ne nous inspirent que parce que les int?r?ts des tr?s peu de confiance. trois puissances, en face de N?anmoins, nous devons nous l'entente franco-russe, sont prononcer pour la triple n?cessairement solidaires, en alliance dont la raison d'?tre dehors des rapports mutuels est le maintien de la paix et, des diff?rents peuples de ces par cons?quent, est utile. pays... Je suis convaincu qu'aucun homme d'?tat, ni en Autriche, ni en Italie, ni en Allemagne, ne voudra, tant que cette situation durera, se d?tacher de cette alliance, car il exposerait, par cela m?me, son pays ? un grand danger, dans le cas o? les deux autres puissances alli?es seraient vaincues dans une guerre. BEBEL. S?ance du 25 juin 1890.
Si jamais quelque part ? Nous avons d?clar? d?j? bien l'?tranger, l'espoir existe souvent, et, pour moi, je qu'en cas d'une attaque contre renouvelle cette d?claration, l'Allemagne on pourrait compter que nous sommes pr?ts ? remplir sur notre abstention, cet envers la patrie exactement espoir se verrait compl?tement les m?mes devoirs que tous les d??u. D?s que notre pays sera autres citoyens... Je sais attaqu?, il n'y aura plus qu'il n'y a personne parmi qu'un parti, et nous autres, nous qui pense diff?remment ? d?mocrates-socialistes, nous ce sujet. ne serions certes pas les AUER. S?ance du 8 d?cembre derniers ? remplir notre 1890. devoir. Il a ?t? dit ... que le Reichstag allemand ne travaille pas avec autant d'ardeur ? la d?fense de la patrie que le Parlement fran?ais. Eh bien, moi je d?clare que quand il s'agit de la d?fense de la patrie, tous les partis sont unis; que s'il s'agit de se d?fendre contre un ennemi ?tranger, aucun parti ne restera en arri?re. LIEBKNECHT. S?ance du 16 mai 1891.
Quelle fut la r?ponse de Vollmar ? l'accusation d'avoir voulu inaugurer une nouvelle tactique? <
Un autre d?l?gu?, Schulze, de Magdebourg, dit: <
Et le docteur Schonlank s'?crie: <
Avec des discours comme ceux de Vollmar, jamais une d?mocratie socialiste ne serait n?e. De semblables id?es m?nent au socialisme national-lib?ral, c'est-?-dire ? l'introduction de la tactique nationale-lib?rale dans le parti d?mocratique socialiste. Bebel donne m?me une explication de l'?volution de Vollmar en l'attribuant ? ses <
Cette remarque est sans doute fort judicieuse et pratique, mais il y a une chose qui nous ?tonne, c'est qu'aucun des soi-disant Jeunes gens ne se soit lev? pour dire ? Bebel: <
Donc, Bebel, Liebknecht, Auer, Fischer, etc., tous sont d'avis que Vollmar, dans ses discours de Munich, a r?ellement propos? une nouvelle tactique. L?-dessus il y avait unanimit? d'appr?ciation, m?me apr?s les discours prononc?s par Vollmar au Congr?s.
En effet, Liebknecht ne d?clarait-il pas qu'apr?s avoir entendu Vollmar il ?tait plus que jamais d'avis que le Congr?s devait se prononcer? Car, ajoutait-il, <
Il fallait une d?claration. Bebel proposa donc une r?solution con?ue en ces termes:
Le Congr?s d?clare:
Consid?rant que la conqu?te du pouvoir politique est le premier et principal but vers lequel doit aspirer tout mouvement prol?taire conscient; que cependant la conqu?te du pouvoir politique ne peut ?tre l'oeuvre d'un moment, d'une surprise donnant imm?diatement la victoire, mais doit ?tre obtenue par un travail assidu et persistant, par le juste emploi de tous les moyens qui s'offrent pour la propagation de nos id?es et par l'effort de toute la classe ouvri?re;
Le Congr?s d?cide:
Il n'y a pas de raisons pour changer la direction donn?e jusqu'ici au parti.
Le Congr?s consid?re plut?t comme ?tant toujours du devoir de ses membres de tenter par tous les moyens d'obtenir des succ?s aux ?lections du Reichstag, du Landtag et des conseils municipaux, partout o? il y a encore des chances de triompher sans nuire au principe.
Sans caresser la moindre illusion sur la valeur des victoires parlementaires par rapport ? nos principes, ?tant donn?s la mesquinerie et l'?go?sme de classe des partis bourgeois, le Congr?s consid?re l'agitation pour les ?lections du Reichstag, du Landtag et des conseils municipaux comme particuli?rement utile pour la propagande socialiste, parce qu'elle offre la meilleure occasion de se mettre en contact avec les classes prol?tariennes et d'?clairer ces derni?res sur leurs conditions de classe, et aussi parce que l'emploi de la tribune parlementaire est le moyen le plus efficace pour d?montrer l'insuffisance des pouvoirs publics ? supprimer les crimes sociaux, et pour d?voiler devant le monde entier l'incapacit? des classes gouvernantes ? satisfaire les besoins nouveaux de la classe ouvri?re.
Le Congr?s demande aux chefs qu'ils travaillent ?nergiquement et s?rieusement dans le sens du programme du parti, et qu'ils ne perdent jamais de vue le but int?gral et final, sans pour cela n?gliger d'obtenir des concessions des classes dirigeantes.
Le Congr?s exige en outre de chaque membre en particulier, qu'il se soumette aux r?solutions prises par le parti entier, qu'il ob?isse aux prescriptions des journaux, tant que ces derniers agissent dans les limites des pouvoirs qui leur ont ?t? accord?s et que, en admettant qu'un parti d'agitation, comme la d?mocratie socialiste, ne peut atteindre son but que par la plus rigoureuse discipline et la soumission la plus compl?te, il reconnaisse la n?cessit? de cette discipline et de cette soumission.
Le Congr?s d?clare express?ment que le droit de critiquer les agissements ou les fautes commises soit par les organes, soit par les repr?sentants parlementaires, est un droit que chaque membre peut exercer, mais il d?sire qu'il le critique en des formes permettant ? la fraction attaqu?e de fournir des explications essentielles. Il recommande particuli?rement qu'aucun membre ne formule publiquement des accusations ou des attaques personnelles avant de s'?tre assur? du bien-fond? de ces accusations ou de ces attaques et avant d'avoir ?puis? pr?alablement tous les moyens qui, dans l'organisation du parti, se trouvent ? sa disposition afin d'obtenir satisfaction.
Finalement le Congr?s est d'avis que le principe fondamental des statuts de l'Internationale de 1864 doit toujours ?tre la ligne de conduite ? suivre par ses membres, ? savoir que: <
Cette r?solution est, comme la plupart des r?solutions de ce genre, tellement vague et banale que tout le monde peut l'accepter. Et c'est justement ce fait, qu'elle peut ?tre accept?e par tout le monde, qui en d?montre l'insignifiance. Aussi Vollmar n'y voit pas d'inconv?nient non plus. Seulement il d?clare ne pas admettre l'explication qu'en donne Bebel. Certes, dit-il, il n'y a aucune raison pour changer la ligne de conduite du parti, entendant par l? que la tactique, pr?conis?e par lui, Vollmar, a toujours ?t? suivie, mais point logiquement. La cons?quence de cet habile arrangement est de remettre ind?finiment l'affirmation d'une d?claration cat?gorique et de tourner la difficult?.
Un des d?l?gu?s, Oertel, de Nuremberg, parut l'avoir compris. Il voulut provoquer une d?claration cat?gorique concernant l'attitude de Vollmar, et c'est dans ce but qu'il proposa d'ajouter ? la motion Bebel l'amendement suivant: <
? la bonne heure! Voil? ce qui ?tait clair.
Et que pensaient les chefs, de cet amendement?
Fischer conclut ?galement ? l'adoption.
Vollmar voit dans cet amendement une question personnelle, qu'il ne peut pas accepter, car elle a un caract?re de m?fiance. Liebknecht d?clare qu'il n'y a l? rien de personnel, car la personnalit? de Vollmar n'est nullement en jeu. Bebel dit la m?me chose; il ne s'agit pas d'un d?saveu mais d'une diff?rence d'opinion. Il ne faut pas chercher ? voir un vote de m?fiance dans cette r?solution. Il a voulu, par l? permettre ? Vollmar, de trouver, apr?s r?flexion et en toute connaissance de l'opinion du Congr?s, un joint lui permettant d'abandonner les id?es par lui pr?conis?es dans ses discours.
Que de consid?ration ? l'?gard de Vollmar! Malgr? les d?clarations ?nergiques des chefs, la prudence para?t s'imposer en face d'un homme comme Vollmar, surtout lorsque celui-ci d?clare: <
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