Read Ebook: L'Illustration No. 1605 29 novembre 1873 by Various
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Ebook has 153 lines and 17257 words, and 4 pages
Au m?me instant, il arr?tait brusquement sa monture et d?signait quelque chose sur le sol, tout ? c?t? de son cheval.
<
Ludwig et Cypriano s'avanc?rent pour examiner ce qu'il leur d?signait ainsi.
< Les deux jeunes gens se pass?rent l'objet et n'y d?couvrirent rien qui p?t laisser supposer qu'il appartenait ? un couple de bolas. C'?tait une lourde pierre, entour?e d'une enveloppe de peau de vache, avec laquelle on l'a recouverte quand elle ?tait encore humide, et qui, en s?chant, s'?tait resserr?e sans laisser un seul pli. Il n'y avait aucune apparence de courroie, on ne voyait que la couture qui la fermait. Quelle que p?t ?tre son utilit?, la bola ?tait compl?te en elle-m?me. --Ni moi non plus, ajoute Cypriano. --Mais quelle preuve avez-vous qu'elle ait ?t? lanc?e par des Tovas?>> Cette question ?tait faite par Ludwig. < Les deux jeunes gens firent un signe d'assentiment, et d?s ce moment ils surent que la piste qu'ils suivaient alors ?tait certainement la piste des Tovas. Cette connaissance acquise d'une fa?on si inattendue affecta les voyageurs bien diff?remment. A Ludwig elle donna, sinon de la joie, du moins un rayon d'esp?rance de retrouver sa soeur, tandis que chez Cypriano elle ne produisit qu'un d?sespoir plus sombre encore. < --Oui, r?pondit Ludwig, l'inf?me Francia. --Lui-m?me, et je ne vivrai jamais tranquille tant qu'il n'en aura pas aussi subi le ch?timent. --Dieu se chargera de le lui infliger. Quant ? nous, cher cousin, que pouvons-nous contre cet homme? --Rien pour le moment sans doute; mais plus tard nous nous verrons.>> De nouveaux incidents vinrent faire diversion ? leurs pens?es. L'atmosph?re, apr?s s'?tre graduellement assombrie, s'?tait ?paissie presque subitement autour d'eux, au point de faire succ?der presque instantan?ment la nuit au jour. < Les deux jeunes gens lanc?rent comme lui leurs chevaux ? toute vitesse. < Cette exclamation sortit des l?vres de Gaspardo au moment o?, suivi de ses jeunes compagnons, il faisait passer son cheval par l'ouverture d'une caverne. Cette caverne se trouvait dans un rocher ? pic, s'?levant au-dessus d'un arroyo qui, un peu plus bas, se jetait dans le Pilcomayo. Son entr?e donnait sur le bord du ruisseau ? quelques pieds de distance seulement de l'eau courante. < Il parlait encore quand un ?clat de tonnerre ?touffa sa voix. C'?tait la temp?te. C'?tait la tormenta! dont les grondements r?percut?s soudain par les ?chos du ravin, prirent en un instant une effroyable intensit?. Des nuages de poussi?re tourbillonnaient dans la plaine et semblaient vouloir accourir sur eux. < Les jeunes gens n'avaient pas besoin d'?tre mis en demeure de ne pas perdre un instant. Ce n'?tait pas la premi?re fois qu'ils assistaient ? une tormenta; chez eux, ? Asuncion, ils en avaient vu plus d'une et en avaient remarqu? les terribles effets. Ils avaient entendu les cailloux brisant les fen?tres, faisant trembler les portes sur leurs gonds; ils avaient vu la poussi?re passer ? travers les fentes et les trous des serrures comme l'haleine furieuse de l'ouragan, ils avaient vu les arbres d?racin?s, bris?s comme paille, les b?tes et les gens culbut?s, roul?s ? terre par son irr?sistible violence. Aussi, avant que le gaucho e?t pu prononcer un autre mot, ils ?taient sur pied et l'aidaient ? disposer ? l'int?rieur leurs chevaux pour qu'ils lussent un premier obstacle, et ? fermer l'ouverture de la caverne, ? l'aide de leurs ponchos solidement li?s ensemble et fix?s dans les interstices des rochers au moyen de leurs couteaux. Ils furent ? moiti? aveugl?s par la poussi?re et presque renvers?s par le vent avant d'avoir pu terminer cette op?ration. < En pronon?ant ces mots, le gaucho se dirigea vers son cheval, et fouillant un moment sous son recado, il r?ussit ? trouver un briquet. Mayne Reid. NOS GRAVURES La loi de prorogation et le public Chaque fois qu'il y a eu ? l'Assembl?e nationale de Versailles quelqu'une de ces grandes discussions qui mettent le pouvoir en question, le contre-coup s'en est vivement fait sentir ? Paris. Alors que M. Thiers ?tait pr?sident de la R?publique, cela s'est produit non pas une fois seulement. On n'a pas oubli? encore l'?motion qui s'?tait empar?e de la capitale, le 24 mai: la foule agit?e s'arrachant les journaux du soir sur les boulevards, assi?geant la gare Saint-Lazare pour attendre l'arriv?e des trains, qu?tant et commentant les nouvelles, dans un ?tat de surexcitation difficile ? d?crire. Le m?me ph?nom?ne ne pouvait donc manquer de se reproduire le 19 septembre dernier, jour o? l'on discutait ? Versailles la loi de prorogation des pouvoirs de M. le mar?chal de Mac-Mahon. En effet, d?s la premi?re journ?e de cette discussion, qui ne s'est termin?e, comme on sait, que le lendemain dans une s?ance de nuit, la grande ville ?tait soudainement reprise de son acc?s de fi?vre. Dans la soir?e, m?me ?motion sur les boulevards, m?mes inqui?tudes, m?me curiosit? impatiente de savoir, m?me encombrement ? la gare, o?, comme les sergents de ville, les patrouilles ?taient impuissantes ? faire circuler la foule. Pour en avoir raison on crut faire merveille en la trompant, en faisant arr?ter les trains avant l'entr?e en gare, et l'on r?ussit un instant ? la d?router. Mais quelqu'un ?venta la m?che, et les curieux aussit?t de se porter sur le pont de l'Europe. Il fallut bien en prendre son parti, et laisser suivre son cours normal ? cette fi?vre qui finalement se calma d'elle-m?me, sans s'?tre compliqu?e du plus l?ger accident. Quelques portraits de t?moins dans le proc?s Bazaine Le proc?s du mar?chal Bazaine avance. Bient?t la parole sera ? l'accusation et ? la d?fense, car la liste des t?moins ne tardera pas ? ?tre ?puis?e. Avant qu'elle le soit tout ? fait, nous croyons ?tre agr?ables ? nos lecteurs en mettant sous leurs yeux les traits de quelques-uns de ces t?moins qui ont appel? le plus vivement sur eux l'attention par le r?le qu'il ont jou? dans le grand drame de la capitulation de Metz et de l'arm?e du Rhin. Les neuf personnages dont nous donnons aujourd'hui les portraits, pour commencer, se rattachent ? trois cat?gories de faits diff?rents: communications entre les mar?chaux Bazaine et Mac-Mahon avant le d?sastre de Sedan, communications entre le mar?chal Bazaine et le gouvernement du 4 septembre, enfin communications entre le mar?chal Bazaine et l'ennemi. Les t?moins Flahaut, Marchal et M. le colonel d'Abzac se rapportent ? la premi?re cat?gorie. Commen?ons par celle-ci. Flahaut et Marchal sont deux agents de police qui servirent plusieurs fois d'?missaires entre Metz et Thionville. Le 20 ao?t, Flahaut se trouvait ? Metz lorsque le mar?chal Bazaine le fit appeler et lui remit, pour les porter ? Thionville, les trois fameuses d?p?ches adress?es, apr?s la bataille de Saint-Privat: 1? ? l'empereur, 2? au ministre de la guerre, 3? au mar?chal de Mac-Mahon, d?p?ches dont les deux premi?res diff?raient si essentiellement de la troisi?me. Apr?s avoir heureusement accompli la mission dont nous avons parl? plus haut, il fut renvoy? ? Metz par le colonel Turnier, avec une d?p?che chiffr?e. Cette fois il voyagea de compagnie avec un de ses coll?gues, Marchal, qui avait ?t? charg?, de la m?me d?p?che. L'odyss?e de ces deux agents abonde en d?tails dramatiques. Ils sont arr?t?s trois fois par les Prussiens et autant de fois repouss?s, sous peine d'?tre fusill?s. Arriv?s ? Augny, dans une quatri?me tentative, ils se cachent d'abord dans la cave du ma?tre d'?cole, puis chez le cur?, qui leur donne ? souper et ? coucher. Enfin, le lendemain ils r?ussissent en ayant recours ? la ruse. Arr?t?s aux avant-postes ennemis et interrog?s par un officier: --Nous venions voir, r?pondent-ils, si vous avez des pommes de terre; voici l'hiver, et si vous n'en avez pas nous pourrons vous en vendre. L'ennemi les croit et les laisse libres de circuler aux avant-postes. Une occasion favorable se pr?sente et ils filent. La d?p?che avait pass? avec eux. Bien malin e?t ?t? le Prussien qui l'e?t d?couverte. Chacun d'eux avait aval? la sienne, apr?s avoir eu soin de l'envelopper pr?alablement de caoutchouc. Plus tard, le 5 et le 15 septembre, puis dans le courant d'octobre, Marchal et Flahaut essay?rent de retourner ? Thionville, mais ils n'y purent parvenir. Disons, pour en finir avec cet ordre de faits, que le colonel d'Abzac, dont il a ?t? question plus haut, ?tait attach? au cabinet du mar?chal de Mac-Mahon. Il a d?clar? n'avoir pas eu connaissance de la d?p?che du 20 ao?t rapport?e ? Rhetel par les t?moins Mi?s et Rabasse, et remise par eux, selon leur dire, au colonel Stoffel. Les t?moignages de Cruzem, de Camus, de Quatreboeuf et de Donzella se rapportent aux communications entre le mar?chal Bazaine et le gouvernement du 4 septembre. Le mar?chal pr?tend que ces communications ?taient alors devenues pour ainsi dire impossibles. Cependant le t?moin Crusem est sorti trois fois de Metz, passant ? travers les lignes prussiennes, d'abord dans la direction de Corny, puis par le bois de Grigy, enfin par Saint-Remy: et, dans ces diverses excursions, il a parcouru, dit-il, les environs de Metz et pouss?, dans la derni?re, jusqu'? Luxembourg. Les trois t?moins qui suivent, MM. Camus, Quatreboeuf et Donzella ?taient des ?missaires du gouvernement du 4 septembre qui, pr?occup? de la situation de l'arm?e de Metz, avait fait arriver ? Longwy et ? Thionville plusieurs convois de vivres pour la ravitailler. C'est cette nouvelle qu'il s'agissait de porter ? la connaissance du mar?chal Bazaine. M. Camus est un homme de quarante-huit ans, garde-forestier, connaissant bien le pays. Il fit plusieurs tentatives infructueuses pour passer et rentra ? Longwy. M. Quatreboeuf, sergent-fourrier des ?quipages de la flotte, para?t avoir mieux r?ussi. C'est un jeune homme de trente-deux ans, alerte et ?nergique. Enfin M. Donzella, autre marin, du m?me ?ge que le dernier et non moins d?termin?, envoy? par la d?l?gation de Tours dans le m?me but, parvint ? entrer dans Thionville, qui ?tait alors investi, et ? remettre au colonel Turnier, charg? de la faire parvenir, la d?p?che dont il ?tait porteur. Donzella, pour passer, avait ?t? oblig? de se d?guiser en marchand d'osier. Il a racont? avec beaucoup de verve son entrevue avec le colonel: < <<--Je veux bien me charger de nouvelles orales, mais je ne veux pas m'exposer ? me faire fusiller par les Prussiens uniquement pour dire ? votre famille comment vous vous portez.>> Selon toute vraisemblance, la nouvelle de ce qu'avait fait le gouvernement pour ravitailler l'arm?e de Metz est donc parvenue au mar?chal Bazaine, qui cependant affirme le contraire. Mais il affirme ?galement n'avoir pas re?u une d?p?che post?rieure, contenant les m?mes d?tail et ? lui apport?e et remise par le garde mobile Risse. Cependant l'entr?e ? Metz de Risse ne peut ?tre contest?e, puisqu'il s'y est engag? dans le 44e de ligne. Sa d?position est tr?s-pr?cise. Elle est d'ailleurs confirm?e par les deux t?moins Marchal et Flahaut, dont il a ?t? d?j? parl?. Avec M. Arnous-Rivi?re, nous passons aux communications avec l'ennemi, dont il a ?t? le principal ouvrier. M. Arnous-Rivi?re, ?g? de quarante-sept ans, est un ancien officier d?missionnaire, qui avait ?t? charg? par le mar?chal Bazaine d'organiser une compagnie d'?claireurs. Il avait ?t? d'abord attach? au grand quartier g?n?ral, puis il fut investi ? la fin d'ao?t du commandement des avant-postes ? Moulins. C'est par son interm?diaire que se faisait l'?change des correspondances entre les g?n?raux en chef, correspondances, qui, pour la plupart, n'ont pas laiss? de traces dans le dossier; c'est lui qui recevait les parlementaires et les conduisait en voiture de Moulins au grand quartier g?n?ral. C'est ainsi que, le 23 septembre, il amena R?gnier, ? la tomb?e de la nuit, d'abord ? Longeville, au quartier g?n?ral du g?n?ral Cissey, puis au ban Saint-Martin chez le mar?chal. < R?gnier est un homme d'une cinquantaine d'ann?es. C'est, d'apr?s le rapport du g?n?ral Rivi?re, un homme fin et audacieux, aux mani?res vulgaires, tr?s-vaniteux et se croyant un profond politique. Il a re?u quelque instruction et jou?, en 1848, un certain r?le dans les ?v?nements du temps. Puis il se lan?a dans l'industrie, et ?pousa en Angleterre une femme qui lui apporta une certaine aisance. Apr?s le 4 septembre, on le retrouve dans ce pays, o? il cherche ? se faufiler chez l'imp?ratrice, qui s'?tait retir?e ? Hastings. Il finit par y obtenir, ? force d'importunit?s, une photographie portant la signature du prince imp?rial, sorte de passe qui va lui servir, ainsi qu'une vue de Wilhemshoe, o? ?tait d?tenu l'empereur, et qu'il s'?tait procur?e je ne sais comment, ? accr?diter ses men?es. Ainsi nanti, il se rend ? Ferri?res aupr?s du prince de Bismarck, ? la solde duquel il semble se mettre et qui l'emploie sous pr?texte d'armistice ? tromper le mar?chal Bazaine, en faisant miroiter ? ses yeux on sait quelles esp?rances ambitieuses, et ? lui tirer l'?tat exact de la situation de son arm?e sous Metz et de ses ressources en vivres. En quittant le mar?chal, il emmenait avec lui le g?n?ral Bourbaki qui devait se rendre ? Londres aupr?s de l'imp?ratrice, et qui en y arrivant, fut fort surpris d'apprendre que celle-ci ne savait pas le premier mot de l'intrigue qui l'avait fait sortir de Metz. Mais le tour ?tait jou?, M. de Bismarck savait ? huit jours pr?s combien de temps le mar?chal pouvait tenir, c'est tout ce qu'on voulait, et R?gnier ne reparut plus. On sait qu'il ne s'est pas pr?sent? ? l'appel de son nom ? l'audience du conseil de guerre o? il devait faire sa d?position. On s'y attendait, car il avait d?j? d?clar?, dans une lettre rendue publique, qu'il ne compara?trait pas, si M. le pr?sident du conseil refusait de lui accorder certaines garanties pour sa s?ret?. Aussi, a-t-il ?t? condamn? ? 100 francs d'amende comme d?faillant, ? la requ?te du commissaire du gouvernement, qui a ?galement demand? au conseil l'autorisation de le poursuivre comme ayant entretenu des intelligences avec l'ennemi et lui ayant procur? des renseignements pouvant compromettre la s?ret? de la place de Metz et de l'arm?e fran?aise. Louis Clodion. Les pigeons de la presse de Paris Ce commerce va si bien qu'on l?che quelquefois trente ou quarante pigeons dans la m?me journ?e, surtout si le temps est clair et si les ?v?nements politiques sont assez palpitants.
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