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Read Ebook: Les Fleurs du Mal by Baudelaire Charles

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Ebook has 936 lines and 34449 words, and 19 pages

<< Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre, Les m?taux inconnus, les perles de la mer, Par votre main mont?s, ne pourraient pas suffire A ce beau diad?me ?blouissant et clair;

<< Car il ne sera fait que de pure lumi?re, Puis?e au foyer saint des rayons primitifs, Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur enti?re, Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs! >>

L'ALBATROS

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'?quipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils d?pos?s sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons tra?ner ? c?t? d'eux.

Ce voyageur ail?, comme il est gauche et veule! Lui, nagu?re si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un br?le-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Po?te est semblable au prince des nu?es Qui hante la temp?te et se rit de l'archer; Exil? sur le sol au milieu des hu?es, Ses ailes de g?ant l'emp?chent de marcher.

ELEVATION

Au-dessus des ?tangs, au-dessus des vall?es, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par del? le soleil, par del? les ?thers, Par del? les confins des sph?res ?toil?es,

Mon esprit, tu te meus avec agilit?, Et, comme un bon nageur qui se p?me dans l'onde, Tu sillonnes ga?ment l'immensit? profonde Avec une indicible et m?le volupt?.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides, Va te purifier dans l'air sup?rieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derri?re les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'?lancer vers les champs lumineux et sereins!

Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, --Qui plane sur la vie et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes!

LES PHARES

Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fra?che o? l'on ne peut aimer, Mais o? la vie afflue et s'agite sans cesse, Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer;

L?onard de Vinci, miroir profond et sombre, O? des anges charmants, avec un doux souris Tout charg? de myst?re, apparaissent ? l'ombre Des glaciers et des pins qui ferment leur pays;

Rembrandt, triste h?pital tout rempli de murmures, Et d'un grand crucifix d?cor? seulement, O? la pri?re en pleurs s'exhale des ordures, Et d'un rayon d'hiver travers? brusquement;

Michel-Ange, lieu vague o? l'on voit des Hercules Se m?ler ? des Christ, et se lever tout droits Des fant?mes puissants, qui dans les cr?puscules D?chirent leur suaire en ?tirant leurs doigts;

Col?res de boxeur, impudences de faune, Toi qui sus ramasser la beaut? des goujats, Grand coeur gonfl? d'orgueil, homme d?bile et jaune, Puget, m?lancolique empereur des for?ats;

Watteau, ce carnaval o? bien des coeurs illustres, Comme des papillons, errent en flamboyant, D?cors frais et l?gers ?clair?s par des lustres Qui versent la folie ? ce bal tournoyant;

Goya, cauchemar plein de choses inconnues, De foetus qu'on fait cuire au milieu des sabbats, De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues, Pour tenter les D?mons ajustant bien leurs bas;

Delacroix, lac de sang hant? des mauvais anges, Ombrag? par un bois de sapin toujours vert, O?, sous un ciel chagrin, des fanfares ?tranges Passent, comme un soupir ?touff? de Weber;

C'est un cri r?p?t? par mille sentinelles, Un ordre renvoy? par mille porte-voix; C'est un phare allum? sur mille citadelles, Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois!

Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur t?moignage Que nous puissions donner de notre dignit? Que cet ardent sanglot qui roule d'?ge en ?ge Et vient mourir au bord de votre ?ternit?!

LA MUSE VENALE

O Muse de mon coeur, amante des palais, Auras-tu, quand Janvier l?chera ses Bor?es, Durant les noirs ennuis des neigeuses soir?es, Un tison pour chauffer tes deux pieds violets?

Ranimeras-tu donc tes ?paules marbr?es Aux nocturnes rayons qui percent les volets? Sentant ta bourse ? sec autant que ton palais, R?colteras-tu l'or des vo?tes azur?es?

Ou, saltimbanque ? jeun, ?taler les appas Et ton rire tremp? de pleurs qu'on ne voit pas, Pour faire ?panouir la rate du vulgaire.

L'ENNEMI

Ma jeunesse ne fut qu'un t?n?breux orage, Travers? ?a et l? par de brillants soleils; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voil? que j'ai touch? l'automne des id?es, Et qu'il faut employer la pelle et les r?teaux Pour rassembler ? neuf les terres inond?es, O? l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je r?ve Trouveront dans ce sol lav? comme une gr?ve Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

--O douleur! ? douleur! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur Du sang que nous perdons cro?t et se fortifie!

LA VIE ANTERIEURE

J'ai longtemps habit? sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux, M?laient d'une fa?on solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant refl?t? par mes yeux.

C'est l? que j'ai v?cu dans les volupt?s calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout impr?gn?s d'odeurs,

Qui me rafra?chissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin ?tait d'approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir.

BOHEMIENS EN VOYAGE

La tribu proph?tique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant ? leurs fiers app?tits Le tr?sor toujours pr?t des mamelles pendantes.

Les hommes vont ? pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots o? les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chim?res absentes.

Du fond de son r?duit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson; Cyb?le, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le d?sert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des t?n?bres futures.

L'HOMME ET LA MER

Homme libre, toujours tu ch?riras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton ?me Dans le d?roulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais ? plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous ?tes tous les deux t?n?breux et discrets, Homme, nul n'a sond? le fond de tes ab?mes; O mer, nul ne conna?t tes richesses intimes, Tant vous ?tes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voil? des si?cles innombrables Que vous vous combattez sans piti? ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs ?ternels, ? fr?res implacables!

DON JUAN AUX ENFERS

Quand don Juan descendit vers l'onde souterraine, Et lorsqu'il eut donn? son obole ? Charon, Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisth?ne, D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes, Des femmes se tordaient sous le noir firmament, Et, comme un grand troupeau de victimes offertes, Derri?re lui tra?naient un long mugissement.

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