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Words: 2159 in 1 pages
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L'Illustration, No. 3657, 29 Mars 1913
AVEC CE NUM?RO LES ANGES GARDIENS Roman par MARCEL PR?VOST TROISI?ME PARTIE et une gravure hors texte LE PRINTEMPS, par ROSALBA CARRIERA
LA REVUE COMIQUE, par Henriot.
Ce num?ro comprend, dans ses VINGT-QUATRE PAGES, UNE GRAVURE EN TAILLE-DOUCE remmarg?e avec feuille de garde. Il est accompagn? de LA PETITE ILLUSTRATION, S?rie-Roman n? 3, contenant la troisi?me partie du roman de M. Marcel Pr?vost: Les Anges gardiens.
COURRIER DE PARIS
LE PRINTEMPS
Il y a, dans nos id?es et dans nos sentiments, une p?riodicit? merveilleuse et fatale cr??e par les saisons. Chacune d'elles, ? ?poque fixe, ram?ne des pens?es pareilles dont nous ne pouvons pas plus nous d?fendre que l'arbre de ses bourgeons. Nous ne sommes pas ma?tres de la circulation de nos s?ves. D?s la fin de mars, des feuilles sont en nous qui veulent pointer et sortir. Et c'est pourquoi, tous les ans, nous nous ?tonnons, avec une na?vet? qui jamais ne s'?puise, d'?prouver la m?me impression singuli?re en lisant un jour sur le calendrier ces deux brusques syllabes: Printemps. Elles ?clatent comme une coque.
Et, aussit?t, nous voil? pensifs, inquiets, tristes et gais tour ? tour. Printemps... Le pass? nous fait regarder en arri?re. Printemps... L'avenir, au fond de ses bois, sonne du cor. Printemps... Que va-t-il arriver? Qu'est-ce qui se pr?pare en nous et hors de nous? Des bonheurs sont cach?s qui nous guettent dans les buissons plus serr?s. Il y a quelqu'un d'attendu. D'o? vient ce vent frais et l?ger, cet air vif qui pr?pare et semble apporter d?j? l'hirondelle? Entre les pleurs des souriantes giboul?es, le ciel montre un bleu de myosotis, et le nuage anim? court avec une h?te aimable comme pour nous dire de l?-haut: Le soleil, jusque-l? si retir?, si p?le et si d?teint, nous pose tout ? coup des pointes de feu qui nous br?lent, et son ?clat aveuglant devient insoutenable dans le miroir des flaques de soufre laiss?es ? terre par la r?cente averse. Ah! Printemps! Printemps! Que me veux-tu donc? Pourquoi reviens-tu, tout seul jeune et seul toujours pareil, seul ne bougeant pas, quand l'homme, en d?pit des fausses joies, des illusions d'une minute et des ardeurs d'une seconde que tu lui rends, change et vieillit davantage ? chacun de tes insolents retours et cesse de plus en plus d'?tre printanier? Pourquoi lui remets-tu ? l'esprit et au coeur des d?sirs oubli?s dont il n'a plus l'orgueil, et des espoirs d?cevants dont tu n'es pas capable toi-m?me, avec toutes tes excitations, d'assurer la suite? Est-ce pour le narguer? le faire souffrir? Quel est ton but et ton calcul? Consoles-tu? D?soles-tu? Parle, allons? Explique-toi. Abats ton jeu. Dis ce que signifient tes sautes d'humeur et de vent, tes c?lineries et tes rudesses, ton ?pre bise et tes ti?des rayons, tes douches de chaleur et de froid, tes pr?coces maturit?s et tes gel?es soudaines, ton arc-en-ciel mal essuy? et tes aigres temp?tes... ta gr?ce f?minine et ton affreux caract?re?
Car tu n'es pas du tout ce que le pr?tend et l'a indument ?tabli la molle l?gende; tu n'as rien de l'?poque vaporeuse et suave que proclame la po?sie et qu'ont c?l?br?e les chansons des Musettes. Tu t'?cartes de plus en plus de ta r?putation romantique. Tu restes aigu, difficile. Et je t'en loue, ? printemps! je t'en f?licite! Combien tu me plais, saison dangereuse, dans ta virginale et dure v?rit?! Tu as la rustique saveur qui fouette et tonifie. Tes eaux semblent plus froides que celles de l'hiver, tu maltraites la peau, tu poivres les yeux comme ? l'automne, tu pousses l'homme imprudent ? se d?couvrir trop t?t pour te donner la joie taquine de l'enrhumer, tu es perfide, vinaigr?e, infernale de malice et de ruse. On ne sait jamais avec toi de quel pied partir et sur lequel danser. Tu ris, tu pleures, tu te f?ches, tu boudes, tu vous donnes un baiser... et une claque. Ton feuillage lui-m?me est d'un ?clat trop neuf qui manque d'habitude et qui para?t toujours pr?matur?. Tout chez toi offre une acidit? irritante et qui picote. Mais aussi quel ton! quel montant! Quand on consent ? te voir et ? t'accepter telle que tu es, dans ta r?sistante sauvagerie, tu procures d'inoubliables joies qui ne s'attaquent pas ? tous.
Et pour te bien comprendre et te p?n?trer encore, printemps, il sera n?cessaire d'avoir l'?me un peu Renaissance, d'avoir aim? l'Astr?e, les tapisseries bleues o? il ne fait pas tr?s chaud, les roseaux courb?s par ?ole, la coiffe de la Dame gonfl?e par le vent de la tour, et la ros?e du matin sur les ?triers, et les jardins plats et frisquets du temps des Valois o? s'inspirait Ronsard.
Et ce n'est pas tout. Pour te garder, printemps, un souvenir fid?le et qui jamais ne s'use, et qui, au contraire, se fasse plus tendre et plus amoureux, il faut que tr?s petit enfant, ? l'?ge o? nous sont r?v?l?es les divines beaut?s de la nature et des choses humaines, nous t'ayons d?couvert non pas dans les villes, mais loin d'elles, ? la campagne... oui... que ce soit sous un arbre en train de d?plier les papillotes de ses feuilles, pr?s d'une tige ongl?e de vert, les pieds dans l'herbe humide et au chant d'un pinson, que nous ayons, pour la premi?re fois, salu? ton arriv?e et re?u ton bonjour guilleret.
Si nous avons eu ce bonheur, jamais en nous tu ne passeras. Tu nous auras marqu?s pour toujours; nous resterons baptis?s de ton charme et parfum?s de ton jeune lilas. Chaque ann?e la vie, un instant, recommencera pour nous ? partir de la minute o? nous avons fait connaissance. Dans l'?ge m?r et jusque dans la vieillesse, tu nous ram?neras ? l'entr?e du jardin, en nous rendant l'odorat d?licieux que nous avions alors sous l'?tourdissement de la premi?re rose.
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