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Words: 41422 in 8 pages
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: Histoire de la Littérature Anglaise (Volume 3 de 5) by Taine Hippolyte - English literature History and criticism France; FR Littérature
?e. -- Comment le temp?rament, l'orgueil et l'int?r?t la soutiennent. -- La th?orie du droit personnel est appliqu?e. -- Comment les ?lections, les journaux, les tribunaux la mettent en pratique.
Avec l'?tablissement de 1688, un nouvel esprit appara?t en Angleterre. Lentement, par degr?s, la r?volution morale accompagne la r?volution sociale: l'homme change en m?me temps que l'?tat, dans le m?me sens et par les m?mes causes; le caract?re s'accommode ? la situation, et l'on voit peu ? peu dominer dans les moeurs et dans les lettres l'esprit s?rieux, r?fl?chi, moral, capable de discipline et d'ind?pendance, qui seul peut soutenir et achever une constitution.
La haute soci?t? valait un peu moins que la basse. S'il n'y eut point de r?volution plus bienfaisante que celle de 1688, il n'y en eut point qui f?t lanc?e ou soutenue par de plus sales ressorts. La trahison est partout, non pas simple, mais double et triple. Sous Guillaume et sous Anne, amiraux, ministres, gentilshommes du conseil, favoris de l'antichambre, tous correspondent et conspirent avec les Stuarts qu'ils ont d?j? vendus, sauf ? les vendre encore, par une complication de march?s qui vont se d?truisant l'un l'autre et par une complication de parjures qui vont se d?passant l'un l'autre jusqu'? ce que personne ne sache plus ? qui il appartient ni qui il est. Le plus grand capitaine du temps, le duc de Marlborough, est un des plus bas coquins de l'histoire, entretenu par ses ma?tresses, ?conome administrateur de la paye qu'il re?oit d'elles, occup? ? voler ses soldats, trafiquant des secrets d'?tat, tra?tre envers Jacques, envers Guillaume, envers l'Angleterre, capable de risquer sa vie pour ?pargner une paire de bottes mouill?es, et de faire tomber dans une embuscade fran?aise une exp?dition de soldats anglais. Apr?s lui vient Bolingbroke, sceptique et cynique, tour ? tour ministre de la reine et du pr?tendant, aussi d?loyal envers l'un qu'envers l'autre, marchand de consciences, de mariages et de promesses, ayant gaspill? du g?nie dans les d?bauches et les tripotages pour arriver ? la disgr?ce, ? l'impuissance et au m?pris. Vient enfin Walpole, chass? de la chambre comme concussionnaire, premier ministre pendant vingt ans, et qui se vantait de savoir le tarif de chaque conscience. Il faut voir dans le journal de Dodington, esp?ce de Figaro malhonn?te, la fa?on ing?nieuse et les jolies tournures de ce grand commerce. il n'a point ?t? il ne ressemble pas ? ces pr?dicateurs fran?ais, acad?miciens, beaux diseurs, qui par un air de cour, par un Avent bien pr?ch?, par les finesses d'un style ?pur?, gagnent le premier ?v?ch? vacant et la faveur de la bonne compagnie. Mais il ?crit en parfait honn?te homme, on voit qu'il ne cherche point du tout la gloire d'orateur; il veut persuader solidement, rien de plus. On jouit de cette clart?, de ce naturel, de cette justesse, de cette loyaut? enti?re. On est tent? de croire un homme qui parle ainsi; on se dit: L'impression qu'on re?oit est morale, non litt?raire; le discours est efficace, non oratoire; il ne donne point un plaisir, il conduit vers une action.
Dans cette grande manufacture de morale, o? chaque m?tier tourne aussi r?guli?rement que son voisin avec un bruit monotone, on en distingue deux qui r?sonnent plus haut et mieux que les autres, Barrow et South: non pas que la lourdeur leur manque; Barrow avait toute l'apparence d'un cuistre de coll?ge, et s'habillait si mal qu'un jour, pr?chant ? Londres devant un auditoire qui ne le connaissait pas, il vit la congr?gation presque enti?re quitter l'?glise ? l'instant. Il expliquait le mot en chaire avec tous les agr?ments d'un dictionnaire, commentant, traduisant, divisant et subdivisant comme le plus h?riss? des scoliastes, ne se souciant pas plus du public que de lui-m?me, si bien qu'une fois ayant parl? trois heures et demie devant le lord-maire, il r?pondit ? ceux qui lui demandaient s'il n'?tait pas fatigu?: Mais le coeur et l'esprit ?taient si pleins et si riches que ses d?fauts se tournaient en puissance. Il eut une m?thode et une clart? de g?om?tre, une f?condit? in?puisable, une imp?tuosit? et une t?nacit? de logique extraordinaires, ?crivant le m?me sermon trois et quatre fois de suite, insatiable dans son besoin d'expliquer et de prouver, obstin?ment enfonc? dans sa pens?e d?j? regorgeante, avec une minutie de divisions, une exactitude de liaisons, une surabondance d'explications si ?tonnantes que l'attention de l'auditeur ? la fin d?faille, et que pourtant l'esprit tourne avec l'?norme machine, emport? et ploy? comme par le poids roulant d'un laminoir.
Quoiqu'il ne puisse arriver ? Dieu ni bien ni avantage qui augmente sa f?licit? naturelle et inalt?rable, ni mal ou dommage qui la diminue , cependant il a d?clar? qu'il y a certains objets et int?r?ts que par pure bont? et condescendance il affectionne et poursuit comme les siens propres, et comme si effectivement il recevait un avantage de leur bon succ?s ou souffrait un tort de leur mauvaise issue; qu'il d?sire s?rieusement certaines choses et s'en r?jouit grandement, qu'il d?sapprouve certaines autres choses et en est gri?vement offens?, par exemple qu'il porte une affection paternelle ? ses cr?atures et souhaite s?rieusement leur bien-?tre, et se pla?t ? les voir jouir des biens qu'il leur a pr?par?s; que pareillement il est f?ch? du contraire, qu'il a piti? de leur mis?re, qu'il s'en afflige, que par cons?quent il est tr?s-satisfait lorsque la pi?t?, la paix, l'ordre, la justice, qui sont les principaux moyens de notre bien-?tre, sont florissants; qu'il est f?ch? lorsque l'impi?t?, l'injustice, la dissension, le d?sordre, qui sont pour nous des sources certaines de malheur, r?gnent et dominent; qu'il est content lorsque nous lui rendons l'ob?issance, l'honneur et le respect qui lui sont dus; qu'il est hautement offens? lorsque notre conduite ? son ?gard est injurieuse et irr?v?rencieuse par les p?ch?s que nous commettons et par la violation que nous faisons de ses plus justes et plus saints commandements, de sorte que nous ne manquons point de mati?re suffisante pour t?moigner ? la fois par nos sentiments et nos actions notre bon vouloir envers lui, et nous nous trouvons capables non-seulement de lui souhaiter du bien, mais encore en quelque fa?on de lui en faire en concourant avec lui ? l'accomplissement des choses qu'il approuve et dont il se r?jouit.
Cet enchev?trement vous lasse; mais quelle force et quel ?lan dans cette pens?e si m?dit?e et si compl?te! La v?rit? ainsi appuy?e sur toutes ses assises ne saurait plus ?tre ?branl?e. Et remarquez que la rh?torique est absente. Il n'y a point d'art ici; tout l'artifice de l'orateur consiste dans la volont? de bien expliquer et de bien prouver ce qu'il veut dire. M?me il est n?glig?, na?f; et justement cette na?vet? l'?l?ve jusqu'au style antique. Vous trouveriez chez lui telle image qui semble appartenir aux plus beaux temps de la simplicit? et de la majest? latines. Il y a ici comme une effusion de gratitude, et sur la fin du discours, quand on le croit ?puis?, l'?panchement devient plus abondant par l'?num?ration des biens infinis, o? nous nageons comme les poissons dans la mer, sans les apercevoir, parce que nous en sommes entour?s et inond?s. Pendant dix pages, l'id?e d?borde en une seule phrase continue du m?me tour, sans crainte de l'entassement et de la monotonie, en d?pit de toutes les r?gles, tant le coeur et l'imagination sont combl?s et contents d'apporter et d'amasser toute la nature comme une seule offrande
Ce n'est pas tout de former les moeurs, il faut d?fendre les croyances; avec le vice il faut combattre le doute, et la th?ologie accompagne le sermon. Elle pullule ? ce moment en Angleterre. Anglicans, presbyt?riens, ind?pendants, quakers, baptistes, antitrinitariens, se r?futent et ne se lassent pas de fabriquer des armes de combat. Qu'y a-t-il ? prendre ou ? garder dans tout cet arsenal? En France, du moins, la th?ologie est belle; les plus fines fleurs de l'esprit et du g?nie s'y sont ?panouies sur les ronces de la scolastique; si le sujet rebute, la parure attire. Pascal et Bossuet, F?nelon et La Bruy?re, Voltaire, Diderot et Montesquieu, amis et ennemis, tous y ont prodigu? toutes leurs perles et tout leur or. Sur la trame us?e des doctrines arides, le dix-septi?me si?cle a brod? une majestueuse ?tole de pourpre et de soie, et le dix-huiti?me si?cle qui la chiffonne et la d?chire, la disperse en milliers de fils d'or qui chatoient comme une robe de bal. Ici tout est lourd, sec et triste; les grands hommes eux-m?mes, Addison et Locke, lorsqu'ils se m?lent de d?fendre le christianisme, deviennent plats et ennuyeux. Depuis Chillingworth jusqu'? Paley, les apologies, r?futations, expositions, discussions, pullulent et font b?iller; ils raisonnent bien, et c'est tout. Le th?ologien entre en campagne contre les papistes au dix-septi?me si?cle, contre les d?istes au dix-huiti?me, en tacticien, selon les r?gles, prend position sur un principe, ?tablit tout ? l'entour une ma?onnerie d'arguments, recouvre le tout de textes, et chemine paisiblement sous terre dans les longs boyaux qu'il a creus?s; on approche, et l'on voit sortir une sorte de pionnier p?le, le front contract?, les mains roidies, les habits sales; il se croit ? l'abri de toute attaque; ses yeux fich?s en terre n'ont pas vu ? c?t? de son bastion le large chemin commode par lequel l'ennemi va le tourner et le surprendre. Une sorte de m?diocrit? incurable les retient la b?che ? la main dans des tranch?es o? personne ne passera. Ils n'entendent ni leurs textes ni leurs formules. Ils sont impuissants dans la critique et la philosophie. Ils traitent les figures po?tiques des ?critures, les audaces de style, les ?-peu-pr?s de l'improvisation, les ?motions h?bra?ques et mystiques, les subtilit?s et les abstractions de la m?taphysique alexandrine, avec une pr?cision de juristes et de psychologues. Ils veulent absolument faire de l'?vangile un code exact de prescriptions et de d?finitions combin?es par des l?gislateurs en parlement. Ouvrez le premier venu, un des plus anciens, John Hales. Il commente un passage de saint Matthieu o? il est question d'une chose d?fendue le jour du sabbat. Quelle ?tait cette chose?
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