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Words: 104246 in 8 pages

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Illa Lesbia quam Catullus unam Plus quam se atque suos amavit omnes, Nunc in quadriviis et angiportis Glubit magnanimos Remi nepotes!

Toutes les modes ?trang?res appartenaient de droit aux courtisanes qui avaient perdu le titre de citoyenne, et qui, d'ailleurs, venaient la plupart des pays ?trangers. Leur coiffure d'apparat, car le capuce ou cuculle ne leur servait que le soir ou le matin, pour aller au lupanar et pour en sortir; la coiffure qu'elles portaient de pr?f?rence au th??tre et dans les c?r?monies publiques, o? leur pr?sence ?tait tol?r?e; cette coiffure, qui leur fut longtemps particuli?re, t?moignait assez que la Prostitution avait commenc? en Orient, et que Rome lui laissait son costume national. On distinguait trois sortes de coiffure ou d'habillements de t?te sp?cialement r?serv?s aux m?r?trices de Rome: la mitre, la tiare et le nimbe. Le nimbe para?t ?gyptien; c'?tait une bande d'?toffe plus ou moins large, qu'on ceignait autour du front pour en diminuer la hauteur. Les Romains, ? l'exemple des Grecs, n'admiraient pas les grands fronts chez les femmes, et celles-ci cherchaient ? dissimuler le leur, qui ?tait plus ?lev? et plus pro?minent que le front des femmes grecques. Le nimbe ou bandeau frontal ?tait quelquefois charg? d'ornements en or, et ses deux bouts pendaient de chaque c?t? de la t?te, comme les bandelettes qui descendent sur les mamelles d'un sphinx. La mitre venait ?videmment de l'Asie-Mineure, de la Chald?e ou de la Phrygie, selon qu'elle ?tait plus ou moins conique. La tiare venait de la Jud?e et de la Perse. Cette tiare, en ?toffe de couleur ?clatante, avait la forme d'un cylindre, et ressemblait aux d?mes pointus des temples de l'Inde; la mitre, au contraire, affectait la forme d'un c?ne, et tant?t celle d'un casque ou d'une coquille. Telle ?tait la mitre phrygienne, que les peintres ont attribu?e par tradition au berger troyen P?ris jugeant les trois d?esses et donnant la pomme ? V?nus. Ces souvenirs mythologiques justifiaient assez l'adoption de ce bonnet recourb?, comme embl?me de la libert? du choix et du plaisir. Quant ? la mitre pyramidale, elle avait deux pendants comme le nimbe, avec une bordure autour du front; apr?s avoir ?t? l'insigne des anciens rois de Perse et d'Assyrie, elle couronnait encore d'une royaut? impudique les courtisanes de Rome, qui r?gnaient mitr?es ou nimb?es aux repr?sentations du th??tre et aux jeux du cirque, sans payer d'amende au censeur ni ? l'?dile. Plus tard, le nom de cette coiffure orgueilleuse devint pour elles un sobriquet m?prisant.

Nil non permittit mulier, sibi turpe putat nil, Cum virides gemmas collo circumdedit et cum Auribus externis magnos commisit elenchos.

Cet ?pouvantable amas de Prostitutions de tous genres, dans la fange desquelles se vautrait la soci?t? romaine, ne pouvait manquer de corrompre la sant? publique. Quoique les po?tes, les historiens et m?me les m?decins de l'antiquit? se taisent sur ce sujet, qu'ils auraient craint de pr?senter sous un jour d?shonorant, quoique les f?cheuses cons?quences de ce qu'un ?crivain du treizi?me si?cle appelle l'amour impur aient laiss? fort peu de traces dans les ?crits satiriques, comme dans les trait?s de mati?re m?dicale, il est impossible de m?conna?tre que la d?pravation des moeurs avait multipli? chez les Romains le germe et les ravages des maladies de V?nus. Ces maladies ?taient certainement tr?s-nombreuses, toujours fort tenaces et souvent terribles; mais elles ont ?t? ? peu pr?s n?glig?es ou du moins rejet?es dans l'ombre par les m?decins et les naturalistes grecs et romains. Nous ne pouvons hasarder que des conjectures philosophiques sur les causes de cet oubli et de ce silence g?n?ral. En l'absence de toute indication claire et formelle ? cet ?gard, nous sommes r?duits ? supposer que des motifs religieux emp?chaient d'admettre parmi les maladies ostensibles celles qui affectaient les organes de la g?n?ration et qui avaient pour origine une d?bauche quelconque. Les anciens ne voulaient pas faire injure aux dieux, qui avaient accord? aux hommes le bienfait de l'amour, en accusant ces m?mes dieux d'avoir m?l? un poison ?ternel ? cette ?ternelle ambroisie; les anciens ne voulaient pas qu'Esculape, l'inventeur et le dieu de la m?decine, entr?t en lutte ouverte avec V?nus, en essayant de porter rem?de aux vengeances et aux ch?timents de la d?esse. En un mot, les maladies des organes sexuels, peu connues, peu ?tudi?es en Gr?ce comme ? Rome, se cachaient, se d?guisaient, comme si elles frappaient d'infamie ceux qui en ?taient atteints et qui se soignaient en cachette avec le secours des magiciennes et des vendeuses de philtres.

Nous avons d?j? soutenu cette th?se, qui n'est point un paradoxe et que la science appuierait au besoin sur des bases solides, le vice contre nature, que Mo?se, seul entre tous les l?gislateurs avant J?sus-Christ, avait frapp? de r?probation, n'existait, ne pouvait exister ? l'?tat de tol?rance dans toute l'antiquit?, que par suite des p?rils fr?quents, continus, qui troublaient l'ordre r?gulier des plaisirs naturels. Les femmes ?taient souvent malsaines, et leur approche, en certaines circonstances, sous des influences diverses de temp?rament, de saison, de localit?, de genre de vie, entra?nait de f?cheuses cons?quences pour la sant? de leurs maris ou de leurs amants. Les femmes les plus saines, les plus pures, cessaient de l'?tre tout ? coup par des causes presque inappr?ciables, qui ?chappaient aux pr?cautions de l'hygi?ne comme aux rem?des de la m?decine. La chaleur du climat, la malpropret? corporelle, l'indisposition mensuelle du sexe f?minin, les d?g?n?rescences de cette indisposition ordinaire, les flueurs blanches, les suites de couches et d'autres raisons accidentelles produisaient des maladies locales qui variaient de sympt?mes et de caract?res, selon l'?ge, l'organisation, le temp?rament et le r?gime du sujet. Ces maladies ?tranges, dont l'origine restait ? peu pr?s inconnue, et dont la gu?rison radicale ?tait fort longue, fort difficile et m?me impossible en diff?rents cas, entouraient d'une sorte de d?fiance les rapports les plus l?gitimes entre les deux sexes. On regardait, d'ailleurs, comme une souillure presque ind?l?bile toute inflammation, toute infirmit?, tout affaiblissement des forces g?n?ratrices. On mettait sur le compte des mauvais sorts, des mauvais esprits et des mauvaises influences, ces germes empoisonn?s, qui se cachaient dans les plus tendres caresses d'une femme aim?e, et l'on en venait bient?t ? redouter ces caresses qu'on avait tant d?sir?es avant de conna?tre ce qu'elles renfermaient de perfide et d'hostile. Voil? comment la crainte et quelquefois le d?go?t ?loign?rent du commerce des femmes les hommes que l'exp?rience avait ?clair?s sur les ph?nom?nes morbides qui semblaient attach?s ? ce commerce; voil? comment un honteux d?sordre d'imagination avait essay? de changer les lois physiques de l'humanit? et d'enlever aux femmes le privil?ge de leur sexe, pour le transporter ? des ?tres b?tards et avilis, qui consentaient ? n'?tre plus d'aucun sexe, en devenant les instruments dociles d'une hideuse d?bauche. Il est vrai que d'autres maladies d'un genre plus r?pugnant et non moins contagieux s'enracin?rent parmi la population, avec le go?t d?prav? qui les avait fait na?tre et qui les m?tamorphosait sans cesse; mais ces maladies ?taient moins r?pandues que celles des femmes, et sans doute on pouvait mieux s'en garantir. On comprend aussi que dans toutes ces maladies myst?rieuses, la l?pre, end?mique dans tout l'Orient, prenait figure et se montrait sous les formes les plus capricieuses, les plus inexplicables.

Les m?decins de l'antiquit?, on a tout lieu de le croire, se refusaient au traitement des maux de l'une et l'autre V?nus , puisque ces maux avaient, ? leurs yeux, comme aux yeux de la foule, un air de mal?diction divine, un sceau d'infamie. Les malheureux qui en ?taient atteints recouraient donc, pour s'en d?barrasser, ? des pratiques religieuses, ? des recettes d'empirisme vulgaire, ? des oeuvres t?n?breuses de magie. Ce fut l? surtout ce qui fit la puissance des sciences occultes et de l'art des philtres; ce fut l?, pour les pr?tres ainsi que pour les magiciens, un moyen de richesse et de cr?dit. Cette contagion v?n?rienne, qui r?sultait in?vitablement d'un commerce impur, ?tait toujours consid?r?e comme un ch?timent c?leste, ou comme une vengeance infernale; la victime de la contagion, loin de se plaindre et d'accuser l'auteur de son infortune, s'accusait elle-m?me et ne cherchait qu'en soi les motifs de cette douloureuse ?preuve. De l?, bien des offrandes, bien des sacrifices dans les temples; de l?, bien des invocations magiques au fond des bois; de l?, l'intervention officieuse des vieilles femmes, des enchanteurs et de tous les charlatans subalternes qui vivaient aux d?pens de la Prostitution. Il est impossible de comprendre autrement le silence des ?crivains grecs et romains au sujet des maladies honteuses, qui ?taient autrefois plus fr?quentes et plus hideuses qu'elles ne le sont aujourd'hui. Ces maladies, les m?decins proprement dits ne les soignaient pas, except? en cachette, et ceux qui en ?taient infect?s, hommes et femmes, ne les avouaient jamais, alors m?me qu'ils devaient en mourir. La l?pre, d'ailleurs, cette affection presque incurable qui se transformait ? l'infini et qui ? ses diff?rents degr?s offrait les sympt?mes les plus multiples, la l?pre servait de pr?texte unique ? toutes les maladies v?n?riennes; la l?pre, aussi, les engendrait, les modifiait, les augmentait, les d?naturait et leur donnait essentiellement l'apparence d'une affection cutan?e. Il est bien clair que la l?pre et les maladies v?n?riennes, en se confondant, en se combinant, en s'avivant r?ciproquement, avaient fini par s'emparer de l'?conomie et par laisser un virus h?r?ditaire dans tout le corps d'une nation; ainsi, la grande l?pre appartenait traditionnellement au peuple juif; la petite l?pre ou le mal de V?nus , au peuple syrien.

Il ne faut pas n?gliger de remarquer que la m?decine grecque s'?tablit ? Rome presque en m?me temps que la luxure asiatique; celle-ci date de l'an de la fondation 588; celle-l?, de l'an 600 environ. Soixante-dix ans auparavant, vers 535, quelques m?decins grecs avaient essay? de se fixer dans la ville o? les appelaient diff?rentes maladies contre lesquelles l'aust?rit? romaine ne pouvait rien ; mais ils ?prouv?rent tant d'avanies, tant de difficult?s, tant de r?pugnances, qu'ils renonc?rent ? ce premier ?tablissement; ils ne revinrent que quand Rome fut un peu moins fi?re de la sant? de ses habitants. La bonne ch?re et la d?bauche avaient, dans l'espace de quelques ann?es, cr??, d?velopp?, multipli? un plus grand nombre de maladies qu'on n'en avait vu depuis la fondation de la ville. Parmi ces maladies, les plus communes et les plus vari?es furent certainement celles que la d?bauche avait produites; on les rapportait toujours ? des causes avouables, ou plut?t on ?vitait d'en d?clarer les causes, et le m?decin avait soin de les couvrir d'un manteau d?cent, en les rangeant dans la cat?gorie des maladies honn?tes. Voil? pourquoi les maladies honteuses, dans les ouvrages de m?decine de l'antiquit?, ne se montrent nulle part ou bien se d?guisent sous des noms qui en sauvaient l'infamie. C'est dans l'immense et d?go?tante famille de la l?pre que nous devons rechercher presque tous les genres de maux v?n?riens, qui ne faisaient pas faute ? l'ancienne Prostitution plus qu'? la moderne. La plupart des m?decins ?taient des esclaves ou des affranchis: lit-on dans Su?tone , et ce passage, quoique diversement interpr?t? par les commentateurs, prouve que le m?decin n'?tait souvent qu'un simple esclave dans la maison d'un riche patricien. Chacun pouvait donc avoir un m?decin particulier, d?s qu'il l'achetait, sans doute fort cher; car la valeur v?nale d'un esclave d?pendait de son genre de m?rite, et un m?decin habile, qui devait ?tre ? la fois chirurgien adroit et savant apothicaire, ne se payait pas moins cher qu'un musicien ou un philosophe grec. On comprend que le m?decin, n'ayant pas d'autre r?le que de soigner son ma?tre et les gens de la maison, exer?ait servilement son art, et, de peur des verges ou de plus rudes ch?timents, environnait d'une prudente discr?tion les maladies domestiques qu'il avait charge de gu?rir, sous peine des plus cruelles repr?sailles. Les m?decins affranchis n'?taient pas dans une position beaucoup plus libre ? l'?gard de leurs malades; ils ne craignaient pas d'?tre battus et mis aux fers, dans le cas o? leur traitement r?ussirait mal, mais on pouvait les attaquer en justice et leur faire payer une amende consid?rable, si le succ?s n'avait pas r?pondu ? leurs efforts et si l'art s'?tait reconnu impuissant contre la maladie. Il est ?vident que dans cette situation d?licate le m?decin ne s'adressait qu'? des maladies dont il ?tait presque s?r de triompher. Cet ?tat de choses nous indique assez que, pour ?tre certain d'avoir des soins en cas de maladie, il fallait avoir au moins un m?decin au nombre des esclaves qui composaient le personnel de la maison, et ce m?decin, d?positaire des secrets de la sant? de son ma?tre, ?tait surtout n?cessaire ? celui-ci, lorsque V?nus ou Priape lui devenait tout ? coup d?favorable ou hostile.

Dans les inflammations lentes ou spontan?es du testicule, qui ne sont pas la suite d'un coup , et qui proviennent, par cons?quent, d'un accident v?n?rien, Celse conseille la saign?e du pied, la di?te et l'application de topiques ?mollients. Il donne la recette de plusieurs de ces topiques, pour le cas o? le testicule devient dur et passe ? l'?tat d'induration chronique. Celse a grand soin de distinguer le gonflement des testicules, produit par une cause interne, de celui qui r?sulte d'une violence ext?rieure, d'une pression ou d'un coup. Il n'aborde qu'avec r?pugnance les maladies de l'anus, qui sont, dit-il, tr?s-nombreuses et tr?s-importunes ! Il n'en d?crit que trois: les fissures ou rhagades, le condylome et les h?morrho?des, qui pouvaient ?tre souvent v?n?riennes. Les fissures de l'anus, que les Grecs nomment +rhagadia+, et dont Celse n'explique pas la honteuse origine, se traitaient avec des empl?tres, dans la pr?paration desquelles entraient du plomb, de la litharge d'argent et de la t?r?benthine. Quelquefois les rhagades s'?tendaient jusqu'? l'intestin, et on les remplissait de charpie tremp?e dans la m?me solution antisyphilitique. Les affections de ce genre r?clamaient une alimentation douce, simple et g?latineuse, avec un repos complet et l'usage fr?quent des demi-bains d'eau ti?de. Quant au condylome, cette excroissance qui na?t ordinairement de certaines inflammations de l'anus , il faut le traiter, d?s son d?but, de la m?me mani?re que les rhagades: apr?s les demi-bains et les empl?tres fondants, on a recours, en certains cas, ? la caut?risation et aux caustiques les plus ?nergiques: l'antimoine, la c?ruse, l'alun, la litharge sont les ingr?dients ordinaires des topiques destin?s ? d?truire le condylome, apr?s la disparition duquel il est utile de prolonger le r?gime adoucissant et rafra?chissant. Celse, en conseillant des rem?des analogues contre les h?morrho?des ulc?r?es et tuberculeuses, laisse entendre qu'il les attribuait souvent ? une cause semblable. Il ne parle qu'avec beaucoup de r?serve d'un accident que la d?bauche rendait plus fr?quent et plus dangereux, la chute du fondement et de la matrice . Il ?vite aussi de s'occuper des maladies honteuses qui se rencontraient ?galement chez les femmes, et c'est ? peine si, en terminant, il indique sommairement un ulc?re pareil ? un champignon , qui affectait l'anus et la matrice. Il prescrit de fomenter cet ulc?re avec de l'eau ti?de en hiver et de l'eau froide en ?t?, de le saupoudrer avec de la limaille de cuivre, de la cire et de la chaux, et d'employer ensuite la caut?risation, si le mal persiste malgr? le premier traitement. Mais on voit que Celse n'ose pas, par d?f?rence pour le sexe f?minin, le pr?senter comme int?ress? au m?me titre que l'autre sexe dans les maladies obsc?nes: il croirait lui faire injure que de le montrer expos? aux inflammations, aux ulc?res, aux tubercules et aux hideux ravages du mal v?n?rien.

La l?pre ?tait devenue, ? Rome, de m?me que chez les Juifs, la maladie chronique, permanente, h?r?ditaire; elle puisait de nouvelles forces et de prodigieux ?l?ments dans l'abus et le d?r?glement des jouissances amoureuses; elle se transformait et se reproduisait sans cesse sous les aspects les plus affligeants; elle ?tait environn?e d'un affreux cort?ge d'ulc?res et de bosses chancreuses; elle ne disparaissait sous l'action ?nergique des rem?des et des op?rations chirurgicales, que pour repara?tre bient?t avec des caract?res plus sinistres, avec un principe plus vivace. Musa, le m?decin d'Auguste, qu'il gu?rit d'une maladie que les historiens n'ont pas nomm?e ni d?crite, maladie inflammatoire et locale, puisque des bains ti?des en ?teignirent les ardeurs; Musa para?t s'?tre vou? plus particuli?rement ? l'?tude et au traitement des maladies l?preuses, scrofuleuses et v?n?riennes. Il avait ?t? esclave avant d'?tre affranchi par Auguste, et il devait conna?tre les affections secr?tes, qu'on traitait d'ordinaire ? la d?rob?e dans l'int?rieur des familles, affections graves et tenaces qui s'attaquaient ? toutes les parties de l'organisme, apr?s avoir pris naissance dans un co?t impur. Musa inventa plusieurs pr?parations contre les ulc?res de mauvais caract?re; et ces pr?parations, qui gard?rent son nom en tombant dans l'empirisme, ?taient r?put?es infaillibles dans la plupart des cas v?n?riens que Celse a d?crits. Musa ne se bornait pas ? des topiques ext?rieurs: il soumettait le malade ? un traitement d?puratif interne, en lui ordonnant de boire des sucs de laitue et de chicor?e. Ce traitement, inusit? avant lui, d?montre assez qu'il regardait le mal v?n?rien comme un virus qui se m?lait au sang et aux humeurs en les enflammant et en les corrompant. Il traitait avec le m?me syst?me tous les maux qu'il croyait, de pr?s ou de loin, d?riv?s de ce virus: les ulc?rations de la bouche, les ?coulements de l'oreille, les affections des yeux; infirmit?s si communes ? Rome, qu'elles y ?taient devenues end?miques, sous les empereurs. M?g?s de Sidon, qui exer?ait dans le m?me temps que Musa, se distingua aussi en traitant les maladies l?preuses, qui devaient ?tre souvent v?n?riennes. M?g?s ?tait ?l?ve de Themison, qui fonda l'?cole m?thodique, et qui, pour parvenir ? la gu?rison de la l?pre, en avait d'abord recherch? les causes, ?tudi? les caract?res et d?fini le principe.

Ce principe ?tait ou avait ?t? v?n?rien dans l'origine. La l?pre, de quelque pays qu'on la fasse venir, de l'?gypte ou de la Jud?e, de la Syrie ou de la Ph?nicie, fut d'abord une affection locale, n?e d'un commerce impur, d?velopp?e, aggrav?e par le manque de soins m?dicinaux, favoris?e par des circonstances accidentelles, et transform?e sans cesse, graduellement ou spontan?ment, selon l'?ge, le temp?rament, le r?gime et la constitution physique du malade. De l? ces vari?t?s de l?pre que les m?decins grecs et romains semblent avoir ?vit? de d?crire dans leurs ouvrages, comme si la th?orie au sujet de cette maladie honteuse leur inspirait autant de r?pugnance que la pratique. La l?pre-m?re ?tait donc, suivant toute probabilit?, la v?ritable syphilis du quinzi?me si?cle, et c'est dans l'?l?phantiasis que nous croyons reconna?tre ? la fois la syphilis et la l?pre-m?re. Celse parle ? peine de l'?l?phantiasis, Il ne l'avait pas observ?e sans doute, ou du moins il ne voulait pas s'?tendre sur une hideuse maladie qu'il regardait comme une rare exception. Cette description est bien p?le, bien incompl?te aupr?s de celle que nous a laiss?e un contemporain de Celse, un illustre m?decin grec, Ar?t?e de Cappadoce, qui avait probablement ?tudi? la maladie dans l'Asie-Mineure, o? elle ?tait si fr?quente et si terrible.

>>Ce feu d?l?t?re commence, chez la plupart des malades, par la face, qui devient luisante comme un miroir; chez les autres, par les coudes, par les genoux, par les articulations des mains et des pieds. D?s lors, ces malheureux sont destin?s ? p?rir, le m?decin, par n?gligence ou par ignorance, n'ayant pas essay? de combattre le mal lorsqu'il ?tait encore faible et myst?rieux. Ce mal augmente; l'haleine du malade est infecte; les urines sont ?paisses, blanch?tres, troubles comme celles des juments; les aliments ne se dig?rent pas, et le chyle, form? par leur mauvaise coction, sert moins ? nourrir le malade que la maladie elle-m?me dont le bas-ventre est le centre. Des tub?rosit?s y bourgeonnent les unes aupr?s des autres; elles sont ?paisses et raboteuses; l'espace interm?diaire de ces tumeurs in?gales se gerce comme le cuir de l'?l?phant; les veines grossissent, non par la surabondance du sang, mais par l'?paisseur de la peau. La maladie ne tarde pas ? se manifester: de semblables tub?rosit?s apparaissent sur tout le corps. D?j? les poils d?p?rissent et tombent; la t?te se d?garnit et le peu de cheveux, qui r?sistent encore, blanchit; le menton et le pubis sont bient?t d?pil?s. La peau de la t?te est ensuite d?coup?e par des fentes ou ger?ures profondes, rigides et multipli?es. La face se h?risse de poireaux durs et pointus, quelquefois blancs ? leur sommet, verd?tres ? la base; la langue se couvre de tubercules en forme de grains d'orge. Quand la maladie se d?clare par une violente ?ruption, des dartres envahissent les doigts, les genoux et le menton. Les pommettes des joues enflent et rougissent; les yeux sont obscurcis et de couleur cuivreuse; les sourcils chauves se rapprochent et se contractent, en se chargeant de larges poireaux noirs ou livides, de sorte que les yeux sont comme voil?s sous les rides profondes qui s'entre-croisent au-dessus des paupi?res. Ce froncement de sourcils, cette difformit?, impriment sur la face humaine le caract?re du lion et de l'?l?phant. Les joues et le nez offrent aussi des excroissances noir?tres; les l?vres se tum?fient: la l?vre inf?rieure est pendante et baveuse; les dents sont d?j? noircies; les oreilles s'allongent, mollasses et flasques comme celles de l'?l?phant; des ulc?res rayonnent autour et il en sort une humeur purulente. Toute la superficie du corps est sillonn?e de rides calleuses et m?me de fissures noires qui la d?coupent comme un cuir: de l? d?rive le nom de la maladie. Des crevasses divisent aussi les talons et les plantes des pieds jusqu'au milieu des orteils. Si le mal prend des accroissements, les tub?rosit?s des joues, du menton, des doigts, des genoux, se terminent en ulc?res f?tides et incurables; ils s'?l?vent m?me les uns au-dessus des autres, de fa?on que les derniers semblent dominer et ronger les premiers. Il arrive m?me que les membres meurent avant le sujet, jusqu'? se s?parer du reste du corps, qui perd ainsi successivement le nez, les doigts, les pieds, les mains enti?res, les parties g?nitales; car le mal ne tue le malade, pour le d?livrer d'une vie horrible et de cruels tourments, qu'apr?s l'avoir d?membr?.>>

Quand on rapprochera cet affreux tableau de celui que les m?decins du quinzi?me si?cle ont trac?, ? l'apparition de la syphilis en Europe, on ne doutera pas que cette m?me syphilis n'ait d?j? s?vi quinze si?cles auparavant sous le nom d'?l?phantiasis; on ne doutera pas non plus que la l?pre, de quelque esp?ce qu'elle f?t, n'ait puis? sa source dans une cohabitation impure. Tel para?t ?tre le sentiment de Raimond, le savant historien de l'El?phantiasis: C'est ? la l?pre, c'est aux maladies syphilitiques, qu'il faut attribuer la haine et le m?pris que les Juifs qui en ?taient afflig?s inspiraient partout, et davantage chez les Romains.


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