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Words: 78253 in 13 pages

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Nouvelles de Louis Reybaud.

LES AVENTURES D'UN FIFRE.

Le souterrain.

La soixante-neuvi?me demi-brigade ?tait cit?e en ?gypte pour son corps de musique, l'un des mieux exerc?s de l'arm?e exp?ditionnaire. Sous la r?publique, cette branche de l'art n'?tait pas cultiv?e comme elle l'est aujourd'hui o? chaque r?giment poss?de un v?ritable orchestre, arm? d'instruments ? vent harmonieux et de cuivres sonores. Quand les clarinettes ne jouaient pas trop faux et que la grosse caisse battait en mesure, on croyait avoir des artistes parfaits.

On le connaissait dans la demi-brigade sous le nom de Roquet. Il est possible que ce ne f?t pas l? son nom v?ritable; mais personne ne lui en donnait d'autre. C'?tait un enfant de troupe qui avait ?t? ?lev? dans la chambr?e, petit de taille et peut-?tre un peu nou?: de l? lui ?tait venu son sobriquet. Roquet avait fait les premi?res campagnes du Rhin comme l'enfant de l? soixante-neuvi?me. Quand il eut douze ans, le major lui fit cadeau d'un fifre, et, au bout de huit jours, il en tirait d?j? des sons satisfaisants. La demi-brigade rendit justice ? cette vocation, pr?coce, et, apr?s un mois d'exercice, Roquet ?tait incorpor? comme second fifre. A quinze ans, il passa premier fifre; c'?tait son b?ton, de mar?chal. D?s ce moment l'amour de son art le domina tout entier.

Dans, les premiers jours qui suivirent l'occupation du Caire, l'aspect de la ville et des environs d?fraya la curiosit? du soldat. Ce qui surtout attira les visiteurs, ce furent les colosses en pierre dont Bonaparte avait ?voqu? le souvenir, au moment de la bataille d?cisive qui lui livra l'?gypte. Presque tous les corps all?rent ? leur tour contempler ces pyramides assises sur les confins du d?sert et d?j? atteintes par les envahissements des sables. Leur masse imposante semblait planer sur ces solitudes et marquer la place o? fut cette Memphis, que d?vast?rent Cambyse et Amrou. Tout cet espace est aujourd'hui frapp? de st?rilit? et en proie ? la d?vastation. Quelques bouquets de palmiers et d'acacias ?pineux varient seuls la monotonie et la tristesse du paysage. Sur cette lande, aujourd'hui si nue, s'?leva pourtant l'une des plus grandes capitales du monde ancien, et l?, o? quelques villageois ?pars, v?g?tent ? peine, vivaient autrefois deux cent mille ?mes dans une enceinte couverte de palais. Ainsi disparaissent les villes comme les peuples; le temps emporte jusqu'aux vestiges des civilisations qui ont accompli leur t?che.

La plaine de Sakkarah a ?t?, dans tous les temps, le th??tre de sp?culations ?tranges. Une masse ?norme de puits, de souterrains, de pyramides, de cryptes, s'y offre aux profanateurs de s?pultures. L'usage grec, qui en cela, dit-on, n'?tait que la suite d'un usage ?gyptien, voulait que l'on m?t dans la bouche de chaque mort une pi?ce de monnaie, repr?sentant l'obole due ? Charon, le cocher des enfers. Les Arabes, qui ont peu de respect pour les traditions mythologiques, ont d?couvert, il y a longtemps, cette particularit?, et l'on trouve aujourd'hui dans ces champs de repos peu de cadavres qui n'aient la m?choire-bris?e. Un autre trafic est celui des oiseaux sacr?s, auxquels, ?tait consacr? un immense puits qui l'on conna?t aujourd'hui encore sous le nom de puits des oiseaux. C'est de l? que nous viennent ces ibis empaill?s qui font l'honneur des riches collections de l'Angleterre et du continent. La plaine de Sakkarah se trouve ainsi parsem?e tout enti?re d'ouvertures plus ou moins profondes qui, les unes horizontales, les autres perpendiculaires, donnent acc?s vers des galeries souterraines communiquant entre elles.

On s'est souvent demand? si cet embaumement, universel chez les ?gyptiens, ne prenait sa source que dans une pratique religieuse, ou s'il fallait en rapporter l'origine ? quelque mesure d'hygi?ne. Le fait est qu'aujourd'hui, dans cette vall?e autrefois c?l?bre par sa salubrit?, r?gne un fl?au qui semble y avoir ?tabli son si?ge. La peste, avec les caract?res qu'on lui conna?t, est n?e en ?gypte, et c'est toujours du littoral ?gyptien qu'elle rayonne sur le reste de l'Orient. Dans aucun autre pays du monde on ne retrouve un mal semblable avec les accidents qui le distinguent. Or qui nous dit que l'embaumement des corps n'avait pas ?t? d?termin? autrefois par les inconv?nients de l'inhumation dans un sol d'alluvion, et ne se pourrait-il pas que la peste f?t issue de la d?su?tude de cette m?thode? Les ?gyptiens ?taient un peuple grave, et observateur; ils ne faisaient rien sans r?flexion, sans dessein, sans motif. Dans ce cas, les moyens pr?ventifs de la peste se trouveraient principalement dans un autre syst?me d'inhumation que celui qui est aujourd'hui en vigueur en Orient. Si le proc?d? d'embaumement sur une grande ?chelle est impossible dans l'?tat de civilisation de ces contr?es, on pourrait avoir recours ? des moyens plus simples et moins co?teux. L'incin?ration pa?enne avait cela d'avantageux quelle faisait dispara?tre toutes les exhalaisons d?l?t?res; son seul inconv?nient ?tait d'enlever le corps du d?lit, en cas de crime.

Qu'on nous pardonne ce hors-d'oeuvre! Il est ? croire qu'aucune de ces r?flexions ne fut sugg?r?e, par l'aspect de la n?cropole, aux clarinettes, aux chapeaux chinois et aux cymbales de la soixante-neuvi?me. Ils visit?rent le champ du repos en v?ritables profanes, gravirent les pyramides, cherch?rent ? p?n?trer dans les souterrains accessibles, d'o? ils enlev?rent quelques d?bris de momies, des bandelettes, des plumes d'oiseaux et ces petites poteries rouges que l'on trouve en abondance dans toutes les tombes anciennes. Rien de particulier n'avait signal? cette petite maraude, quand, au coin d'un tertre que surmontaient quelques acacias, un cri se fit entendre. C'?tait le fifre Roquet, qui venait de s'engloutir dans un puits dont un large c?prier masquait l'ouverture. Le malheureux avait, mis le pied sur la plante rampante, croyant qu'elle couvrait un terrain solide, et il s'?tait ab?m? dans un gouffre de quarante pieds de profondeur. A la premi?re alerte tous ses compagnons accoururent. Avec le tranchant du sabre on eut bien vite d?barrass? l'ouverture du feuillage parasite qui l'obstruait, et l'on reconnut un orifice de six pieds de circonf?rence, destin? ?videmment ? servir de soupirail ? ces catacombes. Une obscurit? profonde emp?chait de rien distinguer au fond du puits; mais il ?tait facile d'entendre des g?missements plaintifs qui prouvaient que le pauvre fifre s'?tait bless? dans sa chute.

On l'interpella ? diverses reprises, sans obtenir de r?ponse. Enfin, il parvint ? s'expliquer. Gr?ce ? divers obstacles qui avaient amorti le coup, Roquet en ?tait quitte pour quelques contusions. Remis de cette terrible secousse, il put se lever et s'assurer de l'?tat des lieux. En t?tant les parois de sa prison, il s'assura qu'elle ?tait mur?e de toutes parts et qu'elle n'offrait aucune issue. Le seul moyen de sortir de ce cachot ?tait donc de regagner l'ouverture par laquelle il avait ?t? pr?cipit?. Mais comment tenter cette ascension p?rilleuse? On essaya divers exp?dients. En premier lieu le fifre chercha ? reconna?tre s'il ne serait pas possible de remonter vers le soupirail ? l'aide des asp?rit?s et des saillies que pouvaient offrir les murs du souterrain. Tous ses efforts furent vains: dans la partie inf?rieure les parois ?taient lisses et ressemblaient ? celles de la citerne o? Joseph fut jet? par ses fr?res; ? peine put-il s'?lever ? une hauteur, de deux ou trois pieds; au del? les points d'appui lui manquaient: On comprit d?s lors que son salut ne devait venir que d'en haut. Les imaginations se donn?rent carri?re. On n'avait pas de cordes, mais en ajoutant les uns aux autres les mouchoirs des musiciens on parvint ? en confectionner une qui fut descendue, dans le souterrain. Elle n'arrivait pas au fond; cependant, ? force d'?lans, Roquet parvint ? en saisir l'extr?mit?, et il s'y suspendit avec l'?nergie d'un homme ? bout de ressources. Ses compagnons, le sentant cramponn?, commenc?rent ? tirer ? eux la corde artificielle, avec toutes sortes de pr?cautions; mais ? peine le pauvre fifre se trouvait-il ? quinze pieds du sol, que le lien se rompit et le fit rouler de nouveau au fond de son caveau, plus meurtri et plus disloqu? qu'auparavant. Impossible de renouveler la m?me exp?rience aux d?pens des membres et de la vie du prisonnier. Les barques ?taient ? une demi-lieue de l?; quatre musiciens se d?tach?rent pour aller chercher l'un de ces cordages en sparterie qui font partie de l'?quipement de toute marine arabe; les autres rest?rent sur les lieux en rassurant le pauvre fifre contre l'abandon et l'exhortant ? la patience.

Roquet commen?ait ? voir clair dans son cachot. On sait quelle lucidit? acquiert la vue ? mesure qu'elle s'habitue aux t?n?bres. Ainsi, peu ? peu, il apercevait une foule d'objets qui, jusque-l?, lui avaient ?chapp?. Le souterrain ?tait plus vaste qu'il ne l'avait cru d'abord; sa forme ?tait celle d'une citerne dont le cerveau se serait arrondi en vo?te. Elle ne semblait pas avoir servi ? des inhumations, car aucun d?bris humain ne jonchait le sol. Tous les rev?tements ?taient achev?s avec un soin infini, et rien n'avait ?t? ?pargn? pour en faire une habitation convenable; seulement les h?tes y maquaient On n'y remarquait pas m?me les traces du passage de flambeaux, qui sont le caract?re distinctif de tous les hypog?es et de toutes les cryptes de l'?gypte. La visite aux morts, dans des jours solennels, ?tait de c?r?monial strict dans l'ancienne religion des hi?rophantes; et telle est la paissance de conservation de ces souterrains, que la fum?e, laiss?e par les torches, il y a plus de trois mille ans, y subsiste encore.

Cependant, ? force de fureter dans les recoins de sa prison, Roquet finit par d?couvrir une issue enti?rement masqu?e par un retour de la muraille.. C'?tait un couloir, ?troit dans lequel; tout gr?le qu'il ?tait, il ne put s'engager sans effort.


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