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Words: 119013 in 42 pages

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te troublais, tu balbutiais en r?pondant ? la question la plus insignifiante... Nous avions esp?r? que la campagne raffermirait ta sant? chancelante; mais non, tu y d?p?ris ? vue d'oeil, ? mon pauvre ami! Ta chambre donnait cependant sur le jardin; au printemps, les cerisiers, les pommiers et les tilleuls qui bordaient la maison, secouaient leurs fleurs jusque sur les livres et les cahiers qui couvraient ta table. Un petit porte-montre de soie bleue pendait au mur en face de ton lit: c'?tait le cadeau d'adieu que t'avait donn? le jour de ton d?part une douce et sensible gouvernante allemande aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Quelquefois un de tes anciens amis de Moscou venait te voir en passant, et lorsqu'il lui arrivait de te r?citer une pi?ce de vers emprunt?e ? un des nouveaux recueils du jour, ou m?me une de ses propres compositions, tu l'?coutais dans un recueillement extatique. Mais l'isolement habituel auquel tu ?tais condamn?, la suj?tion de l'?tat que tu avais embrass? et l'impossibilit? d'en ?tre jamais d?livr?, les automnes et les hivers sans fin du pays, et par-dessus tout une maladie incurable... ? mon pauvre Avenir!

Les ailes du faucon Sont-elles donc li?es? Tous les chemins Lui sont-ils ferm?s?--

Je l'interrompis: le m?decin lui avait express?ment d?fendu de parler. Je connaissais le moyen de lui faire passer quelques instants agr?ables. Quoiqu'il n'e?t jamais suivi le mouvement scientifique et intellectuel de l'?poque, Sorokooumoff aimait ? savoir o? l'on en ?tait... Il lui arrivait parfois de prendre ? part un de ses anciens camarades et de lui demander ce que pensaient les grands esprits du si?cle; il l'?coutait attentivement, s'?tonnait, le croyait sur parole, et r?p?tait ensuite mot pour mot tout ce qu'il en avait appris. Il s'int?ressait particuli?rement ? la philosophie allemande. Je me mis donc ? l'entretenir de H?gel . Avenir souriait et m'approuvait d'un signe de t?te; ou bien il levait les sourcils et me disait ? voix basse: Je comprends, je comprends. Ah! c'est beau! c'est beau! La curiosit? enfantine de ce pauvre jeune homme mourant et abandonn? m'?mut, je l'avoue, jusqu'aux larmes. Contrairement ? l'habitude de tous les poitrinaires, il ne se faisait du reste aucune illusion sur son ?tat: et cependant il ne se d?sesp?rait nullement, et ne fit m?me pas la moindre allusion au sort qui lui ?tait r?serv?. Ayant rassembl? toutes ses forces, il se mit ? me parler de Moscou, des amis qu'il y avait laiss?s, de Pouchkine, du th??tre, de la litt?rature russe; il me rappela nos petites bombances d'autrefois, les discussions ardentes que nous engagions ? cette ?poque, et pronon?a avec attendrissement les noms de plusieurs de nos amis qui n'?taient plus...--Te souviens-tu de Dacha? me dit-il enfin: voil? un coeur d'or! quelle nature, et comme elle m'aimait! Qu'est-elle devenue? Elle est sans doute bien chang?, la pauvrette!... Je me gardai bien de lui apprendre une triste nouvelle... Et pourquoi lui aurais-je dit, en effet, que sa Dacha ?tait maintenant ronde comme une boule, qu'elle vivait avec des marchands, les fr?res Kondatchkoff, qu'elle ?tait couverte de fard, qu'elle criait et se disputait du matin au soir?

--N'y aurait-il pas moyen, pensai-je en moi-m?me, de le tirer d'ici? Peut-?tre serait-il possible encore de le gu?rir.--J'avais commenc? de lui exposer mes vues ? ce sujet, mais il ne me laissa point achever.

--Non, fr?re, me dit-il, je te remercie. Peu importe le lieu o? l'on meurt. Je n'irai pas jusqu'? l'hiver. ? quoi bon d?ranger le monde pour rien? Je suis habitu? ? la maison. Il est vrai que cette famille...

--Ce sont probablement des gens sans coeur? lui dis-je.

--Non,--reprit-il,--ce monde-l? n'est pas m?chant, ce sont des esp?ces de b?ches. Mais je n'ai vraiment pas ? m'en plaindre. Quant aux voisins... un des propri?taires du canton, M. Kasatkine, a une fille instruite, douce, une cr?ature excellente, et point fi?re...--Une quinte de toux ne lui permit pas de continuer.--Tout cela ne serait rien,--reprit-il, au bout de quelques instants,--si l'on me permettait de fumer. Mais je ne mourrai pas comme cela, ils auront beau me surveiller, je fumerai une pipe!--Et ici il cligna les yeux d'un air de malice.--Dieu merci, j'ai assez v?cu; j'ai connu de braves gens dans ma vie, et...

--Tu devrais au moins,--lui dis-je en l'interrompant,--?crire ? ta famille.

--? quoi bon? Ils ne peuvent m'?tre d'aucun secours. Lorsque je serai mort, ils le sauront bien. Pourquoi leur en parler d'avance? Plut?t que de penser ? cela, raconte-moi ce que tu as vu ? l'?tranger.

Je me mis en devoir de le satisfaire; il m'?couta avec un int?r?t inexprimable. Je partis le m?me soir, et dix jours apr?s, je re?us de M. Kroupianikoff la lettre suivante:


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